Nautisme (voile)

Le nautisme à la voile est l'art de naviguer avec l'aide du vent comme force propulsive. Il s'agit d'une activité de loisir ou de compétition, voire un art de vivre, qui se pratique avec différents types d'engins, du simple flotteur comme dans le cas de la planche à voile, au véritable bateau, sur lac ou sur mer.

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Nautisme à la voile
Voile
Fédération internationale ISAF
Sport olympique depuis 1900
Catamaran de sport.

Généralités

On peut distinguer plusieurs catégories d'activités :

  • La planche à voile qui consiste à naviguer debout en équilibre sur un flotteur grâce à une voile qui en assure la propulsion.
  • Le dériveur, petit bateau muni d'une dérive, sorte de quille non lestée et relevable, pour une à quatre ou cinq personnes, pour la promenade ou la compétition en régate. Le plus basique étant l'Optimist destiné aux enfants tout en étant une série de compétition. Les plus évolués étant des supports de régate comme le 470, le 5o5 ou le 49er. Le catamaran léger, apparu plus tard, a souvent remplacé le dériveur pour les activités nautiques ludiques mais aussi pour des compétitions (eurocat ou raids côtiers).
  • Le cabotage ou la croisière côtière à bord de bateaux habitables, dits croiseurs, aussi appelés yachts, nécessitant des compétences en navigation. Les croiseurs peuvent être munis d'une quille (aileron lesté sous la coque pour résister à la poussée latérale), ou d'une derive.
  • La grande croisière et la circumnavigation sur des navires armés pour plusieurs semaines ou mois de navigation.
  • Les grandes compétitions nautiques, utilisant souvent des bateaux prototypes, monocoques appliquant les dernières technologies de l'hydrodynamique pour la Coupe de l'America, ou catamarans et trimarans géants, véritables formules 1 de la mer, dans les courses transatlantiques.
  • La course de vitesse pure, champ d'essai pour la recherche de nouvelles solutions techniques.

Histoire

Époque du yachting

Le yacht Volunteer qui gagna la Coupe de l'America en 1887.

En Europe, les premiers yachts, petits voiliers construits pour la navigation récréative (de l'aristocratie et la bourgeoisie maritime) remontent au moins au XVIIe et XVIIIe en Angleterre, aux Pays-Bas ou en Russie[1]. La première régate de voiliers serait celle organisée en Angleterre en 1662, remportée par le sloop Jamaïe du roi Charles II[2].

Mais l'engouement véritable pour le yachting naît au Royaume-Uni et aux États-Unis, au milieu du XIXe siècle, dans la bourgeoisie. Ces premiers yachts sont inspirés des voiliers utilitaires les plus rapides de l'époque et aux bonnes qualités nautiques: les cotres pilotes européens, et les petites goélettes américaines. On retrouve ainsi sur ces yachts les mêmes plans de voilure, et les coques des bateaux de cette époque: un avant très large (maitre-bau avancé), un arrière effilé (poupe) et une quille longue et peu profonde. La propulsion à voile étant abandonnée progressivement pour le transport utilitaire, le yachting devient la seule source d'évolutions techniques des voiliers.

Voile populaire

En Europe et aux États-Unis, les clubs de voile devinrent populaires à la fin du XIXe siècle, quand de petits voiliers commencèrent à être fabriqués à l'échelle industrielle. En France, la voile populaire s'est développée dans les années 70, grâce à des voiliers simples et bien construits comme le Muscadet, le Sangria, le Corsaire ou le Mousquetaire construit par des chantiers comme Aubin ou Jeanneau et des architectes de renom comme Philippe Harlé ou Jean-Jacques Herbulot. De nombreuses écoles de voiles ont accompagné les clubs et apprendre la voile[3] est devenu de plus en plus simple.

Compétition nautique

Il existe plusieurs catégories de courses nautiques à la voile :

  • Les régates, qui se déroulent dans un espace et un temps limité, les bateaux devant tourner autour de marques de parcours (en général des bouées). La composition des équipages est dépendante des bateaux qui régatent. Il existe 2 grands types de régates : en flotte ou en duel (match-racing).
  • Les courses au large, dite aussi océaniques. Les bateaux doivent rallier un point à un autre (ce qui n'interdit pas l'obligation de passer par certaines marques de parcours). Les courses au large peuvent être en équipage ou en solitaire. Les différentes Transats en sont les plus connues.
  • Les courses à étapes où chaque étape se déroule en un lieu différent ou permet d'atteindre un lieu différent. Ainsi, une étape peut être soit une régate soit une course au large. La Volvo Ocean Race (ex-Withbread) ou course autour du monde en équipage et par étapes en est l'une des plus prestigieuses. Le Tour de France à la Voile (TFV) est aussi organisé selon ce format.

