Mines d'argent de Cambambe

Les Mines d'argent de Cambambe sont une destination mythique censée apporter la prospérité aux Portugais lors de leur conquête de l'intérieur des terres de l'Afrique qui a contribué à l'Histoire de l'Angola.

Histoire

XVIème siècle

Les célèbres mines d'argent de Cambambe sont recherchées depuis 1520 par les Européens [1] et cette quête a joué un rôle important dans l'histoire de l'Angola. Dès 1579, siècle, le conquistador Jérôme d'Almeida se lance à la recherche des mines d'argent de Cambambe[2] et Balthasar de Castro avait dès 1526, dans un rapport officiel, estimé que ces mines n'existaient pas[3]. Ce dernier vint en Angola une première fois en 1516, en tant qu'envoyé du Roi du Portugal, accompagné du capitaine de bateau Antoine Pereira[4], puis il revint en 1520 avec Manuel Pachuco en 1520, explorer le Fleuve Kwanza, où il se fait capturer par les Angolais avant d'être libéré par les Congolais, qu'il visite en 1526 à Mbanza[4].

Les Portugais espèrent aussi rejoindre l'Empire du Monomotapa et son or, acheminé par Sofala, au sud du delta du Zambèze, vers les commerçants indiens et leurs textiles du Gujarat[5].

Les Portugais visent cet Empire dès 1505, par les côtes du Mozambique, mais restent confinés sur le littoral jusqu'en 1513[5]. Les commerçants portugais seront les premiers Européens à parcourir les ruines du Grand Zimbabwe, qu'un explorateur européen décrira ainsi en 1531:

« À proximité des mines d'or de l'intérieur, entre la Limpopo et le Zambèze, il existe une forteresse de pierre d'une taille extraordinaire, sans qu'il semble que du mortier ait été utilisé. »

 Viçente Pegado, capitaine, garnison portugaise de Sofala, 1531.


A la même époque, Gregòrio de Quadra, qui avait passé plusieurs années dans une prison des Arabes du sultan d'Aden[6],[7], est envoyé à son tour par le Roi du Portugal en 1520, avec pour instructions de pénétrer dans les terres jusqu'au Royaume du Prêtre Jean[7], en Abyssinie à travers le continent[7], mais le Roi du Congo s'y oppose et il doit repartir à Lisbonne[7]

C'est cette recherche qui va justufier les moyens importants attribués à la conquête du cours du Kwanza (fleuve) afin de se procurer des métaux précieux[8]. Au même moment fut lancé le projet de colonisation dit "oriental": des missionnaires jésuites furent envoyés au Mozambique pour rejoindre l'Empire du Monomotapa et les mines d'or que la tradition orale lui attribuent, depuis la côte de l'Océan Indien.

Les Portugais ont « apparemment mené une guerre coûteuse et préoccupante pendant trente ans »[3] pour tenter de s'emparer de ces mines.

Des recoupements d'historiens ont cependant amené à considérer que l'importance apportée à l'argent-métal ne « devait prendre que la seconde place après les gisements de sel »[3] dans les motivations portugaises. Il était cependant plus facile dans la seconde moitié du 16e siècle de mettre en avant le potentiel de gisements d'argent-métal auprès d'autorités coloniales qui venaient de prendre conscience de l'énormité de ceux découverts au Pérou[3], dans la mine du Potosi.

Tout le long du premier des deux cycles de l'histoire de Luanda selon une étude historique sur cette ville angolaise[9], la recherche des Mines d'argent de Cambambe est le principal moteur de l'expansion des portugais vers l'intérieur des terres[10].

XVIIème siècle

À la demande de la couronne, Manuel Cerveira Pereira va relancer l'expédition entreprise par João Rodrigues Coutinho pour trouver les mines d'argent. Avec ses troupes il attaque Cafuxi, soba de la région de Quissamã, selon un rapport de 1603, afin de contrôler la région.

Mais au terme de son expédition de 1603, les Portugais se rendent comptent officiellement que ces mines d'argent recherchéed depuis un siècle n'existent pas. Dans la foulée, Manuel Cerveira Pereira est accusé par la Couronne d'avoir favorisé le commerce avec des étrangers, et d'avoir laissé ces derniers pénétrer dans les ports d'Angola. C'est sous ce chef d'accusation, que l'explorateur est ensuite emprisonné et envoyé à Lisbonne[11].

Finalement, il faudra attendre 1629 pour que les Portugais atteignent l'Empire du Monomotapa, trop tard car l'épuisement de l'or des rivières est réel, après un apogée atteint dès les années 1440. Aux deux tiers du XVIe siècle, les projets de colonisation du fleuve Kwenza et du Grand Zimbabwe[8] se conjuguent : des missionnaires jésuites sont envoyés au Mozambique en même temps qu'à Luanda, pour rejoindre les mines d'or que la tradition orale attribue à l'Empire du Monomotapa, depuis la côte de l'océan Indien[8].

Notes et références

  1. W. G. L. Randles, « De la traite à la colonisation : les Portugais en Angola », Annales, vol. 24, no 2, (lire en ligne)
  2. Précis de géographie africaine, par Ferdinand Hoefer, chez Firmin Didot Frères éditeurs, 1848
  3. "Protest and Resistance in Angola and Brazil: Comparative Studies" par Ronald H. Chilcote
  4. "Biographie Coloniale Belge3, Tome II, en 1951 par l'Institut royal colonial belge
  5. Jean de la Guérivière, Exploration de l'Afrique noire, Éditions du Chêne, 2002, p. 15
  6. "Mecca: A Literary History of the Muslim Holy Land" par F. E. Peters, Editions Princeton University Press, en 2017
  7. "The Strange Adventures of Andrew Battell of Leigh, in Angola and the Adjoining Regions" par Andrew Battel, en 1901
  8. "Stratégie militaire et organisation territoriale dans la colonie d’Angola (XVI e – XVII e siècles)" par Mathieu Demaret, dans " Défense et colonies dans le monde atlantique, XVe-XXe siècle" , 2014 .
  9. "Luanda" par I. do AmaraL, compte-rendu de lecture Margarido Alfredo dans la revue des Annales en 1970
  10. "L’ANCIEN ROYAUME DU CONGO DES ORIGINES À LA FIN DU XIXE SIÈCLE" par William Graham Lister Randles
  11. "De Bahia à Luanda, en passant par Goa : les déclinaisons du gouvernement impérial portugais au XVIIe siècle" par Guida Marques dans Nuevo Mundo en 2018 .

Articles connexes

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