Montmaur (Hautes-Alpes)

Montmaur est une commune française située dans le département des Hautes-Alpes en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Pour les articles homonymes, voir Montmaur.

Montmaur

Le site de Montmaur, en arrière-plan le plateau de Bure.

Blason
Administration
Pays France
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
Département Hautes-Alpes
Arrondissement Gap
Intercommunalité Communauté de communes Buëch-Dévoluy
Maire
Mandat
Georges Lesbros
2020-2026
Code postal 05400
Code commune 05087
Démographie
Gentilé Montmaurins
Population
municipale
520 hab. (2018 )
Densité 11 hab./km2
Géographie
Coordonnées 44° 34′ 19″ nord, 5° 52′ 29″ est
Altitude Min. 849 m
Max. 2 680 m
Superficie 48,77 km2
Unité urbaine Commune rurale
Aire d'attraction Gap
(commune de la couronne)
Élections
Départementales Canton de Veynes
Législatives Première circonscription
Localisation
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
Montmaur
Géolocalisation sur la carte : Hautes-Alpes
Montmaur
Géolocalisation sur la carte : France
Montmaur
Géolocalisation sur la carte : France
Montmaur

    Ses habitants sont appelés les Montmaurins.

    Géographie

    Montmaur est situé au pied du versant sud du massif du Dévoluy, en lisière d'une plaine d'origine glaciaire[1] encadrée par la Béoux à l'ouest et le Petit Buëch au sud. La plaine comme la vallée du Buëch, sont propices aux cultures. Les pentes du Dévoluy qui dominent le village sont boisées (forêt des Sauvas) et offrent quelques surfaces d'alpage (hameau de La Montagne).

    Urbanisme

    Typologie

    Montmaur est une commune rurale[Note 1],[2]. Elle fait en effet partie des communes peu ou très peu denses, au sens de la grille communale de densité de l'Insee[3],[4].

    Par ailleurs la commune fait partie de l'aire d'attraction de Gap, dont elle est une commune de la couronne[Note 2]. Cette aire, qui regroupe 73 communes, est catégorisée dans les aires de 50 000 à moins de 200 000 habitants[5],[6].

    Occupation des sols

    Carte de l'occupation des sols de la commune en 2018 (CLC).

    L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de données européenne d’occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des forêts et milieux semi-naturels (86,2 % en 2018), en augmentation par rapport à 1990 (83,5 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante : forêts (50,1 %), milieux à végétation arbustive et/ou herbacée (18,9 %), espaces ouverts, sans ou avec peu de végétation (17,2 %), zones agricoles hétérogènes (8,8 %), prairies (3,9 %), zones industrielles ou commerciales et réseaux de communication (0,5 %), mines, décharges et chantiers (0,5 %)[7].

    L'IGN met par ailleurs à disposition un outil en ligne permettant de comparer l’évolution dans le temps de l’occupation des sols de la commune (ou de territoires à des échelles différentes). Plusieurs époques sont accessibles sous forme de cartes ou photos aériennes : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[8].

    Toponymie

    Le nom de la localité est attesté sous la forme latine Monsmaurus en 1120. Il appartient à toute une série de toponymes en Mont- au sens ancien de « colline », moderne « mont », éventuellement « montagne ».

    En outre, les noms en Mont- sont souvent suivis d'un épithète indiquant la couleur. L'adjectif maur (occitan), mor (ancien français) avait autrefois le sens de « noir ». Le sens global est donc celui de « mont noir ». Homonymie avec Montmort (Marne, Mons Maurus en 1042)

    Les types Montner « mont noir », Monblanc, Montblanc, Montrouge, Montvert, Montauban, etc. sont construits selon le même principe.

    Histoire

    Entre histoire et légende : la possible présence sarrasine

    La légende veut que le village doive son nom aux Maures, or il n'en est rien (voir rubrique Toponymie). Il contient d'ailleurs une tour appelée, à tort ou à raison, Tour sarrasine.

