Nouvelle Objectivité

La Nouvelle Objectivité (en allemand : Neue Sachlichkeit) est un mouvement artistique, actif entre 1918 et 1933. Il se développe en Allemagne dans les années 1920 et succède à l'expressionnisme, dont il découle par bien des aspects. La Nouvelle Objectivité embrasse toutes les disciplines.

Histoire du mouvement

La Nouvelle Objectivité se développe dans plusieurs grandes villes de l'Allemagne et réunit alors beaucoup de grands artistes et intellectuels qui, provenant souvent du mouvement dadaïste, ont fortement pris conscience de leur responsabilité politique et de leur « devoir contestataire ».

Cette appellation a été inventée en 1925, à l'occasion d'une exposition très médiatisée et qualifiée de post-expressionniste, qui s'est tenue à la Kunsthalle de Mannheim[1]. Les principaux artistes exposants sont Max Beckmann, Otto Dix, George Grosz , Alexandre Kanoldt, Georg Schrimpf et Niklaus Stoecklin.

La Nouvelle Objectivité n'a ni programme ni manifeste, contrairement au surréalisme qui se développe à la même époque en France. Elle se divise toutefois en deux branches bien distinctes qui, chacune à sa manière, affichent une même volonté, après certains débordements expressionnistes, de revenir au réel et au quotidien. Le clivage s'inscrit d'abord sur le plan politique : la branche dite « de droite », raccordée à Karlsruhe et Munich, retourne ainsi à un classicisme harmonieux et intemporel alors que, la branche de gauche, centrée sur « Berlin la rouge », s'engage radicalement dans une vision froide et cynique de la société[2]. Vers 1930, le mouvement dépasse les frontières de l'Allemagne.

Cependant, outre ce clivage politique, trois courants formels peuvent également être distingués. Ils peuvent être qualifiés de :

  • vériste : ancré dans le politique et le social, donnant des représentations entre cynisme et cruauté ;
  • classique : le peintre Giorgio de Chirico, rattaché au surréalisme, en est quasiment l'archétype ;
  • magico-réaliste : introduit par Franz Roh, ce troisième courant interne constitue parfois un pont avec le surréalisme (veine fantastique, sciences parallèles, l'irrationnel, etc.).

D'un point de vue global, la Nouvelle Objectivité se caractérise par une volonté de représenter le réel sans fard. « Entre jugement et constat », elle tend à la société malsaine et corrompue de l'après-guerre un miroir froid. L'art lui sert d'arme. Formellement le mouvement se caractérise par l'emploi d'un dessin précis plus que de l'utilisation de couleurs, contrairement à l'expressionnisme[3].

En photographie, ce mouvement s'est caractérisé par sa forte dimension sociale et son refus du pictorialisme.

En peinture, les mêmes préoccupations sociales aboutissent à des œuvres parfois aux limites de la caricature.

D'autres domaines comme le cinéma, la littérature, la musique, le graphisme et l'art décoratif s’entrouvrent à la Nouvelle Objectivité.

Liés à la République de Weimar, les artistes de la Nouvelle Objectivité seront nombreux à être pointés du doigt comme « artistes dégénérés » par le régime nazi. C'est pourquoi d'ailleurs le mouvement s'éteint en 1933, avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir. De nombreux artistes choisissent alors l'exil.
Le Musée Correr de Venise a consacré une grande exposition à la nouvelle objectivité ( - ), reprise au LACMA, Los Angeles, du au [4].

En France, les premières expositions consacrées à ce courant se sont tenues à Saint-Étienne et à Chambéry en 1974.[réf. nécessaire] Il y eut ensuite l'exposition "Paris-Berlin 1900-1933" de 1978 (M.N.A.M. Paris) dans laquelle "La Nouvelle Objectivité" fut très présente[5].

Artistes de la Nouvelle Objectivité

La Nouvelle Objectivité au cinéma

Torrebenn recense dix films pouvant être rattaché à la Nouvelle Objectivité[6] :

En France

De nombreux artistes furent influencés par la Nouvelle Objectivité dont Balthus, Salvador Dalí (dès 1924)[pas clair], Auguste Herbin, Lisa Krugell et Quentin Spohn.

En Suisse

Des artistes tels que Arthur Riedel, Niklaus Stoeklin, Johannes Robert Schürch, en Suisse-allemande et les frères François Barraud, Charles Barraud, Aurèle Barraud et Aimé Barraud ou Charles Humbert en Suisse romande ont pris part à ce mouvement.

Voir aussi

Références

  1. Jean Luc Daval, Journal des avant-gardes, les années vingt, les années trente, Genève, Skira, , p. 124
    Le titre de l'exposition est La nouvelle objectivité. La peinture allemande depuis l'expressionnisme.
  2. Cette distinction est faite dès 1925 par le critique Gustav Friedrich Hartlaub, dans la préface du catalogue de l'exposition à la Kunsthalle de Mannheim. cf. Jean-Luc Daval.
  3. « Neue Sachlichkeit (Nouvelle objectivité) [Mouvement] Lexique », sur mam.st-etienne.fr
  4. « Nouvelle Objectivité. L'Art en Allemagne lors de la République de Weimar 1919-1933 / Nuova Oggettività. Arte in Germania al tempo della Repubblica di Weimar 1919-1933 // Musée Correr, Venise », sur lecurieuxdesarts.over-blog,
  5. Marcel-André Stalter, Neue Sachlichkeit (die) La Nouvelle Objectivité, vol. Dictionnaire des courants picturaux, Paris, Larousse, , 448 p. (ISBN 2-03-740061-6), pp. 268-270.
  6. « La "Neue Sachlichkeit" (Nouvelle Objectivité) sous la République de Weimar, liste de dix films », sur www.vodkaster.com

Bibliographie

  • Andrea Lutz et David Schmidhauser, Neu. Sachlich. Schweiz. Malerei der Neuen Schlichkeit in der Schweiz, Museum Oskar Reinhart, Witnerthur, Musée des beaux-arts, La Chaux-de-Fonds; Zurich, Scheidegger & Spiess, 2019 (ISBN 978-3-85881-572-9)
  • Allemagne année 20 : La Nouvelle Objectivité, Paris, RMN, 2003 (ISBN 978-2711846238)
  • (en) Wieland Schmied, Neue Sachlichkeit and German Realism of the Twenties, Arts Council of Great Britain, Londres, 1978, (ISBN 0-7287-0184-7).

Expositions

  • 2018: Neu. Schlich. Schweiz. Malerei der Neuen Schlichkeit in der Schweiz, Museum Oscar Reihart, Witnerthur
  • 2018: Nouvelle Objectivité en Suisse, Musée des beaux-arts, La Chaux-de-Fonds

Filmographie

Articles connexes

Liens externes

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