Occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord

L’occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord fait référence à l'invasion puis à l'occupation par l'Armée rouge de 50,135 km2 de territoire roumain les 28 juin-4 juillet 1940, et leur incorporation subséquente au sein de l’URSS (RSS moldave et RSS ukrainienne).

La Roumanie en août 1940 avec en rouge les territoires cédés à l'URSS, en jaune ceux cédés à la Hongrie, et en vert à la Bulgarie.
Frontières de la Roumanie entre 1941 et 1944, avec la Transnistrie à l'est.

Contexte

En dépit du Traité de Kars qui par son article 6 rendait juridiquement nul celui de Bucarest donnant la Bessarabie à l'Empire russe[1], l'URSS n'avait jamais reconnu la République démocratique moldave constituée en 1917 dans les limites de la Bessarabie (44,422 km2), et encore moins son union avec la Roumanie en mars 1918, mais n'avait pas, avant-guerre, de revendications sur la Bucovine du nord ni sur le district de Herța (ensemble 5,713 km2), qui furent pourtant également annexés selon le protocole secret du pacte Hitler-Staline. Durant la guerre, ces régions sont reprises par le régime Antonescu entre 1941 et 1944 mais sont soumises à un régime militaire très différent du régime civil d'avant-guerre, avant de redevenir soviétiques jusqu'en 1991, date à laquelle elles sont partagées entre l'Ukraine et la Moldavie nouvellement indépendantes.

Ultimatum soviétique à la Roumanie

Affiche de propagande soviétique en 1939 : « Électeurs de la classe ouvrière ! Votez pour l'adhésion de l'Ukraine occidentale avec l'Ukraine soviétique, pour une République socialiste soviétique d'Ukraine unie, libre et prospère. Éliminons la frontière entre l'Ukraine occidentale et l'Ukraine soviétique. Vive la République socialiste soviétique d'Ukraine ! ».
Départ forcé des Allemands de Bessarabie, en application du pacte Hitler-Staline.

Le 26 juin 1940, le ministre des Affaires étrangères soviétique, Viatcheslav Molotov, présente une note d'ultimatum à Gheorghe Davidescu, ambassadeur de Roumanie à Moscou, dans laquelle l'URSS exige l'évacuation de l'armée et de l'administration roumaine de Bessarabie et de Bucovine du Nord dans les 24 heures qui suivent[2],[3],[4] et dénonce la « domination exercée par la Roumanie sur la Bessarabie entre 1918 et 1940 », ajoutant que « son sort est lié à l'Ukraine soviétique de par son histoire, son destin, sa langue et sa composition ethnique ». Selon la même note, la Bucovine du Nord serait historiquement liée à la Galicie, territoire polonais annexé par l'Union soviétique en 1939, dans le sens où les deux territoires faisaient partie de l'Autriche-Hongrie de 1772-1775 jusqu'en 1918. Cependant, contrairement à la Bessarabie, la Bucovine du Nord avait une forte population ukrainienne, majoritaire par endroits. Les frontières roumaines avaient été garanties le 13 mai 1939 par le Royaume-Uni et la France [5], mais fin juin la France s'était effondrée, et l'Angleterre, seule en lice et en butte au Blitz aérien, semblait sur le point de succomber, de sorte que la Roumanie, fortement pressée en ce sens par l'ambassadeur allemand à Bucarest Wilhelm Fabricius (de), dut accepter l'ultimatum soviétique, afin d'éviter une invasion militaire à grande échelle. Un peu moins de deux tiers (soit 29 680 km2) des territoires annexés par l'URSS sont devenus la RSS de Moldavie, république constitutive de l'URSS, qui, avec la rive transnistrienne (4 163 km2) atteint 33 843 km2[6].

Occupation et conséquences

Réfugiés de Bessarabie fuyant l'occupation.
Trains de réfugiés roumains expulsés de Bucovine par les soviétiques.
Soroca : tombe de 36 juifs Sorociens massacrés par l'armée roumaine en juillet 1941.
Réseau de prisons et de camps en Roumanie et RSS moldave (1945-1989).