    Sur ce sujet controversé, il est prudent de se réfugier derrière l'autorité de Joseph Roman, auteur en 1887 d'un Tableau historique des Hautes Alpes[9]. Il écrit : « Si l'on en croit quelques historiens, les Hautes-Alpes auraient été, en partie, peuplées par les Sarrasins échappés au fer de Charles Martel et de Guillaume de Provence ; on désigne très exactement les vallées qui servirent de refuge a cette race étrangère, les canaux qu'elle a creusés, les monuments qu'elle a construits, les mines qu'elle a exploitées. Tous ces détails sont de pure invention ; on ne sait rien ou presque rien des invasions sarrasines dans nos contrées.

    En 738, Charles Martel chassa les Sarrasins de Provence et confisqua les biens de Mauronte et de Riculfe, grands seigneurs qui avaient été leurs alliés ; une partie de ces biens était peut-être située dans les vallées des Alpes.

    Les Sarrasins recommencèrent leurs incursions en Provence avant 890 ; les actes de saint Romule témoignent qu'au Xe siècle ils avaient ravagé une partie de l'Embrunais ; la vie de saint Mayeul, abbé de Cluny, nous apprend que revenant de Rome il fut arrêté près de la rivière du Drac (probablement dans la commune du Forest-Saint-Julien, à l'endroit nommé, jusqu'au XVIe siècle, apud sanctum Mayolium), par une bande de pillards sarrasins ; cet événement eut lieu en 972. Enfin une bulle de Victor II, pape, à Viminien, archevêque d'Embrun, datée de 1057, nous fait savoir que ce diocèse avait eu à souffrir des invasions sarrasines. Voilà tous les textes relatifs à cette période historique qui soient venus jusqu'à nous — ils ne sont ni nombreux ni instructifs et en dehors d'eux on ne sait rien. ».

    Pour Gustave Le Bon, l'origine sarrasine ne fait aucun doute :

    « Bien que le séjour des Arabes en France n'ait été constitué que par une série de courtes invasions, nous verrons dans un autre chapitre qu'ils ont laissé des traces profondes de leur passage dans la langue, et nous allons montrer maintenant qu'ils en ont laissé également dans le sang. Plusieurs d'entre eux s'étaient fixés définitivement sur notre sol, dans le voisinage des villes occupées par leurs compatriotes et s'adonnaient à l'industrie et à l'agriculture. On leur a attribué l'importation de la fabrication des tapis à Aubusson, ainsi que plusieurs méthodes agricoles nouvelles. Souvent alliés aux seigneurs chrétiens toujours en guerre, ils finirent sur beaucoup de points par se confondre avec les habitants. L'ethnologie nous en fournit la preuve, en retrouvant, après tant de siècles, des descendants des Arabes sur plusieurs parties de notre sol. Dans le département de la Creuse, dans les Hautes-Alpes, et notamment dans plusieurs localités situées autour de Montmaure (montagne des Maures), dans le canton de Baignes (Charente), de même que dans certains villages des Landes, du Roussillon, du Languedoc, du Béarn ».[réf. nécessaire]

    Seigneurs de Montmaur

    Solidement adossée à la montagne d'Aurouze, dotée, en ses hameaux, d'une vue sur les vallées voisines, Montmaur offre des possibilités militaires qui attirent des lignées de seigneurs hauts en couleur aux biographies souvent peu édifiantes. Les châteaux se succèdent, et celui que l'on visite aujourd'hui n'est pas le premier, comme en témoigne la présence de la tour en ruine dite sarrasine.

    Dès 1265 Montmaur est qualifiée de baronnie ; elle était la quatrième parmi les quatre grandes baronnies anciennes du Dauphiné, dont les titulaires avaient le privilège de siéger aux états provinciaux en tête du corps de la noblesse. Les barons de Montmaur avaient la charge héréditaire de grands veneurs du Dauphiné.

    Guillaume Artaud, seigneur de Saint-André-en Beauchêne, eut de Béatrix de la Roche, dame de Trets, fille de Sibille, dame de Trets et du Revest et de Raimond de Montauban, Raymond de Montauban, viguier de Marseille (1352-1353)[10]. Béatrix institua, par testament du [11], ses fils Dragonet et Raymond de Montauban ses héritiers. Raymond devint seigneur de Trets, de Montmaur et du Revest.

