Organisation de la coopération islamique

L’Organisation de la coopération islamique (OCI), en arabe : منظمة التعاون الإسلامي (Munaẓẓamat at-Taʿāwun al-islāmī), en anglais : Organisation of Islamic Cooperation (OIC), appelée jusqu'en 2011 Organisation de la conférence islamique (en arabe : منظمة المؤتمر الإسلامي, en anglais : Organisation of the Islamic Conference), est une organisation intergouvernementale créée le . Son siège se situe à Djeddah en Arabie saoudite et elle possède une délégation permanente aux Nations unies.

Pour les articles homonymes, voir OCI.

Organisation de la coopération islamique (OCI)[1]

Logo de l'OIC.
  • États membres
  • États observateurs
  • États suspendus
Situation
Création
Type Organisation intergouvernementale
Siège Djeddah
Arabie saoudite
Organisation
Secrétaire général Hissein Brahim Taha

Site web oic-oci.org

Regroupant 57 États membres, sa vocation est de promouvoir la coopération dans les domaines économiques, sociaux, culturels et scientifiques (grâce notamment à la Banque islamique de développement), mais aussi la sauvegarde des lieux saints de l'islam ou encore le soutien au peuple palestinien. À l'échelle mondiale, il n'existe pas d'autre organisation confessionnelle dont les membres signataires soient des États.

Ses trois langues officielles sont l'arabe, l'anglais et le français[2].

Buts

Outre des clauses de solidarité et d'entraide entre les États membres, l'Organisation de la coopération islamique est destinée à assurer la sauvegarde des lieux saints de l'islam. Elle soutient également la cause palestinienne dans le conflit israélo-palestinien.

Les buts de l'Organisation de la coopération islamique, définis par une charte élaborée à Djeddah en , sont les suivants :

  1. consolider la solidarité islamique entre les États membres ;
  2. renforcer la coopération entre les États membres dans les domaines économiques, sociaux, culturels, scientifiques ainsi que dans les autres domaines d'importance vitale et procéder à davantage de consultations entre les pays membres au sein des organisations internationales ;
  3. œuvrer à éliminer la discrimination raciale et le colonialisme sous toutes ses formes ;
  4. prendre les mesures nécessaires pour consolider la paix et la sécurité mondiale fondées sur la justice ;
  5. coordonner l'action pour sauvegarder les lieux saints, soutenir la lutte du peuple palestinien et l'aider à retrouver ses droits et à obtenir par la diplomatie, les territoires revendiqués comme leurs ;
  6. consolider la lutte de tous les peuples musulmans pour la sauvegarde de leur dignité, leur indépendance et leurs droits nationaux ;
  7. créer l'atmosphère propre à promouvoir la coopération et la compréhension entre les États membres et les autres pays.

Mais ce n'est pas une organisation strictement religieuse, car ses buts sont politiques, économiques, sociaux et culturels. Elle regroupe aussi des États plurireligeux, laïcs ou séculaires (Albanie, Azerbaïdjan, Indonésie, Kazakhstan, Kirghizistan, Liban, Ouzbékistan, Sénégal, Syrie, Tadjikistan, Turkménistan, Turquie). Hormis la Turquie, l'Albanie est le seul État européen membre de l'OIC[3] (depuis 1992[4]).

D'autres États comptant des millions de musulmans ne sont pas membres de l'OCI ou ne sont que membres observateurs, comme l'Inde (dont la participation a été bloquée par le Pakistan) et la Russie (membre observateur depuis 2005). Au contraire, des pays comptant une minorité de musulmans en sont membres, comme le Guyana, l'Ouganda ou le Suriname.

Historique

Siège de l'Organisation de la coopération islamique à Djeddah.

Le , plusieurs dirigeants de pays à majorité musulmane se réunissent à Rabat au Maroc à la suite de l'incendie criminel de la mosquée al-Aqsa de Jérusalem le par un fondamentaliste chrétien de nationalité australienne. Cependant, en toile de fond, la création de l'OCI est la réponse saoudienne à l'influence du Mouvement des non-alignés créé, en 1955, par Nasser, Nehru, Soekarno et Zhou Enlai.

En , la première conférence islamique des ministres des Affaires étrangères a lieu à Djeddah. Elle crée un secrétariat général chargé d'assurer la liaison entre les États membres et de coordonner leur action. Elle fixe son siège provisoire à Djeddah, dans l'attente de la « libération de Jérusalem ».

Le , l'OCI, réunissant les ministres des Affaires étrangères des 44 pays membres, condamnent à leur tour le livre Les Versets sataniques, mais se bornent à exiger l'interdiction du livre, à recommander l'adoption « de législation nécessaire à la protection des idées religieuses d'autrui » et à affirmer que l'auteur « est considéré comme hérétique ».

