Orezza

Orezza est une ancienne piève de Corse. Située dans le nord-est de l'île, elle relevait de la province de Bastia sur le plan civil et du diocèse d'Aléria sur le plan religieux.

Orezza sur la carte de l'isle de Corse de Bellin 1764[1]

Pour les articles homonymes, voir Orezza (homonymie).

Géographie

Orezza (Oresa en génois), était une pieve qui comptait environ 5 000 habitants vers 1520. Elle était l'une des pievi qui composent la Castagniccia, région de la châtaigneraie qui couvre les anciennes pièves d’Orezza, Alesani, Vallerustie, Ampugnani, Rostino, Casacconi, et partie des pievi environnantes[2].

Orezza a pour pièves limitrophes :

Église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Piedicroce

Elle se compose des communes de :

Vers 1520, la piève d'Oreza comptait environ 5 000 habitants. Elle avait pour lieux habités : la Campana, la Ponticagia, lo Fossato, le Bulianache, le Celle, lo Poggiolo, Nocario, Acqua Fredola, lo Zuccarello, l’Erbagio, lo Petricagio, le Verallese, Campo Rotundo, Campo Donico, Siliura, lo Pigiale, lo Pè di Oreza, Pozolo, la Casalta, Piano, lo Pèdelaciore, la Fontana, le Duchelagie, lo Satoio, Patrimonio, Pastorechia, Stazone, le Piazole, le Ghilardagie, le Francolachie, lo Pastino, Osto, le Pichiaragie, Casabuona, Marmurio, lo Pogile, Casinegri, lo Gallico, la Casanova, la Penra buona, la Parata, lo Pogio, lo Pè di Petro, Tramica, le Pogie, Rapagio, Granagiolle, l’Olmo, Carpineto, Posatoio, Brosteco, lo Colle, Carcheto, lo Sorbello, lo Castello, lo Pè di Albertino, le Maistragie[2].

Histoire

En 1092 l'archevêque Daibertus évêque de Pise est nommé par le pape Urbain II, métropolitain-suzerain des 6 diocèses corses : Nebbio, Mariana, Accia, Sagone, Ajaccio et Aleria.

En 1133 Gênes obtient en 1133 du pape Innocent II les diocèses de Nebbio, Mariana et Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria. Après la bataille navale de Meloria (1284) qui voit la défaite des Pisans, Gênes s'empare de la Corse.

Aux XIIIe et XIVe siècles, le « Deçà des Monts » était dominé par le château de Petralerata, la toute puissante famille Cortinco, l'une des plus grandes seigneuries de l'île. Le fief comptait une douzaine de castra et couvrait toute la Castagniccia et même quelques pièves situées au-delà du Tavignano.

À la mort de Guglielmo Cortinco, les fils étaient maîtres de tous les pays qu'avait possédés leur père. Trois familles cependant, qui avaient grandi dans la piève d'Orezza, à Piè della Croce, Piè d'Albertino et Castello, ne leur rendaient plus qu'une obéissance précaire.

En 1289, les Cortinchi prêteront le serment de fidélité à Luchetto d'Oria envoyé sur l'île par la République de Gênes avec le titre de Vicaire Général.

En 1297, le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse, concédé en zone inféodée à la couronne d'Aragon.

En 1347, la Corse devient génoise.

En 1358, a lieu une révolte populaire dirigé par Sambucucciu d'Alandu. Tous les seigneurs sont chassés de leur fief, leurs châteaux détruits. Ils sont remplacés par des Caporali.

Historiquement, Orezza était la pieve la plus riche et la plus peuplée de Corse. Elle appartenait au pays qui était appelé « les Cinq Pièves », qui sont Vallerustie, Orezza, Ampugnani, Rostino et Casacconi.

Durant les neuf années de son second séjour dans son diocèse (1522-1531), Mgr Agostino Giustiniani, évêque de Nebbio, la décrivait ainsi :

« Puis vient la piève d'Orezza qui est très étendue et ne contient pas moins de mille feux répartis en cinquante-huit villages dont les plus connus sont la Campana et Piè d'Albertino, parce que c'est là qu'habitent les chefs de parti de la piève. Il y a aussi à Orezza un couvent de Frères Mineurs. Ce pays est couvert de châtaigniers. Il n'y a pas longtemps que les habitants ont commencé à les greffer pour en améliorer les fruits, ce qui ne se pratique nulle part ailleurs dans l'île. C'est même une nécessité pour eux, car ils ne vivent guère que du produit de leurs châtaigniers. Les hommes de cette piève sont industrieux ; ils s'occupent à vendre des étoffes de laine, de lin, des chaussures, et à faire quelques autres petits négoces de ce genre. Il y a aussi parmi eux de bons soldats, comme dans les autres pays de l'île. »