    Chronologie

    • Du 9 au , Humbert II séjourne à Montmaur.
    • 1300 : les soldats de Raymond de Turenne, révoltés contre le comte de Provence, dévalisent, à Montmaur, des marchands piémontais.
    • 1405 : Geoffroy le Meingre, dit Boucicaut, gouverneur du Dauphiné, veut restreindre le droit de chasse du baron de Montmaur, et, pour avoir raison de sa résistance, fait le siège de son château. Les seigneurs du Gapençais prennent les armes et forcent le gouverneur à se retirer.
    • 1756 : Montmaur ravagée par un incendie.
    • 1786 : Montmaur ravagée par une épidémie.

    Guillaume Farel, de Gap à Genève

    Montmaur et ses environs immédiats (Gap, Furmeyer, Veynes) constitue un très haut lieu de la Réforme.

    Le théologien réformateur Guillaume Farel, est originaire de Gap. Parti étudier la théologie à Paris à l'âge de vingt ans, il fréquente des théologiens dissidents, puis le cénacle de Meaux, qui se propose d'améliorer l'étude de la Bible sans pour autant, au départ, chercher à rompre avec l'Église. À cette époque, le nom de Luther est inconnu. Il s'agit de cercles purement français qui n'imitent personne.

    La rupture avec l'Église a lieu quand même, et conduit Farel à fréquenter les grands noms de la Réforme germanique, en particulier Zwingli et Bucer. Il introduit la Réforme à Neuchatel en 1530 et à Genève en 1532 ; il attire Calvin dans cette dernière ville avant de se brouiller avec lui. Il revient un temps à Gap, dont il est chassé en 1562. Il est allié, d'assez loin, aux Furmeyer, chefs protestants qui tirent leur nom du village de Furmeyer, à 5 kilomètres de Montmaur.

    François de Bonne de Lesdiguières

    François de Bonne, duc de Lesdiguières.

    Les guerres de Religion s'insèrent aussi dans un contexte géopolitique : le duc de Savoie, ultra-catholique, cherche à s'emparer du Dauphiné dans le cadre d'une politique générale tendant à déplacer son territoire vers le sud et vers les grands axes ; être protestant, c'est donc aussi s'opposer aux visées de la Savoie. Le même raisonnement vaut pour Genève et constitue une explication partielle de l'adhésion à la Réforme de cette ville emblématique. Cette ressemblance entre les problématiques dauphinoises d'une part et suisses d'autre part pourra surprendre, mais on se souviendra que tous ces lieux se situent dans l'aire alpine et sont proches les uns des autres.

    Au départ, donc, être protestant, c'est être opposé à l'expansionnisme savoyard, quoique toutes les combinaisons soient possibles et toutes les alliances instables ; le traité de Montmaur (voir plus loin) nous montrera une alliance de catholiques et de protestants francophiles contre la Savoie ; en sens inverse, en 1692, Savoyards et protestants seront alliés pour tenter d'envahir la région.

    Les ambitions du duc de Savoie sont arrêtées par sa lourde défaite contre Lesdiguières le 17 septembre 1591 à la bataille de Pontcharra (Isère).

    Le vainqueur de Pontcharra, François de Bonne de Lesdiguières est un cousin des capitaines Furmeyer et une grande personnalité ; il deviendra le chef incontesté des protestants du Dauphiné, puis, duc et connétable de France ; c'est surtout le proche de toute confiance du roi Henri IV, qu'il servira avec la même loyauté avant et après sa conversion au catholicisme.

    Dans ce contexte, les seigneurs de Montmaur sont d'abord au service d'eux-mêmes, si bien que les événements des guerres de Religion donnent lieu à des renversements d'alliances difficiles à suivre pour le profane. On note :

    Jean Flotte, dit capitaine Aurouze

    Jean Flotte, dit capitaine Aurouze, est le chef des protestants de la région ; il succède en tant que tel à Furmeyer, seigneur d'un village limitrophe de Montmaur dont il tire son nom.