Le , la conférence des ministres des Affaires étrangères du Caire adopte la Déclaration des droits de l'homme en islam qui peut être vue comme une volonté de relecture des droits de l'homme dans un cadre compatible avec la charia.

En 2004, elle soutient, avec la Ligue arabe, le projet à l'ONU d'une « Alliance des civilisations », proposé par le gouvernement Zapatero (Espagne) et le gouvernement Erdogan (Turquie)[5].

En , l'OCI rédige le « document de La Mecque ». Signé par des dignitaires irakiens chiites et sunnites, le texte lance un appel à la fin des violences interconfessionnelles, à la libération de tous les otages et à la préservation de l'unité de l'Irak[6].

L'Organisation de la conférence islamique prend le nom d'Organisation de la coopération islamique le .

Elle suspend la Syrie le , dans le contexte de la guerre civile syrienne[7].

Membres

États membres de l'OCI (en bleu, membres observateurs ; en rouge, membre suspendu).
État Année Statut d'adhésion
Afghanistan 1969État membre
Algérie 1969État membre
Arabie saoudite 1969État membre
Égypte 1969État membre
Guinée 1969État membre
Indonésie 1969État membre
Iran 1969État membre
Jordanie 1969État membre
Koweït 1969État membre
Liban 1969État membre
Libye 1969État membre
Malaisie 1969État membre
Mali 1969État membre
Mauritanie 1969État membre
Maroc 1969État membre
Niger 1969État membre
Pakistan 1969État membre
Palestine 1969État membre
Sénégal 1969État membre
Soudan 1969État membre
Somalie 1969État membre
Tchad 1969État membre
Tunisie 1969État membre
Turquie 1969État membre
Yémen 1969État membre
Bahreïn 1970État membre
Émirats arabes unis 1970État membre
Oman 1970État membre
Qatar 1970État membre
Syrie 1970État membre suspendu
Sierra Leone 1972État membre
Bangladesh 1974État membre
Gabon 1974État membre
Gambie 1974État membre
Guinée-Bissau 1974État membre
Ouganda 1974État membre
Burkina Faso 1975État membre
Cameroun 1975État membre
Comores 1976État membre
Irak 1976État membre
Maldives 1976État membre
Djibouti 1978État membre
Bénin 1982État membre
Brunei 1984État membre
Nigeria 1986État membre
Azerbaïdjan 1991État membre
Albanie 1992État membre
Kirghizistan 1992État membre
Tadjikistan 1992État membre
Turkménistan 1992État membre
Mozambique 1994État membre
Kazakhstan 1995État membre
Ouzbékistan 1995État membre
Suriname 1996État membre
Togo 1997État membre
Guyana 1998État membre
Côte d'Ivoire 2001État membre
Chypre du Nord 1979État observateur
Bosnie-Herzégovine 1994État observateur
République centrafricaine 1997État observateur
Thaïlande 1998État observateur
Russie 2005État observateur
Ligue arabe 1975Organisation internationale
Nations unies 1976Organisation internationale
Mouvement des non-alignés 1977Organisation internationale
Union africaine (précédemment Organisation de l'unité africaine) 1977Organisation internationale
Organisation de coopération économique 1995Organisation internationale

Secrétaires généraux

Secrétaire général Pays Années Photo
S.E.M. Ahmed Sékou Touré Guinée 1969-1971
S.A. Tunku Abdul Rahman Malaisie 1971-1973
S.E.M. Hassan al-Touhami Égypte 1974-1975
S.E.Dr. Amadou Karim Gaye Sénégal 1975-1979
S.E.M. Habib Chatti Tunisie 1979-1984
S.E.M. Syed Sharifuddin Pirzada (en) Pakistan 1985-1988
S.E.M. Hamid Algabid Niger 1989-1994
S.E.Dr. Azzeddine Laraki Maroc 1997-2000
S.E.Dr. Abdelouahed Belkeziz Maroc 2001-2004
S.E.Dr. Ekmeleddin İhsanoğlu Turquie 2005-2013
S.E.Dr. Iyad bin Amin Madani Arabie saoudite 2014-2016
S.E. Yousef Al-Othaimeen (en) Arabie saoudite 2016-2020
S.E. Hissein Brahim Taha Tchad 2020-

Le , Iyad Madani démissionne pour raisons de santé. Il est remplacé par Yousef Al-Othaimeen (en)[8].

