Opération Pastorius

L'opération Pastorius fut un plan de sabotage par des agents allemands infiltrés aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale[1].

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Le procès des saboteurs nazis à Washington D.C, juillet 1942.

Histoire

L'opération se déroula en juin 1942 mais elle échoua rapidement. L'opération fut nommée ainsi par l'amiral Wilhelm Canaris, chef de l'Abwehr, du nom de Francis Daniel Pastorius, qui mena la première installation de colons allemands en Amérique[2],[3].

Pour cette opération, huit agents ayant vécu aux États-Unis furent recrutés. Deux d'entre eux, Ernest Burger et Herbert Haupt, étaient des citoyens américains. Les six autres, George John Dasch (en), Edward John Kerling, Richard Quirin, Heinrich Harm Heinck, Hermann Otto Neubauer et Werner Thiel avaient occupé différents emplois aux États-Unis.

Leur mission était de saboter différents sites industriels, de transport ou de production d'énergie aux États-Unis, jugés stratégiques : barrage hydro-électrique de Niagara Falls, usines de l'Aluminum Company of America dans l'Illinois, le Tennessee et à New York, écluses de l'Ohio River près de Louisville, la Horseshoe Curve, passage important d'une voie de chemin de fer à Altoona en Pennsylvanie et des ateliers de chemin de fer à Altoona, une usine de cryolite à Philadelphie, le Hell Gate Bridge à New York et la Pennsylvania Station à Newark dans le New Jersey.

Ces agents reçurent une formation rapide aux techniques de sabotage, ils se virent remettre environ 175 000 dollars américains et embarquèrent à bord de deux U-boot allemands.

Le , le premier sous-marin, le U-202 Innsbruck[4] s'approcha de la côte à Amagansett, à environ 184 km à l'est de la ville de New York, sur Long Island. Il débarqua George Dasch, qui était le chef de l'équipe, et trois autres saboteurs (Burger, Quirin et Henck). L'équipe arriva jusqu'à la côte en uniforme militaire de façon à être considérés comme prisonniers de guerre et non comme espions s'ils étaient capturés. Ils apportèrent avec eux et enterrèrent assez d'explosifs, d'amorces et d'engins incendiaires pour mener deux ans d'opérations[5]. Le groupe ne s'était pas encore complètement changé avec des vêtements civils quand un garde-côte américain, non armé, John C. Cullen, les repéra. Un des agents essaya de le corrompre mais Cullen retourna à sa station de garde-côte et reporta sa découverte à ses supérieurs. Entre-temps, les agents allemands avaient pris un train pour la ville de New York.

Le second sous-marin, le U-584, débarqua les quatre autres membres de l'équipe à côté de Kerling, à Ponte Vedra Beach en Floride, au sud de Jacksonville le . Sans incident, ils commencèrent leur mission en prenant le train pour Chicago et Cincinnati.

Mais à New York, Dasch et Burger firent défection. Dasch alla à Washington, D.C. et se rendit au FBI, les autres membres de l'équipe ignorant cette trahison. Dans les quinze jours qui suivirent, Burger et six autres agents furent arrêtés et les huit furent jugés par un tribunal militaire sur instructions spécifiques du président américain Franklin D. Roosevelt.

Les avocats des accusés dont (Lauson Stone (en) et Kenneth Royall) essayèrent d'obtenir qu'ils soient jugés par une cour civile, en appelant jusqu'à la Cour suprême des États-Unis mais furent déboutés (décision Ex parte Quirin). Le procès se tint dans l'immeuble du département de la Justice des États-Unis à Washington. Les huit agents allemands furent reconnus coupables et condamnés à mort. Roosevelt commua la sentence de Burger à la prison à vie et celle de Dasch à 30 ans, car ils avaient d'eux-mêmes mis fin à leur mission et fourni des informations sur le reste de l'équipe. Les six autres furent exécutés le sur la chaise électrique au troisième étage de la prison du district de Columbia et enterrés dans un carré des indigents, nommée Blue Plains dans le quartier d'Anacostia à Washington. En 1948, le président Harry S. Truman gracia Dasch et Burger à la condition qu'ils soient expulsés vers la zone américaine de l'Allemagne occupée.

Notes et références

  1. Oscar Reile, L'Abwehr. Le contre espionnage allemand en France de 1935 à 1945, France-Empire, 1970.
  2. (en) David A. Taylor, « The Inside Story of How a Nazi Plot to Sabotage the U.S. War Effort Was Foiled », sur Smithsonian Magazine (consulté le )
  3. (en-US) History M. A. et Information and Library Science M. S., « Sabotage on the Home Front: Operation Pastorius », sur ThoughtCo (consulté le )
  4. U-202 The "Innsbruck".
  5. « Federal Bureau of Investigation: George John Dasch and the Nazi Saboteurs », FBI Famous Cases.

Bibliographie

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