Nasse (maintien de l'ordre)

La nasse[1] et le nassage[2] en français de France ou la souricière[3] et l'encerclement[4],[5] en français du Canada est une technique mise au point par les forces policières pour encadrer le flux des foules pendant les manifestations. Des cordons de policiers forment, pour un laps de temps donné, un enclos mobile ou immobile au sein duquel évolue la manifestation.

Cet article concerne la technique policière de contrôle de foules. Pour le piège pour animaux, voir Nasse. Pour le coquillage, voir Nassarius.
Le , lors du sommet du G20 à Londres, des policiers antiémeutes ont nassé des manifestants.

Cette technique a attiré plusieurs critiques, car des spectateurs et des manifestants pacifiques ont ainsi été retenus contre leur gré dans les enclos ainsi créés[6],[7]. En , à la suite d'une contestation judiciaire, la Cour européenne des droits de l'homme a déclaré légal l'encerclement[8],[9].

Histoire

Allemagne

Un des premiers exemples de nasse policière a eu lieu le sur le Heiligengeistfeld à Hambourg lors d'une manifestation anti-nucléaire. Les manifestants protestaient contre la mise en service de la centrale nucléaire de Brokdorf. La police a encerclé 861 manifestants pendant neuf heures, ce qui a ensuite donné lieu à un procès devant l'Amtsgericht hambourgeoise qui l'a jugé illégale[10],[11]. La police allemande distingue la nasse immobile (Polizeikessel) de la nasse mobile (Wanderkessel) où la manifestation est autorisée à se déplacer sans que les manifestants puissent sortir de la manifestation. Ces tactiques policières ont été remises en question à maintes reprises devant les tribunaux allemands[12].

France

Un nassage est employé le 21 octobre 2010 à Lyon, à hauteur de la place Bellecour.[13] Depuis, les forces de l'ordre ont réutilisé cette tactique pourtant controversée, dont l'utilisation est encadrée et prescrite par des circulaires du ministère de l'Intérieur en automne 2020. Dans un arrêt du 11 juin 2021[14], le Conseil d'Etat estime que l'encerclement des manifestants sauf circonstances particulières est illégal et constitue une atteinte aux droits de manifester et d'aller et de venir.[15]

Royaume-Uni

En 2001, à Londres, une manifestation anticapitaliste non déclarée aux services de la police et liée à des incitations au pillage, à la violence et à la participation à diverses actions de protestation à travers Londres, a été organisée. Les renseignements de la police faisaient craindre la présence de 1 000 individus enclins à la violence et à la confrontation.
Afin d'éviter les atteintes aux personnes et aux biens, la police a décidé de contenir la foule en mettant en place un cordon policier bloquant toutes les issues dans le quartier. Lors de contrôle d'identité de fauteurs de troubles des manifestants innocents se sont trouvés bloqués quelques heures[16].

Ce fait a posé la question de manifestants pacifiques maintenus par la police à l’intérieur d’un cordon de sécurité pendant plus de sept heures[16].

Au Royaume-Uni, la Haute Cour de justice a considéré que le recours au nassage des manifestants était réalisé de bonne foi et dans l’intérêt de la société[16]. La Cour européenne des droits de l'homme siégeant à Strasbourg, à quatorze voix contre trois, n'a pas trouvé dans l'article 5 de motif la conduisant à se démarquer de la décision de la cour interne au Royaume-Uni, dans l'arrêt Austin et autres contre Royaume-Uni[16].

D'après l'ONG Netpol, la Cour européenne des droits de l'homme a décidé le que la tactique policière dite du nassage[2] utilisée par la police du Royaume-Uni était conforme à la loi et n'enfreignait pas l'article 5 de la Convention des droits de l'homme sur la liberté et la sécurité [17]. Il s'agissait de la première fois que la Cour avait à se prononcer sur le nassage[18].

Notes et références

  1. Pierre Tremblay, « La "nasse", cette technique policière devenue routine des manifs mais au cadre légal incertain », sur huffingtonpost.fr,
  2. Karl Laske, « A Paris, premier «nassage» d’une bourse du travail », sur mediapart.fr,
  3. Carol-Anne Massé, « Des manifestants pris en souricière », sur journaldemontreal.com,
  4. « Termium Plus », sur Termium,
  5. The Press Association, « La Cour Européenne des droits de l'homme de Strasbourg va statuer sur la technique policière du "kettling" des manifestations. : Le "kettling" est une technique d'encerclement et d'immobilisation des manifestations. », 20minutes.fr, (lire en ligne, consulté le )
  6. (en) Julian Joyce, « Police 'kettle' tactic feels the heat », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  7. (en) CBC News et The Canadian Press, « Quebec faces mounting pressure amid student crisis », CBC News, (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) « European court says 'kettling' tactics in 2001 lawful », BBC News, (lire en ligne, consulté le )
  9. Rahma Bentirou « La technique du « kettling » et l’article 5 de la CEDH sur le droit à la liberté et à la sûreté » CESICE, 21 mars 2012
  10. (de) « "Als wären wir Schwerverbrecher" », sur spiegel.de,
  11. (de) « Polizeiterror gegen AKW-Gegner/innen. 800 Menschen einen Tag eingekesselt », sur nadir.org (consulté le )
  12. (de) André Zand-Vakili, « Demonstranten wollen gegen "Wanderkessel" klagen », sur welt.de,
  13. « "Garde à vue à ciel ouvert" de Bellecour en 2010 : dix ans après, le combat judiciaire continue », sur Rue89Lyon, (consulté le )
  14. « Base de jurisprudence », sur conseil-etat.fr (consulté le )
  15. Le Conseil d'État, « Manœuvre d’encerclement, accréditation des journalistes… Le Conseil d'État annule plusieurs points du schéma du maintien de l’ordre », sur Conseil d'État (consulté le )
  16. http://www.echr.coe.int/Documents/CLIN_2012_03_150_FRA_906289.pdf
  17. (en) « European Court of Human Rights - Kettling is Legal / Netpol », sur Netpol, (consulté le ).
  18. https://www.echr.coe.int/Documents/CLIN_2012_03_150_FRA_906289.pdf

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