Consensus scientifique sur le réchauffement climatique

Le consensus scientifique sur le réchauffement climatique est reflété par les rapports de synthèse, les déclarations d'organisations scientifiques d'importance nationale et internationale, ainsi que les sondages d'opinion auprès des climatologues. Actuellement, la communauté scientifique dans son ensemble endosse la position du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) de janvier 2001, statuant qu'un nombre grandissant d'observations démontrent la réalité du réchauffement planétaire, et que le réchauffement observé depuis les 50 dernières années est en grande partie attribuable à l'activité humaine.
Depuis 2007, aucun corps scientifique de calibre national ou international n'a contesté cette affirmation, quoique quelques organisations n'aient pas pris position.

Rapports de synthèse

Les rapports de synthèse évaluent la littérature scientifique, qui elle-même compile les résultats d'études individuelles, dans le but d'améliorer la compréhension globale d'un phénomène ou d'avoir une vue d'ensemble de connaissances actuelles.

Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC)

Le rapport du Giec de 2007 conclut que

« l'activité humaine est fort probablement la cause du réchauffement global (à plus de 90 %). Le réchauffement global dans ce cas-ci réfère à une hausse de 0,75 degré de la température globale moyenne depuis les 100 dernières années[1]. »

Celui de 2014 confirme que

« l’influence de l’homme sur le système climatique est manifeste et de plus en plus forte et que l’on observe ses incidences sur tous les continents et dans tous les océans. Nombre des changements constatés depuis les années 1950 sont sans précédent depuis des dizaines d’années, voire des millénaires. Le GIEC est désormais certain à 95 % que l’homme est la première cause du réchauffement planétaire actuel[2]. »

Position des académies et sociétés scientifiques

Depuis 2001, plusieurs académies nationales ont fait des déclarations (parfois conjointes) affirmant la réalité du réchauffement global anthropique et demandant aux nations de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre[3],[4]. Parmi les signataires de ces déclarations, on retrouve les académies scientifiques nationales :

En 2016, au moins 80 académies nationales des sciences partageaient ce consensus[9].

Revues systématiques et sondages d'opinion auprès des scientifiques

Ce graphique de John Cook issu de "Consensus on Consensus", Cook et al. (2016), illustre les résultats de sept analyses du consensus scientifique sur la nature anthropique du réchauffement climatique par Naomi Oreskes, Peter Doran, William Anderegg, Bart Verheggen, Ed Maibach, J. Stuart Carlton, and John Cook.

John Cook et al. (2016)

En 2016 dans un article intitulé « Consensus sur le consensus », au vu des études disponibles Cook et ses collègues concluent que ce consensus est partagé par au moins 90 % des scientifiques du climat (le résultat est de 90 à 100% selon la question exacte considérée, la date de l'étude et la méthodologie d'échantillonnage). Ils estiment que ce taux est solide et qu'il est cohérent avec les résultats d'autres enquêtes sur les scientifiques du climat ainsi qu'avec les résultats des études évaluées par des pairs[10]. (Une seule étude concluait à un taux de consensus plus bas, mais elle comprenait deux biais méthodologiques[10].)

Le 15 mai 2013 Cook et d'autres auteurs dans Environmental Research Letters[11] avaient déjà analysé 11 944 résumés de recherches menées par 29 083 auteurs entre 1991 et 2011. Les auteurs concluent que 97,1 % des 3896 articles qui prennent position sur les causes du réchauffement climatique appuient le consensus scientifique selon lequel ce réchauffement est attribuable à l'activité humaine. En outre ce consensus va en augmentant légèrement avec le temps.

Anderegg, Prall, Harold, et Schneider (2010)

Un article de 2010, publié dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States, a analysé les données de publication et de citation pour 1 372 chercheurs des sciences du climat et émis les deux conclusions suivantes:

« (i) 97–98 % des chercheurs dont le sujet principal de publication est la science du climat soutiennent la thèse du réchauffement anthropique telle que décrite par le GIEC, et (ii) l'expertise climatique et la notoriété scientifique des chercheurs qui contestent cette thèse est nettement plus basse que celle de chercheurs qui la supportent[12]. »

Étude de Peter Doran et Maggie Zimmerman (2009)

Une étude publiée en 2009 par Peter Doran (en) et Maggie Zimmerman, du département des sciences de la Terre et de l'environnement de l'Université de l'Illinois à Chicago, et à laquelle 3146 scientifiques ont répondu, révèle que 90 % des scientifiques interrogés sur le sujet jugent que les températures mondiales ont « globalement augmenté » depuis le XIXe siècle, et 82 % sont d'accord avec l'affirmation selon laquelle les activités humaines « contribuent significativement au changement des températures moyennes globales. »[13] Ces taux montent respectivement à 96,2 % et à 97,4 % chez les 79 spécialistes en climatologie (ceux qui ont indiqué « science du climat » comme domaine d'expertise et qui ont publié plus de 50 % de leur articles récents sur le sujet). À l'inverse, seulement 47 % des 103 géologues interrogés pensent que l'activité humaine est un facteur significatif du changement climatique. En conclusion l'enquête affirme :