    En octobre 1567, Flotte s'empare de Gap dont il mutile les édifices religieux ; il meurt à la bataille de Montcontour le 5 octobre 1569 ; il est alors remplacé par François de Lesdiguières à la tête des protestants de la région ; il est la souche de deux lignées seigneuriales ; les Flotte de Montauban sont issus de son second mariage légitime ; les Flotte de la Frédière sont une lignée bâtarde qui réussit cependant à conserver la noblesse en raison de trente-sept batailles, vingt blessures, et quarante années de loyaux et fidèles services à sa Majesté le Roi de France ; dans une lettre du 29 juin 1602, Lesdiguières écrit, à propos de Jean Flotte de la Frédière : « Sa vertu luy a adjugé sans contredit le tiltre de noblesse lequel encores il possede par son extraction, suyvant la forme d'user de ce pays, comme fils naturel de feu Monsieur de la Roche, baron de Montmaur »[réf. nécessaire]. Dans son testament, le capitaine Aurouze « rejette ou répulse de sa succession toute femelle et aussi tous gens d'Église de quelque religion que ce soit »[réf. nécessaire].

    Balthazar Flotte de Montauban

    Autre château de Montmaur, dans la Marne en Champagne, illustré par Rauch et Schroeder en 1838.

    Balthazar Flotte de Montauban, bigame, louvoie toute sa vie entre catholiques et protestants ; baron de Montmaur, comte de la Roche, né en 1554, décapité à Paris le 6 août 1614. Il embrassa le parti des armes, fut guidon du grand-prieur (1577), capitaine d’une compagnie (1581), colonel et gouverneur de Romans (1587). Pour doter cette ville d'une citadelle, il exproprie plusieurs centaines d'habitants sans les indemniser.

    Balthazar est proche des extrémistes de tous les camps ; c'est par ses bons offices, après plusieurs réunions à Montmaur, qu'est signé, le 14 août 1588, le traité de Montmaur passé entre les Sieurs de Lavalette et de Lesdiguières, pour contrer les « sinistres intentions du duc de Guise » ainsi que les visées étrangères sur la région (convoitée par l'Espagne et par le duc de Savoie) ; petits détails : Lavalette, idéologiquement proche de la Ligue ultra-catholique, représente ici le roi de France Henri III, lui aussi catholique mais opposé à la Ligue ; Lesdiguières est le chef du parti protestant ; mais la présence d'ennemis communs fait que les intérêts convergent provisoirement.

    En 1589, Balthazar joue les bons offices entre les habitants de Tallard, et Lesdiguières qui leur réclame une forte contribution de guerre. À cette occasion, il obtient, de la ville de Tallard, une importante rémunération personnelle en poulets, vins et pigeons « qu'on ne peut trouver aux environs de Montmaur », et qu'on trouvait d'ailleurs difficilement à Tallard, si bien que la réunion des victuailles consomma beaucoup de l'énergie des négociateurs de cette ville.

    En reconnaissance pour le traité de Montmaur, Lavalette apporta toute l'aide possible à Balthazar dans ses démêlés avec les habitants de Romans, durablement indignés par les expropriations et autres abus de leur gouverneur.

    L'on se souvient que Balthazar avait œuvré au profit de la France en facilitant le traité de Montmaur, qui s'analyse comme une alliance entre Français catholiques et protestants contre les appétits étrangers, dont ceux de la Savoie. Mais maintenant, non content de louvoyer entre deux femmes et deux religions, il va aussi louvoyer entre deux pays.

    Toujours gouverneur de Romans, Balthazar décida de livrer cette ville au duc de Savoie et en fut chassé le 23 octobre 1597. Il se retira à la cour du duc ; revint en France en 1603 ; Henri IV lui pardonna et le nomma son écuyer ; il retourna de nouveau en Savoie en 1610 ; n’ayant pas été bien accueilli, il revint en France en 1613 ; puis voulant rentrer en grâce auprès du duc, il fit assassiner, près de Tarare, un prêtre italien qui portait à la régente des papiers compromettant le duc de Savoie. Il fut arrêté, convaincu de ce crime et eut la tête tranchée en place de Grève. Outre ce crime, il avait commis celui de bigamie, ayant épousé Marthe de Clermont d’Amboise du vivant de sa première femme, Isabeau des Astars de Loudun. Il avait été créé comte de la Roche en 1592. Ces démêlés judiciaires, ainsi que ceux entraînés par sa bigamie, ont raison de la fortune de la famille et lui font perdre la place prééminente qui fut la sienne parmi la noblesse du Dauphiné.

