Milliardaire

Un milliardaire, ou billionnaire dans les pays qui utilisent l'échelle courte, est une personne qui a une situation nette d'au moins un milliard d'unités d'une monnaie, généralement en dollar américain, euro ou livre sterling. Le magazine Forbes publie chaque année une liste des milliardaires en dollars du monde. Au , il y avait officiellement 1 011 milliardaires en dollars dans le monde[1]. En 2013, le monde compte 1 426 milliardaires, ces milliardaires représentent réuni un total de 5 400 milliards de dollars[2]. En 2021, neuf personnes sont des centimilliardaires, dont quatre qui le sont devenu durant l’année.[3]. En 2017, la richesse des milliardaires s'accroit de 762 milliards de dollars, soit sept fois le montant qui permettrait de mettre fin à la pauvreté extrême dans le monde[4].

La liste des milliardaires du monde est notamment dominée par des milliardaires américains et chinois.

Le poids des milliardaires dans l'économie mondiale est non négligeable : 400 milliardaires représentent le produit intérieur brut d'un État comme l'Inde, comptant plus d'un milliard d'habitants[5]. En 2017, les femmes ne représentent que 11 % des 2 043 milliardaires dans le monde, la plupart le sont devenues par héritage[6].

Histoire : un concept relatif

Le concept de « milliardaire », c'est-à-dire d'une personne privée détenant un patrimoine net comptable équivalant à 1 milliard d'unités, apparait en Occident à la fin du XIXe siècle : auparavant, c'est la notion de multi-millionnaire qui se met en place, et ce, dès le début du XVIIIe siècle : elle est liée à la montée du mercantilisme et du libéralisme. Cela ne veut pas dire qu'il n'exista point de grosses fortunes privées au cours des siècles précédents : par exemple, un homme politique français comme Mazarin transmit par testament à l’État[7] une fortune évaluée à 30 millions de livres[8] quand le budget du Royaume de France était de deux ou trois centaines de millions en 1650. La fortune d'un roi, ou ici d'un serviteur de l’État, n'est pas vraiment dissociable du domaine royal et de la chose publique, elle fait corps avec la richesse de la nation, et ce, bien avant les principes énoncés par la Révolution française : dire donc qu'un souverain, qu'un prince, est fortuné tient parfois du pléonasme ou d'une vision biaisée de l'Histoire.

Une autre difficulté tient à l'évaluation : la notion de capital personnel est relativement récente, elle s'est longtemps heurtée aux lois somptuaires. L'historien peut appréhender la fortune d'un individu du passé grâce aux documents notariées, et non sur la seule prétention. Il doit aussi tenir compte de l'inflation, là aussi phénomène relativement récent, et de la corrosion du capital (crise financière, taux d'intérêt, etc.).

Un patrimoine pouvait être constitué de biens immobiliers (immeubles, terrains, navires, mines, etc.) mais aussi d'objets et de numéraire : après la mort d'une personne riche, bien souvent le notaire procédait à une liquidation des dits biens, afin, d'une part de payer les dettes (apurer le passif) puis d'autre part d'assurer une répartition entre les éventuels héritiers. La notion de patrimoine est donc fondamentale : par le jeu des transmissions (le mariage), des alliances (fratrie, cousinage), les fortunes pouvaient grossir sur plusieurs générations. Au XVIIIe siècle se met en place le capitalisme industriel et financier : la Bourse permet par exemple de détenir d'importantes parts dans une entreprise privée ou publique sous forme d'actions ou d'obligations, qui n'étaient pas systématiquement transmissibles (« au porteur »).

En résumé, il n'existe pas officiellement de fortune à caractère privé dépassant le milliard d'unités comptables avant le début du XXe siècle.

Le premier milliardaire américain officiellement reconnu comme tel est John D. Rockefeller en 1916 qui fit fortune dans le pétrole[9]. L'époque du Gilded Age vit fleurir aux États-Unis d'immenses fortunes et participa à la construction du mythe américain, du « self made man ».

Après la Première Guerre mondiale, et généralement durant les périodes d'inflation (comme celle que connut la France entre 1790 et 1797 ou l'Allemagne entre 1922 et 1924), la valeur du patrimoine doit être relativisée en fonction d'une unité comptable stable : ainsi l'or métal servit longtemps d'étalon pour mesurer la valeur réelle des biens d'une personne. De nos jours, avec l'apparition des changes flottants, le dollar américain, la livre sterling, puis l'euro, constituent des échelles de valeur référentes mais doivent être néanmoins relativisées : posséder 100 millions de dollars en 1900 n'a pas le même impact économique qu'un siècle plus tard, et il convient donc de comparer les niveaux de fortunes à l'aide de facteurs tels que le niveau moyen des salaires, le coût de la construction, le volume structurel du patrimoine, etc.

Cette situation fut illustrée de façon humoristique par une scène du film Austin Powers : la demande de rançon énoncée par le Docteur Denfer se fait en dollars de 1967 parce qu'il se réveille d'un sommeil cryogénique trente ans plus tard ; réclamant 1 million, il provoque l'hilarité de l'assemblée.

Répartition

Les États-Unis ont en 2020 8 milliardaires dans le top 10, les 2 autres représentent la France (Bernard Arnault) et l'Espagne (Amancio Ortega Gaona).

