Musée des Antiquités (Rouen)

Le musée des Antiquités est un musée de Rouen. Le label musée de France lui a été attribué[1].

Auparavant nommé « musée départemental des Antiquités », le musée est transféré le à la métropole Rouen Normandie au sein de la réunion des musées métropolitains Rouen Normandie sous le nom simplifié de « musée des Antiquités ».

Histoire

Le musée a été créé en 1831 pour accueillir les vestiges issus des fouilles effectuées à Lillebonne, sous l'impulsion, notamment, du préfet Henri Dupont-Delporte. Le premier directeur du musée fut Achille Deville et l'un de ses premiers conservateurs a été l'abbé Cochet. Léon de Vesly en a été le directeur.

Le musée est victime d'un incendie le 21 avril 1894[2].

Directeurs

Dirigeants
PortraitIdentitéPériodeDurée
DébutFin
Gaston Le Breton
( - )
Achille Deville
( - )
André Pottier
( - )
Léon de Vesly
( - )
15 ans
Jules Vernier (d)
( - )
5 ans
Raphaël Garretta
( - )
5 ans
Caroline Dorion-Peyronnet (d)
(née en )
10 ans

Conservateurs

Conservateurs du musée des antiquités
Fonction Identité Naissance Décès Titre
1875 Abbé Cochet 1812 1875
1875 1891 Charles Maillet du Boullay 1829 1891
1891 1905 Gaston Le Breton 1845 1915
1905 Léon de Vesly 1844 1920
vers 1920 Louis Deglatigny 1854 1936
1936 Maurice Allinne 1868 1942
1942 Robert Flavigny 1904 1959
Élisabeth Chirol 1915 2001
2013 Nathalie Roy
2013 En cours Caroline Dorion-Peyronnet 1976

Site

Pour accueillir le nouveau musée départemental, le choix s'est porté sur l'ancien couvent Sainte-Marie (XVIIe siècle). Le couvent avait été bâti de 1680 à 1691. L'église conventuelle commencée le 6 août 1711 par l'architecte dominicain Pierre Caumont et achevée au XVIIIe siècle fut détruite pendant la Révolution. Le bâtiment fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1862[3].

Le musée des Antiquités se trouve au 198, rue Beauvoisine. Un accès est également possible par la rue Louis-Ricard (square André-Maurois). Ce site est desservi par la station de métro : Beauvoisine.

Collections

Le musée abrite très majoritairement des collections de provenance régionale sur une période s'étalant de l’Âge du bronze à la Renaissance. Reflet d’une région particulièrement riche en vestiges archéologiques, il présente de très importantes séries protohistoriques, gallo-romaines et mérovingiennes qui permettent d’évoquer la vie matérielle de ces civilisations.

Les objets d’art du Moyen Âge et de la Renaissance, nombreux et de grande qualité, témoignent des différentes formes artistiques qui se sont développées en France et plus particulièrement en Normandie (orfèvrerie, ivoires, émaux, sculptures, vitraux, tapisseries). Les grands travaux d’urbanisme du XIXe siècle, à Rouen, ont été à l’origine du dépôt de belles pièces d’architecture en bois et de somptueux éléments de décor intérieur (XVe et XVIe siècles).

Le musée conserve également d’importantes collections non régionales telles que des objets de l'antiquité égyptienne ou grecque, ainsi que des pièces de l'antiquité tunisienne, témoignages des civilisations carthaginoise et de l'Afrique romaine. Il s'agit de legs des XIXe et XXe siècles.

Âge de bronze

Les témoignages les plus anciens de l'âge du métal au musée datent de l'âge du bronze (entre 2300 et 800 avant Jésus-Christ). L'utilisation de cet alliage de cuivre et d'étain permet la diversification des procédés de fabrication et la création de toute une gamme d'objets nouveaux. Ainsi, le bronze obtenu sert-il à mettre à disposition de nouveaux types d'objets (épingles, fibules, rasoirs) et de nouvelles armes (haches, poignards ou épées). Il contribue également à mettre en place une caste de dirigeants. On y observe notamment des dépôts de haches à talon en bronze trouvés à Heuqueville, ainsi que des casques coniques surmontés d'une crête, parfois attribués fallacieusement aux Gaulois dans l'iconographie du XIXe et du débit du XXe siècle. On compte également une épée longue, ancêtre des épées gauloises. Il est tout à fait probable que les fabricants et les utilisateurs de ces objets étaient déjà des locuteurs de langue celtique.

