Mission de l'Union africaine au Soudan

La Mission de l'Union africaine au Soudan (African Union Mission in Sudan - AMIS)désigne l'intervention de l'Union africaine dans la région du Darfour au Soudan entre 2005 et 2007, en proie à une guerre civile meurtrière depuis 2003. Elle a été remplacée par la Mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour.

Généralités

  • Mission de l'Union africaine au Soudan. Il s'agit de la première mission avec déploiement de forces armées, menées par l'U-A. Ce véritable exploit pour l'ensemble du continent, se traduit par la présence de 7 000 hommes (Les casques blancs) sur le territoire du Darfour. À l'origine, cette mission avait pour but d'agir comme organe de suivi du cessez-le-feu en . Dans sa forme actuelle, elle agit en tant que structure majeure avec mandat, opérant pour la protection des civils, troupes armées, police civile non armée, observateurs militaires et équipes de soutien. La fin du mandat de l'AMIS se situe au .
  • À ce jour, la mission A.M.I.S, bien qu'aidée dans son financement par des pays comme le Canada, les États-Unis ou l'Europe, souffre de graves lacunes financières et logistiques qui nuisent à son efficacité. La position hostile du gouvernement soudanais jusqu'au début de l'année 2007 ne résolvant rien... La mission manque ainsi de blindés et autres équipements nécessaires.

Financement de l'A.M.I.S.

  • Si évidemment, l'AMIS est entre autres, financée par les pays membres de l'U-A, elle l'est aussi par l'Union européenne. En effet, l'UE a déjà dépensé pas loin de 450 millions d'euros dans ce financement, dont 300 par l'intermédiaire de la Commission dont les réserves sont aujourd'hui à sec[Quand ?]. L'U-A qui s'inquiétait du ralentissement de ce financement a pu être rassurée. En effet, un groupe d'eurodéputés s'est rendu dernièrement au Darfour et ont "jugé urgent d'assurer le financement de l'AMIS". Le porte parole de la mission M. Noureddine Mezni et Rodolphe Adada (futur chef de l'opération hybride ONU-UA) se sont rendus en juin dernier en Europe et devant les différentes instances de l'UE. Les participants de la réunion internationale sur le Darfour tenue mi-juin se sont eux aussi interrogés sur cette question du financement, tout en insistant sur la "bonne gestion et sur la transparence dans l'utilisation des crédits" (J-B Mattei, porte parole du Ministère des affaires étrangères français).
  • Le financement de la mission est d'autant plus crucial que ces derniers mois, les soldats de la mission n'ont pu recevoir leur paye, ou avec retard, ce qui nuit forcément au moral des troupes et à leur efficacité!

Saïd Djinnit, Commissaire pour la paix de l'UA déclarait ainsi à ce sujet: "Nous faisons tout notre possible pour améliorer la situation", a-t-il assuré le, tout en rendant hommage à l’ensemble du personnel de l’AMIS pour leur compréhension et coopération continues. "Nous n’oublierons pas leur sacrifice, une contribution pour la paix sur le continent", a-t-il promis.

Au niveau du matériel, notons que 100 blindés AVGP Cougar et 5 Husky ont été donnés par le Canada en 2005[1].

Projet hybride ONU-UA

  • L'UA qui possédait donc au Darfour une force de 7 000 hommes sous-équipés est maintenant remplacée par une force de 18 000 hommes, dotée de plus de 1,3 milliard de dollars et financée par l'ONU ce qui en fait l'une des missions les plus fournies. Cette opération officialisée depuis le , se nomme Mission conjointe des Nations unies et de l'Union africaine au Darfour (Minuad).

Comme l'a souligné Assane Ba, ce projet est un véritable défi pour l'Afrique et pour la communauté internationale. Ce projet devrait en effet se traduire par un coût très important comme l'a noté Dimitri Titov, directeur Afrique du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU. Devant se déployer dans tout le Darfour, cette mission serait donc constituée de 17 à 20 000 soldats, vraisemblablement Africains, et quelque 4 000 policiers, (les toutes dernières prévisions et promesses de l'ONU avoisineraient les 26 000 hommes), ce qui en fera la plus grande opération humanitaire jamais lancée. Du point de vue logistique, les troupes au sol seront accompagnées de moyens terrestres (blindés) et aériens (hélicoptères de combat et avions); moyens finances par l'ONU. Le bilan financier de l'opération devrait se chiffrer à 1 milliard de dollars par an selon l'ONU.