Dans les 48 heures suivant l'ultimatum ainsi que dans la semaine suivant l'arrivée de l'Armée rouge et du NKVD, surnommée la « semaine sanglante », une cohue anarchique de réfugiés a submergé toutes les voies de communication. L'armée roumaine a dû abandonner son matériel, récupéré par l'Armée rouge. Les administrations ont abandonné leurs archives, emportées par le NKVD à Moscou. Boutiques, administrations et entrepôts ont été pillés, les notables et tous ceux qui ont été désignés comme « ennemis du peuple » ou « nuisibles » ont été molestés, souvent arrêtés et fréquemment tués sur place par des « brigades rouges » constituées à la hâte par le NKVD, avec, parfois, un bref simulacre de « procès populaire » avant l'exécution[7].

L’Armée rouge n’a pas seulement occupé la Bessarabie et la Bucovine du Nord que l’URSS revendiquait. Un petit territoire de la Moldavie occidentale roumaine a également été occupé, parce que sur la carte de l’état-major soviétique, l’épaisseur du trait rouge marquant la nouvelle frontière couvrait par erreur l’arrondissement de Hertsa dont la garnison, se sachant en dehors du territoire à céder, tenta de résister[8]. Le 28 juin 1940, l’armée roumaine compta à Hertsa ses deux premiers morts de la seconde Guerre mondiale dont l’un était un soldat juif du nom de Salomon Iancou, que l’on présente parfois comme la première victime de la Shoah roumaine, alors que les balles qui l’ont abattu étaient soviétiques. En revanche, dans la ville voisine de Dorohoi, restée roumaine, des militants pro-soviétiques de la ville, issus de la communauté juive, mal informés et pensant que la ville allait être incluse comme Hertsa dans le territoire soviétique, s’en prirent imprudemment ce 28 juin 1940 à un officier roumain qu’ils traitèrent de « vermine fasciste ». Le lendemain de cet incident, les collègues de l’officier molesté et les Roms de Dorohoi violentèrent et pillèrent les familles de ces militants pro-soviétiques : ce sont elles les premières victimes de la violence antisémite physique en Roumanie[9]. Quant aux premiers juifs assassinés, ce sont les 118 victimes du pogrom de Bucarest tuées en par la Garde de Fer : des centaines de milliers d'autres suivront, particulièrement à Iași, en Bessarabie et en Bucovine du Nord où le régime du maréchal Antonescu les accusa indistinctement d’avoir soutenu et favorisé l’occupation soviétique en renseignant le NKVD[10].

En mars 1918, le Sfatul Țării (littéralement, « Conseil du Pays ») avait fait de la Bessarabie russe le premier des territoires roumanophones irrédentistes à proclamer son union avec la Roumanie. Lorsqu'ils revinrent en 1940, les soviétiques ayant tiré les leçons de cet évènement, déportèrent plus de 30 000 personnes : tous les Moldaves salariés par l'état roumain à quelque titre que ce soit, ainsi que tous les prêtres et moines, classés « laquais d'un régime impérialiste », et tous les roumanophones ayant dépassé le baccalauréat, qui n'avaient pas pu passer le Prut pour se réfugier dans la partie de la Moldavie restée roumaine. Cette « première fournée », début d'une longue série[11], comprend 14 anciens députés du Sfatul Țării dont un ancien ministre de la république démocratique moldave. Le dossier no 824 conservé dans les archives du Service d'Information et de Sécurité de la Moldavie[12], relate le sort de ces détenus, arrêtés le , lendemain de l'annexion.

Le , le major Sazykine, chef du NKVD à Chișinău, expédie au « commissaire du Peuple » (ministre) pour l'Intérieur de l'URSS, Béria, un télégramme pour lui annoncer sa prise et suggérer l'organisation d'un procès à la soviétique pour « Trahison des intérêts du peuple moldave », mais les détenus mourront en détention sans avoir été "jugés"[13]. Les militaires et fonctionnaires roumains non-bessarabiens rattrapés par les autorités soviétiques ont été ultérieurement échangés avec la Roumanie contre des militants communistes emprisonnés par le régime Antonescu. Ce fut aussi le cas d'un ancien membre du Sfatul Țării, Ion Codreanu, qui fut échangé, en mai 1941, contre la célèbre dirigeante communiste Ana Pauker : il vécut à Bucarest, où l'Armée rouge le rattrapa en septembre 1944, et où il fut arrêté deux ans après par la Securitate (alors qu'Ana Pauker était devenue ministre) et torturé jusqu'à sa mort le 15 février 1949.