    Le fantôme de Balthazar hante encore le château de Montmaur où il rôde, en tenant sa tête sous son bras

    Jean Flotte de la Frédière

    Fils bâtard du capitaine Aurouze, il est catholique, mais sert fidèlement la France, en particulier le roi Henri IV, ce qui lui vaudra d'être anobli, et d'être toujours soutenu par François de Lesdiguières, protestant mais ami du roi, lorsque sa noblesse sera contestée.

    Ses enfants feront valoir ses « trente-sept batailles où il a reçu vingt glorieuses blessures, pendant quarante années de loyaux et fidèles services à sa Majesté le roi de France ».

    Les persécutions

    Le culte protestant fut autorisé à Veynes de 1572 à 1685, et il est permis de penser que Montmaur suivait le sort de ce gros village limitrophe.

    L'année 1685 voit, au plan national, la révocation de l'Édit de Nantes et, au plan local, des dragonnades et des persécutions qui provoquent un exode important des protestants de la région.

    Les départs des protestants montmaurins se situent après 1685. Peut-être en raison de la destruction du temple de Veynes qu'ils devaient fréquenter. On peut penser qu'ils ont préparé leur départ en commun et que, sous la conduite d'un meneur, ils ont entrepris le voyage. Un grand nombre d'entre eux est recensé à Genève le même jour, le . Cette année est celle où l'affluence des réfugiés français atteint son apogée. On peut lire[12] : « Il passe à Genève une quantité surprenante de pauvres Français réfugiés qui entrent par la porte Neuve et sortent par le lac. La plupart sont du Dauphiné. Il en entre jusqu'à trois cent cinquante par jour ; les 16, 17 et 18 août il en est entré huit cents de compte fait ».

    On les retrouve pour la plupart à Neuchâtel quelques années plus tard. Seuls quelques-uns manifestent le souhait de quitter la ville, c'est le cas de Catherine Odon et de sa sœur Ève. Quelques-uns encore seront assistés à La Chaux-de-Fonds, à Schaffhouse. Et enfin seules Jeanne et Isabelle de Grégoire seront recensées à Berlin en 1698.

    Le site précité relève les noms suivants : de Grégoire de Bouchet ; Audon/Odon (Oddou/Oddoul) ; Bernard ; Brunet ; Bret ; Garcin ; Guérin ; Isnard ; Martin ; Martine ; Morand ; Reuland ; Rinlan ; Roulard ; Sibourt.

    Le duc de Savoie Victor-Amédée II, aidé par des protestants, cherche, en 1692, à s'emparer de la région ; en août, le village voisin de Veynes est ravagé ; il est probable que Montmaur souffre également ; la résistance dans la région est animée par Philis de La Charce, une femme appelée dont l'importance est toutefois controversée.

    Mission au Québec

    Balthazar-Annibal-Alexis Flotte de la Frédière (la Frédière est un hameau de Montmaur) part en 1665 au Québec avec une troupe assez importante pour le compte du roi de France ; cette mission l'oblige à se convertir sur place au catholicisme ; il se comporte de façon avide et brutale, mais cependant deux lacs canadiens portent son nom.

    Benjamin Sulte[13] le décrit en ces termes : « Déjà disgracié par la perte d'un œil, il cachait sous cet extérieur repoussant une âme asservie aux passions les plus avilissantes. Avare, fourbe, tyrannique et débauché, non seulement il faisait avec les sauvages la traite de l'eau-de-vie, mais encore il les trompait sur la qualité de sa marchandise par des emprunts trop généreux aux vertus de l'inépuisable fleuve Saint-Laurent ».