Classement d'une course

Il existe deux méthodes de calcul du classement d'une course. En temps réel, pour les monotypes de la même série (tous les concurrents ont un bateau du même type, le premier arrivé est déclaré gagnant) et pour les bateaux de même jauge de course. La jauge de course (ne pas confondre avec les autres jauges dont la jauge de douane) est une formule mathématique basée sur un ensemble de caractéristiques générales définissant une classe de bateaux mais assurant une homogénéité de performance entre ces bateaux. Tous les concurrents ayant un bateau de même jauge, le premier arrivé de la jauge est déclaré gagnant de la jauge.

En temps compensé, à chaque bateau est affecté un handicap de temps en fonction de ses caractéristiques mesurées selon la jauge (formule de calcul basée sur les mesures du bateau). Les concurrents sont classés en fonction du temps compensé par la formule : temps réel x coefficient modificateur (calculé en fonction du handicap selon la jauge). Ainsi, le bateau qui finit premier ne sera pas obligatoirement le vainqueur.

Il existe plusieurs types de jauges dont les formules sont parfois tenues secrètes pour éviter la course à l'armement, par exemple la jauge IRC, l'IRM et les jauges internationales de Offshore Racing Congress reconnues par l'ISAF) ou le Handicap national, jauge française, dont le calcul évolue en fonction de prédictions de vitesses et de statistiques historiques.

Courses célèbres

Les courses ont été classées suivant les catégories décrites précédemment. Pour chacune d'elles est donné le mode de classement (au pluriel quand il y a plusieurs classements).

Courses au large

  • Le Vendée Globe (jauges), tour du monde en solitaire et sans escale pour monocoques 60 pieds IMOCA
  • La Route du Rhum (jauges), transatlantique en solitaire
  • La Transat anglaise (jauges), transatlantique en solitaire, pour monocoques et multicoques 60 et 50 pieds
  • La Transat Jacques-Vabre, transatlantique en double, pour monocoques et multicoques 60 et 50 pieds
  • La Barcelona World Race, tour du monde à deux pour monocoques 18 m.
  • Le Trophée Jules-Verne, il s'agit d'une course contre la montre, où il faut battre le record du tour du monde à la voile.
  • The Race tour du monde sans escale en équipage (no limit, pas de jauge, le premier arrivé gagne)
  • Fastnet qui était une étape traditionnelle de l'Admiral's Cup (temps compensé)
  • Sydney-Hobart, course traditionnelle en équipage de l'hémisphère sud (temps compensé)
  • Transat Québec-Saint-Malo (jauges), transatlantique ouest-est en équipage
  • Mini Transat 6.50 (jauge), transatlantique en solitaire sur monocoque 6,5 m
  • Mini-Fastnet (jauge)
  • Tall Ships' Races (ex Cutty Sark), course des plus grands voiliers du monde, tous les ans depuis 1956
  • Transat B to B course en solitaire Salvador de Bahia avec arrivée en Bretagne pour monocoques IMOCA.

Courses à étapes

Courses spécifiques

Voile de vitesse

Dans cette discipline, ce n'est pas la distance parcourue qui est importante mais la vitesse instantanée. La voile de vitesse recourt à toutes les sciences de pointe (aérodynamisme, mécanique des fluides, résistance des matériaux, simulation informatique).

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Prototypes et projets

L'Hydroptère est un des projets les plus aboutis dans ce domaine, grâce à plusieurs foils d'une taille impressionnante (6,5 mètres sur la première version), ce navire « décolle » à une altitude de 2 à 3 mètres. « Hydroptère » est également le nom générique en français des foilers.

Le , l'Hydroptère, voilier à foils imaginé par Éric Tabarly, a traversé la Manche, de Douvres à Calais, à une vitesse moyenne de 33 nœuds (62 km/h), en 34 minutes. Cette traversée par voie maritime a duré quatre minutes de moins que le record établi par Louis Blériot le avec son avion. Le , l'Hydroptère, a franchi la barre des 50 nœuds. Il détient aussi le record de vitesse absolue sur 500 m. Le il bat à Hyères le record absolu de vitesse sur 500 mètres avec 51,36 nœuds[4].