L'occupation a été marquée par des campagnes ciblées de persécutions politiques, d'arrestations, de déportations vers des camps de travail du Goulag et d'exécutions. Les catégories de citoyens visées[14] étaient en priorité : les anciens fonctionnaires de l'État roumain, notamment les enseignants, policiers et juges, les religieux, les professions libérales, les Russes blancs, les minorités religieuses anti-militaristes issues du protestantisme[15] ou de l'orthodoxie[16]. Pendant la Seconde Guerre mondiale, ces régions sont reprises par les forces roumaines du maréchal Antonescu en juillet 1941 lors de l'opération Barbarossa, et les déportations et massacres ciblent cette fois les juifs et les anciens prisonniers de droit commun, accusés en bloc d'avoir dénoncé au NKVD les roumains déportés au Goulag[17]. Reconquis en août 1944 par l'URSS lors des contre-offensives soviétiques, et ayant donc changé de mains trois fois pendant la guerre, ces territoires où le front s'est trouvé de mars à août 1944, sont la région roumaine qui en a démographiquement le plus souffert. Selon les rapports des ministres Krouglov et Béria à Staline, étudiés par l'historien Nikolai Bougai[18], et selon les données des recensements, de 1940 à 1950 la région a perdu un tiers de sa population, passant de 3 200 000 personnes selon le recensement roumain de 1938, à 2 229 000 selon le recensement soviétique de 1950.

Donc 971 000 personnes ont disparu en 10 ans (1940-1950) :

  • 140 000 Allemands de souche ont été déportés en juillet 1940 vers l'Allemagne en application du pacte Hitler-Staline[19] ;
  • 120 000 bessarabiens (en majorité Moldaves roumanophones, mais aussi les porteurs de « passeports Nansen »[20]) ont été déportés par les Soviétiques entre le 28 juin 1940 et le 22 juin 1941 (dans la seule nuit du 13 juin 1941 - 13 470 familles, comprenant 22 648 personnes, dont approximativement 2/3 de femmes et enfants)[21];
  • 230 000 Juifs ont été soit massacrés par l'armée roumaine au service du régime du maréchal Antonescu (le plus souvent après avoir été déportés en Transnistrie), soit ont fui vers l'URSS et n'en sont pas revenus, qu'ils s'y soient établis ou qu'ils y aient été rattrapés par la Wehrmacht et tués par les Einsatzgruppen ou par l'armée roumaine ;
  • 250 000 Moldaves roumanophones ont été déportés par les Soviétiques entre 1944 et 1948[22] ;
  • 150 000 personnes sont mortes entre 1946 et 1947 à la suite de la famine provoquée par les réquisitions soviétiques alors qu'on était en période de mauvaises récoltes (politique déjà appliquée en Ukraine voisine dans les années 1920-1930) ;
  • 11 324 familles sont déplacées de force hors de Moldavie le 6 juillet 1949 (environ 81 000 personnes), en majorité sur critère religieux ("vieux-croyants", églises néo-protestantes, catholiques)[23].

En 1950, de tous ces « indésirables » ou « nuisibles » déportés hors du pays, 49 000 étaient encore en vie sur les lieux de leur déportation[18].

Lors de sa déclaration d'indépendance, la Moldavie a condamné l'annexion soviétique de 1940 et ses conséquences, affirmant qu'elle ne reposait sur aucune base légale[24], mais le Traité de Paris de 1947 constitue une reconnaissance internationale des pertes territoriales roumaines de l'été 1940, auxquelles se sont ajoutés en 1948 encore 3,2 km2 d'îles (sur le bras danubien frontalier de Chilia et en mer Noire) dont la perte n'a été reconnue qu'un demi-siècle plus tard par le traité frontalier roumano-ukrainien de Constanza, signé le . Au total la Roumanie a donc perdu 50,138 km2 au profit de l'URSS entre 1940 et 1948.

