Oxazépam

L'oxazépam est un composé organique de la famille des benzodiazépines, commercialisé comme médicament. Comme toutes les molécules de cette famille, il possède des propriétés anxiolytiques, hypnotiques et sédatives, anticonvulsivantes, et myorelaxantes, mais il est surtout utilisé comme anxiolytique pour limiter les effets gênants de l'anxiété, et parfois comme hypnotique dans le traitement à court terme de l'insomnie lorsque d'autres traitements, notamment les règles hygiénodiététiques, ont échoué.

Oxazépam
Identification
No CAS 604-75-1
No ECHA 100.009.161
No CE 210-076-9
Code ATC N05BA04
SMILES
InChI
Propriétés chimiques
Formule C15H11ClN2O2  [Isomères]
Masse molaire[1] 286,713 ± 0,016 g/mol
C 62,84 %, H 3,87 %, Cl 12,37 %, N 9,77 %, O 11,16 %,
Propriétés physiques
fusion 205 à 206 °C[réf. souhaitée]
Précautions
Classification du CIRC
Groupe 2B : Peut-être cancérogène pour l'homme[2]
Données pharmacocinétiques
Biodisponibilité 90 à 95%
Liaison protéique 85%
Demi-vie d’élim. 6 à 9 heures
Considérations thérapeutiques
Classe thérapeutique anxiolytique de la famille des benzodiazépines
Voie d’administration orale
Conduite automobile ne pas conduire (niveau 3)
Antidote flumazénil
Caractère psychotrope
Catégorie dépresseur du SNC
Risque de dépendance Modéré

Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire.

C'est un catabolite résultant de la dégradation du diazépam, du prazépam et du témazépam.

Historique

Cette substance médicamenteuse est apparue dans les années 1960.

Étant elle-même un produit du métabolisme d'autres composés dont le diazépam et le témazépam, elle fut l'une des premières à être fabriquées alors que cette classe de médicaments était en plein développement. Comparé à d'autres substances introduites plus tard telles que l'alprazolam, elle est d'une puissance modérée.

Chimie

Les laboratoires Roche (entreprise) et Wyeth ont travaillé sur les dérivés "3-hydroxy-benzodiazépines". Wyeth a découvert et breveté en premier la structure et l'activité biologique de l'oxazépam commercialisé en 1965 aux États-Unis.

Relation structure-activité

La molécule présente un cycle benzène ou cycle A (benzo) et deux atomes d'azote (diaza) faisant partie de l'hétérocycle azoté à 7 atomes (azépine) ou cycle B. Un autre cycle phényl se trouve en position 5 du cycle azoté. L'halogène en position 7 du cycle A favorise l'activité anxiolytique. La suppression de la double liaison de l'azote en position 4 du cycle B diminue l'activité. Le groupement OH en position 3 du cycle B fait augmenter la polarité de la molécule, favorise la glucuronoconjugaison et une élimination plus rapide. La structure rigide en son centre peut présenter des groupements hydrophobes à sa surface dans les 3 dimensions de l'espace. Cette architecture empêche le collapse hydrophobe, permet la reconnaissance 3D avec la protéine et augmente les chances de biodisponibilité.

Pharmacologie

Mécanisme d'action

L'oxazépam est une benzodiazépine de durée d'action intermédiaire de la famille des 3-hydroxy benzodiazépines. L'oxazépam agit en se liant aux sites BZD des récepteurs GABAergiques, et par allostérie augmentent l'effet du GABA sur le récepteur GABAA, entrainant un effet dépresseur sur le système nerveux central.

Pharmacocinétique

La demi-vie de l'oxazépam est de 6 à 9 heures.[3],[4],[5] Par ailleurs, l'oxazépam est la benzodiazépine la plus lentement absorbée et a par conséquent le plus long délai d'action (temps avant manifestation de l'effet thérapeutique) de toutes les benzodiazepines son délai d'action est d'environ 1h~1h30[6].

L'oxazépam est un des métabolites actifs formés lors de la métabolisation du diazépam, nordazépam et d'autres médicaments à structure similaire. L'oxazépam semble être plus sûr que les autres benzodiazépines pour les patients insuffisants hépatiques car son action et son élimination ne dépendent pas d'une métabolisation hépatique (comme c'est le cas avec le diazépam), mais par glucurono-conjugaison, n'entraînant pas la fabrication de métabolites actifs, limitant ainsi les risques d'accumulation du médicament, notamment chez le sujet âgé.

