Nadaïsme

Le nadaïsme (espagnol : nadaísmo, de nada : néant, rien) est la philosophie du néant. Le mouvement du nadaísmo, fondé par Gonzalo Arango (es) en 1958, influencé par le nihilisme, l'existentialisme et la pensée d'un écrivain, philosophe et diplomate colombien, Fernando González Ochoa (es), fut très présent dans la poésie des années 1960 en Colombie.

Fernando González Ochoa à Nevado del Ruiz, en 1929. Son œuvre fut à l'origine de la création du nadaïsme.

Le nadaïsme suivit la naissance, dans les années 1950, aux États-Unis, d'un autre mouvement littéraire et artistique, la Beat Generation et lui fut parfois comparé[1].

Fondement du nadaïsme

À l'avant-garde d'une aventure poétique excentrique et contestataire, le nadaïsme, considéré comme un mouvement subversif, jouait avec l'irrévérence qu'il déclarait salutaire[1].

Mouvement culturel, poétique et spirituel usant de provocation, il affirmait ainsi sa rébellion contre une littérature bien-pensante[2].

Un manifeste intitulé : « Primer Manifiesto Nadaísta » (français : Premier manifeste nadaïste) fut signé en 1958. Il débutait ainsi : "Le nadaïsme est un état d'esprit révolutionnaire et il dépasse toutes les sortes d'attentes et de possibilités."

Juan Nicolás Padrón, dans un article du « Periódico cubarte » intitulé « El nadaísmo y su eterna juventud » (français : Le nadaïsme et son éternelle jeunesse), décrit ce mouvement, créé par le "légendaire Gonzalo Arango, fils d'une famille provinciale puritaine", devenu vagabond et aventurier, comme un mouvement poétique de répulsion envers la bourgeoisie et la pensée conservatrice, prônant la parodie, la profanation de l'ordre établi et la pensée critique.

Il ajoute que cinquante ans après la création du nadaïsme, Jotamario Arbeláez, ardent nadaïste, rappelle que ce mouvement fut une "explosion juvénile", une rébellion contre l'injustice et contre la brutalité militaire.

Le nadaïsme vécut environ un demi-siècle.

Les nadaïstes

Ils se voulaient créateurs d'un langage nouveau et déclaraient être des "génies fous et dangereux", ce qui ne les empêcha nullement d'être attirés par le bouddhisme zen[1].

  • Gonzalo Arango (1931 - 1976), né à Andes dans le département d'Antioquia, en Colombie, était écrivain et poète (la Consécration du néant, 1964). Disciple de l'écrivain colombien Fernando González Ochoa (1895 - 1964), Gonzalo Arango fut le fondateur du nadaïsme[3].
  • Jaime Jaramillo Escobar (es), né en 1932 à Pueblorrico, Antioquia, est un poète[4] et conférencier colombien[5].
  • Elmo Valencia, né à Cali, Valle del Cauca, en 1933, poète, romancier et essayiste, est diplômé en ingénierie électronique[6].
  • Mario Rivero (es), né à Envigado (1935 - 2009) , était poète, journaliste et critique d'art[4].
  • Amilcar Osorio, né à Santa Rosa de Cabal, Risaralda, en Colombie (1940 - 1985). L'œuvre particulièrement lucide de cet écrivain colombien sut apporter au nadaïsme un réel esprit de modernisme et donner un sens aux actions d'expérimentation et d'exploration prônées par ce mouvement[7].
  • Jotamario Arbeláez (es) (ou José Mario Arbeláez Ramos), né à Cali, Valle del Cauca, en 1940, est un poète et éditeur colombien. Il est aussi chroniqueur pour le journal El Tiempo. Lecteur des surréalistes, il est attiré par l'absurde ainsi que par l'humour noir[6].
  • Eduardo Escobar, né à Envigado, dans le département d'Antioquia, en 1943, est un poète colombien[4].
  • Fanny Buitrago (es), née en 1945 à Soledad, Atlántico, (Colombie), est une écrivaine représentative du mouvement nadaïste dès sa création.
  • Patricia Ariza (es), née en 1946 à Vélez, Santander, est une poétesse, dramaturge et actrice dramatique[8]. En 2007, elle reçut, aux Pays-Bas, le Prix du Prince Claus (thème "Culture et conflit").
  • Anibal Tobón (1947-2016), poète, acteur de théâtre, narrateur et journaliste colombien.

Groupes de rock associés au nadaïsme

Plusieurs groupes de rock soutinrent le mouvement nadaïste :

  • Los Speakers (en), groupe de rock créé à Bogota. La période d'activité de ce groupe s'étendit de 1963 à 1969.
  • The Young Beats (es), groupe de rock de Bogota (1965 - 1967).
  • Los Yetis (es), groupe de rock de la ville de Medellín (1965 - 1969)[9].

Notes et références

  1. (fr) Dominique Auzias et Jean-Paul Labourdette, Colombie, Nouvelles éditions de l'Université, , 400 p. (ISBN 978-2-7469-2536-6 et 2-7469-2536-2, lire en ligne), p. 81
  2. Collectif, L'Atelier du roman, vol. 3, Arléa, (lire en ligne), p. 63
  3. (es) John Jairo Galán, « Arango, Gonzalo », sur Biblioteca Luis Ángel Arango. Consulté le 11 août 2013.
  4. (en) Stephen Cushman, Clare Cavanagh, Jahan Ramazani et Paul Rouzer, The Princeton Encyclopedia of Poetry : Fourth Edition, Princeton University Press, , 1680 p. (ISBN 978-1-4008-4142-4 et 1-4008-4142-9, lire en ligne), p. 276. Consulté le 16 août 2013.
  5. (es) Mónica Quintero Restrepo, « Jaime Jaramillo, un nadaista de 80 años », El Colombiano, (lire en ligne)
  6. (es) « Jotamario Arbeláez », sur Festival Internacional de Poesía de Medellín. Consulté le 15 août 2013.
  7. (es) Jaime Garcia Maffla, « El amor no es efímero:es efímero el tiempo », sur Biblioteca Luis Ángel Arango. Consulté le 24 août 2013.
  8. (es) Enrique Rivas G., « No me van a quitar mi derecho a opinar », El Espectator, (lire en ligne)
  9. (nl) « Los Yetis - iNadaismo A Go-Go! - Recensie », http://www.lustforlifemagazine.nl/cd-recensies/muziek/2945-los-yetis-nadaismo-a-go-go-lust, (lire en ligne)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Portail de la Colombie
  • Portail de la littérature
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.