    Voici comment Balthazar traite un cultivateur qui avait eu l'audace de lui reprocher d'avoir piétiné son champ : « Un matin un colon nommé Demers était en train de biner son champ quand il vit un homme, fusil en main, allant à grands pas à travers son blé à demi levé. « Ne bougez plus, arrêtez », cria-t-il avec un ton de remontrance ; mais l'homme n'y prêta pas attention. « Pourquoi abîmez vous le blé d'un pauvre homme ? » cria le cultivateur outragé. « Si je savais qui vous êtes, j'irais me plaindre de vous. A qui iriez vous vous plaindre ? » demanda l'homme, qui revint sur ses pas au milieu du blé, et interpella Demers, « Vous êtes un gredin, et je vais vous rosser. Le gredin, c'est vous », rétorqua Demers, « et gardez vos coups pour vos chiens ». L'homme se dirigea vers lui avec rage afin d'exécuter sa menace. Demers prit le fusil qu'il avait emmené avec lui selon la coutume de l'époque et avançant à la rencontre de son adversaire reconnu La Frédière, le commandant. Sur ce, il s'enfuit. La Frédière envoya alors des soldats pour arrêter Demers, le jeta en prison, le mit aux fers, et le lendemain le soumit au supplice du cheval de bois, avec un poids de 60 livres attaché à chaque pied. Il répéta la torture un jour ou deux après et ensuite laissa sa victime aller disant « Si je vous avais attrapé quand j'étais dans votre blé, je vous aurais battu comme plâtre ». »

    Ajoutons à cela des mœurs déplorables, décrites ainsi par Benjamin Sulte : « Il était irréprimable en galanterie, et les femmes et les filles s'enfuyaient de terreur devant le pholyphemus militaire. Il jeta son dévolu sur Anne Thomas, la jeune femme du charpentier Claude Jodoin. Le problème c'est que le mari était très prévenant et laissait rarement sa femme seule de telle sorte que le Major était incapable de trouver l'occasion de la rencontrer seule. Une nouvelle fois il abusa de son autorité de gouverneur militaire et s'arrangea pour que Jodoin obtienne une corvée qui l'éloigne de la colonie durant trois mois. On ne sait si ses tentatives de séduction aboutirent mais lorsque les choses commencèrent à se savoir la communauté fut si outrée qu'elle décida de porter l'affaire devant le Conseil souverain ».

    La Résistance

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    En , avant même sa démobilisation, Antoine Mauduit loue le Château de Montmaur comme le lui a suggéré Gabriel Rosanvallon. Le château devient officiellement le siège de l'association « La Chaîne » dont le nom a été choisi en hommage à Notre-Dame de la Salette. Mais sous la couverture d'un centre d'accueil pour prisonniers libérés ou évadés, Mauduit crée une véritable organisation de résistance active comprenant des personnes en situation irrégulière. Ainsi Montmaur devient l'un des premiers maquis de France. À partir de , le commandant Mauduit accueille aussi des militaires démobilisés de l'armée de l'armistice du 22 juin 1940 et des jeunes réfractaires au Service du travail obligatoire en Allemagne (STO) instauré en .

    C'est à Montmaur que Serge Klarsfeld, évadé, passe deux mois en compagnie de sa famille avant de rejoindre Nice, et dans le château que François Mitterrand séjourne de façon épisodique à la fin de 1942 et au début de 1943. Il aura l'occasion de connaître la vie rude des gardes forestiers car il sera hébergé pendant 21 jours par le garde Gaston Alleaume et sa femme Renée aux Sauvas.

    Au château de Montmaur sont fabriqués des faux papiers et des plans d'évasion expédiés dans les camps grâce à un réseau très structuré. Mais l'action est beaucoup plus complexe. Montmaur c'est aussi une sorte d'école de cadres où l'on tente de penser l'après guerre dans un esprit de reconstruction individuelle morale, civique et patriotique, tout en se préparant aux combats de la Libération dont tous savent qu'ils seront très durs.

    Enfin, dès octobre 1943, le commandant Mauduit participe au réseau de renseignements « Mathilda » qui prépare des parachutages. Plusieurs parachutages sont organisés dans la région de Montmaur, où même les enfants ont leur rôle à jouer : Un jour, un avion transportant des munitions à l'attention des maquisards dirigés par le Commandant Maudhuit, au lieu de lâcher sa cargaison en Dévoluy, le fit sur le plateau de Bure. Tout explosa en plein jour sous les yeux des enfants de l'école de Montmaur en promenade aux Sauvas. L'instituteur leur fit croire qu'il s'agissait d'un orage. Les enfants ne répliquèrent rien bien qu'il fasse grand beau temps ce jour-là… Malgré son vacarme, l'affaire ne fut jamais ébruitée (si tant est qu'elle pouvait l'être davantage !) et resta ignorée des Allemands.