Les conséquences territoriales de l'occupation soviétique de la Bessarabie et de la Bucovine du Nord ont ainsi été admises par la communauté internationale, Roumanie incluse, contrairement à celles de l'occupation des États baltes eux aussi envahis conformément au protocole secret du pacte Hitler-Staline, mais dont ni les États-Unis[25], ni le Parlement européen[26],[27],[28], ni la CEDH, ni le Conseil des droits de l'homme de l'ONU[29] n'ont reconnu l'incorporation parmi les 15 Républiques socialistes soviétiques ; de plus, la plupart des pays non-communistes membres de l'ONU ont continué à reconnaître de jure l'Estonie, la Lettonie et la Lituanie[30],[31],[32] qui, après la dislocation de l'URSS fin 1991, ont été les trois seules anciennes républiques soviétiques à pouvoir quitter la sphère d'influence de la Russie, à n'intégrer ni la CEI-Eurasec, ni l'OCCA, ni l'OTSC, et à rejoindre l'OTAN et l'Union européenne[33]. La reconnaissance internationale des pertes territoriales roumaines a empêché le mouvement unioniste de parvenir à ses fins (l'union entre Moldavie et Roumanie) et laissé le champ libre aux pressions géopolitiques de la Russie à travers le séparatisme pro-russe en Transnistrie et à travers les positions du parti communiste de Moldavie (reconstitué dès 1993, et qui remporte entre un tiers et la moitié des députés au parlement selon les élections), parti qui exprime l'opposition des descendants des colons soviétiques (un tiers de la population) à tout rapprochement avec la Roumanie en particulier et avec l'occident en général[34].

