No Soap

La pratique No Soap (litt. « sans savon ») fait partie d'un mouvement hygiéniste qui vise à réduire ou bannir les produits lavants pour la toilette corporelle. Les No Soap affirment que le lavage à l'eau est suffisant pour assurer une hygiène corporelle de qualité, et que l'équilibre bactérien de la peau suffit à éliminer les odeurs corporelles désagréables.

Un savon, dans une imagerie devenue classique d'exotisme et de nature

Dans le monde anglo-saxon, on parle également de mouvement « No Soap No Poo »[1], « Low Poo » ou « Water-Only »[2].

L'un de ses ardents supporteurs, James Hamlin, médecin, chargé de cours à Yale et chroniqueur pour The Atlantic, insiste pour que le savon soit réservé aux usages médicaux, tels ceux de lavage de main imposés par les épidémies[3].

Histoire

Le savon est une invention ancienne (IIIe millénaire av. J.-C. dans les royaumes de Babylone et de Sumer[4]) mais il est utilisé de façon rituelle, thérapeutique[5], ou pour le traitement des cuirs ou des laines[6]. Les Romains, grands amateurs de soins dermatologiques, ne connaissent pas le savon et ne l'utilisent pas ; ils préfèrent s'oindre d'huiles odorantes et se nettoyer à l'aide de strigiles. L'utilisation courante de savon nait au moyen-âge (la première grande fabrique française de savons est fondée à Toulon vers 1430[7]) et le XIXe siècle (avec le procédé d'Ernest Solvay en 1865) diminue les couts de production et transforme le savon en un produit de consommation de masse.

Le mouvement des No Soap apparait dans les années 2000. Un documentaire sur le sujet est diffusé en 2007 à la BBC[8]. Des articles de blog sur le sujet sont populaires dès 2009[9],[10]. Aux États-unis, James Hamlin témoigne en 2016 de sa propre pratique du No Soap, et de la campagne de presse stigmatisante qu'il subit immédiatement[11].

Motivations

Les motivations des No Soap sont multiples: faire des économies[12], refus de la chimie[13], respect de l'équilibre naturel du corps humain[14], lutte contre la pollution[15].

Fondement scientifique

La pratique des No Soap est fondée sur l'idée d'équilibre du microbiome qui recouvre la peau humaine : une régulation naturelle intervient entre bactéries commensales et pathogènes. Le lavage avec des produits à base de savon, d'antiseptiques voire d'antibiotiques (l'aluminium dans les produits déodorants) perturbe gravement cet équilibre, et favorise la prolifération de colonies bactériennes responsables au mieux de mauvaises odeurs, au pire de pathologies cutanées.

La pratique a émergé dans le mouvement new age, mais elle est soutenue par certains médecins, qui font des liens entre l'émergence des maladies de la peau (eczéma, psoriasis, acné…) et l'arrivée sur le marché occidental des produits lavants[16].

Une étude de 2018 montre que des souris porteuses de la bactérie Staphylococcus epidermidis, naturellement présente sur la peau humaine, présentaient moins de cancer de la peau que des souris dépourvues de cette bactérie quand elles étaient exposés aux rayons du soleil, grâce à la production par les bactéries commensales de composés chimiques protecteurs[17].

Références

  1. (en-US) « 5 Steps to Go No Poo - The "No Poo" Shampoo Method », sur Biome,
  2. (en-GB) « Water Only Hair Washing: The Dirty Truth », sur Hairstory,
  3. (en) « Clean in a time of coronavirus », sur Columbia Journalism Review (consulté le )
  4. A. Pons-Guiraud, L'Histoire du savon. In: Progrès en dermato-allergologie, Montpellier, 2011, Groupe d'études et de recherches en dermato-allergologie.
  5. J. Falbe, Surfactants in Consumer Products : Theory, Technology and Application, Springer, Berlin, Heidelberg, , 548 p. (ISBN 978-3-642-71545-7, 3642715451 et 9783642715471, OCLC 840294778, lire en ligne)
  6. Talmud Babli Baba Kama 93b .
  7. « Toulon - La première fabrique de savons est née à Toulon », Var-Matin, 18 février 2010.
  8. Natasha Courtenay-Smith, « Six weeks without a wash: The soapless experiment », sur Mail Online (consulté le )
  9. (en-US) « Paleo I Don’t Care: I Like No Soap; No Shampoo », sur Free The Animal (consulté le )
  10. (en-US) Diana Hsieh, « The Unsoap Experiment », sur Philosophy in Action: NoodleFood (consulté le )
  11. (en-US) James Hamblin, « I Quit Showering, and Life Continued », sur The Atlantic, (consulté le )
  12. « C’est du propre », sur Society (consulté le )
  13. Julie Rambal, « Rester sale? C’est du propre! », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne)
  14. William Thorp, « No Soap Opera », sur Society, (consulté le )
  15. Isabelle Choquet, « No Soap : qu'est-ce que ce mouvement qui bannit le savon et le shampoing ? », sur RTL,
  16. (en-US) James Hamblin, « You’re Showering Too Much », sur The Atlantic, (consulté le )
  17. (en) Teruaki Nakatsuji et al., « A commensal strain of Staphylococcus epidermidis protects against skin neoplasia », Science Advances, (DOI 10.1126/sciadv.aao4502, lire en ligne)
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