    Le commandant Mauduit est arrêté au Saix le 29 janvier 1944, et déporté. Il décède un mois après son retour de déportation en 1945. En 1949 un comité présidé par François Mitterrand réalise le vœu de Mauduit d'être enterré à Montmaur, sur la colline Sainte-Philomène. En 1986, une plaque commémorative est apposée sur le château. Depuis, une gerbe y est déposée chaque [14].

    Héraldique

    Blasonnement : De gueules à deux châteaux crénelés de quatre pièces surmontées de trois tourelles couvertes, celles du centre plus hautes, le tout d'or et ajouré de sable, au chef d'or losangé de quatre pièces de gueules.

    Politique et administration

    Liste des maires successifs
    Période Identité Étiquette Qualité
    Les données manquantes sont à compléter.
    mars 2001 En cours Georges Lesbros[15],[16]   Ancien employé

    Population et société

    Démographie

    L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. À partir de 2006, les populations légales des communes sont publiées annuellement par l'Insee. Le recensement repose désormais sur une collecte d'information annuelle, concernant successivement tous les territoires communaux au cours d'une période de cinq ans. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[17]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2005[18].

    En 2018, la commune comptait 520 habitants[Note 3], en diminution de 0,38 % par rapport à 2013 (Hautes-Alpes : +1,02 %, France hors Mayotte : +1,78 %).

    Évolution de la population  [modifier]
    1793 1800 1806 1821 1831 1836 1841 1846 1851
    553476443606679704718737718
    1856 1861 1866 1872 1876 1881 1886 1891 1896
    675646653654662650657596523
    1901 1906 1911 1921 1926 1931 1936 1946 1954
    487524560505461479437417397
    1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005 2010 2015
    364277229282311423496519515
    2018 - - - - - - - -
    520--------
    De 1962 à 1999 : population sans doubles comptes ; pour les dates suivantes : population municipale.
    (Sources : Ldh/EHESS/Cassini jusqu'en 1999[19] puis Insee à partir de 2006[20].)
    Histogramme de l'évolution démographique

    Culture locale et patrimoine

    Lieux et monuments

    Le château.

    Le château

    Le château de Montmaur a été bâti à partir du XIIIe siècle, il va évoluer et s'agrandir au fil des siècles. Cette bâtisse était dotée à chaque angle d'échauguettes qui seront remplacées en 1590 par quatre tours massives, dont deux sont encore intactes sur la partie sud. Cette propriété comprend dans son ensemble historique des bâtiments fermiers (écuries, étables, granges, forge, four à pain…), et une courtine située à l'ouest dans la partie appelé la Flamme. Ses grandes salles d'apparat (dont certaines font 150 m2 au sol) sont dotées de plafonds à la française et de cheminées en gypse d'époque Renaissance. L'intérieur est très riche en fresques, dont certaines remontent à la Renaissance et aux XVIIe et XVIIIe siècles, les colonnes en gypse de l'escalier d'honneur sont de styles dorique, ionique ou même corinthien.

    Une des autres richesses artistiques du château est constituée par ses portes en noyer, celles-ci sont sculptées de nombreuses représentations en trompe-l'œil. À l'extérieur, le XIXe siècle a vu l'aménagement des jardins. Il a été racheté en 2006 par le département des Hautes-Alpes qui a engagé des travaux afin de pouvoir ouvrir sa visite au public ; depuis, il se visite de la fin du mois de juin aux Journées du patrimoine en septembre, des spectacles et expositions y étant également proposés[21]. L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1988[22].

    La tour sarrasine

    La chapelle Sainte-Philomène.

    Des vestiges d'une tour de guet dite sarrasine (bien qu'aucunes preuves d'invasions ou de razzias soient rapportées pour ce territoire par les historiens) sont visibles sur la colline au-dessus du village. Elle complète un système défensif aujourd'hui presque disparu comme notamment des remparts autour du château.

    Le vieux château

    Le premier bâtiment à vocation défensive de Montmaur, fut construit à 1 351 m. d'altitude au sommet de la montagne de la Coucherine au-dessus du village par la famille noble des Montauban au XIe siècle. La construction plus tard d'un nouveau château au contact de ses basses terres, sans doute pour des questions de commodités et de conforts, laissera ce premier bâtiment à l'abandon et à la ruine.