Articles connexes

Notes et références

  1. Vlad Mischevca, „Tratatul ruso-turc de prietenie și frăție din 16 martie 1921” in : Limba Română n° 4, 24-ème année, Chişinău, 2014, article 6 : „Обе договаривающиеся стороны признают, что все договоры, до сего времени заключенные между обеими странами, не соответствуют обоюдным интересам. Они соглашаются поэтому признать эти договоры отмененными и не имеющими силы. Правительство Российской Социалистической Федеративной Советской Республики заявляет, в частности, что оно считает Турцию свободной от всяких к нему денежных или иных обязательств, основанных на международных актах, ранее заключенных между Турцией и царским правительством” sur consulté le 28.05.2014) et aussi dans Дипломатический словарь,т. III. С-Я, Наука, Moscou 1986, с. 312-313; Документы внешней политики СССР, т. III, Moscou 1959 et Документы внешней политики СССР, т. III, Госполитиздат, Moscou 1959, с. 597-604.
  2. (en) Research Divi Federal Research Division, Federal Research Division Romania a Country Study: A Country Study, Kessinger Publishing, 2004 (ISBN 1-4191-4531-2), Google Print, p. 79
  3. (ru)[« http://dacoromania.org/en/articles/59-documente/125-istoria-moldavii-documenty#42 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?) (consulté le ) Ультимативная нота советского правительства румынскому правительству 26 июня 1940 г.]
  4. (en) Dov Levin, The Lesser of Two Evils: Eastern European Jewry Under Soviet Rule, 1939–1941, Jewish Publication Society, 1995, (ISBN 0-8276-0518-8), Google Print, p. 37
  5. Hitler considère alors que la Roumanie est pour l'Allemagne « un État hostile » : Grigore Gafencu, Préliminaires de la guerre à l'Est, Éditions Egloff et L.U.F. (Librairie de l'Université de Fribourg), Fribourg - Paris, 1944.
  6. Livezeanu Irina, Cultural Politics in Greater Romania : Regionalism, Nation Building & Ethnic Struggle, Cornell University Press, (ISBN 0-8014-8688-2 et 978-0-8014-8688-3, lire en ligne), p. 92.
  7. Collectif, Lucia Hossu-Longin (dir.) : « Mémorial de la douleur » (Memorialul durerii), éd. Humanitas, Bucarest et Chișinău, plusieurs rééditions. L’écrivain Paul Goma, qui a vécu enfant cet épisode, en a aussi fait une description, mais malheureusement dans une démarche antisémite qui en attribue la responsabilité à l'ensemble des juifs de Bessarabie en tant que communauté, alors que les « brigades rouges » étaient dirigées par des communistes staliniens de toute origine, et composées en partie de détenus de droit commun, sortis des prisons roumaines pour exercer la « terreur rouge » contre les « ennemis de classe ».
  8. Grigore Gafencu, Préliminaires de la guerre à l'Est, Éditions Egloff et L.U.F. (Librairie de l'Université de Fribourg), Fribourg - Paris, 1944
  9. Marius Mircu, Ce qui est arrivé aux juifs de Roumanie, Glob, Bat Yam et Papyrus, Holon 1996.
  10. Raul Hilberg, La Destruction des Juifs d'Europe, p. 1414-1415
  11. Nikolai Bugai, Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация (déportation des peuples d'Ukraine, Biélorussie et Moldavie), Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld - Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581, et Collectif et Lucia Hossu-Longhin (dir.) : « Mémorial de la douleur » (Memorialul durerii), éd. Humanitas, Bucarest et Chișinău, plusieurs rééditions.
  12. Dossier pénal no 824, classé le 15 septembre 1940 sous le no 603, archives du Service d'Information et de Sécurité de la Moldavie, Chișinău
  13. Télégramme du major Sazykine à Laurent Béria : Strict secret Au commissaire du Peuple pour les Affaires internes de l'Union Soviétique, le commissaire de 1re classe de Sécurité, le camarade Beria L. P. Je vous expédie pour examen le dossier pénal de 14 membres actifs du mouvement contre-révolutionnaire „Sfatul Țării”: 1. Teodor Onciu, né en 1887, député au „Sfatul Țării”, fonctionnaire. 2. Cojuhari Teodor, né en 1879, colonel de l'armée tzariste, député au „Sfatul Țării”, ministre de la défense de la prétendue „Rép. Dém. moldave”, puis député au parlement monarchiste roumain. 3. Teodor Neag, né en 1878, koulak (tout rural autre que les ouvriers agricoles, était qualifié par les Bolcheviks de koulak et considéré comme un ennemi de classe). 4. Vladimir Budescu, né en 1868, ancien procureur de la Cour d'Appel. 5. Ivan Ignatiouk, né en 1893, koulak. 6. Panteleimon Sinadinos, né en 1875, député à la Douma tzariste de 1907 à 1917, propriétaire terrien, jusqu'à la réforme agraire de 1918 il avait 4 500 ha. 7. Constantin Bivol, né en 1885, koulak. 