Sommets islamiques mondiaux

Monument construit à Lahore pour commémorer le 2e sommet islamique mondial qui s'y est tenu en février 1974.
Numéro Dates Pays Ville
1er Maroc Rabat
2e - Pakistan Lahore
3e - Arabie saoudite La Mecque et Taëf
4e - Maroc Casablanca
5e - Koweït Koweït
6e - Sénégal Dakar
7e - Maroc Casablanca
1er extraordinaire - Pakistan Islamabad
8e - Iran Téhéran
9e - Qatar Doha
2e extraordinaire - Qatar Doha
10e - Malaisie Putrajaya
3e extraordinaire - Arabie saoudite La Mecque
11e - Sénégal Dakar
4e extraordinaire - Arabie saoudite La Mecque
12e - Égypte Le Caire
5e extraordinaire - Indonésie Jakarta
13e - Turquie Istanbul
6e extraordinaire Turquie Istanbul
7e extraordinaire Turquie Istanbul
14e Gambie

Drapeau

Le premier drapeau, adopté en 1981, utilise les couleurs panarabes, et plusieurs symboles islamiques : la couleur verte, le croissant, et « Allahu akbar »[9].

Le second drapeau, adopté en 2011 en même temps que l'organisation a changé de nom, consiste en un croissant et un globe verts, au centre duquel se trouve la kaaba.

Influence et critiques

En 2016, l'OCI impose à l'ONU d'expulser les ONG LGBT d'une conférence consacrée au sida du 8 au , conférence destinée à l'élaboration d'un plan d'éradication du VIH d'ici 2030[10]. Les États-Unis et l'Union européenne protestent officiellement contre la décision[11].

Le , en réponse à la reconnaissance de Jérusalem comme capitale de l'État d'Israël par les États-Unis de Donald Trump, l'OCI réunie à Istanbul reconnaît Jérusalem-Est comme la capitale de la Palestine, et appelle la communauté internationale à faire de même[12].

Délit de blasphème

Le Monde note :

« [l'OCI], dont la majorité des membres ont l'islam pour religion d'État et où toute critique est assimilée au blasphème, est souvent accusée de vouloir faire reconnaître au niveau international un délit de “diffamation des religions” sous couvert de lutte contre l'islamophobie. »

Dans les années 2000, l'OCI réussit en effet à faire adopter une telle résolution au Conseil des droits de l'homme des Nations unies et à l'Assemblée générale des Nations unies, malgré les critiques de pays occidentaux qui dénoncent une entreprise visant à restreindre la liberté d'expression[13].

Accusation d'islamisme radical

Alexandre del Valle, essayiste franco-italien, voit dans l'OCI un outil de promotion de l'islamisme radical en Europe[14].

Notes et références

  1. « Nouveau nom pour l'Organisation de la Conférence islamique », RIA Novosti, .
  2. Ali Mérad, Califat, une autorité pour l'islam ?, Paris, Desclée de Brouwer, , 230 p. (ISBN 978-2-220-05840-5), p. 171.
  3. Didier Boulaud, « Albanie et Macédoine : deux pays des Balkans à ne pas oublier », sur Sénat.fr, (consulté le ).
  4. États membres, sur oic-oci.org.
  5. « « L'Alliance des civilisations »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) », site de l'Élysée, archives de la présidence de Jacques Chirac.
  6. « Chiites et sunnites unis contre les violences », sur Le Figaro, .
  7. « Isolée sur la scène internationale, la Syrie est suspendue de l'OCI », sur L'Obs, (consulté le ).
  8. Reuters, « Arabie saoudite/OCI: démission d'Iyad Madani », sur lefigaro.fr, .
  9. (en) Alfred Znamierowski, The world encyclopedia of flags : the definitive guide to international flags, banners, standards and ensigns, Hermes House, , 256 p. (ISBN 1-84309-042-2), p. 228.
  10. Mylène Vandecasteele, « Les pays musulmans font exclure les ONG LGBT d'une conférence de l'ONU consacrée au SIDA », sur L'Express, .
  11. « Les Etats-Unis et l’UE critiquent le retrait par l’ONU de plusieurs ONG d’une réunion sur le sida », sur Le Monde, .
  12. « Les dirigeants musulmans appellent à reconnaître Jérusalem-Est comme « capitale de l’État de Palestine » », Le Monde, (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le ).
  13. Delphine Roucaute et Madjid Zerrouky, « L'islamophobie est-elle punie par la loi ? », Le Monde, .
  14. Alexandre del Valle, « L'OCI, cet ONU de la loi islamique qui a pour mission de protéger et « d'élargir » l'oumma dans le monde (partie 1) », sur Atlantico, .

Annexes

Bibliographie

  • Mark Zimdars, « L'Organisation de la Conférence Islamique », Verfassung und Recht in Übersee / Law and Politics in Africa, Asia and Latin America, vol. 24, no 4, , p. 406-448 (JSTOR:43110862)

Articles connexes

Lien externe

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