Mont Chauffé

Le sommet décrit une grande crête orientée nord-est – sud-ouest. Elle surmonte des alpages sur son flanc sud-est qui descendent en pente relativement douce vers le val d'Abondance tandis que le versant nord constitue une falaise abrupte tombant de 500 mètres sur l'alpage d'Ubine. Le mont Chauffé est délimité à l'est par la vallée du ruisseau de Séchet et le col de la Plagne à l'ouest, au-delà duquel il se poursuit par le Jorat (aussi dénommé le Clocher).

Le mont Chauffé correspond à l'extrémité septentrionale de la nappe des Préalpes médianes rigides[3]^,[4]. C'est l'un des rares affleurements de cette unité qui demeure généralement recouverte par la nappe de la Brèche. Elle constituerait par ailleurs une unité intermédiaire entre la nappe des Préalpes médianes plastiques qu'elle chevauche au nord et les écailles tectoniques plus internes de la nappe des Préalpes médianes rigides comme celle de Dreveneuse[5]. Contrairement à la nappe des Préalpes médianes plastiques, la succession stratigraphique est incomplète et très lacunaire. Une épaisse couche triasique de 350 m environ (Anisien ou Ladinien)[5]^,[6], surmontée par une dalle calcaire du Jurassique supérieur (formation de la Dorfflüe), constituent les flancs du mont Chauffé. Ils sont séparés par les Couches à Mytilus du Jurassique moyen, riches en intercalations charbonneuses[3], légèrement discordant sur le Trias et formant une bande sous la falaise sommitale du flanc sud-est.

Le mont Chauffé correspond au prolongement vers l'ouest du pli-faille du Linleu[7] par l'intermédiaire de la faille de la Raille qui se comporte en faille normale[8]. Le flanc sud-est du pli correspond au compartiment inférieur. La voûte calcaire de la formation du Moléson définit le Saix de Miolène qui est surmonté par un large plateau à 1 500 m d'altitude correspondant à la charnière de l'anticlinal et où affleurent Couches rouges (Crétacé - Paléocène) et la nappe de la Dranse[note 1]. Le compartiment supérieur correspond à la crête sommitale du mont Chauffé. Il forme une écaille tectonique du flanc inverse, redressée à la verticale et inclinée vers le sud-est. Ainsi les pentes herbeuses sur le flanc sud-est couvrent les calcaires et brèches dolomitiques triasiques[6] tandis que la falaise bordant le vallon d'Ubine correspond à une dalle calcaire redressée de la formation du Moléson.

Le pied du flanc nord-ouest délimite ensuite un second chevauchement sur le synclinal d'Ubine qui sert de transition vers la nappe des Préalpes médianes plastiques[4]. Celle-ci est elle-même partiellement recouverte par la nappe de la Dranse sur lequel repose Ubine et qui constitue notamment la pointe de Lachau au nord-est. Enfin, le mont Chauffé est délimité par deux failles décrochantes dextres correspondant au vallon de Séchet (décrochement de Bise) et du col de la Plagne (décrochement de la Plagne)[4]^,[8].

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  Carte postale ancienne avec le mont Chauffé et les chalets de Tavaneuse depuis Abondance.
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  Carte postale ancienne d'Abondance avec le mont Chauffé.
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  Carte postale ancienne d'Abondance avec le mont Chauffé.
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  Carte postale ancienne avec le chalet de la Plagne du Mont, col d'Ubine et mont Chauffé.

Le versant sud du mont Chauffé est couvert par des pelouses sèches et des barres rocheuses. Bien exposé au soleil et aride, sans milieux humides, sa flore se distingue du reste de la vallée dominée par les forêts d'épicéas et les pâturages. Elle est plus riche en plantes rappelant les Alpes méridionales et est marquée par la rareté des plantes calcifuges[10].

La partie au-dessus de 1 800-1 900 mètres fait partie de l'étage subalpin et est caractérisée par la présence de pins à crochets, de laîche ferme et d'edelweiss. Parmi les espèces plus rares, il y a la gentiane orbiculaire, le gnaphale de Hoppe et le orchis des Alpes [10].

Situé entre 1 400 et 2 000 mètres d'altitude, le versant sud est marqué par la seule occurrence de la scabieuse à feuilles de graminée en Savoie, qui ne se retrouve habituellement qu'au sud du département de l'Isère. Sa pente herbeuse est agrémentée de stipe à tige laineuse, de seslérie bleue, de laîche toujours verte et de laser siler ainsi que d'orobanche du sermontain, de gentiane croisette, de peucedan d'Autriche, de violette des Pyrénées, de renoncule de la Raxalpe (it) et d'orchis odorant.

Dans les rochers et leurs aspérités poussent entre autres la primevère oreille d'ours (ainsi que l'hybride Primula ×pubescens malgré l'absence de l'autre parent, la primevère hirsute), l'épervière faux bupièvre, la gentiane de Clusius, le daphné des Alpes, la vulnéraire des montagnes, l'hélianthème blanchâtre et la potentille à petites fleurs.

Dans les pierriers thermophiles, les espèces notables sont le Nerprun des Alpes et le rare aubours des Alpes ainsi qu'un hybride entre le cotonéaster commun et le cotoneaster tomentosus[10].

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  Edelweiss
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  Scabieuse à feuilles de graminée
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  L'épervière faux bupièvre (Hieracium bupleuroides (it))
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  Gentiane orbiculaire (Gentiana orbicularis (de))

La partie basse correspond aux pentes escarpées et rocheuses du Saix de Miolène entre 1 000 et 1 500 mètres d'altitude. C'est la partie la plus chaude. Une flore spécifique se trouve dans les abris sous roche représentée par le sisymbre d'Autriche, l'hornungie des pierres, la descurainie sagesse, le brome des toits et l'arabette nouvelle.

Dans les zones rocheuses, c'est la potentille caulescente qui domine avec des épervières (peu élevée, embrassante, laineuse) et quelques fougères telles que le capillaire rouge hastatum.

Les replats sont occupés par une pelouse à seslérie et le genévrier sabine. Ils sont accompagnés de trinie glauque, de scorsonère d'Autriche, de minuartie changeante et de fumana couché[10].

La face nord, ombragée et difficile d'accès, n'accueille pas la plupart des espèces retrouvées sur le versant sud et sa flore se distingue peu de celles des montagnes avoisinantes mis à part de grande quantité de rhododendron hirsute, une espèce plus courante dans les Alpes centrales et orientales.

Dans les rochers se trouvent l'arabette naine, le silène miniature, la laîche à épis courts, l'androsace helvétique, la pyrole moyenne et la fétuque jolie. Dans les pierriers, ce sont la doronic à grandes fleurs et le petit pâturin.

Au pied de la falaise s'étend une pessière rocheuse et moussue qui abrite la fougère cystoptéris des montagnes, la laîche brunâtre et la laîche noire[10].

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  Sisymbre d'Autriche (Sisymbrium austriacum)
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  Potentille caulescente
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  Scorsonère d'Autriche (Scorzonera austriaca)
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  Silène miniature (Silene pusilla)

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