Obscurantisme

Pour les courants intellectuels et politiques progressistes, héritiers de la philosophie des Lumières, l’obscurantisme ou l’obscurationnisme est une attitude d'opposition à la diffusion du savoir, dans n'importe quel domaine.

Ray Bradbury publie la dystopie romanesque Fahrenheit 451, qui sera adaptée plus tard par François Truffaut. Des scènes d'autodafés y sont orchestrées par les autorités contrôlant la population. Le personnage principal est un pompier chargé d'incinérer les livres.

Définition

Le terme « obscurantiste » est exclusivement péjoratif. Un obscurantiste prône et défend une attitude de négation du savoir. Il refuse de reconnaître pour vraies des choses démontrées. Il pose des restrictions dans la diffusion de connaissances. Il est contre la propagation de nouvelles théories.

Par exemple, l'astrologie est aujourd'hui considérée comme obscurantiste, car elle repose sur des interprétations peu compatibles avec les observations scientifiques modernes[1]. Il y a quelques siècles encore, les connaissances scientifiques et notamment astronomiques étaient insuffisantes pour invalider les interprétations astrologiques[2].

Pour certains athées, les religions sont des croyances obscurantistes, c'est-à-dire détachées de la réalité.

L'obscurantisme est souvent associé à une certaine image du Moyen Âge. Il est mis en rapport avec, durant le Moyen Âge, l'Inquisition et les autodafés ; durant l'époque des grandes découvertes et des Lumières, les anciennes idées politiques et religieuses.

Histoire de l'obscurantisme

Géocentrisme contre Héliocentrisme

La fin du XVIe siècle a vu le passage d'une représentation du monde géocentrique à une représentation héliocentrique. Rares étaient les scientifiques qui osaient prendre des distances par rapport à la doctrine officielle de l'Église catholique romaine, qui penchait indubitablement pour la première hypothèse (ce qui conduisit à la condamnation de Galilée en 1634). Il fallut attendre Bradley et sa preuve optique de la trajectoire orbitale de la Terre autour du Soleil pour que les œuvres de Galilée soient enlevées de l'index. Cet obscurantisme a provoqué une critique de la part de certains philosophes. Par exemple, Descartes dans le Discours de la méthode parle d'une « philosophie spéculative qu'on enseigne dans les écoles »[3].

Les progrès de la technique

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, l'extension des procédés de l'imprimerie et de la presse permettait de se rendre compte des découvertes des sciences, et de diffuser ce savoir pour obtenir des applications pratiques dans le domaine technique[réf. nécessaire].

Le siècle des Lumières

La lutte contre l'« obscurantisme » fut le principal cheval de bataille des penseurs que l'on associe à la période des Lumières, correspondant sensiblement au XVIIIe siècle. C'est dans cet esprit que Voltaire écrivit De l'horrible danger de la lecture (1765).

C'est en effet l'idée centrale des Lumières que le progrès général dans le comportement humain, y compris dans le domaine politique, est conditionné par une diffusion la plus large possible de toutes les connaissances. Et qu'il y a une corrélation de facto entre d'une part l'ignorance et la servitude, et d'autre part entre la connaissance et la liberté.

Tout le projet encyclopédique de d'Alembert et de Diderot incarne cette idée, illustrée par le célèbre opéra de Wolfgang Amadeus Mozart : La Flûte enchantée.

Obscurantisme moderne

Le discours obscurantiste connaît un certain renouveau au début du XXIe siècle, porté notamment par le courant conspirationniste sur Internet[4]. De nombreuses théories de complots trouvent un écho important sur les réseaux sociaux[5], où certains groupes rejettent la science et le savoir au profit d'une vision alternative de la réalité (Terre plate[6], canular de l'homme sur la Lune[7], rejet de la vaccination[8], créationnisme...).

Ces groupes ont souvent pour trait commun une défiance à l'égard du pouvoir en place et des institutions[9], entraînant un rejet de la classe politique, mais également de la presse et de la science. Le discours relayé étant peu assujetti au raisonnement logique et scientifique, cette nouvelle forme d'obscurantisme est particulièrement difficile à combattre[10].

Le discours obscurantiste

Selon le discours obscurantiste tel que l'ont présenté les philosophes des Lumières, tout propos sortant des normes est trompeur : il attente donc à la vérité, il est hérésie, blasphème et, une fois ce crime matérialisé, il mérite sanction (bûcher, anathème, etc.).

Méthodes

L'obscurantisme emploie les méthodes suivantes :

Pour Pierre Bourdieu, notre société n'est pas à l'abri du phénomène : « L'obscurantisme est revenu, mais cette fois nous avons affaire à des gens qui se recommandent de la raison. Face à cela, on ne peut pas se taire »[11].

Notes et références

  1. Voir à ce sujet la controverse autour de la thèse de sociologie délivrée à Élisabeth Teissier.
  2. Frédéric Lenoir, « Enquête sur l'astrologie », L'Express,
  3. Voir la sixième partie du Discours de la méthode
  4. «Le complotisme a cessé d’être un phénomène marginal», sur www.20minutes.fr (consulté le )
  5. « Les adeptes des théories du complot s'informent d'abord via les réseaux sociaux », sur FIGARO, (consulté le )
  6. « Ils partent en bateau pour prouver que la Terre est plate », sur LExpress.fr, (consulté le )
  7. « Théorie du complot: on n’a jamais marché sur la Lune », sur Femina (consulté le )
  8. « Vaccination : pourquoi tant de défiances ? », sur SudOuest.fr (consulté le )
  9. « Pourquoi les Français détestent-ils autant leurs élites? », sur Challenges (consulté le )
  10. « Le complotisme est plus fort que tout », sur Slate.fr, (consulté le )
  11. Propos recueillis par Isabelle Rüf, pour l'émission de Lison Méric « Fin de siècle » du 31/01/1999. Reproduit in Le Temps, 25/01/2002

Voir aussi

Articles connexes

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