Moi, Tituba sorcière...

Moi, Tituba sorcière noire de Salem est un roman de l'écrivaine française guadeloupéenne Maryse Condé, publié en 1986. Il est réédité sous le titre Moi, Tituba sorcière...

Le roman imagine la vie d'une personne réelle, Tituba, esclave du pasteur puritain Samuel Parris, accusée d'être l'une des Sorcières de Salem en 1692.

Résumé

L'histoire commence au XVIIe siècle, à la Barbade, l'une des petites Antilles anglaises.

Tituba est née comme fruit d'un viol de sa mère Abéna par un marin anglais à bord d'un bateau négrier. Tituba est, dès ses premiers instants, une enfant de la douleur, car sa mère Abena lui porte peu d'affection; elle trouve cependant chaleur et réconfort auprès de Yao, l'amant d'Abena. Après avoir blessé le maître blanc qui tentait de la forcer, Abena est pendue devant les yeux de sa fille. À cause de la mort de sa femme, Yao se suicide. Tituba est alors recueillie par Man Yaya, une vieille femme qui l'initie aux secrets de la guérison par les plantes et lui apprend à entrer en communication avec les morts. Après la mort de Man Yaya, Tituba se construit une case dans les bois, à l'écart des habitations.

Un jour, elle rencontre John Indien, esclave de Susanna Endicott. Par amour pour cet homme, Tituba quitte sa vie libre pour entrer au service de la maîtresse de John Indien. Les humiliations qu'elle subit dans sa nouvelle position et la menace que fait peser sur elle le fait qu'elle a été élevée par une "sorcière" l'inclinent à donner la mort à Susanna Endicott, mais l'esprit de Man Yaya lui déconseille d'adopter le système de violence des Blancs. Néanmoins, Susanna Endicott reçoit une maladie très grave. Finalement, Susanna Endicott se voit forcée de vendre le couple à un nouveau maître, le très puritain Samuel Parris. Celui-ci part aux États-Unis en amenant John Indien et une Tituba résignée à l'esclavage par amour.

Après avoir passé un peu de temps à Boston, la famille de Samuel Parris part à cause des problèmes financiers pour la ville de Salem. Un triste sort attend la jeune femme à Salem, où le révérend Parris a été nommé. À la suite de crises d'hystérie que sa présence semble déclencher auprès de Betty, la fille de Parris, et de sa cousine Abigail, Tituba est accusée de sorcellerie et jetée en prison. Par la suite, elle fait la connaissance d'une jeune femme détenue pour adultère, Hester, qui lui conseille de confesser être une sorcière lors de son interrogatoire devant le tribunal. Cet aveu lui permet d'échapper à la mort. Après un long séjour en prison, elle sera rachetée par un commerçant juif. Tituba se sent bien chez Benjamin Cohen d'Azevedo, car celui-ci la traite d'une manière respectueuse. Malheureusement, les habitants de la petite ville n'acceptent pas l'amitié entre Tituba et le juif et une nuit, la maison de Benjamin brûle. Malheureusement, il est déjà trop tard pour les neuf enfants du juif et ils meurent dans le feu. À cause des persécutions qui s'abattent sur sa communauté, Benjamin décide de s'en aller à Rhode Island. En conséquence, il rend la liberté à Tituba qui décide de retourner dans son pays natal, la Barbade.

De retour dans son île, elle est accueillie par les marrons, un groupe d'esclaves qui se cachent dans les montagnes. Cependant elle se détache de ce groupe dont elle ne partage pas les buts et la façon de vivre. Elle retourne dans la forêt pour y restaurer son ancienne cabane. Un jour, des esclaves conduisent auprès d'elle un jeune homme qu'on a cruellement flagellé. Guéri, le jeune Iphigène devient l'amant de Tituba. Puis, Iphigène est accusé d'avoir fomenté une révolte. Par la suite, il est exécuté et Tituba pendue pour ce crime. Elle rejoint alors le monde des Invisibles et entreprend la dure tâche d'aider les esclaves dans l'avenir.

Publication

Le roman paraît en 1986 au Mercure de France, sous le titre Moi, Tituba sorcière noire de Salem[1].

Il est réédité en 1988 dans la collection folio chez Gallimard, sous le titre Moi, Tituba sorcière[2].

Traduction

Le roman est traduit en anglais par Richard Philcox et paraît sous le titre I, Tituba, Black Witch of Salem, par la University of Virginia Press, en 1992. Il est accompagné d'une préface de la militante et universitaire américaine Angela Davis[3].

Récompense

  • 1987 - Grand prix littéraire de la Femme : prix Alain-Boucheron

Source historique

Le roman imagine la vie d'une personne réelle, Tituba, esclave du pasteur puritain Samuel Parris, accusée d'être l'une des Sorcières de Salem en 1692.

Études critiques

Selon Josée Tamiozzo, il y a des questionnements quant à « la construction de l’altérité et de l’identité à partir du roman Moi, Tituba, Sorcière… Noire de Salem, de Maryse Condé. Le projet de cette auteure est de redonner une voix à Tituba, personnage historique réel sur qui il n’y a presque aucune information. […] Tituba est marginalisée par les différentes sociétés qui l’entourent. Marquée comme Autre par son sexe, sa race et sa classe sociale, Tituba est accusée de sorcellerie et devient un bouc émissaire[4] ».

Bibliographie

  • María Fernanda Arentsen, "Moi, Tituba sorcière" de Maryse Condé et "La culpa es de los tlaxcaltecas" d'Elena Garro : deux expressions féminines du réalisme merveilleux, Université Laval, , 141 p..
  • Marie-Laure Cahuet, Aliénation et émancipation de la femme dans "Hérémakhonon", "Moi, Tituba sorcière... noire de Salem", et "Le coeur à rire et à pleurer. Contes vrais de mon enfance" de Maryse Condé, , 354 p..
  • Kathleen Gyssels, Sages sorcières ? : révision de la mauvaise mère dans Beloved (Toni Morrison), Praisesong for the Widow (Paule Marshall), et Moi, Tituba, sorcière noire de Salem (Maryse Condé), University Press of America, , 311 p. (ISBN 9780761818755).
  • Ikanga Ngozi za Balega Tchomba, La représentation de l'altérité de Tituba dans Moi, Tituba, sorcière ... noire de Salem et de Veronica dans En attendant le bonheur de Maryse Condé, University of Louisiana at Lafayette, , 498 p..
  • Ching Selao, « Le double palimpseste de Maryse Condé. Moi, Tituba sorcière… Noire de Salem », dans Lise Gauvin, Cécile Van den Avenne, Véronique Corinus, et al., Littératures francophones, ENS Éditions, (lire en ligne), p. 189-202.
  • Josée Tamiozzo, « L’altérité et l’identité dans Moi, Tituba, Sorcière... Noire de Salem, de Maryse Condé », Recherches féministes, vol. 15, no 2, , p. 123–140 (lire en ligne, consulté le ).

Références

  1. Moi, Tituba sorcière, Collection Histoire romanesque, Mercure de France, site des Gallimard.
  2. Moi, Tituba sorcière, Collection Folio (n° 1929), Gallimard.
  3. I, Tituba, Black Witch of Salem, University of Virginia Press.
  4. Josée Tamiozzo, « L’altérité et l’identité dans Moi, Tituba, Sorcière... Noire de Salem, de Maryse Condé », Recherches féministes, vol. 15, no 2, , p. 123–140 (lire en ligne, consulté le )

Liens externes

  • Portail de la littérature française
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.