Nicolas Texier de La Boëssière

Nicolas Benjamin Texier de La Boëssière[2],[3], né le 23 juillet 1723 à Marans et mort le 1er mai 1807 à Paris[3], est un maître d'armes, homme de lettres, pédagogue. Il inventa le masque d'escrime, fut professeur de son fils Antoine Texier La Boëssière, de Joseph Bologne de Saint-George. Il laisse également une œuvre littéraire.

Pour les articles homonymes, voir Texier et Boëssière.
Nicolas Benjamin Texier de la Boëssière
Nicolas Texier de la Boëssière
Portrait avec mention "Me de St George".
Alias
La Boëssière
Naissance
Marans (France) Royaume de France
Décès
Paris (France)
Nationalité France
Profession
Activité principale
Autres activités
pédagogue
Formation
XVIIIe siècle
Descendants
Signature de Nicolas Texier de la Boëssière.
Texier de la Boiſſiere reçu Maître en-fait-d'Armes, 14 mars 1759
1818, La Boëssière
Traité de l'art des armes[1].

Le maître d'armes

Les parents de La Boëssière l’avaient destiné dès sa jeunesse à l’état ecclésiastique ; il préféra être maître d’armes. Lors de sa réception à la maîtrise, qui eut lieu en 1759, il fut expérimenté par les trois derniers maîtres reçus dans la communauté : Donnadieu, Delasalle et Devocour[3].

Reçu prévôt de salle le 10 décembre 1752[4], Texier de la Boëssière ouvre son académie en 1759 à Paris[5]. Il est maître d'armes des pages du duc de Penthièvre, père de Louise Marie Adélaïde de Bourbon, dite « mademoiselle de Penthièvre », mariée à Philippe d'Orléans plus tard Philippe Égalité. Sa salle d'armes est d'abord rue de la Draperie, vis-à-vis du Palais de Justice, de 1769 à 1773.

De 1786 jusqu'en 1807, la Boëssière est installé rue Saint-Honoré, n° 45, vis-à-vis l'Oratoire[6] ; c'est-à-dire le Temple protestant de l'Oratoire du Louvre. L'art de l'équitation était enseigné à la salle du Manège royal, rue Saint-Honoré, n° 350, près la place Vendôme.

Invention du masque d'escrime

Texier de La Boëssière est l'auteur d'une innovation capitale pour les sportifs d'aujourd'hui qui pratiquent les arts de l'épée et du fleuret : le masque à treillis. À la fin du XVIIIe siècle, cette innovation provoqua bien des réticences dans les salles d'armes.

« La Boëssière père, le professeur de Saint-Georges, inventa, vers 1750, le masque à treillis, à peu près semblable à celui dont nous nous servons aujourd'hui, mais sans les côtés. Plusieurs maîtres refusèrent longtemps de l'adopter dans leurs Salles comme étant une garantie indigne des bons tireurs. Ce ne fut qu'au commencement de notre siècle, et à la suite de plusieurs accidents graves, qu'il fut rigoureusement imposé dans les assauts. (Arsène Vigeant)[7]. »

Le pédagogue

Comme maître d’armes, Texier de La Boëssière a formé, non seulement le chevalier de Saint-George et son fils, mais aussi Gomard père, Cavin de Saint-Laurent, la Madeleine, Pomar. Les matinées étaient employées à l'instruction et le reste de la journée à la salle d’armes.

Le chevalier de Saint-George a treize ans en 1759 lorsqu’il est mis en pension chez La Boëssière père. Il suivra durant six ans l'enseignement du maître d'armes, c'est-à-dire jusqu'en 1765 et le secondera plus tard en tant que prévôt d'armes.

