Michel Lucas

Michel Lucas (né le [1] à Lorient et mort le [2] à Paris[3]) est le président du groupe Crédit mutuel de 1971 à 2016[4] et un cadre de cette entreprise[5].

Enfance et formation

Breton, Michel Lucas est né le à Lorient. Il grandit à Locmiquelic[6],[7].  Il est le fils d’un couvreur-zingueur[8].

Il fait ses études en ingénierie à l'Institut industriel du Nord (École Centrale de Lille) et les achève en 1965[9]. Il est également membre diplômé de l’Institut des actuaires français[10] en 1974[11].

Carrière

Secteur bancaire

Il commence sa carrière comme responsable du secteur industriel chez Siemens en 1965, puis est embauché dans la SSII Steria en 1969, où il est repéré par Théo Braun, le patron du Crédit Mutuel d’Alsace[2].

Il rejoint donc en 1971 le Crédit mutuel de Strasbourg en tant qu'informaticien, et devient en 1973 responsable des filiales informatiques du groupe[12]. Formé sur le terrain par Théo Braun, dans l'adversité (création d'une filiale à Marseille dans un marché hostile, gestion de conflit social au journal L'Alsace, déjà propriété du Crédit mutuel local), son caractère et sa spécialité, l'informatique, qu'il impose dans l'entreprise, vont donner au Crédit mutuel une longueur d'avance en gestion de la clientèle. Il participe activement à l'expansion de la banque, géographiquement et dans le secteur de l'assurance. Lorsque les fédérations lyonnaises ou parisiennes sont en difficulté, c'est le Crédit mutuel de Strasbourg qui leur vient en aide, en les rachetant, contribuant à la création de l'actuelle fédération Centre-Est-Europe, la plus importante. Il démutualise en 1992 les Assurances du Crédit mutuel, leur octroyant ainsi une plus grande marge de manœuvre dans leur développement tout en renforçant le poids de la fédération de Strasbourg[9].

En 1994, il devient président-directeur général de la société financière Europay France[13].

En , il devient directeur général du groupe Crédit Mutuel, c'est-à-dire la confédération des différentes entités régionales ou sectorielles, ceci s'ajoutant à ses fonctions précédentes[9]. Il réalise en l'acquisition d'une banque non mutualiste, le CIC, mais pour le compte de la fédération Centre-Est-Europe et non pour le groupe entier. Les ACM et le CIC contribuent à ce que cette fédération domine en taille et en pouvoir celle de Bretagne, aujourd'hui Arkéa, concurrente au sein de la confédération. Si la présidence du groupe reste aux mains d'Étienne Pflimlin, Michel Lucas, de par ses multiples fonctions - il est aussi directeur général de la Banque Fédérative du Crédit Mutuel, président des Assurances du Crédit Mutuel, président du directoire du CIC -, maintient un positionnement fort[6].

En , il réalise une prise de participation de 15 % dans les Galeries Lafayette[14].

En 2009, le journal Les Échos explique qu'il est le banquier le mieux payé de France en 2008, avec 1,37 million d'euros[15], ce à quoi il répond : « C'était vrai pour le strict salaire, mais moi, je ne dispose pas des primes variées, stock-options et compagnie, qui sont le lot de mes collègues »[16].

Le , Étienne Pflimlin démissionne de la présidence de la Confédération nationale et de celle de la fédération Centre-Est-Europe, fonctions dans lesquelles il est remplacé par Michel Lucas, tandis qu'il est remplacé à la direction générale par Alain Fradin. Début 2011, sa volonté de concentrer les pouvoirs dans l'ensemble Crédit Mutuel CIC se traduit par sa décision de supprimer le poste de vice-président de la confédération, obtenue grâce à la situation majoritaire de la fédération Centre-Est-Europe et de ses alliées, ce qui soulève des oppositions chez Arkéa[17].

Il organise dès 2014 la transition à la tête du groupe en confiant à Nicolas Théry la présidence de trois entités clefs du groupe : celle de la CFCM, de la BFCM et du CIC[18]. En 2016, à 76 ans, il se retire et cède son poste de président de la Fédération du Crédit Mutuel Centre Est Europe à Nicolas Théry, ainsi que celui de la Confédération nationale du Crédit Mutuel (CNCM)[18].