Les objets présentés au musée viennent pour la plupart des départements de la Seine-Maritime et de l'Eure et ont été trouvés essentiellement dans des cachettes (dépôt d'objets rassemblés volontairement).

Âge du fer

L'âge du fer (entre 800 et 25 avant Jésus-Christ) correspond à la période gauloise à proprement parler. Les collections sont représentées surtout par des objets des IIe et Ier siècles av. J.-C.. Ce nouveau métal, plus facile à travailler et plus résistant, permet la fabrication d'objets et d'armes d'une variété encore plus grande que celle en bronze.

La collection est représentée notamment par les vestiges d'une tombe à char, une tombe de chef de la Tène, dont on conserve le cerclage en fer des roues (les jantes en fer), probable invention celtique, et différente pièce de fer de la nacelle et de l'attelage. Ce type de véhicule était appelé esseda par les Romains, terme probablement issu du gaulois *edsedon ou *adsedon, dont le radical est *sed « rester assis ». Un casque également gaulois trouvé à Amfreville-la-Campagne comportant des éléments décoratifs, dont des triscèles.

Antiquités gallo-romaines

Les collections gallo-romaines du musée ont été constituées à partir de fouilles archéologiques ou de découvertes fortuites. Elles sont réparties et présentées autour de trois grands thèmes : la vie quotidienne, l'habitat et les rites funéraires.

  1. La vie quotidienne est représentée par un ensemble important de céramiques et de verreries, la plupart de fabrication régionale ou locale. Une vitrine est consacrée à la céramique décorée, notamment la sigillée, vaisselle de semi-luxe fabriquée dans des ateliers du centre et de l'Est de la Gaule.
  2. L'habitat urbain gallo-romain est représenté au musée par la domus de la cour d'Albane. L'habitat rural prenait la forme d'une villa, le centre d'un domaine agricole. Les mosaïques, comme celles de Lillebonne ou de Brotonne exposées au musée, illustrent la richesse des décors qui ornaient les habitations les plus luxueuses.
  3. De nombreuses nécropoles ont été retrouvées lors des fouilles et ont livré un important mobilier funéraire. Celles-ci nous montrent que l'inhumation et la crémation étaient en usage conjointement chez les Gallo-romains.

Parmi les éléments notables du musée, on peut citer :

Antiquités orientales

La collection d’antiquités orientales du musée provient essentiellement du legs que fit l’abbé Henri de Genouillac (1881-1940), assyriologue, au musée d’archéologie de sa ville natale en 1940. De ses voyages en Mésopotamie (notamment dans le cadre de missions archéologiques à Kish et Tello), il rapporta une collection personnelle acquise sur le marché de l’art. Il s’agit d’objets de dimensions restreintes et très caractéristiques des productions orientales.

Deux axes majeurs caractérisent sa collection :

  1. elles illustrent hautes époques de l’histoire mésopotamienne (civilisation sumérienne),
  2. elles témoignent de l’intérêt de Genouillac pour l’épigraphie.

Au sein de la collection Genouillac, la glyptique et les documents épigraphiques constituent la part la plus importante : 113 sceaux-cylindres et cachets, 5 empreintes et quelque 200 tablettes et/ou enveloppes inscrites. Cette prédominance des éléments inscrits témoigne bien de son goût initial pour l’épigraphie et de sa maîtrise parfaite de ces graphies anciennes. À moins de 30 ans, il publiait déjà un premier recueil épigraphique, Les Tablettes sumériennes archaïques, en 1909.

Antiquités égyptiennes

La collection égyptienne du musée départemental des Antiquités a été constituée à partir de 1833, date à laquelle le Louxor, navire affrété pour Paris, accoste à Rouen pour trois semaines. Les équipages en profitent alors pour négocier des souvenirs rapportés d'Égypte. Dans la salle consacrée à l'Égypte, la civilisation y est évoquée selon trois aspects fondamentaux : une approche des pratiques funéraires (cônes, offrandes, ouchebtis, etc), une présentation des différents dieux et déesses de l'Égypte antique et un aspect de la vie quotidienne, notamment au travers de l'écriture.

