Organistrum

L'organistrum est un instrument de musique à cordes ancêtre de la vielle à roue. Il apparaît vraisemblablement dans la seconde moitié du XIIe siècle. L'archet est remplacé par une roue qui frotte deux de ses cordes pour obtenir des sons. Deux personnes étaient nécessaires pour jouer de l'organistrum. Une qui actionnait une manivelle faisant tourner la roue et une montant des tirettes modifiant la longueur vibrante des cordes donc des notes. L'instrument était posé verticalement, à plat, sur les genoux.

Étymologie

Son nom provient de organum, une forme de chant religieux à plusieurs voix qui se diffuse à partir du XIe siècle et devent plus courant au XIIe siècle. L'organistrum permettait d'accompagner l'organum.

Traces avant le XIIe siècle

Vers la fin du IVe - début du Ve siècle, saint Jérôme écrit une lettre où il parle des différents instruments de musique utilisés à cette époque. La vielle à roue n'y apparaît nullement. Au IXe siècle, Aymerie de Peyrac, dans une histoire de Charlemagne en vers latins, cite tous les instruments de musique alors connus, au nombre de vingt quatre. Or, l'instrument à manivelle n'y figure toujours pas. De même, aucune trace, écrite ou figurée, n'atteste de l'existence de l'instrument aux Xe et XIe siècles.

Mention écrite au XIIe siècle

Chrsitian Rault écrit "C'est aux environs de l'année 1100 que fut rédigé le traité de Wolfenbüttel où l'on trouve pour la première fois la mention du mot "organistrum". Originaire des abbayes bénédictines du nord de l'Europe d'alors cet instrument si propice à soutenir les nouvelles formes de polyphonies écrites va, en quelques dizaines d'années, se répandre dans toute l'Europe Chrétienne."

Représentations du XIIe siècle

D'après Christian Rault[1], 24 représentations de l'organistrum ont été recensées. Parmi elles, on peut citer les plus connues :

  • L'organistrum des bas reliefs de l’abbaye Saint-Georges de Boscherville, fondée en 1113 en Normandie[2], conservé au musée de Rouen ;
  • Organistrum du porche de la Gloire, sculpté dans la pierre en bas-relief, de la Cathédrale Saint-Jacques de Compostelle en Espagne ; l'œuvre, signée de maître Martin, est datée de 1188 ;
  • Organistrum du portail de l'église de Vermenton, dans l'Yonne en France, dernier tiers du XIIe siècle : l'instrument est posé sur les genoux de deux musiciens ;
  • Organistrum du portique de l'église San Miguel de Estella, Navarre, en Espagne, XIIe siècle[2]. L'instrument est posé sur les genoux de deux instrumentistes assis côte-à-côte. Celui de droite tourne la manivelle, celui de gauche tire les touches.

À partir du XIIIe siècle

À partir du XIIIe siècle, toutes les représentations montrent un instrument très semblable, mais réduit, qui peut être joué par un seul instrumentiste. Le nouvel instrument est nommé plutôt symphonie, ou chiffonie.

Reproduction et jeu au XXIe siècle

À partir des représentations du XIIe siècle, des luthiers reproduisent l'instrument, à partir de la fin du XXe siècle. Christian Rault en 1993[3], Bernard Ellis ou Antonio Povés[4]. Des essais des premières musiques polyphoniques occidentales sont ainsi réalisés. Par exemple celui de Giuseppe Severini, sur youtube en 2017[Lequel ?].

Notes et références

  1. Christian Rault, L’organistrum ou l’instrument des premières polyphonies écrites occidentales : étude organologique, iconographie, Paris, Aux amateurs de livres,
  2. « organistrum », sur www.apemutam.org (consulté le )
  3. « La reconstitution de l'organistrum - Christian Rault Luthier », sur www.christianrault.com (consulté le )
  4. « www.organistrum.com », sur www.organistrum.com (consulté le )
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