Ostracode

Les Ostracodes (Ostracoda) sont une classe de crustacés microscopiques. Certaines espèces sont utilisées comme indicateurs de leur environnement actuel ou passé (paléoenvironnement)[1],[2]. Ils ont été testés comme bio-indicateurs de certaines pollutions, dont, en France, en baie de la Slack par exemple[3].

Ostracoda

Environ 7 000 espèces actuelles ont été décrites et beaucoup d'autres ont existé et disparu avant elles, ces espèces fossiles étant encore d'excellents indicateurs stratigraphiques.

Description

Anatomie de l'ostracode marin Cypridina mediterranea
Carapace d'un Potamocypris humilis au microscope électronique.

Le corps des ostracodes est entièrement enfermé dans une carapace constituée de deux valves, le plus souvent calcaires, articulées dorsalement.

Leur taille varie de 0,3 mm à environ cm (0,5–3 mm pour la plupart des espèces).

Seules les extrémités de quelques appendices sortent ventralement de cette carapace quand les animaux se déplacent sur le substrat ou quand ils nagent dans la colonne d'eau.

Habitat, répartition

Les ostracodes occupent tous les milieux marins et d'eau douce. On les trouve des sources[4] aux sédiments profonds.

Paléoenvironnement, stratigraphie

Leur répartition stratigraphique va de l'Ordovicien supérieur à nos jours. Il n'y a pas de consensus pour les formes du Cambrien (en phosphate).

Spermatozoïdes fossiles

Un article des Proceedings de la Royal Society mis en ligne le [5] a annoncé la découverte, dans des fossiles d'ostracodes, de spermatozoïdes vieux de 17 millions d'années. Les recherches, objet d'une coopération internationale autour d'une équipe de l'université de Nouvelle-Galles du Sud, ont été menées à partir de 66 échantillons trouvés en 1988 sur le site fossilifère de Riversleigh, dans l’État du Queensland (Australie). Elles ont mis en évidence la présence de la structure hélicoïdale typique des organites à l'aide desquelles les spermatozoïdes des ostracodes se déplacent. La membrane nucléaire de ces gamètes est restée visible, bien que l'ADN qu'elle contenait ait disparu. Bien que difficiles à mesurer avec précision, ce sont, comme c'est classiquement le cas pour ces espèces, des spermatozoïdes géants, d'une taille du même ordre de grandeur que celle du corps de l'animal (de 1,2 à 1,3 mm). Les mâles de certaines espèces produisent des spermatozoïdes d'une longueur de mm, soit dix fois leur taille[6]. Sur les femelles ont été relevés des conduits internes d'une longueur pouvant atteindre quatre fois celle du corps de l'animal, également comparable à ce qui peut être observé sur les espèces actuelles. L'ensemble des observations indique un mode de reproduction resté inchangé depuis 17 millions d'années[6]. Le sperme, sans atteindre l'âge de celui d'un spécimen de collembole pris dans l'ambre il y a 40 millions d'années, devient cependant, au moment de sa découverte, le plus ancien jamais trouvé dans un spécimen fossilisé. Riches en phosphore, les fientes de chauves-souris dont le repaire surplombait la mare où vivaient les ostracodes, ont pu jouer un rôle dans la préservation de leurs tissus mous[7].

Bioluminescence

Certains ostracodes ont un organe bio-luminescent qu'ils utilisent comme défense contre la prédation[6] et, dans quelques cas seulement présents dans les Caraïbes, pour l'accouplement[8].

Liste des sous-taxons

Taxons actuels

Selon World Register of Marine Species (10 mars 2017)[9] :

Taxons fossiles

Bibliographie

  • Kaesler RL & Waters JA (1972) Fourier analysis of the ostracode margin. Geological Society of America Bulletin, 83(4), 1169-1178 (résumé)
  • Meisch C (2000) Freshwater Ostracoda of Western and Central Europe. Spektrum Akademischer Verlag 8/3, 522 pages. (en anglais ; concerne l'Irlande, Royaume-Uni, moitié nord de la France, Benelux, Allemagne, Suisse, Autriche, Hongrie, République tchèque, Slovaquie)
  • Sars GO 1866: Oversigt af Norges marine Ostracoder. Forhandlinger i Videnskabs-Selskabet i Christiania, Aar 1865: 1-130, Christiania 1866
  • Xia J, Ito E & Engstrom DR (1997) Geochemistry of ostracode calcite: Part 1. An experimental determination of oxygen isotope fractionation. Geochimica et Cosmochimica Acta, 61(2), 377-382
  • Oertli HJ (1971) The aspect of ostracode faunas. A possible new tool in petroleum sedimentology. Bulletin du Centre de recherches Elf Exploration Production Supplément, 5, 137-151

Vidéographie

Références taxinomiques

Notes et références

  1. Bodergat AM (1983), Les ostracodes, témoins de leur environnement : approche chimique et écologie en milieu lagunaire et océanique (No. 88). Département des sciences de la terre, Université Claude-Bernard
  2. Benson RH (1975) The origin of the psychrosphere as recorded in changes of deep‐sea ostracode assemblages. Lethaia, 8(1), 69-83.
  3. Milhau B, Dekens N & Wouters K (1997) Evaluation de l'utilisation des ostracodes comme bio-indicateurs potentiels de pollution. Application aux eaux de la Slack (Boulonnais, France). Écologie, 28(1), 3-12 (résumé Inist-CNRS.
  4. Forester RM (1991) Ostracode assemblages from springs in the western United States: implications for paleohydrology. Memoirs of the Entomological Society of Canada, 123(S155), 181-201.
  5. (en) Renate Matzke-Karasz, John V. Neil, Robin J. Smith, Radka Symonová, Libor Mořkovsky, Michael Archer, Suzanne J. Hand, Peter Cloetens et Paul Tafforeau, « Subcellular preservation in giant ostracod sperm from an early Miocene cave deposit in Australia », Proceedings of the Royal Society, Biological Sciences, vol. 281, no 1786, (ISSN 1471-2954, DOI 10.1098/rspb.2014.0394).
  6. Jean-François Buoncristiani et Pascal Neige, 101 merveilles de l'évolution, Malakoff, Dunod, , 240 p. (ISBN 978-2-10-075185-3), p. 28-29.
  7. Janlou Chaput, « Des spermatozoïdes géants fossiles vieux de 17 millions d’années », sur Futura-Sciences, .
  8. (en) Osamu Shimomura, « The ostracod Cypridina (Vargula) and other luminous crustaceans », Bioluminescence: Chemical Principles and Methods, World Scientific, , p. 47–89 (ISBN 978-981-256-801-4, lire en ligne)
  9. World Register of Marine Species, consulté le 10 mars 2017
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