 Mgr Agostino Giustiniani in Description de la Corse, traduction de Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse – Tome I - 1888. p. 39

Sur les cartes de Corse éditées au début du XVIIIe siècle (l'écriture était génoise), Orezza s'écrivait Oresa.
Sur celle du cartographe-éditeur Seuter éditée la première fois en 1700[3], on lit que cette région « di qua dalli monti » était occupée par le peuple des Licmini (Licnini) et se trouvait dans le diocèse d'Accia.

La pieve civile

Extrait de la Carta dell'Isola di Corsica par Domenico Policardi (1769)[4].

Au XVIe siècle, Orezza se trouvait dans la province de Bastia, dans le ressort de sa juridiction civile.

Au XVIe siècle, l'organisation judiciaire en Corse comprenait le « Syndicat », une sorte de tribunal suprême à fonctions diverses. Celui de l'En-deçà-des-monts, était composé de « syndics » : deux Génois plus six membres corses élus à raison de deux par terziero ; leur compétence s'étendait aux juridictions de Bastia, Corte et Aléria. « Mais on ne tarda pas à supprimer les syndics insulaires, de sorte que bientôt les représentants de Gênes purent seuls faire partie du Syndicat »[5].

Au début du XVIIIe siècle, la pieve d'Orezza comprenait les lieux habités suivants : « Tramica con 4 ville 299. Piazzale con 2. 275. Piè della Croce 374. Rapagio, e Grana : 156. Erbagio 163. Parata 115. Querrino 110. Pastorecchia 98. Fontana 57. Bustico, e Colle125. Carpineto con 3 ville 319. Piè d’Opartino 168. Uerdese, e Fossato 222. Nocaria 84. Campodenico 85. Stazzona 165. Piè d’Orezza 213. Carcheto, Castello, e Sorbello 441. Campana, e Casanova 163 »[6].

Sur la Carta dell'Isola di Corsica[Note 1], de Domenico Policardi (1769)[4], Orezza se situe dans la province d'Accia.

Le , c'est à Orezza que des représentants corses proclament l'indépendance de l'île et rejettent la souveraineté génoise. La constitution du Royaume de Corse est proclamée, mais les rebelles ne trouvent pas de roi[7].

La pieve d'Orezza devient en 1789, le canton de Piedicroce[Note 2].

La pieve religieuse

Église Saint Pierre-et-Saint-Paul

Au XVIe siècle, Orezza relevait de l'autorité de l'évêque d'Aléria en résidence à Cervione.

L’abbé Francesco Maria Accinelli à qui Gênes avait demandé une estimation des populations de Corse, avait rédigé un texte manuscrit en langue italienne à partir des registres des paroisses, dans lequel il a écrit : « Il Vescouato di Alleria, che è il più di tutti pingue hà 2000 Scudi d’oro di entrata e contiene 19 pieui : Giovellina, Campoloro, Verde, Opino, Serra, Bozio, Allessani, Orezza, Vallerustie, Tralcini, Venaco, Rogna, Corsa, Covasina, Castello ò sia Vivario, Niolio, Carbini et Aregno in la Balagna. L’Ughelli però dice (Ital.Sacr.Tom.III) contenere la sua Diocesi 60 parochie con 14 conventi di Frati ».

Il rapportait aussi : « Contigua à questa (pieve d'Ampugnani) in poche miglie di salita è la pieve d’Orezza, che confina à mezzogiorno con quelle d’Allesani, e di Vallerustie : fà 3826 abitanti con 58 villaggi frà questi i principali sono Tramica, Piazale, Piè della Croce, Rapagio, Grana, Erbaggio, Parata, Querrino, Pastorechia, Fontana, Bustico, Colle, Carpineto, Verdese, Fossetto, Piè d’Opartino, Nocaria, Campodenico, Stazzona, Piè d’Orezza, Carcheto, Castello, Sorbello, Campana, e Casanova ; in questa Pieve evvi un monastero di Frati minori. »[6].