Secteur des médias

Il soutient la présence du Crédit Mutuel dans les médias locaux, en particulier les quotidiens régionaux, et ce dès 1972[19]. Cela lui vaut le surnom de « papy de la presse »[réf. souhaitée]. Il regroupe un maximum d'activités au sein du groupe EBRA, non sans susciter des craintes éditoriales ou pratiques de la part de journalistes des journaux rachetés[15]. Il a ainsi par de multiples rachats amené le Crédit Mutuel à la position de plus gros groupe de presse régionale en France, devant Ouest-France. Cette activité de presse est aussi celle à laquelle il se consacre le plus depuis qu'il a abandonné la direction opérationnelle du groupe Crédit mutuel[20].

En 2015, il fait annuler grâce à Vincent Bolloré, président du conseil de surveillance de Vivendi qui possède Canal+, la diffusion d'un documentaire révélant notamment comment le Crédit mutuel a mis en place un système d’évasion fiscale via l’une de ses filiales suisses, Pasche[21].

Personnalité

Dirigeant charismatique[22], Michel Lucas est reconnu pour sa personnalité autoritaire[9], ce qui lui a valu de nombreux surnoms tels « Dralucas », « Thibaud David », « Lucatorze », « Grand requin blanc » ou « Attila »[9],[23]. Il participe peu aux activités médiatiques et aux mondanités, qu'il laissait volontiers à Étienne Pflimlin tant que celui-ci était président de la confédération, sans doute en raison de sa grande liberté de ton[9].

Distinctions honorifiques

Notes et références

  1. « Michel Lucas », sur www.lalsace.fr (consulté le )
  2. Edouard Lederer, « Le Crédit Mutuel dit adieu à son « grand architecte » Michel Lucas », sur lesechos.fr, (consulté le )
  3. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  4. , sur ouest-france.fr
  5. « Le Crédit mutuel entérine la nomination de Lucas comme président », Mathieu Protard, Reuters
  6. « Les petits secrets de Michel Lucas, nouveau patron du Crédit mutuel », sur Capital.fr, (consulté le )
  7. « Michel Lucas était très attaché à Plouhinec », sur lorient.maville.com (consulté le )
  8. « Michel Lucas, le bâtisseur du Crédit mutuel, tire sa révérence », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  9. Isabelle Chaperon, « Michel Lucas, le banquier frondeur », sur Les Échos,
  10. « Mort de Michel Lucas, ancien dirigeant historique du Crédit mutuel », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  11. Institut des Actuaires, « Décès de Michel LUCAS », sur www.institutdesactuaires.com (consulté le )
  12. « Apre », Challenges, (lire en ligne, consulté le )
  13. « Europay France Michel LUCAS », sur lesechos.fr (consulté le )
  14. « Michel Lucas souhaite « accompagner » les familles des Galeries Lafayette », sur lesechos.fr (consulté le )
  15. « La méchante guerre du Crédit Mutuel contre les Échos », Tatiana Kalouguine,, Marianne 2
  16. « L'ogre du compte d'exploitation, enquête sur Michel Lucas », Patrice Lestrohan, Revue XXI n° 21 Hiver 2013.
  17. « La gouvernance du Crédit Mutuel suscite une poussée de fièvre interne », Alexandre Garabedian, l'Agefi
  18. « Crédit Mutuel : Michel Lucas laisse son fauteuil à Nicolas Théry », sur lesechos.fr (consulté le )
  19. « Un tycoon caché : Michel Lucas », Marc Baudriller, Challenges
  20. « Michel Lucas, banquier papivore, seul aux commandes du Crédit Mutuel », Eve Szeftel, express.be
  21. Frantz Durupt, « Bolloré a-t-il sifflé la fin de l'investigation sur Canal + ? », sur liberation.fr, (consulté le )
  22. BFMTV, « Mort de Michel Lucas, l'ex-patron emblématique du Crédit Mutuel », sur BFMTV (consulté le )
  23. « Michel Lucas, le menhir du Crédit mutuel », Bruno Abescat, L'Express
  24. JO Légion d'honneur, sur legifrance.gouv.fr

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