Nanouk l'Esquimau

Nanouk l'Esquimau (Nanook of the North) est un film franco-américain réalisé par Robert Flaherty, sorti en 1922. Ce film est l'un des premiers films documentaires de long métrage[1],[2].

Nanouk l'Esquimau
Affiche du film
Titre original Nanook of the North
Réalisation Robert Flaherty
Scénario Robert Flaherty
Sociétés de production Révillon Frères et Pathé Exchange
Genre Documentaire
Durée 78 minutes
Sortie 1922


Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Le film montre le mode de vie d'une famille inuite de la région de Port Harrison sur la côte est de la baie d'Hudson au Canada : méthodes de navigation, de chasse et de pêche, fabrication d'un iglou.... Il montre aussi la visite du poste de traite : dépôt de fourrures, découverte du gramophone....

Le cinéaste montre la vie nomade de Nanouk à la recherche de nourriture. Durant l'été, il pêche le saumon et le morse sur le fleuve. L'hiver, la famine guette et il est impératif de trouver de quoi se nourrir. L'igloo sert de protection à toute la famille durant la nuit, des vêtements de fourrure protègent contre le froid polaire. Lorsque le jour se lève, la quête reprend et la vie continue.

Fiche technique

Version restaurée (1998)

  • Musique : Timothy Brock, interprétée par The Olympia Chamber Orchestra
  • Restauration et transfert vidéo : David Shepard (Film Preservation Associates)

Distribution

  • Nanouk, L'Ours
  • Nyla, Celle Qui Sourit, sa femme
  • Allee et Cunayou, leurs enfants

Nanouk, qui signifie « ours » en inuktitut, était interprété par un chasseur inuit appelé Allariallak[3]. Il est mort de faim peu après le tournage lors d'une de ses longues expéditions de chasse en forêt[4]

Démarche

À la fin du tournage d'un premier documentaire, le réalisateur Robert Flaherty perdit toutes les pellicules dans un incendie. La réaction des spectateurs de ce premier film surprit le cinéaste: « Les gens ont réagi poliment! Mais je pouvais voir que l'intérêt qu'ils avaient pris au film était un intérêt purement amical : ils voulaient voir où j'avais été, et ce que j'avais fait. Ce n'était pas du tout ce que je recherchais. Je voulais montrer les Inuits. Et je voulais les montrer, non pas du point de vue de l'homme civilisé, mais comme ils se voyaient eux-mêmes[5] ». Il réfléchit avec Frances, son épouse, à l'échec de ce premier film et décida de retourner dans la baie d'Hudson. Cette fois, il développait ses films sur place et montrait les rushes à ceux qu'il filmait, les réactions de Nanouk et de sa famille donnant ainsi une trame narrative à son documentaire.

Son épouse rapporte les sentiments de son mari au sujet de ce film, lors d'un entretien effectué en 1957 par le cinéaste Robert Gardner, qui a réalisé une série de programmes sur la légende « Flaherty ». « J'ai vécu avec ces gens, disait-il, j'étais l'un d'eux, pendant 6 ans, j'ai partagé les dangers de la recherche quotidienne de la nourriture. Aucun peuple au monde n'est plus démuni qu'eux. Aucune autre race ne survivrait dans ces contrées, et pourtant ils étaient joyeux. Les gens les plus joyeux que j'ai jamais rencontrés. Ma seule raison de faire ce film était ma profonde admiration pour ce peuple. » Frances confie également sa théorie sur le retentissement que ce film a eu à travers le monde lors de sa sortie et l'annonce de la mort de Nanouk deux ans après la sortie du film. « Je pense que lorsque qu'ils nous sourient sur l'écran, nous sommes totalement désarmés et nous leur rendons leur sourire. Ils sont eux-mêmes et nous devenons nous-mêmes en retour. Tout ce qui pourrait nous séparer d'eux n'existe plus. Malgré nos différences, et peut-être grâce à elles, nous ne faisons plus qu'un avec eux. Et ce sentiment d'identité commune s'ancre en nous, pour se transformer en expérience profondément libératrice lorsque nous réalisons qu'effectivement, nous ne faisons qu'un avec les autres et avec les choses. Mais c'est là le problème, que le moindre geste faux, la moindre once d'artificialité surviennent, et le fossé refait surface. À nouveau, on ne fait plus que regarder des gens sur l'écran et le sentiment d'identité commune s'envole. Il n'est plus possible. La magie du film Nanouk, l'Esquimau réside selon moi, dans le fait qu'ils sont eux-mêmes et qu'ils ne jouent pas la comédie. Ils sont. »[6]

Autour du film

  • Peu avant la sortie du film, en janvier 1922[7], Christian K. Nelson brevète une friandise (une barre de glace, semblable à une sucette, enrobée de chocolat) baptisée Eskimo Pie[8]. Quand Nanouk l'Esquimau sort en salle, Nelson en profite pour vendre ses glaces dans les salles, ce qui contribue à les rendre populaires. L'idée a été exploitée en France par l'entreprise Gervais sous la marque déposée Esquimau, à partir de l'exposition coloniale internationale, en 1931. La marque est depuis largement utilisée comme nom en France. En tchèque et slovaque, le même bâton glacé se dit nanuk.
  • Une nouvelle musique a été réalisée par le compositeur Thierry Pécou et créée le à Paris.
  • L'album Apostrophe de Frank Zappa fut entièrement écrit et composé dans le but de raconter musicalement l'histoire du film de Flaherty, c'est pour cela que dans la première chanson de l'album (Don't eat the yellow snow), on entend le prénom de Nanouk à deux reprises, tandis que dans la seconde chanson de l'album, le prénom en question se trouve directement dans le titre (Nanook rubs it).
  • Le film Kabloonak (1994) évoque le tournage du film Nanook of the North.

Photos du film

Notes et références

  1. François Niney, L'épreuve du réel à l'écran : Essai sur le principe de réalité documentaire, De Boeck, , 347 p. (ISBN 978-2-8041-4135-6 et 2-8041-4135-7, lire en ligne), p47.
  2. La Bataille de la Somme (1916) notamment est antérieur.
  3. Musée McCord : Le chasseur au harpon.
  4. "Nanouk l’Esquimau (1922) de Robert Flaherty", dans L'Oeil sur l'écran, 1eer février 2015, https://films.oeil-ecran.com/2015/02/01/nanouk-esquimau/.
  5. Jacques Aumont, La mise en scène : Arts et cinéma, De Boeck Supérieur, , 336 p. (ISBN 978-2-8041-3564-5), p234.
  6. Entretien de Frances Flaherty à Robert Gardner.
  7. (en) Confection, (lire en ligne)
  8. Maurtia Baldock, « Technology, Invention, and Innovation collections » (consulté le ).

Bibliographie

  • Marine Landrot, Le brise-glace Flaherty, Télérama, no 2339, 9 novembre 1994, p. 86-87.

Liens externes

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