Mort et funérailles de Jean-Paul II

La mort de Jean-Paul II a eu lieu au Vatican le à 21 h 37 locale. Il est mort à 84 ans, après 26 ans et demi de pontificat. À la suite d'une lente agonie, plusieurs dizaines de milliers de fidèles s'étaient spontanément rassemblés devant les appartements papaux sur la place Saint-Pierre à Rome depuis la veille au soir.

Le corps de Jean-Paul II, exposé dans la basilique Saint-Pierre.

Les funérailles qui ont suivi se sont déroulées pendant six jours.

Derniers mois

L'état de santé du Pape s'étant dégradé à partir du , lorsqu'à la suite d'une mauvaise grippe de trois jours, il entre d'urgence à l'hôpital Gemelli de Rome. Le , il est annoncé guéri et conduit en papamobile vers ses appartements. Le 12 février, il parvient péniblement à prononcer l'angélus. Il est de nouveau hospitalisé le 24 février et doit subir cette fois une trachéotomie. Le , il quitte l'hôpital et le dimanche 13 mars, il parvient à dire quelques mots de la fenêtre de ses appartements.

Le , dimanche des Rameaux, il apparaît sans prononcer un seul mot. Le , dimanche de Pâques, il apparaît aux fenêtres de ses appartements mais ne peut donner sa bénédiction urbi et orbi et doit se contenter d'un signe de croix. Sa dernière apparition publique date du mercredi , peu après 11 heures, en relative bonne forme. Il reste quelques minutes à sa fenêtre, sans pouvoir parler.

Derniers jours

Le , il est annoncé que l'état de santé du pape est critique et qu'il a reçu l’extrême-onction, le « Saint Viatique ». Il est victime d'un arrêt cardiaque. De nombreux rassemblements des catholiques sont organisés à travers le monde.

Au matin du 1er avril, après stabilisation de son état de santé, ses dernières actions sont de célébrer la messe à 6 heures, en se faisant évoquer la passion du Christ lors de l'arrêt de Jésus aux 14 stations du chemin de croix, et de communiquer une liste de nominations et de démissions d'évêques. Un communiqué est diffusé durant la journée : « Le Saint Père est lucide et conscient et serein… il a exprimé la volonté de demeurer dans sa chambre où lui sont assurés tous les soins. »

À 19 h, une agence de presse annonce sa perte de connaissance. La presse communique à 20 h 20 que son électro-encéphalogramme est plat, ce qui signifie une mort clinique. À 20 h 40, l'information est démentie formellement par le Vatican. À 21 heures, Monseigneur Angelo Comastri, vicaire du pape pour la Cité du Vatican, invite à la prière. L'homélie qui a lieu sous les fenêtres du pape, dont deux restent éclairées, regroupe 30 000 personnes. Celles-ci célèbrent une prière du rosaire et de psaumes.

Annonce prématurée du décès

Les Polonais se recueillent dans tout le pays à l'annonce de la mort de Jean-Paul II, ici à Poznań

Les médias occidentaux reprennent la dépêche de l'agence Itar-Tass du 1er avril annonçant la mort du pape. Le Vatican dément mais pas assez vite pour empêcher que la nouvelle ne fasse le tour du monde.

Le à 21 h 37, le Vatican annonce la mort du souverain pontife et les cloches de la basilique Saint-Pierre de Rome retentissent. Le cardinal Camillo Ruini, vicaire du pape, est chargé, selon le droit canonique, d'annoncer la mort officielle du pape, aux fidèles et au monde. Le soir de la mort, c'est le Substitut Leonardo Sandri, comme le veut la tradition, qui a annoncé la nouvelle aux fidèles[1]. Ses derniers mots auront été pour les jeunes : « Je suis venu vous chercher. Vous êtes venus. Je vous remercie. ».

Cause du décès

D'après le certificat de décès, publié le par le Vatican, la mort de Jean-Paul II est directement due à un choc septique et une chute irréversible de la circulation cardio-vasculaire. Le certificat précise également que Jean-Paul II souffrait :

  • de la maladie de Parkinson ;
  • de suites d'épisodes d'insuffisance respiratoire et trachéotomie ;
  • d'une hypertrophie bénigne de la prostate compliquée d'infection urinaire ;
  • d'hypertension et d'une maladie coronarienne.

En 2007, le médecin du pape a insisté sur le fait que la lente agonie du pape ne constitue pas un cas d'euthanasie[2].

Funérailles

2 avril

Le passage du cercueil

Six jours de cérémonies sont organisés par le Vatican pour rendre hommage à Jean-Paul II.

Conservation du corps

La préparation du corps a été confiée à une équipe de spécialistes de médecine légale, alors que la tradition confiait jusqu'à présent la préparation des dépouilles des papes défunts à une famille romaine, les Signoracci, spécialistes dans les techniques d'embaumement.

Messe de la miséricorde

Voulue par Jean-Paul II, cette messe de la divine miséricorde a été célébrée par le cardinal Angelo Sodano le dimanche en milieu de matinée sur la place Saint-Pierre de Rome, où plus de 100 000 fidèles s'étaient réunis.

