Mouvements étudiants en France

La notion de mouvement étudiant emprunte au vocabulaire du mouvement ouvrier français. Il s'agit donc de l'entendre comme l'ensemble des structures et des mobilisations collectives des étudiants orientés vers l'émancipation de la jeunesse. En France, cela renvoie donc à l'histoire du syndicalisme étudiant, à la trajectoire des organisations étudiantes liées aux partis politiques, et à l'ensemble des actions collectives étudiantes de nature revendicative[1].

Assemblée générale d'un mouvement étudiant (contre le CPE en 2006, à Bordeaux)

Origines

On peut en retrouver la trace dès le XVe siècle. Ainsi, par exemple, la Sorbonne connaît neuf mois de grèves entre 1443 et 1445, pour la défense de ses exemptions fiscales. De septembre 1444 à mars 1445, l'université est en grève pendant six mois consécutifs[2]. Des émeutes éclatent en 1446 contre la suppression de l'autonomie judiciaire et la soumission de l'université à l'autorité du Parlement de Paris[3]. La Sorbonne se met aussi régulièrement en grève lorsqu'un étudiant est arrêté par la police.[réf. nécessaire] En 1453, l'université se met en grève à la suite de la mort de Raymond de Mauregart, un étudiant tué par les sergents du Châtelet[4].

Au XXe siècle

Au XXe siècle, la contestation étudiante peut se manifester contre une loi ou des réformes concernant l’enseignement[5] ou pour réclamer une amélioration de leur condition (allocation d'études, de meilleurs moyens pour les établissements d'enseignement, etc.)[6] ou pour des motifs politiques ne concernant pas uniquement les étudiants (mai 68, etc.). La grande sensibilité de la population étudiante et lycéenne en fait une catégorie attentivement surveillée par les pouvoirs politiques.[réf. nécessaire] Si le contrecoup de mai 68 a profité au pouvoir en place lors des élections de juin 1968[réf. nécessaire], le mouvement de 1986 a largement condamné les chances de Jacques Chirac à l’élection présidentielle de 1988[5].

Comme dans la plupart des pays, en France, le mouvement étudiant le plus important par son ampleur est celui de mai 1968. Il démarre à partir de l'université de Nanterre avec le Mouvement du 22 Mars[7], constitué de militants d'extrême gauche (dont des maoïstes, des trotskystes, et des anarchistes). Le mouvement de mai 1968 aboutit en France à une grève générale de plusieurs semaines qui paralyse le pays et dépasse largement le mouvement étudiant. Par de nombreux aspects, ce mouvement prend une forme révolutionnaire à caractère situationniste.[réf. nécessaire] Quatre manifestants dont deux ouvriers et un lycéen sont morts au cours des affrontements de mai-juin 1968[8],[9],[10].

En 1973, les étudiants manifestent contre la création du diplôme d'études universitaires générales (DEUG) qui, selon eux, va favoriser la sélection[11]. Trois ans plus tard c’est la réforme du deuxième cycle (licence et maîtrise) qui provoquent une grève de trois mois[11]. Ce mouvement sera pour l'essentiel dirigé par La Ligue Communiste révolutionnaire par l'entremise de son dirigeant étudiant de l'époque, Dominique Losay.[réf. nécessaire] Il verra également l'émergence de futurs cadres politiques comme Jean-Christophe Cambadélis (alors à l'OCI)[12], Julien Dray (LCR), Jean-Luc Mano (UEC)[réf. nécessaire]. Lorsque le gouvernement de Pierre Mauroy supprime finalement la sélection à l'entrée de l'université en 1983, ce sont les étudiants de droite et d'extrême droite qui mobilisent au mois de mai les universités les plus élitistes durant deux semaines.[réf. nécessaire]

Manifestation contre la loi Devaquet

D’autres mouvement ont lieu en 1980 (circulaire à propos de l’inscription des étudiants étrangers) et 1984 (Projet de loi Savary)[11].

En 1986, le projet de loi Devaquet réinstaure la sélection, accorde une autonomie plus grande aux universités et encourage la concurrence entre elles. Il déclenche de nombreuses manifestations et grève. Un étudiant, Malik Oussekine, meurt sous les coups de policiers[11]. Alain Devaquet, est alors contraint de démissionner et la réforme est abandonnée.

Au XXIe siècle

En 2003, c’est la réforme LMD qui suscite des contestations, mais celle-ci sera tout de même faite[11].

En 2007, la loi LRU provoque des blocages ou perturbations dans près de la moitié des universités. Au premier semestre 2009, ce mouvement renaît massivement et est surtout impulsé par la grève des enseignants-chercheurs[11].

Des étudiants ont pu se mobiliser contre des réformes ne touchant pas directement l’enseignement, par exemple pour le contrat d'insertion professionnelle en 1994, ou pour le contrat première embauche en 2006.

En 2018, lors du quinquennat Macron, des étudiants manifestent contre la loi ORE réformant le systeme éducatif qui instaurerait une sélection à l'entrée de l'université. Ce mouvement est accompagné par des blocages de plusieurs universités ainsi que des affrontements avec les forces de l'ordre.

Sources

  1. Legois Jean-Philippe, Morder Robi et Monchablon Alain, Cent ans de mouvements étudiants, Syllepse, 2007.
  2. Jacques Goyens, La France en dix leçons, Les Editions Acrodacrolivres, , 235 p. (ISBN 9782930756219), pp. 123-124
  3. « Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : La fin du Moyen-Âge », sur univ-paris1.fr (consulté le )
  4. Doüet d'Arcq, Louis, « Émeute de l'université de Paris en 1453 », sur http://www.persee.fr,
  5. « Novembre-Décembre 1986. Les étudiants déferlent contre la loi Devaquet », sur humanite.fr, (consulté le )
  6. « Chronologie, La condition étudiante (1960-2008) », sur www.vie-publique.fr, (consulté le )
  7. « Nanterre se souvient du 22 mars 1968 », sur www.leparisien.fr, (consulté le )
  8. « Mai 68: nouveaux témoignages », sur www.lexpress.fr, (consulté le )
  9. « 10 juin 1968, la noyade d'un lycéen près de Flins », sur www.lemonde.fr, (consulté le )
  10. « Juin meurtrier à Sochaux », sur www.liberation.fr, (consulté le )
  11. Catherine Gouëset, « Plus de 30 ans de manifestations étudiantes », sur www.lexpress.fr,
  12. « Jean-Christophe Cambadélis, la revanche d'un fin manoeuvrier », sur lefigaro.fr, (consulté le )

Voir aussi

Articles plus généraux

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