Le catamaran Techniques Avancées[5], prototype conçu et réalisé par les élèves de l'ENSTA ParisTech détient depuis 1997 le record du monde de vitesse à la voile en catégorie grande voilure. Il avait alors atteint la vitesse de 42,12 nœuds (78 km/h) sur une course de 500 m. Il s'agit d'un catamaran de vitesse asymétrique, muni de foils, inspirés du trimaran à foils Paul Ricard de Tabarly. Entièrement en fibre de carbone, le catamaran Techniques Avancées est équipé de deux ailes rigides pour la propulsion. Il reste fin 2005 le quatrième bateau le plus rapide ayant navigué.

Multicoques de course

Les plus grands multicoques de course, sont par type :

Le plus grand catamaran à voile jamais construit est le Douce France : 42 mètres de grand luxe, de teck, etc. Sa coque est en aluminium et il possède deux mâts. Il a été fabriqué dans un petit chantier près de Nantes pendant deux ans par une équipe de seulement dix personnes !

Répertoire synoptique par années de création

En solitaire
  • 1960 - La Transat anglaise (Plymouth-Boston) Originellement Ostar puis Cstar renommée en 2004 The Transat, tous les quatre ans
  • 1968 - Le Golden Globe (Remplacé par le Vendée Globe
  • 1970 - La Solitaire du Figaro (Par étapes en monotype Figaro, en Atlantique et Manche)
  • 1977 - La Mini Transat 6.50 (La Rochelle-Brésil, une escale aux Canaries)
  • 1978 - La Route du Rhum (Transatlantique entre Saint-Malo et la Guadeloupe), tous les quatre ans
  • 1982 - Le Vendée Globe (tour du monde en solitaire, sans assistance et sans escale)
  • Around Alone (ex- BOC Challenge) (tour du monde en solitaire, sans assistance avec escales), tous les quatre ans, maintenant velux5oceans
  • 2003 - Le Défi Atlantique (Retour Brésil-France des monocoques de la Transat Jacques-Vabre )
  • 2004 - La Generali Solo (Par étapes en monotype Figaro, en Méditerranée)
  • 2007 - Transat Ecover BtoB course en solitaire Salvador de Bahia avec arrivée en Bretagne pour monocoques IMOCA.
  • 2009 - La Solo-Océane (première compétition autour du monde en solitaire à armes égales sur monocoques monotypes océaniques aux budgets maîtrisés)
En double
En équipage

Notes et références

  1. Voir yacht
  2. Olivier Le Carrer, La Voile, p. 19.
  3. R Yhuel, « Apprendre la voile », sur Mersetbateaux.com, webzine, (consulté le )
  4. « Record absolu de vitesse à la voile en rade d’Hyères », sur Europe1.fr, (consulté le )
  5. Site de l'École nationale supérieure de Techniques avancées

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Yves Béquignon, Jean-Louis Guéry, La Navigation Hauturière : Préparatifs - Vie à bord - Sécurité - Météo - Navigation, Paris, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 80 p. (ISBN 978-2-916083-68-1)
  • François Chevalier, Toutes les manœuvres de votre voilier : en 300 illustrations, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 89 p. (ISBN 978-2-9517662-7-3)
  • Jean-Louis Guéry, Marées, vents et courants : en 150 photos et illustrations, Paris, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 81 p. (ISBN 978-2-916083-43-8)
  • Jean-Louis Guéry, Le balisage et les signaux maritimes : au programme des permis moteurs, Paris, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 89 p. (ISBN 978-2-916083-49-0)
  • Ivar Dédekam, L'art de la navigation et le point astro : en 130 illustrations, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 90 p. (ISBN 978-2-9517662-8-0)
  • Ivar Dédekam, Les bons réglages de votre voilier : en 150 illustrations, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 89 p. (ISBN 978-2-9517662-2-8)
  • Ivar Dédekam (trad. de l'anglais), Manœuvre de port et de mouillage : Matelotage usuel ; Manœuvres au moteur ; Manœuvre à la voile ; Amarrage ; Mouillage sur ancre ; Prise de coffre, Paris, Voiles et voiliers (Paris), coll. « Comprendre », , 82 p. (ISBN 978-2-916083-10-0)
  • Jean-Michel Barrault, Initiation à la navigation, Ouest France - Éditions du Pen Duick, , 93 p. (ISBN 2-85513-063-8)
  • Pascale Bouton, Guide de la randonnée nautique, Aix-en-Provence, Vagnon (www.vagnon.fr), , 179 p. (ISBN 978-2-85725-630-4)
  • Clifford W. Ashley (trad. de l'anglais par Karin Huet), Le grand livre des nœuds, Éditions Gallimard Voiles (Paris), (1re éd. 1944), 612 p. (ISBN 978-2-7424-4957-6)

Articles connexes

Liens externes

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