Un message posthume du pape a été lu à cette occasion : « À l'humanité, qui semble parfois égarée et dominée par le pouvoir du mal, de l'égoïsme et de la peur, le Seigneur ressuscité offre en don son amour, qui pardonne, réconcilie et rouvre l'âme à l'espoir. C'est l'amour qui convertit les cœurs et donne la paix. »

Exposition de la dépouille mortelle à la Curie

Les membres de la Curie, les plus hautes autorités italiennes et le corps diplomatique ont défilé devant la dépouille, dans la salle Clémentine du palais apostolique, suivis par une file ininterrompue de moines, religieuses, policiers, gardes suisses ou civils privilégiés. Cette cérémonie s'est poursuivie le lendemain.

Événements en France

Une messe spéciale en hommage à Jean-Paul II est célébrée à Notre-Dame de Paris par Monseigneur André Vingt-Trois. On note également la présence du président de la République Jacques Chirac, du Premier ministre Jean-Pierre Raffarin et de leurs épouses, des président de l'Assemblée nationale et du Sénat, de nombreux ministres, et des représentants du Corps diplomatique.

Toutes les cloches des églises de France ont retenti à 18 h 30 et même le grand bourdon Emmanuel de Notre-Dame de Paris, qui ne retentit que pour les évènements historiques de l'Histoire de France, a sonné le glas. Contrairement à de nombreux autres pays, le deuil national n'est pas décrété mais les drapeaux sont mis en berne sur les monuments publics[3].

Détermination de la date des funérailles ainsi que de celle du conclave

Une réunion de l'ensemble des cardinaux se déroula à 10 h 30 en vue de déterminer la date des funérailles. Il fut convenu que ces funérailles auraient lieu le vendredi 8 avril à 10 heures et que le pape serait enterré dans la crypte sous la basilique Saint-Pierre. Des consignes furent adressées aux cardinaux quant à l'organisation du conclave qui commença le lundi 18 avril.

Exposition de la dépouille mortelle à la basilique Saint-Pierre

Les présidents américains agenouillés devant la dépouille de Jean-Paul II

Aux alentours de 17 heures, la dépouille de Jean-Paul II est transférée de la salle Clémentine, qui se situe au deuxième étage du palais apostolique, à la basilique Saint-Pierre, sous les applaudissements des fidèles.

Le corps du Pape Jean-Paul II exposé à Saint-Pierre de Rome

La basilique a été ouverte toute la journée du lundi afin de permettre aux fidèles de se recueillir un bref instant devant la dépouille du pape. Deux millions de fidèles et de pèlerins[réf. nécessaire] sont venus pour lui rendre un dernier hommage entre le 4 et le .

Derniers hommages

Les pèlerins arrivent par des trains spécialement affrétés
La foule attend patiemment sur plusieurs kilomètres de rendre hommage au pape défunt (5 avril)
La foule en prières toute la nuit du 7 au à Cracovie

Face à l'afflux exceptionnel de pèlerins, plus de 10 000 personnes assurent le bon déroulement des funérailles du pape ; des tentes ont été érigées en périphérie de la ville mais de nombreux fidèles se sont contentés de dormir à même le sol. L'espace aérien au-dessus de Rome a été interdit de manière préventive.

En milieu de journée du , certains médias évoquaient un kilomètre de file avant de pouvoir entrer dans la basilique, c’est-à-dire environ huit heures d'attente. Le soir, le Vatican annonçait que plus d'un million de fidèles avait pu entrapercevoir la dépouille du pape.

Durant la journée de mercredi, on estimait que la durée d'attente était de 24 heures et que ces files contenaient plus d'un million de personnes étalées sur deux kilomètres, c’est-à-dire que les pèlerins n'entreraient pas dans la basilique avant sa fermeture pour les obsèques du pape. Des mesures ont donc été prises par les autorités italiennes qui ont décidé de bloquer l'arrivée de nouveaux pèlerins dès 22h, pour finalement rouvrir l'accès dès le lendemain matin, ramenant le temps d'attente à environ quatre heures.

L'exposition à la basilique Saint-Pierre s'est achevée le jeudi 7 avril à 20 heures afin de permettre les préparations des funérailles de Jean-Paul II qui se déroulaient le jour suivant.

Enterrement

Les funérailles du pape Jean-Paul II
Les funérailles du pape Jean-Paul II

La Messe de Requiem, présidée par le cardinal Joseph Ratzinger et retransmise dans le monde entier, a duré environ trois heures et s'est déroulée sur le parvis de la basilique Saint-Pierre. Près d'un million de personnes étaient présentes devant la basilique Saint-Pierre. La cérémonie fut précédée par le défilé protocolaire et l'installation des deux cents dignitaires, parmi lesquels figuraient de nombreux chefs d'État, dont le président de la République italienne, Carlo Azeglio Ciampi, et son épouse, Franca Pilla. La procession se composait de près de 3 000 clercs, dont 107 cardinaux, 700 archevêques et évêques du monde entier. Une partie des chrétiens présents lors de la cérémonie ont exprimé leur désir de voir Jean-Paul II canonisé, en scandant « santo subito » (saint tout de suite). Le futur pape Benoît XVI, alors encore cardinal Ratzinger et responsable de l'office religieux, n'a pas répondu immédiatement à ces souhaits d'autant plus que ce mouvement était mûrement préparé et non spontané : l'exécuteur testamentaire de Jean-Paul II Stanisław Dziwisz a joué un rôle non négligeable et des banderoles étaient faites par le Mouvement des Focolari[4].