  • Selon le mandat (rédigé par Ban Ki-moon et par le commissaire de l'UA, Oumar Konare) déjà dans un premier temps adopté par l'UA et tout récemment () par l'ONU, "l'opération hybride doit viser en particulier à protéger les civils, à faciliter l'accès sans entrave de l'aide humanitaire aux populations dans le besoin et le retour des réfugiés et des déplacés dans leurs foyers". Elle devra aussi "contribuer à rétablir la sécurité au Darfour, notamment par l'application de l'accord de paix", conclu à Abuja en , et "par la recherche d'une solution politique"... L'opération devra finalement tenter de remédier aux problèmes posés par l'instabilité des frontières avec le Tchad et la République centrafricaine. Instabilité causée par les mouvements de réfugiés du Darfour et les missions menées par leurs persécuteurs dans ses deux pays...
  • Le commandant de l'opération devait être africain, et c'est le général nigérian Martin Luther Agwei qui a été nommé, Rodolphe Adada, ancien ministre congolais occupera pour sa part le poste de représentant spécial.
  • Les troupes actuelles de l'AMIS seront intégrées à l'opération, il reste donc à trouver 13 000 hommes, l'ONU a ainsi appelé les pays amis africains à proposer de l'aide. En cas de manque, certains pays asiatiques devraient fournir les hommes manquants. Le plan devrait se dérouler en 3 phases, dont la première a déjà débuté et a pour objectif de renforcer les forces déjà présentes. Le déploiement de la force hybride devrait encore attendre quelques mois...

Le gouvernement soudanais a dû accepter sous la pression cette formule le . El-Bechir a ainsi préféré ce type de compromis plutôt qu'un envoi de casques bleus, synonyme d'ingérence occidentale dans ses propres affaires.

Critique et nécessité d'évoluer pour l'AMIS

  • Les députés européens avaient déjà jugé nécessaire de consolider l'AMIS avant de parler de quelconque projet hybride... Et comme le soulignait Djinnit, il peut se passer encore beaucoup de choses avant le déploiement des forces hybrides...
  • La principale critique de l'AMIS provient du rapport "Impératifs pour un changement immédiat : La mission de l’Union africaine au Soudan", publié par Human Rights Watch. Étudiant le développement de la mission depuis ses débuts, le rapport souligne la nécessité de mutation du projet. Il préconise entre autres un financement accéléré des moyens logistiques à disposition des troupes, être davantage présent sur le sol soudanais pour permettre un déploiement efficace d'observateurs au compte de l'ONU, et un acheminement sécurisé de l'aide humanitaire internationale. Un renforcement du pouvoir des troupes de l'AMIS pour protéger les populations civiles apparaît aussi comme fondamental. Le rapport appelle directement des interventions plus agressives des forces de l'AMIS : « Les troupes de l’Union africaine doivent répondre agressivement à la violence qui perdure contre les civils au Darfour, » a déclaré Takirambudde, directeur de Human Rights Watch. Les statuts de l'AMIS doivent en outre être clarifiés, cela dans le but d'accorder un pouvoir meurtrier et carcéral aux forces de l'AMIS en cas d'attaque des civils ou des forces sanitaires et humanitaires...
  • En , 5 soldats de l'AMIS avaient été tués par des forces soutenues par le gouvernement soudanais. La mauvaise volonté de ce dernier devrait conduire à des sanctions internationales...
  • Le rapport encourage enfin les autres pays africains à envoyer de l'aide, financière ou matérielle, tout en exerçant des pressions sur le gouvernement d'El-Bechir...

Annexes

Notes et références

  1. « Background — AVGPs in Africa — Grizzlys and Huskys for Darfur » (version du 31 octobre 2009 sur l'Internet Archive), sur Canadian American Strategic Review (en), .

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