Musée de l'impression sur étoffes

Le musée de l'impression sur étoffes est un musée français situé à Mulhouse (Haut-Rhin). À la fois musée d’art décoratif, musée technique, musée d’histoire locale et musée de la mode, il a pour vocation de faire connaître l'impression textile en s'appuyant sur les collections d'échantillons, de matériels et de documents réunis par la Société industrielle de Mulhouse (SIM).

Historique

À la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle, Mulhouse connaît un essor industriel et démographique spectaculaire, passant de 7 200 habitants en 1801 à 32 557 en 1851[2]. Les industriels locaux, réunis au sein de la Société industrielle de Mulhouse fondée en 1826, jouent un rôle de premier plan dans le développement de la vie culturelle et sont impliqués dans la création de plusieurs musées techniques. Le Musée de dessin industriel est créé en 1857. D'abord destiné aux professionnels, il réunit, outre les productions locales, des échantillons du monde entier. En 1910 il est transféré, en même temps que l'École de dessin, dans les locaux de la SIM, au 12, rue de la Bourse[3]. À partir de 1911 il s'ouvre au grand public à travers des expositions annuelles[2].

Après la Seconde Guerre mondiale une réorganisation s'avère nécessaire[4]. En 1955 un musée d'impression sur étoffes est créé sous la forme d'une association de droit local. Il s'installe dans un imposant bâtiment, construit pour la SIM par l'architecte suisse Frédéric-Louis de Rutté[5] et inauguré en , qui abritait jusque-là le Musée des beaux-arts de Mulhouse, fermé au lendemain de la guerre. La SIM y laisse ses diverses collections : outils, machines, échantillons, documents, et les dons d'industriels – dont Frédéric Engel-Dollfus – continuent de les enrichir.

La collection Louis Becker, comprenant 711 mouchoirs et 484 toiles imprimées, avait été achetée en 1954[6]. La même année le musée consacre une exposition temporaire à ces nouvelles acquisitions[7]. En 1961 la collectionneuse new-yorkaise Agnès Holden fait un don de plus de 600 peintures et gravures, pour la plupart du XVIIIe siècle[8], et de 58 mouchoirs[6]. C'est avec l’achat en 1986 de la collection Puaux–Funffrock que le musée s'enrichit notamment du tapis moghol qui constitue le trésor indien du musée[6]. Avant sa disparition en 1979, Sonia Delaunay fait également don au musée de 586 échantillons de ses étoffes simultanées, jugées rarissimes[6].

Entre 1994 et 1996 le musée est entièrement restructuré. Après deux ans et demi de fermeture il est inauguré le [9].

Le fonds s'enrichit encore en 2001 avec l'acquisition des archives de plusieurs entreprises mulhousiennes du groupe DMC[4], notamment du fonds de l’usine de Pfasttat-le-Château, qui, outre les volumes, inclut une grande partie de la fabrication de l’usine, tant pour l'Europe que pour l'Afrique[6].

Disparition d'éléments des collections du musée

En , Le Monde publie une enquête sur la disparition depuis plusieurs années de nombreux éléments des collections du musée, notamment dessins, esquisses, planches de travail et échantillons de tissus[10]. Une enquête menée par l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels est en cours depuis [10]. Un livre est consacré à cette affaire[11],[12].

Collections

La présentation de l'histoire des tissus imprimés est organisée sur trois niveaux.

La vogue des « indiennes »

Techniques et textiles du XVIIIe siècle

Le rez-de-chaussée du bâtiment est consacré à l’impression à la planche en relief et au XVIIIe siècle.

Techniques et textiles du XIXe siècle

Le premier étage du musée fait la part belle à l'impression aux rouleaux de cuivre et aux grandes machines du XIXe siècle, telles que la machine Lefèvre à un rouleau (1809), la Perrotine ou machine à mécaniser l’impression à la planche (brevet de 1832) ou la machine André Koechlin dotée de quatre rouleaux (1852)[13]. S'y ajoutent des pantographes, des machines à coudre et divers accessoires nécessaires à leur fonctionnement.

Époque contemporaine

L'aménagement du second étage, destiné à l'impression au cadre plat et rotatif du XXe siècle, n'est pas achevé.

Expositions temporaires

Cette liste n'est pas exhaustive.

