Organisation spéciale

« Organisation spéciale » (OS) est une dénomination qui recouvre différentes structures clandestines au sein du Parti communiste français (PCF) au cours de la période 1940-1944.

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Première période juillet 1940 - juin 1941

En , le PCF est un parti clandestin depuis sa dissolution par le gouvernement Daladier en . Dès , la direction du PCF met en place des « groupes spéciaux » que l'on appelle aussi « groupes O. S. », constitués au départ d'éléments aguerris pour effectuer un certain nombre de tâches relevant du service d'ordre et des coups de main : récupération d'armes, d'explosifs, actions de sabotage contre les installations militaires allemandes, intimidation des traîtres, protection des militants qui prennent la parole sur les marchés, distribuent des tracts, collent des affiches, des papillons, participent à des manifestations patriotiques. Le , le PCF prend l'initiative d'appeler à un vaste rassemblement de tous les Français « sauf les capitulards et les traîtres ». Ainsi naît le Front national de lutte pour la libération et l'indépendance de la France[1].

Alain Guérin fait état d'actions anti-allemandes telles que des sabotages de lignes téléphoniques ou de voies ferrées qui auraient été menées dès 1940[2]. Cette thèse n'a pas été reprise par des historiens du parti communiste depuis 1980, y compris par les historiens proches du parti communiste comme Roger Bourderon[3] ou Serge Wolikow[4]. Jean-Yves Boursier note l'absence de toute trace d'une « organisation armée de résistance », « d'une unité combattante » aussi bien dans les communiqués allemands que dans les documents d'époque de la propagande du PCF[1]. On trouve cependant dans les ouvrages consacrés à la Résistance écrits par Albert Ouzoulias, Charles Tillon, de nombreux exemples de résistance dirigée contre l'appareil militaire allemand, comme dans de nombreux ouvrages consacrés à la Résistance communiste écrits postérieurement, notamment celui de Pierre Maury, publié aux éditions Le Temps des cerises[5].

Après la Libération, l'Organisation spéciale a cependant été reconnue, à partir d', comme unité combattante par le ministère de la Guerre. Sur le plan national, l’Organisation Spéciale est assimilée, ainsi que d’autres mouvements de Résistance intérieure française, à une unité combattante dont l’activité est attestée d’ à [6]. Sur le plan local, ses groupes (ou détachements) sont homologués au titre des Formations des régions militaires au cas par cas, reflétant l’implantation du Parti communiste et son activité (par exemple, le groupe de l’Organisation spéciale de Seine-Maritime est rattaché à l’État-Major FTPF pour la période du au ).

La réalité de la participation du PCF à la résistance contre l'occupation allemande jusqu'à l'invasion de l'URSS a été mise en doute depuis des décennies et un consensus s'est établi pour ne retenir que des actions individuelles de militants communistes. L'O.S étant simplement une des structures clandestines destinées à perpétuer un parti devenu interdit depuis 1939. Ce n'est qu'à la fin du printemps 1941 que les militants communistes comme structure organisée rejoignent la Résistance.[réf. nécessaire]

Deuxième période : juillet 1941 - début 1944

Après la rupture du Pacte germano-soviétique et l'invasion de l'URSS par les troupes hitlériennes, un certain nombre de responsables recrutent des militants pour effectuer un travail anti-allemand. Beaucoup de ces nouvelles recrues sont de jeunes militants qui vont perpétrer les premiers attentats communistes contre les troupes allemandes, comme celui de Pierre Georges Colonel Fabien ») et Gilbert Brustlein au métro Barbès[1], aidés par la chimiste et artificière France Bloch-Sérazin.

Jusqu'au début 1942, la police française enregistrera certains des militants communistes interpellés comme faisant partie de l'OS[7].

En , le résistant Louis Cortot participe, avec son groupe (l'OS), au grenadage d’un convoi de Jeunesses hitlériennes à Trappes[8].

FTPF et groupe Valmy

À partir du début de l'année 1942, les communistes engagés dans la lutte armée contre l'occupant sont regroupés dans les Francs-tireurs et partisans (FTP ou FTPF) dont la responsabilité est confiée à Charles Tillon.

Les groupes de choc auquel on confie les missions autrefois attribuées à l'OS s'appellent souvent les « groupes Valmy[9] ».

Statut administratif après la Libération

Le bulletin officiel du ministère de la guerre reconnait l'OS comme unité combattante à dater d', reconnaissance qui a souvent été citée par les historiens du PCF, tel Alain Guérin dans son ouvrage La Résistance, comme preuve de l'engagement résistant du PCF avant . De leur côté, Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre affirment qu'on n'a jamais retrouvé la trace d'un acte anti-allemand effectué par des groupes de l'OS avant [10].

Références

  1. Jean-Yves Boursier, La politique du PCF, 1939-1945, L'Harmattan, 1992 p. 112-124.
  2. Alain Guérin, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, 2000 (également éditée en 1972-1976 par le Livre-Club Diderot).
  3. Roger Bourderon, article « Francs-tireurs et partisans français » dans le Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 188-190.
  4. Serge Wolikow, article « Parti communiste français et Internationale communiste » dans le Dictionnaire historique de la Résistance, Robert Laffont, 2006, p. 205-206.
  5. Pierre Maury, La résistance communiste en France, 1940-1945 : Mémorial aux martyrs communistes, Pantin, le Temps des cerises, 2006, 567 p. (ISBN 2-84109-623-8).
  6. Bulletin officiel du ministère de la Guerre : édition méthodique- Unités Combattantes de la Résistance, Paris, Éditions Charles-Lavauzelle, 1958.
  7. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes, les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Automne 1941, Fayard, 2004.
  8. Louis Cortot, sur le site de l'Ordre de la Libération.
  9. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Liquider les traîtres, la face cachée du PCF, Robert Laffont, 2007.
  10. Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, L'affaire Guy Môcquet, enquête sur une mystification officielle, Larousse, 2009, p. 71-81.

Bibliographie

  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », , 415 p. (ISBN 2-213-61487-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Jean-Yves Boursier, La politique du PCF, 1939-1945, L'Harmattan, 1992.
  • Alain Guérin, Chronique de la Résistance, éditions Omnibus, 2000 (également éditée en 1972-1976 par le Livre-Club Diderot).

Voir aussi

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