Oxazépam
Noms commerciaux
  • Anxiolit (Suisse)
  • Novoxapam (Canada)
  • Oxpam (Canada)
  • Séresta (France, Suisse)
Laboratoire Apotex, Biodim, Biomed 2002 Inc. Eurogenerics (EG), Meda Pharma GmbH, Novopharm, Pharmascience Inc. Pro Doc Ltée, Riva Inc. Vifor SA
Forme comprimés dosés à 10, 15 et 50 mg
Administration per os
Classe anxiolytiques dérivés de la benzodiazépine, ATC code N05BA04
Identification
No CAS 604-75-1
No ECHA 100.009.161
Code ATC N05BA04
DrugBank 00842

Utilisation thérapeutique

Indications thérapeutiques

C'est une benzodiazépine intermédiaire qui a une action plus lente et prolongée[7] d'où son utilisation plus comme anxiolytique que comme hypnosédatif et comme somnifère. Elle est donc habituellement prescrite pour le traitement symptomatique de l'anxiété, associée ou non à la dépression.

Elle est surtout utilisée dans le cadre d'un sevrage alcoolique, grâce à l'existence d'une forme de comprimés dosés à 50 mg. En effet la posologie habituelle du sevrage alcoolique est de 150mg d'oxazepam répartis en trois prises dans la journée. La molécule est généralement bien tolérée et a de fait une action complète sur la journée. Son absorption et élimination permettent de limiter l'impact hépatique.

Comme toutes les benzodiazépines elle peut être utilisée comme anti-épileptique, mais de courte durée (limité à 3 semaines en continu dans cette indication).

Elle a l'avantage de ne pas avoir de métabolites actifs, donc elle peut être utilisé comme molécule "test", pour certains troubles neurologiques d'étiologie incertaine. En effet au bout de 8 h (environ) en prise unique modérée, l'effet est nul contrairement aux autres BZD (valium, xanax ...)

Cette molécule est également employée pour traiter les symptômes de la phobie sociale, du stress post-traumatique, et pour d'autres pathologies[8]. Elle reste néanmoins peu prescrite dans ces indications du fait du temps avant l'apparition des effets de la molécule.

L'oxazepam est également utilisée chez les personnes anxieuses présentant des troubles hépatiques où une insuffisance rénale du fait de son élimination par glucoconjugaison, qui diffère des autres benzodiazepines.

L'oxazepam présente une alternative intéressante aux autres benzodiazepines à demi-vie courtes car elle semble moins addictogenes que ces dernières.

Contre-indications

L'oxazépam est contre-indiqué en cas de myasthénie et de maladie hépatique sévère, d'hypersensibilité aux benzodiazépines (comme tous les médicaments de cette classe).

Il est déconseillé en cas d'insuffisance respiratoire sévère, en cas de grossesse (trois premiers mois, car le risque tératogène n'est pas évalué ; dernier trimestre par risque d'intoxication ou de syndrome de sevrage du nouveau-né) et en cas d'allaitement.

L'usage de boissons alcoolisées est fortement déconseillé.

Effets secondaires

Ils sont pour la plupart ceux des autres benzodiazépines.

En cas de sevrage brutal (diminution rapide de la dose ou arrêt du traitement) de l'oxazépam, peuvent apparaître des douleurs abdominales, des crampes du muscle, convulsions, dépression, insomnie, transpiration, tremblements, ou vomissement[9].

Effets sur la descendance humaine

Bien qu'aucun effet grave n'ait été signalé sur la descendance humaine, la prudence veut que cette substance ne soit pas utilisée pendant la grossesse, notamment :

  • pendant les trois premiers mois : risque tératogène non-évalué ;
  • dernier trimestre par risque d'intoxication ou de syndrome de sevrage du nouveau-né.

De même, l'utilisation pendant l'allaitement est fortement déconseillée.

L'oxazepam reste toutefois la benzodiazepine de référence, en l'absence d'alternative thérapeutique, chez la femme enceinte.

Effets secondaires fréquents

Les effets secondaires les plus fréquents sont la somnolence, et le risque d'amnésie antérograde.

Ces effets sont moins marqués que la plupart des autres benzodiazepines, ils diminuent généralement avec le temps.

Effets secondaires rares ou possibles

Effets secondaires éventuels

Certains effets secondaires plus rares ont été constatés :

Voies d'administration et formes galéniques

Posologie et mode d'administration

La posologie est strictement individuelle, et peut varier de 10 à 150 mg chez certains sujets.