8. Ion Codreanu, né en 1879, koulak. 9. Emmanuele Cotelli, né en 1883 a. n., ancien officier de l'armée tzariste, propriétaire terrien. 10. Luca Știrbeț, né en 1889, membre du parti paysan, koulak. 11. Alexandru Baltaga, né en 1861, député au „Sfatul Țării”, a 12 médailles du gouvernement roumain, prêtre, ancien métropolite de Bessarabie. 12. Nicolae Sacară, né en 1894, ancien député au „Sfatul Țării”, koulak. 13. Grigore Turcoman, né en 1890, ancien officier de l'armée tzariste, koulak. 14. Stefan Botnariouk, né en 1875, membre important des partis bourgeois, propriétaire terrien. Notre enquête (NT : les Soviétiques sont arrivés en Bessarabie 48 heures auparavant) a confirmé que toutes ces personnes ont, en 1918, commis la rupture par la force de la Bessarabie hors de l'Union Soviétique (NT : l'URSS n'a été proclamée qu'en 1922) pour la donner à la Roumanie, acte pour lequel ils ont reçu du gouvernement roumain 50 ha chacun (NT : la réforme agraire roumaine de 1921-1923 a donné à tout paysan non-propriétaire travaillant la terre entre 0,5 et 1 ha de terrain (selon les caractéristiques du sol et des eaux) pris sur les domaines latifundiaires des boyards ; cette mesure ne concernait pas les personnes déjà propriétaires de terres agricoles). En plus, ces personnes ont exercé une activité contre-révolutionnaire sur le territoire de la Bessarabie jusqu'à l'arrivée de l'Armée rouge. Leur activité criminelle contre le peuple moldave est totalement démontrée, tant par les résultats de l'enquête, que par les documents trouvés dans les archives des administrations roumaines et de la sûreté roumaine. Pensant que ce dossier pourrait avoir une grande importance politique, mais aussi une valeur de propagande pour les travailleurs moldaves, je vous prie d'approuver l'organisation d'un procès public pour ces cas, afin de condamner la livraison ouverte de la Bessarabie à la Roumanie par l'intermédiaire des affaires mystérieuses des associations secrètes moldaves avec le gouvernement roumain et la Rada ukrainienne. Signé: major Sazykine, chef du NKVD à Chișinău Tandis que des milliers de détenus rejoignent en prison les 14 arrêtés, le dossier de Sazykine tourne durant 4 mois dans les services de Béria à Moscou, puis revient sans aucune annotation : le procès n'aura pas lieu. Sans jugement, les 14 détenus mourront en détention : 1. Teodor Onciu : † 22.XI.1940, pénitencier Chișinău ; 2. Teodor Cojuhari : † 23.I.1941, pénitencier Chișinău ; 3. Teodor Neaga : † 6.XII.1941, Goulag, Penza, Russie ; 4. Vladimir Bodescu : † 28.XI.1941, Goulag, camp no 4 de Tchistopol, Russie ; 5. Ivan Ignatiouk : † 26.I.1943, Goulag, camp no 2 de Tchistopol, Russie ; 6. Panteleimon Sinadinos : † Goulag, URSS, ? ; 7. Constantin Bivol : † 12.III.1942, Goulag, camp no 4 de Tchistopol, Russie ; 8. Emmanuele Cotelli : † 18.II.1943, Goulag, camp no 5 de Sverdlovsk, Russie ; 9. Luca Știrbeț: † 15.III.1942, Goulag, camp no 4 de Tchistopol, Russie ; 10. Alexandru Baltaga : † 7.VIII.1941, pénitencier de Kazan, Russie ; 11. Nicolae Sacară : † 24.II.1942, Goulag, Penza, Russie ; 12. Grigore Turcoman : † 28.V.1942, Goulag, Penza, Russie ; 13. Stefan Botnariouk : † 22.VIII.1941, Goulag, Penza, Russie. Les documents intégraux sont dans le doctorat en droit de Mihai Tașcă, publié sur le site du journal moldave Timpul : .
  14. Dans la Pravda du 23 août 1923, citée dans S. Melgounov : La terreur rouge, 1924, Ian Sodrabs dit Latzis, l'un des premiers directeurs de la Tcheka justifie ainsi la déportation par catégories : Notre action ne vise pas des personnes en particulier : nous exterminons l'aristocratie, la bourgeoisie et les paysans réfractaires en tant que classes. Ne cherchez pas, dans nos enquêtes, des documents ou des preuves de ce que l'accusé aurait fait, en actes ou en paroles, contre les autorités soviétiques. Ce n'est pas la question : la question, c'est à quelle classe il appartient, quelle est son origine, son éducation, ses opinions, sa profession.
  15. Adventistes, Mennonites, Témoins de Jéhovah et autres mouvements néo-évangéliques.
  16. Pravoslavniks, en particulier les Lipovènes, Scoptes et Subbotniks.
  17. Matatias Carp, Cartea Neagră. Le Livre noir de la destruction des Juifs de Roumanie 1940-1944, Denoël 2009.
