Monétarisme

Le monétarisme est une école de pensée économique. D'inspiration néolibérale, elle promeut une conception neutraliste de la monnaie, et est favorable à un retrait de l'État de la sphère économique. Elle soutient que la puissance publique ne peut influer positivement sur le système économique sur le long terme.

Postulats

L'école monétariste se fonde sur quelques hypothèses majeures. La première est que l'offre de monnaie (masse monétaire) est exogène, c'est-à-dire qu'elle est déterminée par la banque centrale. La deuxième est que l'offre de monnaie est stable. La troisième est que les agents économiques, dont la rationalité est réelle quoiqu'imparfaite, procèdent à des anticipations adaptatives, qui diminuent sur le long terme l'efficacité des politiques conjoncturelles[1].

Thèses

Politique monétaire

Les monétaristes soutiennent que les autorités publiques (autorité budgétaire et autorité monétaire, si elles sont séparées) doivent mener une politique monétaire stricte afin de limiter la quantité de monnaie en circulation[2]. Milton Friedman se fonde sur une réhabilitation de la théorie quantitative de la monnaie pour considérer que l'augmentation de l'offre de monnaie crée de l'inflation, et que, par conséquent, la politique monétaire ne doit jamais être inflationniste[3].

Il suggère d'inscrire dans la Constitution de chaque pays un taux de croissance fixe pour la masse monétaire correspondant au taux de croissance moyen de la production à long terme (par exemple 5 %), les taux d'intérêt étant fixés par la loi de l'offre et de la demande. Si la croissance économique ralentit, l'offre de monnaie sera excédentaire et les taux d'intérêt diminueront, permettant une reprise de la croissance. Si la croissance accélère au-delà du rythme prévu (surchauffe), l'offre de monnaie sera insuffisante et les taux d'intérêt augmenteront, ce qui freinera la croissance. Ainsi les politiques conjoncturelles (politique de relance ou de rigueur) sont inutiles, et les risques d'inflation ou de récession sont éliminés[4].

Inflation comme phénomène monétaire

Les monétaristes considèrent que l'inflation est « partout et toujours un phénomène monétaire », due à l'augmentation trop rapide de la masse monétaire[5]. Cela rejoint la théorie quantitative de la monnaie, pour laquelle M (la masse monétaire) ne peut que faire varier P (le niveau des prix)[1].

Taux de chômage naturel

Les monétaristes recréent la notion de taux de chômage naturel, qui est un taux de chômage en dessous duquel l'économie ne peut descendre durablement. Friedman réfute donc la courbe de Phillips, qui remarquait un lien entre le chômage et l'inflation. Il soutient que cette relation n'est vraie qu'à court terme : lorsque la masse monétaire augmente, et l'inflation avec elle, « les autorités font croire aux travailleurs que leur salaire réel a augmenté, ce qui les conduit à augmenter leur offre de travail. À court terme on a donc une diminution du chômage, mais rapidement les travailleurs s'aperçoivent que les prix ont augmenté en même temps, ils diminuent donc leur offre de travail »[6].

La courbe de Phillips aux États-Unis dans les années 1960

La conséquence de cela est que le niveau de chômage est revenu à son niveau « naturel », mais les prix ont augmenté. Autrement dit, la courbe de Phillips se déplace donc « vers le haut ». Aussi, Friedman en déduit que la courbe de Phillips de long terme est une droite verticale avec comme abscisse le taux de chômage naturel, elle démontrerait alors l'inefficacité des politiques économiques sur le long terme.

Débats et critiques

Anticipations des agents

Le monétarisme a été à son tour contesté par d'autres libéraux. Les nouveaux classiques se sont opposés à Friedman en défendant des hypothèses comportementales sensiblement différentes. Les monétaristes supposent des anticipations adaptatives, les agents s'adaptent en fonction de la situation présente. Ils peuvent être trompés par une politique économique qui sera alors efficace à court terme mais néfaste à long terme quand les agents se rendront compte de leurs erreurs. Pour les nouveaux classiques, les anticipations sont rationnelles. Les agents raisonnent en termes réels et ne peuvent être leurrés par une politique monétaire, qui sera donc inefficace à court terme comme à long terme[réf. nécessaire].

Hypothèse erronée

Le monétarisme s'est fondé sur l'idée selon laquelle la vitesse de circulation de la monnaie est constante. Or, sa vitesse est devenue erratique après les années 1980, et a diminué dans les années suivantes. Cela a miné l'intérêt des décideurs monétaires dans la théorie[7].

Voir aussi

Articles connexes

Notes et références

  1. Alain Beitone, Antoine Cazorla et Estelle Hemdane, Dictionnaire de science économique - 6e éd., Dunod, (ISBN 978-2-10-079956-5, lire en ligne)
  2. Bernard Landais, Le monétarisme, FeniXX réédition numérique, (ISBN 978-2-402-14962-4, lire en ligne)
  3. Ahmed Silem et Jean-Marie Albertini, Lexique d'économie, Dalloz, (ISBN 978-2-247-18499-6, lire en ligne)
  4. (en) David K. H. Begg et Alan Budd, Monetarism and Macro-economics: Contributions on the Current Policy Debate in the UK, Institute of Economic Affairs, (ISBN 978-0-255-36203-0, lire en ligne)
  5. Les Économistes atterrés, La monnaie - Un enjeu politique, Éditions Points, (ISBN 978-2-7578-7054-9, lire en ligne)
  6. Guerrien, Bernard, Dictionnaire d'analyse économique : microéconomie, macroéconomie, monnaie, finance, etc. (ISBN 978-2-348-06080-9 et 2-348-06080-9, OCLC 1190754385, lire en ligne)
  7. Paul R. Krugman et Robin Wells, Macroéconomie, De Boeck Superieur, (ISBN 978-2-8073-2018-5, lire en ligne)
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