Lors de la cérémonie de mise en bière, à partir de 7 h 30, Mgr Pietro Marini a lu le Rogitum, où les œuvres du Pape sont consignées. Le visage du Pape est ensuite recouvert d'un voile de soie blanche, puis le Rogitum, scellé dans un tube et un sac de monnaies frappées pendant son pontificat sont déposés dans son cercueil de cyprès. Après l'office funèbre, celui-ci est ramené en procession à l'intérieur de la basilique où il est encastré dans un deuxième cercueil, de plomb, puis un troisième, d'orme verni, sur lequel le blason du pape et un crucifix sont déposés. Jean-Paul II est enterré dans la crypte de la basilique Saint-Pierre au Vatican à 14 h 20. La cérémonie d'inhumation s'est déroulée en l'absence des médias et a duré deux heures. Il repose près de la sépulture de l'apôtre saint Pierre, dans le caveau occupé avant lui par le pape Jean XXIII béatifié en 2003. Selon le Vatican, la niche a été réaménagée comme une cellule de monastère. Une grande dalle en marbre blanc de Carrare recouvre le caveau[5].

Depuis sa béatification, en (précédant la célébration de la canonisation) la dépouille du Bienheureux pape Jean-Paul II repose désormais à l'intérieur de la basilique Saint-Pierre, dans l'une des alcôves de droite de la basilique. Il est en effet de tradition de « remonter » les dépouilles des papes lors de leur béatification et/ou canonisation.

Plus de 10 000 policiers, 20 000 employés municipaux et 10 000 volontaires de la protection civile ont été impliqués dans le dispositif de sécurité. La ville de Rome a été interdite à la circulation, 1 500 personnes et 300 véhicules ont été affectés uniquement à la protection des nombreuses personnalités politiques ou religieuses présentes à Rome.

Statistiques

D’après le service d’information du Vatican[6], plus de 6 000 accréditations (journalistes, photographes, reporters de radio-télévision) ont été délivrées pour la couverture de l’événement. Radio Vatican et le CTV ont permis la libre reproduction de leurs signaux. 137 chaînes couvrant 81 pays ont diffusé la messe de funérailles, tandis que Radio Vatican transmettait la cérémonie en sept langues. Le site Internet du Saint-Siège a reçu 1 300 000 visites en quelques jours.

La messe de funérailles a été concélébrée par 157 cardinaux en présence de 700 archevêques et évêques, 3 000 prélats et prêtres et 169 délégations officielles. La communion a été distribuée par 300 prêtres.

On comptait aussi les délégations de 23 Églises orthodoxes et orthodoxes orientales, 8 d’Églises et Communions occidentales, 3 d’organisations chrétiennes internationales, plusieurs représentant le judaïsme, les religions non-chrétiennes et le dialogue inter-religieux.

Le pont Victor-Emmanuel le 6 avril 2005

Du 2 au , plus de trois millions de personnes sont arrivées à Rome. Le jour des funérailles, 500 000 fidèles se trouvaient place Saint-Pierre et Via della Conciliazione, 600 000 dans les sites urbains dotés d’écrans géants. Sur le parvis de Saint-Pierre se trouvaient 400 handicapés.

L'organisation a requis la participation de plus 2 000 scouts, 7 000 cheminots, 3 500 agents écologistes, 1 500 conducteurs de bus, 11 900 agents de sécurité, 1 000 pompiers, 400 soldats et 2 700 policiers municipaux, ainsi que six hélicoptères et quatre spécialistes en médecine de catastrophe.

On a compté mille trains spéciaux entre le 2 et le , 5 200 bus de tourisme et 1 800 bus urbains par jour, 3 millions de bouteilles d’eau distribuées et 3 600 WC chimiques, environ 4 000 secours sanitaires, 21 postes de secours, 100 ambulances, 8 000 places sous tente, 6 000 lits et 400 points d’eau. 20 000 appels ont été gérés par des agents communaux et des volontaires.

La municipalité de Rome a placardé 3 500 affiches le pour saluer le Pape défunt, dont deux placard géants sur le Lungotevere (6 x m) : « Merci. Rome pleure et salue son Pape ».

Notes et références

  1. Décès du pape Jean-Paul II - édition spéciale de France 2, le 2 avril 2005 (archives INA.fr)
  2. Catholicnews
  3. La mise en berne des drapeaux en France pour la mort du pape crée un début de polémique, Le Monde, 4 avril 2005
  4. Philippe Levillain, Moment Benoît XVI, Fayard, , p. 80.
  5. Jean-François Prévost, Credo, Odile Jacob, , p. 342.
  6. VIS : Service d'information du Vatican

Liens externes

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