  18. Nikolaï Théodorovitch Bougaï: Informations des rapports de Béria et de Krouglov à Staline, éd. de l'Acad. de sciences de Moldavie nr. 1, Chișinău, 1991 (Н.Ф. Бугай «Выселение произвести по распоряжению Берии…» О депортации населения из Молдавской ССР в 40-50- е годы – Исторические науки в Молдавии. № 1. Кишинев, 1991. 1.0), Déportation des peuples de Biélorussie, Ukraine et Moldavie, éd. Dittmar Dahlmann et Gerhard Hirschfeld, Essen, Allemagne, 1999, p. 567-581 (Депортация народов из Украины, Белоруссии и Молдавии : Лагеря, принудительный труд и депортация. Германия. Эссен. 1999. 1.3)
  19. Aleksandr Moiseevitch Nekritch, Adam Bruno Ulam, Gregory Freeze, Pariahs, Partners, Predators : German–Soviet Relations, 1922–1941, Columbia University Press 1997, (ISBN 0231106769), p. 181.
  20. Pendant l'entre-deux-guerres, l'Office Nansen avait attribué plus de 53 000 passeports de réfugiés apatrides à des Russes blancs, d'anciens aristocrates, bourgeois, marchands (dont un grand nombre de juifs russes), soi-disant « koulaks », intellectuels, indépendantistes ukrainiens, anarchistes et paysans affamés, tous indistinctement classés comme « éléments contre-révolutionnaires » par les autorités soviétiques dont ils fuyaient les persécutions et la terreur. Ces réfugiés essaient de passer le Dniestr à la nage ou sur la glace sous les balles des garde-frontière soviétiques : certains parviennent à passer, surtout de nuit, mais rares sont ceux qui parviennent à emporter des bagages, et beaucoup sont tués, noyés, ou capturés et envoyés au Goulag : parmi ceux qui s'échappent, plus d'un est rançonné par les garde-frontière roumains avant d'être pris en charge par l'Office Nansen, comme en témoignent Anthony Babel dans La Bessarabie, éd. Félix Alcan, Genève et Paris, 1932 et Anatol Petrencu, Les déportations staliniennes, Journal de Chisinau, no 294 du 2 juillet 2004.
  21. Nikolaï Th. Bougaï: K voprosu o deportacii narodov SSSR v 30-40ch godach. - ISSSR (1989)
  22. Nikolaï Théodorovitch Bougaï, (ru) « La question de la déportation des peuples d'URSS dans les années 1930 et 1940 » dans Revue d'histoire de l'URSS 1989 («К вопросу о депортаций народов СССРв 30-40ш годах», ИСССР 1989).
  23. N. T. Bougaï, (ru) Op.cit. 1989).
  24. (en) Déclaration d'indépendence de la République de Moldavie, Moldova.org
  25. Ferdinand Feldbrugge, Gerard Pieter van den Berg et William B. Simons, Encyclopedia of Soviet law, BRILL, (ISBN 90-247-3075-9, lire en ligne), p. 461
    « On March 26, 1949, the US Department of State issued a circular letter stating that the Baltic countries were still independent nations with their own diplomatic representatives and consuls. »
    .
  26. (en) Motion for a resolution on the Situation in Estonia par le Parlement européen, B6-0215/2007, 21.05.2007; passée le 24.05.2007. Consulté le 1er janvier 2010.
  27. (en) Renaud Dehousse, « The International Practice of the European Communities: Current Survey », European Journal of International Law, vol. 4, no 1, , p. 141 (lire en ligne[archive du ], consulté le )
  28. (en) European Parliament, « Resolution on the situation in Estonia, Latvia, Lithuania », Official Journal of the European Communities, vol. 42/78, (lire en ligne)
  29. (en) « Seventh session Agenda item 9 »(ArchiveWikiwixArchive.isGoogle • Que faire ?), United Nations, Human Rights Council, Mission to Estonia, (consulté le ) : « The Molotov–Ribbentrop Pact in 1939 assigned Estonia to the Soviet sphere of influence, prompting the beginning of the first Soviet occupation in 1940. After the German defeat in 1944, the second Soviet occupation started and Estonia became a Soviet republic. »
  30. (en) David James Smith, Estonia: independence and European integration, Routledge, 2001, (ISBN 0-415-26728-5), pXIX
  31. Bruce Parrott, State building and military power in Russia and the new states of Eurasia, M.E. Sharpe, (ISBN 1-56324-360-1, lire en ligne), « Reversing Soviet Military Occupation », p. 112–115
  32. Peter Van Elsuwege, Russian-speaking minorities in Estonian and Latvia : Problems of integration at the threshold of the European Union, Flensburg Germany, European Centre for Minority Issues, (lire en ligne), p. 2
    « The forcible incorporation of the Baltic states into the Soviet Union in 1940, on the basis of secret protocols to the Molotov-Ribbentrop Pact, is considered to be null and void. Even though the Soviet Union occupied these countries for a period of fifty years, Estonia, Latvia and Lithuania continued to exist as subjects of international law. »
    .
  33. Ian Costello-Cortes (dir.), Atlas encyclopédique mondial, Nathan 1996, (ISBN 2091814016).
  34. Jean Nouzille, La Moldavie, histoire tragique d'une région européenne, Ed. Bieler, (ISBN 2952001219).

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