La formation de La Boëssière fils, né en 1766, commence à l'âge de 8 ans, c'est-à-dire en 1774[8],[1], alors que Saint-George est déjà prévôt d'armes chez son père

« Depuis l’âge de huit ans que mon père me mit le fleuret à la main, ayant toujours exercé sous lui, j’ai eu l’inappréciable avantage d’être formé par ses leçons, et élevé avec M. de Saint-Georges. »

 Antoine de la Boêssière[9]

Trois mois avant sa mort, survenue à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, Texier de La Boëssière donnait encore des leçons d’armes[3] On retrouve la philosophie de l'enseignement de La Boëssière dans l'ouvrage de son fils Antoine Texier La Boëssière[1] et ceux des maîtres d'armes du XIXe siècle.

Œuvre littéraire

« La Boëssière avait du goût pour les belles-lettres ; il écrivit plusieurs pièces de théâtre : entre autres, une comédie, Crispin valet d'auteur, un opéra, La Coquette à la campagne. Il fit aussi quelques poésies. (Henri Daressy)[3]. »

« Fils de ce grand maître, et élevé pour lui succéder, j'ai toujours vu avec peine que mon père négligeât de tracer sur le papier ses brillantes leçons. Ce n'étoit point la capacité qui lui manquoit ; car, ayant fait d'excellentes études, il étoit plus en état que qui ce fût de rédiger un ouvrage sur les armes ; mais sa vivacité, son goût le portoient plutôt à s'occuper d'objets de littérature qu'à réfléchir sérieusement sur des principes abstraits[10],[1]. »

En 1766, lorsque Danet publia son premier volume d’escrime, la Compagnie chargea La Boëssière d’en rédiger la critique. Certains pensent que cette critique fut une erreur que dut regretter plus d’une fois le maître qui forma tant de brillants élèves[3]. A.J.J. Posselier (Dit Gomard) fait la synthèse de la critique de La Boëssière dans son ouvrage La théorie de l'escrime enseignée par une méthode simple basée sur l'observation de la nature[11]. Dans cet ouvrage, Gomard donne la biographie de La Boëssière et cite neuf fois son nom[12].

Texier de La Boëssière, qui enseigna l'art de donner la mort et d'épargner la vie, n'hésita pas à rédiger et publier des Couplets pour la Saint-Louis[13] en 1789, exprimant ainsi son attachement à la monarchie. Patriote, mais profondément pacifiste, il s'exprime dans un Hommage à la paix pour célébrer la ratification du traité d'Amiens de 1802[14], suivie d'une leçon d'éducation civique à l'usage des enfants, La conquête de la paix, ou Le triomphe de la sagesse et de la valeur, strophes propres à être déclamées dans les fêtes données à l'occasion de la paix, qu'il signe de la formule consacrée, le citoyen La Boëssière[15]. Quand la paix est rompue après le retour au pouvoir de William Pitt le Jeune et que la Troisième Coalition déclare la guerre à la France, Texier La Boëssière adresse à Bonaparte, Le Cri de la vengeance, sur la rupture de la paix et les forfaits des ministres de l'Angleterre, présenté au premier consul[16]. C'est très certainement dans son poème élégiaque, La mort généreuse du prince Léopold de Brunsvick[17], qu'il faut chercher les valeurs chevaleresques qu'il transmit à celui qui fut son plus précieux élève, le chevalier de Saint-George.

Nous avons encore de Texier de La Boëssière :

  • Le Règne de la justice et la proscription des hommes de sang, discours en vers prononcé à l'assemblée générale de la section de la Halle-aux-Bleds, le 20 germinal, l'an troisième de la République[18].
  • Stances à leurs majestés impériales et royales, Napoléon,... et Joséphine[19],
  • Observations sur le traité de l’Art des armes, pour servir de défense à la vérité des principes enseignés par les maîtres d’armes de Paris, par M**, maître d’armes des Académies du Roi, au nom de la Compagnie, 1766. »