Moyen Âge

Le musée est riche en fibules et en bijoux de type germanique, dont l'essentiel a été exhumé dans le pays de Bray, lors de fouilles dans des cimetières mérovingiens, notamment celles réalisées par l'abbé Cochet. On y trouve aussi des armes de même origine et caractéristique de cette époque (angons, francisques, scramasaxes et spatha).

Une vitrine est réservée aux découvertes en rapport avec l'âge des Vikings, comme les fibules en carapaces de tortue provenant de la tombe de femme scandinave de Pîtres, ainsi que deux autres de provenance inconnue. On y note également des épées de fabrication anglo-saxonne utilisées par les Vikings[4].

De cette longue époque a émergé une profusion de productions artistiques. De la période mérovingienne jusqu'à la fin de l'époque gothique (XVe et XVIe siècles), le musée permet de découvrir toutes les formes d'art pratiquées à partir du Ve siècle.

Chaque période est présentée au travers des éléments fondamentaux qui la caractérisent. Les débuts de la christianisation de la Normandie sont représentés par les vestiges des premiers édifices religieux (églises ou monastères). L'influence grandissante de l'Église et de son importance dans la société médiévale expliquent la quantité d'objets à caractère religieux présentés : vitraux des églises de Rouen, chapiteaux sculptés de l'abbaye Saint-Georges de Boscherville, statues et fragments d'architecture sculptés, éléments de trésor (reliquaires, crosses d'abbé, vaisselle liturgique), retable de la Passion en albâtre provenant de Rouvray (fin du XVe)[5].

La tapisserie des cerfs ailés, peut-être faite sur un dessin de Jean Fouquet (attribution incertaine)[réf. nécessaire], vers 1450, 3,47 × 3,80 m[6] est dans un état de conservation exceptionnel. Les nombreux carreaux de pavement, rappellent la richesse des intérieurs profanes.

Galerie

Expositions temporaires

Expositions en cours

2021

  • L'aître Saint-Maclou. De l'archéologie du bâti à l'ostéo-archéologie, du 18 juin au 19 septembre 2021

Expositions depuis 2007

Notes et références

Notes

    Références

    1. « Musées de France » [PDF], Ministère de la culture et de la communication, (consulté le ), p. 38
    2. « Incendie au musée d'antiquités », Journal de Rouen, no 112, , p. 2.
    3. Notice no IA00021957, base Mérimée, ministère français de la Culture
    4. P. Périn, « Les objets vikings du musée des Antiquités de la Seine-Maritime », in Recueil d’études en hommage à Lucien Musset, Cahier des Annales de Normandie, n° 23, Caen, 1990
    5. collectif, La Normandie dans la guerre de Cent Ans - Exposition Caen et Rouen 1999 - 2000, Conseil général de Seine-Maritime, , 18 p., p. 12

    Annexes

    Bibliographie

    • Jules Vernier, Musée des Antiquités de la Seine-Inférieure : Guide du visiteur, Albert Lainé, Rouen, 1923.
    • Le Musée départemental des antiquités de Seine-Maritime, Société d'éditions régionales / Musées départementaux de Seine-Maritime, , 46 p. (ISBN 2-907701-63-0).
    • Patrick Périn, « Les objets vikings du musée des Antiquités de la Seine-Maritime », in Recueil d’études en hommage à Lucien Musset, Cahier des Annales de Normandie, no 23, Caen, 1990.
    • Musée des antiquités, Rouen, De l'Égypte ancienne à la Renaissance rouennaise, Rouen, 1992 (ISBN 2902093217).
    • Geneviève Sennequier, Les Mosaïques du Musée départemental des antiquités, Rouen, Musées départementaux de la Seine-Maritime, 2002.
    • Michel Hérold, Les Vitraux du musée des Antiquités, Rouen, conseil général de la Seine-Maritime, 33 p. (ISBN 2-902093-32-2).

    Articles connexes

    Liens externes

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