Noble Chemin octuple

Le Noble Chemin ou Sentier octuple (sanskrit IAST aṣṭāṅgamārga[1]; pāli aṭṭhāṅgika magga) est, dans le bouddhisme, la voie qui mène à la cessation de dukkha (insatisfaction, souffrance) ainsi qu'à la délivrance totale (nirvāṇa)[2]. Il est également appelé « Chemin du milieu », car il évite les deux extrêmes que sont d'une part la poursuite du bonheur dans la dépendance du plaisir des sens et d'autre part la poursuite de la libération dans la pratique de l'ascétisme et de la mortification.

Dharmacakra ou roue du dharma, avec ses huit rayons représentant les huit membres du Noble Chemin octuple.

Le Bouddha Shakyamuni ayant fait l'expérience de ces deux extrêmes, découvrit ainsi le Noble Chemin « qui donne vision et connaissance, qui conduit au calme, à la vision profonde, au nirvāṇa ». Il énonce le Noble Chemin octuple lors de son premier sermon à Sârnâth.

Les quatre nobles vérités

Le cœur de l'enseignement du Bouddha est contenu dans les Quatre nobles vérités exposées dans le premier sermon intitulé Mise en route de la roue de la loi (Dhammacakkappavattana sutta) qu'il fit à Sarnath, près de Bénarès, devant les cinq bikkhus (moines) qui avaient été ses compagnons durant la période d'exercices ascétiques que le Bouddha avait pratiqués.

Là, le Bouddha, tel un médecin connaissant les maux du monde et leurs remèdes, énonce ces vérités, qu'il explicite dans des enseignements entre autres rassemblés dans le Samyutta Nikāya, notamment dans les sections «Khandha vagga»: le Satta sūtra (SN 23.2), le Cakkhu sūtra (SN 27.1); «Maha vagga»[3]: l'Adittapariyaya sūtra (SN 45.8), le Chiggala sūtra (SN 56.48), pour ne mentionner que quelques exemples, le recueil du Samyutta Nikāya comprenant presque 8000 textes, discours ou sūtra[4],[5].

Ces Quatre Nobles Vérités sont:

  1. Dukkha : la nature de la vie, la souffrance, les chagrins et les joies (parce qu'elles ne durent pas) ; son imperfection, son impermanence et son insubstantialité. Il faut comprendre cela comme un fait, clairement et complètement.
  2. Samudaya (en), l'origine de dukkha : le désir, la soif de vivre (taṇhā), accompagnés de toutes les passions, souillures et impuretés. La simple compréhension de ce fait n'est pas suffisante ; il faut écarter ce désir, l'éliminer, le déraciner.
  3. Nirodha, la cessation de dukkha : compréhension de la possibilité d'atteindre le nibbana, la vérité absolue, la réalité ultime.
  4. Magga, l'Octuple Noble Sentier conduisant au nibbana : la simple connaissance de ce Sentier ne suffit pas. Il faut le suivre et le pratiquer avec constance.

Le noble sentier octuple

Quatrième des Quatre nobles vérités, le chemin comporte huit membres (anga en sanskrit) regroupés en trois parties. Ces huit membres sont suivis à la fois séquentiellement et simultanément par les pratiquants du bouddhisme. Les trois parties (éthique, méditation et sagesse) forment le « chemin triple », autre dénomination de la voie bouddhique (ces diverses dénominations sont notamment là pour aider à ne pas voir les choses de façon trop rigide ou structurée, mais pour donner divers éclairages sur une pratique qui se doit essentiellement d'être une pratique « intégrée »).

Les huit membres dans l'ordre présenté par le Bouddha dans les suttas sont: vue juste, pensée juste, parole juste, action juste, moyens d'existence justes, effort juste, attention juste (sati), concentration juste (samadhi —les quatre jhana). Le Bouddha a enseigné que les sept premiers membres du sentier octuple sont à développer en tant que support du dernier[réf. souhaitée] (samadhi).

Les huit membres selon les trois groupes sont les suivants :

  • A « Śīla; Sīla » (moralité, discipline, éthique) :
    • 1 « samyag-vāc; sammā-vācā » : parole juste (ne pas mentir, ne pas semer la discorde ou la désunion, ne pas tenir un langage grossier, ne pas bavarder oisivement) ;
    • 2 « samyak-karmānta; sammā-kammanta » : action juste (respectant les Cinq Préceptes) ;
    • 3 « samyag-ājīva; sammā-ājīva » : moyens d'existence justes ou profession juste.
  • B « samādhi » (effort, attention, concentration) :
    • 4 « samyag-vyāyāma; sammā-vāyāma » : effort ou persévérance juste (de vaincre ce qui est défavorable et d'entreprendre ce qui est favorable) ;
    • 5 « samyak-smṛti; sammā-sati » : attention juste, pleine conscience ou prise de conscience juste (des choses, de soi - de son corps, de ses émotions, de ses pensées -, des autres, de la réalité) ;
    • 6 « samyak-samādhi; sammā-samādhi » : concentration, établissement de l'être dans l'éveil (vipassana).
  • C « Prajñā; paññā » : (vue, pensée) la grande sagesse :
    • 7 « samyag-dṛṣṭi; sammā-diṭṭhi » : vision juste ou compréhension juste (de la réalité, des quatre nobles vérités) ;
    • 8 « samyak-saṃkalpa; sammā-sankappa » : pensée juste ou discernement juste (dénué d'avidité, de haine et d'ignorance). Dans le Mahāsatipatthāna Sutta, cela est indiqué comme les pensées libres de passions sensuelles, les pensées libres de l'aversion et les pensées libres de violence.

(Nekkhamma-sankappo, abyāpāda-sankappo, avihimsā-sankappo)

Le terme « sammā » qui qualifie chaque étape du chemin est le plus souvent traduit par « juste » ou « correct »; on trouve également le qualificatif « parfait », certains auteurs[Lesquels ?] trouvant le mot « juste » trop restrictif.

La première étape du chemin est la sagesse (prajñā) ; elle consiste en une vision directe de la réalité, et en particulier des trois caractéristiques de l'existence.

La roue du dharma, avec ses huit rayons, symbolise l'enseignement sur la réalité ultime et la voie à huit branches qui mène à la compréhension de celle-ci et à la libération .

Notes et références

  1. Gérard Huet, Dictionnaire Héritage du Sanscrit, version DICO en ligne, entrée « aṣṭāṅgamārga », lire: . Consulté le .
  2. (en) Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr, The Princeton Dictionary of Buddhism, Princeton (N.J.), Princeton University Press, , 1304 p. (ISBN 978-0-691-15786-3 et 0-691-15786-3, présentation en ligne), p. 279 et 280.
  3. Précisions concernant «Maha vagga / Mahavagga»: ne pas confondre le Maha vagga mentionné ici avec deux autres occurrences:
    - dans la 2e section du Dīgha Nikāya: Maha Vagga ;
    - dans la 1ere partie du Khandhka, lui-même 2e partie du Vinaya Pitaka : Mahavagga.
    Cette multiplicité d'appellations identiques s'explique par le fait que « Maha vagga» signifie « grande section », désignation utilisée dans le cadre de plusieurs recueils de textes.
  4. Fernand Schwarz, La tradition et les voies de la connaissance, Paris, Ancrages,
  5. Walpola Rahula, L'enseignement du Bouddha, d'après les textes les plus anciens, Paris, Éditions du Seuil, 1961 (plusieurs fois réédité), 192 p. (EAN 9782757841822), site éditeur:. Consulté le .

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