    La chapelle Sainte-Philomène

    Isolée sur une petite butte entre le village et la route nationale, cette pittoresque chapelle est constituée des vestiges d'une ancienne église romane. L'édifice qui était en mauvais état a été transformé en chapelle au XIXe siècle, à la suite de la guérison miraculeuse d'une jeune fille percluse du village, Élisabeth Reynaud qui invoquait sainte Philomène pour sa guérison. De l'édifice primitif bâti sur les plans d'une croix latine reste le chœur et une abside. La chapelle est inscrite au titre des monuments historiques en 1948.

    Personnalités liées à la commune

    Annexes

    Articles connexes

    Liens externes

    Notes et références

    Notes

    1. Selon le zonage publié en novembre 2020, en application de la nouvelle définition de la ruralité validée le en comité interministériel des ruralités.
    2. La notion d'aire d'attraction des villes a remplacé en octobre 2020 l'ancienne notion d'aire urbaine, pour permettre des comparaisons cohérentes avec les autres pays de l'Union européenne.
    3. Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2021, millésimée 2018, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2020, date de référence statistique : 1er janvier 2018.

    Références

    1. Thierry Rosique, « La dernière phase glaciaire de la moyenne Durance (région de Gap à Sisteron): bilan des recherches, dernières conclusions chronologiques », Méditerranée, vol. 102, no 1, , p. 25–36 (DOI 10.3406/medit.2004.3336, lire en ligne, consulté le )
    2. « Zonage rural », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    3. « Commune urbaine-définition », sur le site de l’Insee (consulté le ).
    4. « Comprendre la grille de densité », sur www.observatoire-des-territoires.gouv.fr (consulté le ).
    5. « Base des aires d'attraction des villes 2020. », sur insee.fr, (consulté le ).
    6. Marie-Pierre de Bellefon, Pascal Eusebio, Jocelyn Forest, Olivier Pégaz-Blanc et Raymond Warnod (Insee), « En France, neuf personnes sur dix vivent dans l’aire d’attraction d’une ville », sur insee.fr, (consulté le ).
    7. « CORINE Land Cover (CLC) - Répartition des superficies en 15 postes d'occupation des sols (métropole). », sur le site des données et études statistiques du ministère de la Transition écologique. (consulté le )
    8. IGN, « Évolution de l'occupation des sols de la commune sur cartes et photos aériennes anciennes. », sur remonterletemps.ign.fr (consulté le ). Pour comparer l'évolution entre deux dates, cliquer sur le bas de la ligne séparative verticale et la déplacer à droite ou à gauche. Pour comparer deux autres cartes, choisir les cartes dans les fenêtres en haut à gauche de l'écran.
    9. Tableau historique des Hautes Alpes.
    10. Gérin-Ricard, Actes, p. 211.
    11. ibid, p. 213-214.
    12. Recueil manuscrit de Jacques Flournoy, cité dans Charles Weiss, Histoire des réfugiés protestants de France depuis la révocation de l'Édit de Nantes jusqu'à nos jours, Tome deuxième, Charpentier Ed., Paris, 1853.
    13. Benjamin Sulte, Le régiment de Carignan, in Mélanges Historiques, vol. 8, G. Ducharme Ed., Montréal, 1922, cité dans le site sur les hameaux de Montmaur.
    14. Le Dauphiné libéré, édition Hautes-Alpes, 24 août 2010, page 9
    15. « Résultats des élections municipales 2020 - Maire sortant », sur le site du Télégramme de Brest (consulté le )
    16. « Répertoire national des élus (RNE) - version du 24 juillet 2020 », sur le portail des données publiques de l'État (consulté le )
    17. L'organisation du recensement, sur insee.fr.
    18. Calendrier départemental des recensements, sur insee.fr.
    19. Des villages de Cassini aux communes d'aujourd'hui sur le site de l'École des hautes études en sciences sociales.
    20. Fiches Insee - Populations légales de la commune pour les années 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017 et 2018.
    21. « Château de Montmaur », sur hautes-alpes.fr, Conseil départemental des Hautes-Alpes (consulté le ).
    22. Notice no PA00080591, base Mérimée, ministère français de la Culture.
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