Naomi Mata'afa

Fiamē[1] Naomi Mata'afa, née le à Apia[2],[3], est une femme politique samoane, Première ministre depuis le .

Naomi Mata'afa

Naomi Mata'afa en 2021.
Fonctions
Première ministre des Samoa
En fonction depuis le
(3 mois et 14 jours)
Chef de l'État Va'aletoa Sualauvi II
Gouvernement Mata'afa
Prédécesseur Sa'ilele Malielegaoi
Vice-Première ministre
Chef de l'État Tufuga Efi
Va'aletoa Sualauvi II
Premier ministre Sa'ilele Malielegaoi
Prédécesseur Pierre Lauofo
Successeur Iosefo Ponifasio
Ministre de la Justice
Premier ministre Sa'ilele Malielegaoi
Ministre de la Culture
Premier ministre Sailele Malielegaoi
Ministre de l'Éducation
Premier ministre Sailele Malielegaoi
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Apia
Nationalité Samoane
Parti politique HRPP (jusqu'en 2020)
FAST (depuis 2020)
Père Fiame Mata'afa Faumuina Mulinu'u II
Mère Laulu Fetauimalemau Mata'afa
Diplômé de université Victoria de Wellington

Premiers ministres des Samoa

Biographie

Famille

Son père, Fiamē Mata'afa Faumuina Mulinu'u II, était un grand chef de la noblesse samoane traditionnelle (tamaʻaiga), et le premier Premier ministre des Samoa, de 1959 à 1970 et de 1973 à 1975[4]. Il est le tenant du titre de Mata'afa, l'un des quatre plus hauts titres des chefferies traditionnelles[5]. Il est également le titulaire du titre de Fiamē, un titre de matai (c'est-à-dire de chef de famille traditionnel). La mère de Naomi Mata'afa, Laulu Fetauimalemau Mata'afa, est députée, puis ambassadrice des Samoa en Nouvelle-Zélande de 1993 à 1997[4]. Naomi Mata'afa est la seule enfant de ses parents, bien que son père ait eu d'autres enfants avant elle[6].

Études et entrée en politique

Naomi Mata'afa obtient une licence en sciences politiques à l'Université Victoria de Wellington en 1979[7]. Elle entre en politique lors des élections législatives du 23 février 1985, étant élue députée de la circonscription de Lotofaga, un village de l'île d'Upolu. Elle représente le Parti pour la protection des droits de l'homme (PPDH). Son père avait été député de Lotofaga durant sa carrière politique, jusqu'à son décès en 1975 ; sa mère avait alors représenté le village au Parlement pendant dix ans, avant de démissionner en faveur de sa fille, qui reçoit l'aval des électeurs. De par la Constitution, seuls les matai peuvent être élus députés ; ayant hérité du titre de Fiame de son père, Naomi Mata'afa peut entreprendre une carrière politique. (Par ailleurs, jusqu'en 1991, seuls les matai ont le droit de vote. Ce sont donc les chefs de famille du village qui envoient leur députée au Parlement.)[4] Elle ne détient toutefois pas le titre de Mata'afa, qui est revenu à d'autres membres de sa famille[8].

Ministre

En 1991, le Premier ministre Tofilau Eti Alesana lui confie le poste de ministre de l'Éducation, puis également celui de la Culture, du Musée des Samoa, de la Jeunesse et des Sports, fonctions qu'elle conserve jusqu'en 2006. Elle est alors la première femme ministre dans l'histoire du pays. (Puisque seuls les matai peuvent être députés et donc ministres, et que la très grande majorité des matai sont des hommes, les femmes sont rares en politique.) En 1995, Alesana lui confie également le ministère du Travail (jusqu'en 2001). En 2006, le premier ministre Tuilaepa Sailele Malielegaoi la nomme ministre des Femmes et du Développement communautaire et social, jusqu'en 2011, date à laquelle il la nomme ministre de la Justice[7],[4].

De 2006 à 2011, elle est par ailleurs présidente du Conseil exécutif de l'Université du Pacifique sud, et conjointement présidente du Conseil national des Femmes, fonctions exercées par sa mère avant elle[7].