  • Présentation de la collection Louis Becker. Mouchoirs et tissus imprimés des 18e et 19e siècles (-)
  • Voiles de Gênes (juin-)
  • Littérature et toiles imprimées des 18e et 19e siècles (juillet-)
  • Les Impressions mulhousiennes pour l'Afrique noire (1968)
  • Raoul Dufy, créateur d'étoffes (1973)
  • Soieries chinoises (-)
  • La Photo de mode autour de Mathieu Birckel (5-)
  • Étoffes imprimées françaises (exposition au Musée de dessins japonais de Kyoto, -)
  • Teinture, expression de la tradition en Afrique noire (-)
  • Velours anciens et contemporains (-)
  • Vrais et faux ikats (-)
Il était une fois, l'enfant et le tissu imprimé de 1750 à nos jours (2011-2012)
  • Les tissus que l'on manipule : pliages-plissages-plangi : technique artisanale de coloration des tissus à travers le monde (1987)
  • Tissus royaux tissus villageois de Thaïlande (1988)
  • Andrinople, le rouge magnifique : de la teinture à l'impression, une cotonnade à la conquête du monde (-)
  • Histoire singulière de l'impression textile (-)
  • Comme un jardin : le végétal dans les étoffes imprimées et le papier peint, en collaboration avec le Musée du papier peint de Rixheim (-)
  • L'étoffe du relief : quilts, boutis et autres textiles matelassés, en collaboration avec le Musée d'histoire de Genève (février-)
  • Féerie indienne : des rivages de l'Inde au royaume de France, en collaboration avec le Musée de la Compagnie des Indes de Lorient (-)
  • Rêve de cachemire, cachemires de rêve : le châle imprimé, un joyau textile alsacien (-)
  • Willy Maywald : photographe allemand de la haute couture en France, en collaboration avec le Chemnitz Industriemuseum (-)
  • Il était une fois : l'enfant et le tissu imprimé de 1750 à nos jours, avec la collaboration de Jean-Charles de Castelbajac et de Barrisol (-)

Service d'utilisation des documents (SUD)

Livre d'échantillons de dessin pour tissu imprimé (années 1920)

Le SUD est une bibliothèque textile créée par les industriels mulhousiens en 1833[14]. Dès cette date, les manufacturiers sont régulièrement invités à envoyer leurs productions, afin de les mettre à la disposition de la profession[15].

Le SUD compte aujourd'hui plus de six millions de documents, du XVIIIe siècle aux années 1940, et accueille chercheurs, stylistes et industriels du monde entier[14].

Notes et références

  1. « Le musée de l’Impression sur étoffes de Mulhouse restaure ses collections textiles », Région Alsace, 13 avril 2012
  2. Publics & projets culturels : un enjeu des musées en Europe (journées d'étude, 26 et 27 octobre 1998, Paris, Musée national du Moyen âge, Direction des musées de France, Centre national de la recherche scientifique, Centre de sociologie des organisations), L'Harmattan, 2000, p. 272-273 (ISBN 2-7384-8645-2)
  3. Brigitte Carrier-Reynaud (dir.), L'enseignement professionnel et la formation technique : du début du XIXe siècle au milieu du XXe siècle (actes de journées d'étude), Publications de l'Université de Saint-Étienne, Saint-Étienne, 2006, p. 24 (ISBN 2-86272-423-8)
  4. Claudine Cartrier, « Des musées pour l'industrie », in Jean-Claude Daumas (dir.), La mémoire de l'industrie : de l'usine au patrimoine, Presses universitaires de Franche-Comté, Besançon, 2006, p. 167 (ISBN 978-2-84867-140-6)
  5. Jérôme Blanc, Frédéric Engel-Dollfus, un industriel saint-simonien, Christian, Paris, 2003, p. 48 (ISBN 2-86496-119-9)
  6. Les collections textiles, Musées Sud Alsace
  7. Présentation de la collection Louis Becker : mouchoirs et tissus imprimés des XVIIIe et XIXe siècles  : 20 juin - 29 août 1954, musée de l'Impression sur étoffes de Mulhouse, Société industrielle de Mulhouse, 1954, 31 p.
  8. Gazette des beaux-arts, 1961, p. 380
  9. Le printemps des musées : musée de l'Impression sur étoffes (Mulhouse) et musée du Textile et des Costumes (Wesserling), Musées sans frontières, 1997, 50 p.
  10. Laurent Carpentier, « A Mulhouse, l’amateur de tissus précieux soupçonné d’avoir vendu une partie des collections du musée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
  11. Pierre Freyburger, Musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse, autopsie d'un pillage, Mediapop, , 152 p. (ISBN 978-2-491436-02-5).
  12. Marie Pujolas, « Vols au musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse : le livre-enquête de Pierre Freyburger », sur francetvinfo.fr, (consulté le ).
  13. Les collections techniques, Mulhouse Musées Sud Alsace
  14. « Le SUD », sur le site du Musée
  15. « Mulhouse, les musées des temps modernes », Musées Mulhouse Sud Alsace

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Pierre Freyburger, Musée de l'impression sur étoffes de Mulhouse. Autopsie d'un pillage, Mediapop, 2020, 128 p. (ISBN 978-2491436025)
  • Le Musée de l'Impression sur étoffes de Mulhouse, Société industrielle de Mulhouse, 1975, 98 p.
  • Bernard Jacqué, « Naissance des musées mulhousiens au XIXe siècle », Bulletin de la Société industrielle de Mulhouse, no 831 (4), 1993, p.  77-82
  • (fr)(ja) Jacqueline Thomé Jacqué (dir.), Chefs-d'œuvre du musée de l'Impression sur étoffes, Mulhouse, 2 vol. : vol. 1, Imprimés français, vol. 2, Imprimés français, européens et orientaux, Éditions Gakken, Tokyo
  • Laurent Carpentier, « À Mulhouse, l’amateur de tissus précieux soupçonné d’avoir vendu une partie des collections du musée », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

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