En Russie les milliardaires les plus riches des 20 dernières années (Lisin, Mikhaïl Prokhorov, Alicher Ousmanov, Oleg Deripaska, Roman Abramovich, Alexeï Mordachov, etc. ) ont fait leur fortune dans le domaine de la métallurgie, souvent en achetant à bon compte les anciennes usines d'Etat lors des vagues de privatisation, plus encore que dans le gaz ou le pétrole, sauf trois : Vaguit Alekperov (du groupe pétrolier Lukoil), Mikhail Fridman (d'Alfa Group), et Suleiman Kerimov (qui contrôle le holding énergétique Nafta Moskva) qui tire sa fortune de l'or et de la potasse[10].

En France

En 2009, la France compte une trentaine de milliardaires et environ cinq cents millionnaires possédant plus de 40 milliards d'euros d'actifs financiers[11]. Selon Challenges, ils sont 96 en 2020[12].

Les milliardaires français ont vu leur fortune s'accroitre de 439 % entre 2009 et 2020[13].

Évolution

Après le recul connu en 2008, le nombre de personnes fortunées a augmenté de 17,1 % et leur patrimoine est estimé à 39 000 milliards de dollars en 2009[14].

En 2018, la fortune des milliardaires dans le monde a augmenté de 900 milliards de dollars, alors que celle de la moitié la plus pauvre de la population de la planète a reculé de 11 %. Le nombre de milliardaires a en outre doublé depuis la crise financière de 2008. D'après l'ONG Oxfam : « les riches bénéficient non seulement d'une fortune en pleine expansion, mais aussi des niveaux d'imposition les moins élevés depuis des décennies (...) Si la tendance était inversée, la plupart des gouvernements auraient suffisamment de ressources pour financer les services publics »[15].

Mode de vie

À la Belle Époque sont classés comme multi-millionnaires et parfois milliardaires des hommes d'affaires américains, des grands-ducs russes ou encore des propriétaires de mines d'or d'Afrique du Sud. Leur mode de vie est synonyme de luxe et de dépenses fastueuses, même s'ils fréquentent des lieux généralement conçus pour moins riches qu'eux : ainsi, les grands hôtels de luxe internationaux qui atteignent à l'époque leur apogée étaient prévus pour des fortunes moyennes, les milliardaires étant plus disposés à faire construire leurs propres résidences secondaires. Par ailleurs, des marqueurs de distinction sociales pourtant décisifs n'étaient pas d'un coût exorbitant (au Royaume-Uni, une livre et demi pour un club et un sac de golf ; neuf cents livres pour une Mercedes premier modèle). En réalité note l'historien Eric Hobsbawm, « le prix des objets destinés aux gens vraiment riches se situait à des niveaux tout à fait différent »[16].

Malgré un contexte économique difficile en 2009, les investissements passions « l'art et les diverses danseuses » des ultra-riches représentent plus de 32 % de leurs dépenses[17].

Philanthropie

Les milliardaires préfèrent donner de l'argent à la charité volontaire plutôt que l'impôt redistributif. Selon le romancier Gérard Mordillat ceci n'aurait pas les mêmes conséquences sur le choix des causes philanthropiques soutenues[18],[19].

Performances économiques

D'après un rapport de la banque UBS, les milliardaires ont un impact positif important sur la durabilité, productivité et le succès des entreprises qu'ils contrôlent. Au cours des 15 années qui se sont écoulées jusqu'à la fin de 2018, les sociétés contrôlées par des milliardaires cotées sur le marché boursier ont enregistré un rendement de 17,8 %, contre 9,1 % pour l'indice mondial MSCI AC World Index. Selon les auteurs du rapport, cet « effet milliardaire» est lié à une prise de risque intelligente et à la volonté de planifier et d'investir sur le long terme[20].

Notes et références

  1. (en) Matthew Miller et Luisa Kroll, « Bill Gates No Longer World's Richest Man », Forbes, (consulté le ).
  2. « Le monde compte un nombre record de milliardaires », Figaro, (consulté le ).
  3. (en) « Real Time Billionaires », sur Forbes (consulté le )
  4. « L'incroyable explosion de la richesse des milliardaires révélée par Oxfam », Challenges, (lire en ligne, consulté le ).
  5. Pourquoi les milliardaires français sont « pingres », LCI, 11/8/2010.
  6. Les 10 femmes les plus riches de la planète, Madame Figaro, 22/7/2017.
  7. « Testament de monseigneur le cardinal Mazarin au régime de la Congrégation de Saint-Maur », sur Gallica : il s'agit ici du deuxième testament.
  8. Dont un lot important de diamants tels le Sancy.
  9. (en)« The Rockefellers: The Legacy Of History's Richest Man » par Carl O'Donnell, in Forbes, 7 novembre 2014.
  10. D'après le World Wealth Report de Merrill Lynch et Cap Gemini 2009 cité par Aymeric Mantoux dans Voyage au pays des ultra-riches, Flammarion, 2010 (ISBN 978-2-8104-0287-8), p. 8, aperçu sur Google Livres.
  11. « Classement 2020 des fortunes françaises », Challenges, no 662, , p. 204 à 242.
  12. « Avec la pandémie, les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent », sur Reporterre,
  13. World Wealth Report 2010
  14. « 26 milliardaires détiennent autant d'argent que la moitié de l'humanité », sur Le Huffington Post,
  15. Eric Hobsbawm, L'ère des empires. 1875-1914, Pluriel, 2012, page 241.
  16. Aymeric Mantoux, Voyage au pays des ultra-riches, Éditions Flammarion Capital, p. 7.
  17. Contre la charité, par Gérard Mordillat 05/10/2012
  18. Tant qu’il y aura de la charité, il y aura de l’injustice par Gérard Mordillat 05/10/2012
  19. « UBS/PwC Billionaires Report 2019: Billionaire-controlled companies return almost twice the average market performance », sur ubs.com, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

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