Vice-Première ministre

À l'issue des élections législatives de 2016, elle devient vice-Première ministre et ministre des Ressources naturelles dans le gouvernement de Sailele Malielegaoi. En septembre 2020, toutefois, elle quitte le gouvernement et est exclue du PPDH en raison d'un désaccord sur la politique menée par le Premier ministre. Elle siège dès lors comme simple députée sans étiquette[9].

Élections législatives de 2021 et crise constitutionnelle

En vue des élections d'avril 2021, elle rejoint le nouveau parti d'opposition Fa'atuatua i le Atua Samoa ua Tasi (ou FAST, Foi en un Dieu unique des Samoa), dont elle devient la cheffe début mars 2021[10]. N'ayant aucun adversaire dans sa circonscription, elle est automatiquement réélue députée[11]. Son nouveau parti remporte de justesse les élections d'avril 2021. Bien que son parti a été battu aux élections, le Premier ministre Sailele Malielegaoi refuse de reconnaître sa défaite et, au mépris d'un arrêt de la Cour suprême, fait fermer les locaux du Parlement pour empêcher la nouvelle majorité de siéger et d'élire sa rivale.

Première ministre

Fiame Naomi Mata’afa est investie Première ministre lors d’une cérémonie improvisée dans les jardins du Parlement, le 24 mai 2021, et nomme son gouvernement le jour-même[12].

Tuilaepa maintient son refus de céder le pouvoir, arguant que le tribunaux doivent encore se prononcer sur la légitimité de l'élection de certains députés. Le 23 juillet, toutefois, la cour d'appel statue que la prestation de serment de Naomi Mata'afa le 24 mai était conforme à la Constitution, puisque le Parlement devait siéger à cette date au plus tard et qu'elle a agi en application d'un « principe de nécessité ». La cour précise qu'elle est ainsi légalement Première ministre depuis le 24 mai[13],[14]. Elle est la première femme à occuper la fonction de chef de gouvernement aux Samoa.

Prises de position

Alors que le pays est très conservateur et religieux (protestantisme), Naomi Mata'afa se fait remarquer pour ses positions féministes et écologistes, militant pour l'égalité entre les hommes et les femmes et contre le réchauffement climatique[15].

Références

  1. Fiamē est un titre de chef matai, qu'elle a hérité de son père.
  2. (en) Ceridwen Spark & Jack Corbett, Fiamē Naomi Mata'afa: Samoa's First Female Deputy Prime Minister, Journal of Pacific History, 2020, p.5
  3. (en) "F.A.S.T. celebrates Fiame's birthday", Samoa Observer, 1er mai 2021
  4. (en) "Samoa", Women in Leadership
  5. (en) Morgan A. Tuimaleali'ifano, O Tama a ʻāiga: The Politics of Succession to Sāmoa's Paramount Titles, Université du Pacifique sud, 2006, p.43
  6. (en) "Perspectives of Pacific Women: Hon. Fiame Naomi Mata'afa", Radio New Zealand, 1er novembre 2011
  7. (en) "Hon. Fiame Naomi Mataafa", Pacific Women in Politics
  8. (en) "Mata’afa paramount title in Samoa bestowed on 83 year old village chief", Radio New Zealand International, 29 mai 2011
  9. (en) "Samoa's deputy prime minister quits cabinet over controversial bills", Radio New Zealand, 11 septembre 2020
  10. (en) "Fiame to lead Samoa's FAST Party", Radio New Zealand, 9 mars 2021
  11. (en) "Unopposed, Samoa PM secures seat in next parliament", Radio New Zealand, 15 décembre 2020
  12. Le Monde avec AFP, « Samoa : la première ministre élue se voit refuser l’accès au Parlement pour prêter serment », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) "Court declares F.A.S.T. Government; impasse over", Samoa Observer, 23 juillet 2021.
  14. (en) "Samoa court declares FAST party new government", Radio New Zealand, 23 juillet 2021.
  15. « Samoa : Fiame Naomi Mata’afa, féministe et écologiste, a été « investie » Première ministre lors d’une cérémonie improvisée », sur 20 Minutes, (consulté le ).

Article connexe

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