Statut légal

Liste I produit listé substance toxique ; uniquement sur ordonnance.

Disponibilité

Uniquement sur ordonnance liste I.

Accoutumance, tolérance et sevrage

L'oxazépam, comme les autres benzodiazépines, peut causer une tolérance, une dépendance physique pouvant mener à une addiction et dans certains cas à un syndrome de sevrage. L'arrêt brutal d'une consommation longue (supérieure à 12 semaines) et/ou importante d'oxazepam ou des autres benzodiazépines peut se caractériser par des symptômes de sevrage similaires à ceux retrouvés dans le sevrage alcoolique. Plus la période d'utilisation et l'intensité des doses auront été importantes, plus ces symptômes risquent d'être marqués. C'est pourquoi un traitement aux benzodiazépines se doit d'être arrêté aussi rapidement que possible par réduction lente et progressive des doses[11].

Interactions médicamenteuses

L'oxazépam étant un métabolite actif du diazépam, il existe un risque possible d'interactions avec d'autres médicaments ou aliments, avec l'exception des interactions liées au CYP450 (comme avec la cimétidine).

Par ailleurs, comme toutes les benzodiazépines, la prise combinée avec un autre dépresseur du système nerveux central, comme les opioïdes  codéine, morphine, méthadone, etc.  l'alcool ou encore d'autres benzodiazépines, est déconseillée, les interactions étant imprévisibles et pouvant mener à une augmentation de la sédation, de l'incoordination motrice, et dans certains cas à la mort par arrêt respiratoire en cas de surdose impliquant plusieurs dépresseurs du système nerveux central.

Dose toxique

Il existe un antidote spécifique dose-dépendant : le flumazénil (Anexate).

Risques et tableau clinique

Risque de dépression respiratoire en cas de surdosage volontaire ou involontaire.

Utilisation récréative

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Du fait de sa lente solubilité, l'oxazépam prête peu à une utilisation récréative, mais peut, chez certains sujets, engendrer une tolérance, puis une assuétude, une addiction et finalement un abus.

Notes et références

  1. Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
  2. IARC Working Group on the Evaluation of Carcinogenic Risks to Humans, « Evaluations Globales de la Cancérogénicité pour l'Homme, Groupe 2B : Peut-être cancérogènes pour l'homme », sur http://monographs.iarc.fr, CIRC, (consulté le )
  3. HAS, « Encadré 1. Anxiolytiques à demi-vie courte (< 20 heures) et sans métabolite actif par ordre alphabétique de DCI », HAS, (lire en ligne)
  4. J. Sonne, S. Loft, M. Døssing et A. Vollmer-Larsen, « Bioavailability and pharmacokinetics of oxazepam », European Journal of Clinical Pharmacology, vol. 35, no 4, , p. 385–389 (ISSN 0031-6970, PMID 3197746, DOI 10.1007/bf00561369, lire en ligne, consulté le )
  5. J Sonne, S Boesgaard, H E Poulsen et S Loft, « Pharmacokinetics and pharmacodynamics of oxazepam and metabolism of paracetamol in severe hypothyroidism. », British Journal of Clinical Pharmacology, vol. 30, no 5, , p. 737–742 (ISSN 0306-5251, PMID 2271373, PMCID 1368175, lire en ligne, consulté le )
  6. Serfaty M, Masterton G, « Fatal poisonings attributed to benzodiazepines in Britain during the 1980s », Br. J. Psychiatry, vol. 163, no 3, , p. 386–93 (PMID 8104653, DOI 10.1192/bjp.163.3.386)
  7. (en) Marc Galanter et Herbert D. Kleber, The American Psychiatric Publishing Textbook of Substance Abuse Treatment, United States of America, American Psychiatric Publishing Inc, , 4e éd., 752 p. (ISBN 978-1-58562-276-4, LCCN 2007049667, lire en ligne), p. 216
  8. http://www.psychatlanta.com/documents/serax.pdf
  9. (en) Oxazepam patient advice including side effects
  10. http://www.europeanreview.org/wp/wp-content/uploads/956.pdf
  11. (en) MacKinnon GL et Parker WA, « Benzodiazepine withdrawal syndrome: a literature review and evaluation », The American journal of drug and alcohol abuse, vol. 9, no 1, , p. 19–33 (PMID 6133446, DOI 10.3109/00952998209002608)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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