Muqaddima

La Muqaddima (arabe : المقدمة, al-muqaddima) constitue l'introduction au Discours sur l'histoire universelle de l'historien tunisien Ibn Khaldoun, paru en 1377. Cet ouvrage marque l'émergence d'une conception musulmane de l'histoire universelle. On traduit parfois le mot muqaddima par Prolégomènes.

Muqaddima
Auteur Ibn Khaldoun
Version originale
Langue Arabe
Titre المقدمة
Date de parution 1377

Originalité de l'ouvrage

Certains penseurs modernes le considèrent comme le premier ouvrage traitant de la philosophie de l'histoire ou, parmi les sciences sociales, de la sociologie, de la démographie, de l'historiographie ainsi que de l'histoire culturelle, ou comme l'un des précurseurs de l'économie moderne dans les temps anciens[1],[2],[3],[4],[5],[6],[7],[8],[9].

Le travail traite également de la théologie islamique, des sciences naturelles, de la biologie et de la chimie. Ibn Khaldoun a écrit son ouvrage en 1377 comme préface à son premier livre sur l'histoire universelle, Kitab al-ʿIbar (arabe : كتاب العبر, recueil des préceptes), mais déjà de son vivant, la Muqaddima fut considérée comme une œuvre indépendante.

Selon Georges Marçais, les Prolégomènes sont « un des ouvrages les plus substantiels et les plus intéressants qu’ait produit l’esprit humain »[10].

Sommaire de l'ouvrage

Le sommaire analytique des divisions de la Muqaddima (les Prolégomènes) se structure de la façon suivante :

Introduction

  • Première Section : De la civilisation en général.
    • Science du umran, théorie de la sociabilité naturelle
    • Déterminations du milieu et leurs incidences culturelles, géographie physique et humaine
    • Considérations psychosociologiques et ethnologiques : prophétisme, arts divinatoires
  • Deuxième Section : De la civilisation chez les nomades et les peuples à demi sauvages, et chez ceux qui se sont organisés en tribus.
    • Éléments d'une ethnologie générale
    • Étude des deux types de groupement humain : de la bédouinité à la citadinité, exposé de psychologie comparée, mouvement dialectique d'une culture
    • Géopolitique : concept d'asabiyya (cohésion et solidarité), fondement d'une dynamique socio-politique
  • Troisième Section : Sur les dynasties, la royauté, le khalifat et l’ordre des dignités dans le sultanat.
    • Établissement et exercice du pouvoir (mulk) et de l'autorité spirituelle (khilafa)
    • Dynamique des dynasties, théorie des institutions
  • Quatrième Section : Sur les villages, les villes, les cités et autres lieux où se trouvent des populations sédentaires.
    • Phénomène urbain
    • Organisation de la cité politique
    • Économie urbaine
    • Typologie du citadin
    • Dénouement de la asabiyya
  • Cinquième Section: Sur les moyens de se procurer la subsistance, sur l’acquisition, les arts et tout ce qui s’y rattache.
  • Sixième Section : Des sciences et de leurs diverses espèces ; de l’enseignement, de ses méthodes et procédés, et de tout ce qui s’y rattache.
    • Classification des sciences (religieuses, rationnelles, linguistiques)
    • Langage et société, acquisition du langage, pédagogie
    • Disciplines philosophiques et littéraires

Critique des erreurs des historiens

Ibn Khaldoun commence la Muqaddima par une critique des erreurs régulièrement commises par les historiens contemporains et il analyse les difficultés qui attendent l'historien dans son travail. Il note sept erreurs à éviter :

«  Tous les écrits, par leur nature même, sont sujets à l'erreur...

  1. ...la partialité en une foi ou une opinion...
  2. ...l'excès de confiance dans une source unique...
  3. ...l'incapacité de comprendre ce qui est prévisible...
  4. ...une croyance erronée dans la vérité...
  5. ...l'incapacité de placer un événement dans son vrai contexte...
  6. ...le désir commun de gagner la faveur de ceux des rangs élevés, en les félicitant, en diffusant leur renommée...
  7. ...le plus important est l'ignorance des lois qui gouvernent la transformation de la société humaine. »

En réponse au septième et dernier point, Ibn Khaldoun présente sa théorie de la société humaine.

Notes et références

  1. Dr S. W. Akhtar (1997). "The Islamic Concept of Knowledge", Al-Tawhid: A Quarterly Journal of Islamic Thought & Culture 12 (3).
  2. Akbar Ahmed (2002). "Ibn Khaldun’s Understanding of Civilizations and the Dilemmas of Islam and the West Today", Middle East Journal 56 (1), p. 25.
  3. H. Mowlana (2001). "Information in the Arab World", Cooperation South Journal 1.
  4. Salahuddin Ahmed (1999). A Dictionary of Muslim Names. C. Hurst & Co. Publishers. (ISBN 1-85065-356-9).
  5. Mohamad Abdalla (Summer 2007. "Ibn Khaldun on the Fate of Islamic Science after the 11th Century", Islam & Science 5 (1), p. 61-70.
  6. Jean David C. Boulakia (1971), "Ibn Khaldun: A Fourteenth-Century Economist", The Journal of Political Economy 79 (5): 1105-1118.
  7. L. K. Jha, K. N. Jha (1998). "Chanakya: the pioneer economist of the world", International Journal of Social Economics 25 (2-4), p. 267-282.
  8. Waldauer, C., Zahka, W.J. and Pal, S. 1996. Kautilya's Arthashastra: A neglected precursor to classical economics. Indian Economic Review, Vol. XXXI, No. 1, pp. 101-108.
  9. Tisdell, C. 2003. A Western perspective of Kautilya's Arthasastra: does it provide a basis for economic science? Economic Theory, Applications and Issues Working Paper No. 18. Brisbane: School of Economics, The University of Queensland.
  10. « Prolegomenes_d_Ibn_Khaldoum »

Bibliographie

  • Ibn Khaldun, Discours sur l'histoire universelle. Al-Muqaddima, Traduction nouvelle de l'arabe, préface et notes par Vincent Monteil, Troisième édition revue, Paris, Sinbad, coll. « Thésaurus », 1997, 1132 p.

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