Nec pluribus impar

Nec pluribus impar est une expression latine ayant servi de devise à Louis XIV, le plus souvent inscrite sur un emblème symbolisant le Roi Soleil rayonnant sur le monde.

Nec pluribus impar sur une pièce d'artillerie conservée au musée de l'Armée, dans la cour des Invalides, à Paris.

Origine et sens de la devise

L'origine de la devise, attribuée à un choix personnel de Louis XIV, a été remise en question par les historiens. Ainsi, selon Édouard Fournier :

« Il serait bon d'en finir aussi, avec les plaisanteries d'un goût douteux dont Louis XIV a été rendu l'objet pour son fameux emblème du soleil ayant ces mots : Nec pluribus impar, pour devise. Il ne prit de lui-même, ni la devise, ni l'emblème : c'est Douvrier[1], que Voltaire qualifie d'antiquaire, qui les imagina pour lui à l'occasion du fameux carrousel, dont la place, tant agrandie aujourd'hui, a gardé le nom. Le roi ne voulait pas s'en parer, mais le succès prodigieux qu'ils avaient obtenu, sur une indiscrétion de l'héraldiste, les lui imposa. C'était d'ailleurs une vieille devise de Philippe II, qui, régnant en réalité sur deux continents, l'ancien et le nouveau, avait plus le droit que Louis XIV, roi d'un seul royaume, de dire, comme s'il était le soleil : Nec pluribus impar Je suffis à plusieurs mondes »)[2]. »

L'interprétation la plus largement répandue de cette devise est celle qu'en donne Onésime Reclus :

« Louis XIV avait pris pour devise : Nec pluribus impar, « À nul autre pareil ! » ; il se croyait le plus grand des rois, le premier des hommes et peut-être plus qu'un homme[3]. »

Les spécialistes considèrent cependant que le sens précis de l'expression latine demeure obscur. Pierre Larousse écrit ainsi :

« Louis XIV s'était choisi pour emblème un soleil dardant ses rayons sur le globe, avec ces mots : Nec pluribus impar. On ne voit pas bien clairement ce que signifie cette devise. Louvois l'explique ainsi : Seul contre tous, mais Louis XIV, dans ses Mémoires, lui donne un autre sens : Je suffirai à éclairer encore d'autres mondes. Le véritable sens est probablement celui-ci : Au-dessus de tous (comme le soleil)[4]. »

L'historien Yves-Marie Bercé propose pour sa part les traductions suivantes :

« Dès 1662, [Louis XIV] s'approprie le symbolisme solaire. Ses médailles montrent un visage rayonnant de flammes au-dessus d'un globe terrestre avec la devise Nec pluribus impar, qu'on peut traduire littéralement par « Suffisant (seul) à tant de choses », ou, plus simplement « Tout lui est possible »[5]. »

Cette dernière interprétation est finalement assez semblable à celle de Louvois. Il semble d’après ses propres écrits que le roi n’ait accepté ce sens que devant le fait accompli :

« Je sais qu’on a trouvé quelque obscurité dans ces paroles, et je ne doute pas que ce même corps n’en pût fournir de plus heureuses. Il y en a même qui m’ont été présentées depuis ; mais celle-là étant déjà employée dans mes bâtiments et en une infinité d’autres choses, je n’ai pas jugé à propos de la changer[6]. »

Parmi les autres sens qu’on lui aurait présentés et qu’autorisent la formule latine, on peut imaginer celui selon lequel tout comme le Soleil, Louis XIV ne serait inférieur qu’à Dieu.

Diverses utilisations de la devise

La devise a été adoptée par plusieurs unités militaires françaises, dont le 1er régiment de cavalerie de la Légion étrangère, le 2e régiment et le 5e régiment de cuirassiers (dissous), le 62e régiment d'infanterie, le 402e régiment d'artillerie, l'école de sous-officiers de la gendarmerie de Montluçon. Elle a par ailleurs été largement reproduite sur divers supports à l'époque du Roi-Soleil.

Louis II de Bavière reprend cette devise qui orne le hall d'entrée de son château de Linderhof où elle s'entoure des rayons d'un immense soleil d'or. Elle surplombe une statue équestre de Louis XIV, en marbre noir de Belgique, copie de celle qui fut érigée en 1699 à Paris, place Louis-le-Grand (actuelle place Vendôme).

Notes et références

  1. Louis Douvrier ou d'Ouvrier, médailliste « antiquaire, que Colbert avait fait nommé à la Petite Académie en 1662 et mort à Paris en 1680. En 1857, M. Mahul, dans son Cartulaire et archives des communes de l'ancien diocèse et de l'arrondissement administratif de Carcassonne le définit comme « gentilhomme languedocien, lequel, dans le XVIIe siècle, acquit une réputation littéraire par son érudition variée et surtout par son talent à trouver des emblèmes avec des devises ingénieuses et surtout à composer des inscriptions, genre de littérature auquel on donnait à cette époque une importance singulière. »
  2. Édouard Fournier, L'Esprit dans l'histoire : recherches et curiosités sur les mots historiques, Paris, Dentu, 4e  éd., 1882, p. 315, n. 1.
  3. Onésime Reclus, Le Plus Beau Royaume sous le ciel, Paris, Hachette, 1899, p. 3.
  4. Pierre Larousse, Fleurs latines des dames et des gens du monde ou Clef des citations latines que l'on rencontre fréquemment dans les ouvrages des écrivains français, Paris, Larousse, 1894, p. 262.
  5. Yves-Marie Bercé, Louis XIV, Paris, Le Cavalier bleu, coll. « Idées reçues / Histoire & civilisations » (no 107), (ISBN 2-84670-122-9), p. 5.
  6. Louis XIV explique le choix de sa devise au dauphin dans ses Mémoires

Articles connexes

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