« Il semble que le débat sur l'authenticité du réchauffement global et sur le rôle joué par les activités humaines soit largement inexistant parmi ceux qui comprennent les nuances et les bases scientifiques des processus climatiques à long terme[13]. »

Analyse de Naomi Oreskes (2004)

Les tenants de l'existence d'un consensus concernant la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique s'appuient sur la prise de position de plusieurs institutions scientifiques et sur le nombre de climatologues impliqués dans les analyses du GIEC. Ce consensus a parfois été mis en doute par des responsables politiques, en particulier aux États-Unis. Mais selon une étude publiée dans la revue Science[14] par une historienne des sciences, Naomi Oreskes, l'analyse de 928 résumés d'articles scientifiques sélectionnés dans une base de données à l'aide des mots clés « climate change » et publiés entre 1993 et 2003 montre qu'aucun d'entre eux ne remettait en cause le consensus défini par le GIEC.

Définition de la notion de consensus par Jean Jouzel (2021)

La communauté scientifique émet des hypothèses. Elles sont testées à plusieurs reprises et la communauté se concentre finalement sur l'hypothèse la plus solide. Il émerge une théorie unique au fil du temps par un processus long basé sur la transparence, la qualité de la preuve et les méta-analyses. Il ne s'agit pas d'un vote mais d'un processus de construction collective dont le GIEC est la meilleure référence[15].

Notes et références

  1. (en) « Warming 'very likely' human-made », BBC News, BBC, (lire en ligne, consulté le ).
  2. Changements climatiques 2014 - Rapport de synthèse (page V), GIEC, 1er novembre 2014.
  3. « http://www.academie-sciences.fr/actualites/textes/G8_climat09_fr.pdf »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le )
  4. http://www.nationalacademies.org/onpi/06072005.pdf
  5. http://www.science.org.au/reports/climatechange2010.pdf
  6. « Le changement climatique | Rapports, ouvrages, avis et recommandations de l'Académie | Assurer un rôle d'expertise et de conseil », sur www.academie-sciences.fr (consulté le )
  7. http://royalsociety.org/climate-change-summary-of-science/
  8. http://www.nationalacademies.org/includes/G8+5energy-climate09.pdf
  9. cf. John Cook & al. 2016, cité dans la bibliographie plus bas.
  10. John Cook, Naomi Oreskes, Peter T Doran, William R L Anderegg, Bart Verheggen, Ed W Maibach, J Stuart Carlton, Stephan Lewandowsky, Andrew G Skuce & Sarah A Green (2016) Consensus on consensus : a synthesis of consensus estimates on human-caused global warming| publié le 13 avril 2016 IOP Publishing Ltd |Environmental Research Letters | Volume 11, Number 4 | URL:http://iopscience.iop.org/article/10.1088/1748-9326/11/4/048002
  11. Environmental Research Letters, texte intégral
  12. (en) William R. L. Anderegg, James W. Prall, Jacob Harold, and Stephen H. Schneider, « Expert credibility in climate change », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, (consulté le )
  13. (en) Peter T. Doran and Maggie Kendall Zimmerman, « Examining the Scientific Consensus on Climate Change », Université de l'Illinois à Chicago, (consulté le ).
  14. voir
  15. « Le consensus scientifique sur le réchauffement climatique | INSU », sur www.insu.cnrs.fr (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Ouvrages, chapitres d'ouvrages et rapports

  • Bray Dennis et Von Storch Hans, The Perspectives of Climate Scientists on Global Climate Change, Geesthacht, Helmholtz-Gemeinschaft, 2007.
  • Kotcher J. et alii, Correcting Misperceptions about the Scientific Consensus on Climate Change : Exploring the Role of Providing an Explanation for the Erroneous Belief, Seattle, The 2014 Annual Conference of the International Communication Association, 2014.
  • Leiserowitz Anthony et alii, Climate Change in the American Mind, New Haven, Yale Program on Climate Change Communication ; Fairfax City, George Mason University Center for Climate Change Communication, 2019, 68 p.
  • Oreskes Naomi, « My Facts are Better than your Facts : Spreading Good News about Global Warming », in Howlett Peter et Morgan Mary (éd.), How Well Do Facts Travel ? The Dissemination of Reliable Knowledge, Cambridge, Cambridge University Press, 2010, p. 135-166.
  • Oreskes Naomi, « The Scientific Consensus on Climate Change : How Do We Know We are not Wrong ? », in Dimento Joseph et Doughman Pamela (éd.), Climate Change : What It Means for Us, Our Children, and Our Grandchildren, Cambridge, Massachusetts Institute of Technology Press, 2007.
  • Oreskes Naomi et Conway Erik, Les marchands de doute, ou comment une poignée de scientifiques ont masqué la vérité sur des enjeux de société tels que le tabagisme et le réchauffement climatique, Treiner Jacques (trad.), Paris, Le Pommier, 2019, 523 p.
  • Stocker Thomas et alii (éd.), Climate Change 2013 : The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC), Cambridge, Cambridge University Press, 2014, 1535 p.
  • The Gallup Organization, A Gallup Study of Scientists’ Opinions and Understanding of Global Climate Change, Chevy Chase, The Gallup Organization, 1991.

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