Notes et références

  1. Antoine Texier La Boëssière, Traité de l'art des armes : à l'usage des professeurs et des amateurs : XVIIIe – XIXe siècle : 1723-1818, Paris, Imprimerie de Didot, l'aîné, (lire en ligne). (notice BnF no FRBNF31448156)
  2. Le B. provient de la notice d'autorité personne de la Bnf : (notice BnF no FRBNF14576543)
  3. Henri Daressy, Archives des Maîtres d'armes de Paris : XVIIe – XIXe siècle : 1650-1888, Paris, Maison Quantin, (lire en ligne), p. 169-70.(notice BnF no FRBNF33245811), lire en ligne sur Gallica. Benjamin est repris par : Pierre Bardin, Joseph de Saint George : XVIIIe – XXIe siècle : 1739-2006, Paris, Guenegaud, , p. 49.(notice BnF no FRBNF40973268).
  4. Pierre Bardin, Joseph sieur de Saint George : le chevalier noir, Nouvelle édition revue, corrigée et complétée, Paris, Éditions Guénégaud, , 243  p. (notice BnF no FRBNF42622467), p. 49.
  5. Archives de la Guadeloupe, Conseil général de la Guadeloupe, Vincent Podevin-Bauduin et Laure Tressens, [url google Le fleuret et l'archet :] le chevalier de Saint-George (1739?-1799), créole dans le siècle des Lumières : - , bicentenaire de la mort du chevalier de Saint-George, Catalogue d'exposition : XVIIIe – XXIe siècle : 1739-2001, Gourbeyre, Archives départementales de la Guadeloupe, .(notice BnF no FRBNF37216124)
  6. Aujourd'hui, 145 rue Saint-Honoré - 75001 Paris.
  7. Arsène Vigeant, La Bibliographie de L'Escrime Ancienne Et Moderne, Réédition de la publication de 1882, p. 171 : XVIIe – XXIe siècle : 1650-2008, Paris, Martino Publishing, (lire en ligne).(notice BnF no FRBNF31575812), (notice BnF no FRBNF41312899).
  8. Traité de l'art des armes.
  9. Traité de l'art des armes, 1818
  10. Traité de l'art des armes
  11. A.J.J. Posselier (dit Gomard), La théorie de l'escrime enseignée par une méthode simple basée sur l'observation de la nature, précédée d'une introduction dans laquelle sont résumés, par ordre de dates, les principaux ouvrages sur l'escrime qui ont paru jusqu'à ce jour : XVIe – XIXe siècle : 1500-1846, Paris, Dumaine, (lire en ligne). (notice BnF no FRBNF30520532).
  12. (1, Progrès dus à La Boëssière), (2, La Boëssière est le premier qui ait fixé le nombre de bottes), (3, deux maîtres célèbres, La Boëssière et Gomard père), (4, nommer la botte, 5, Le septième coup ou quarte basse en dedans), (6, Progrès dus à Lhomandie, après La Boëssière), (7, La flanconnade, (8, Bibliographie), (9, Tables des matières) :
  13. Couplets pour la Saint-Louis 1789 : Bouquet au Roi... [Signé : de La Boëssière, (notice BnF no FRBNF31448158).
  14. Hommage à la paix pour célébrer la ratification du traité d'Amiens, (notice BnF no FRBNF31448160)
  15. La conquête de la paix, ou Le triomphe de la sagesse et de la valeur, (notice BnF no FRBNF31448157)
  16. Le Cri de la vengeance, sur la rupture de la paix et les forfaits des ministres de l'Angleterre, présenté au premier consul, (notice BnF no FRBNF31448159)
  17. La mort généreuse du prince Léopold de Brunsvick, (notice BnF no FRBNF31448162). Le prince Léopold de Brunswick avait péri en 1785 sur l'Oder, en tentant de sauver des naufragés.
  18. Le Règne de la justice et la proscription des hommes de sang, (notice BnF no FRBNF31448164).
  19. Stances à leurs majestés impériales et royales, (notice BnF no FRBNF31448165)

Articles connexes

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