La pieve d'Orezza se situe dans le diocèse d'Aléria[Note 3], siège d'un tribunal en matière ecclésiastique. Il en existait cinq à l'époque de Morati[Note 4],[4] : Bastia, Aléria, Ajaccio, Nebbio, Sagone.

Pour cause d'insécurité sur la côte où les Barbaresques effectuaient de fréquentes razzias, l'évêque d'Aléria demeurait à Cervione[Note 5] dont l'église Saint-Erasme a été une cathédrale de 1558 à 1789, soit jusqu'à la Révolution.

L'église piévane

Entrée de l'église et ses décors

L'église piévane, ou "pieve", ou "piévanie" d'Orezza était dédiée à saint Pierre et saint Paul (San Petru è San Paulu) et située à Piedicroce d'après Geneviève Moracchini-Mazel [8]. Elle correspond à l'église actuelle, datée de 1691 et classée Monument historique en 1976[9] qui a été agrandie et modifiée.

Bibliographie

  • Lucien Auguste Letteron, Histoire de la Corse, t. I, Bastia, Imprimerie et librairie Ollagnier, coll. « Bulletin de la Société des sciences historiques & naturelles de la Corse », , 504 p. (lire en ligne)
  • Jacques-Nicolas Bellin - Carte de l'isle de Corse de (1703-1772), cartographe, éditée en 1764[1].
  • Domenico Policardi - Carta dell'Isola di Corsica 1769[4].
  • Vogt (capitaine)[Note 6], - Carte de l'Isle de Corse apartenante a la République de Genes, presentement divisée et soulevée, sous les ordres du baron de Neuhoff, élu roy sous le nom de Theodore Premier (1737)[10].
  • Matthaeum Seutter - Insula Corsica olim regni Tiulo insignis, nunc Genuensis reipublicae potestati subjecta Édition 1700-1799[3].
  • Giuseppe Grimaldi di Rapaggio, Description d'Orezza (1776), édition critique par Eugène F.-X. Gherardi, Ajaccio, éd. Alain Piazzola, 2017.

Articles connexes

Liens externes

Notes

  1. Légendes : Carta dell'isola di Corsica, dedicata a sua eccelenza il signor Giuseppe Rocco Boyer de Fonscolombe commendatore, e gran croce dell'ordine di San Michele di Baviera, governatore della citta d'Hieres in Provenza / Domenico Policardi capitano ingegniere.
  2. En 1954, le canton de Piedicroce était composé avec les communes de Brustico, Campana, Carcheto, Carpineto, Monacia-d'Orezza, Nocario, Parata, Piazzole, Piedicroce, Piedipartino, Pied’Orezza, Rapaggio, Stazzona, Valle-d'Orezza et Verdèse. En 1973, il fusionnera avec l'ancien canton de Valle d’Alisgiani pour former le nouveau canton d'Orezza-Alesani
  3. Sur la Carta dell'Isola di Corsica par Domenico Policardi éditée en 1769, on découvre l'orthographe Aleria pour Alleria anciennement
  4. Le docteur Pietro Morati di Muro est l'auteur de la Prattica manuale, manuel à l'usage des hommes de loi - Imprimerie et Librairie Ollanier Bastia 1885
  5. Jean-Joseph-Marie de Guernes (Chambon, diocèse de Limoges 1725 - Pise 1798), évêque d’Aleria en résidence à Cervioni (1770-1791), a été le premier évêque français nommé en Corse
  6. Le capitaine Vogt faisait partie des troupes auxiliaires de l’empereur Charles VI en Corse

Références

  1. (notice BnF no FRBNF40591053)
  2. ADECEC Éléments pour un dictionnaire des noms propres Cervioni
  3. (notice BnF no FRBNF40591050)
  4. (notice BnF no FRBNF40591192)
  5. Colonna De Cesari-Rocca et Louis Villat in Histoire de Corse Ancienne librairie Furne Boivin & Cie, Éditeurs 5, rue Palatine Paris VIe 1916
  6. Francesco Maria Accinelli in L’histoire de la Corse vue par un Génois du XVIIIe siècle - Transcription d’un manuscrit de Gênes - ADECEC Cervioni et l’Association FRANCISCORSA Bastia 1974
  7. André Larané, « 30 janvier 1735 Déclaration d'indépendance des Corses », sur herodote.net, (consulté le ).
  8. Geneviève Moracchini-Mazel in Les Églises Romanes de Corse - Klincksieck, CNRS, 1967
  9. Notice no PA00099230, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. (notice BnF no FRBNF40592487)
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