Michael Oakeshott

Michael Joseph Oakeshott (Chelsfield, le - ) est un philosophe et historien britannique qui s'est particulièrement intéressé à la pensée politique, la philosophie de l'histoire, l'éducation, la religion, et l'esthétique. Il est maintenant considéré comme l'un des intellectuels conservateurs les plus significatifs du XXe siècle[1].

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Biographie

Michael Oakeshott naît à Chelsfield. Il a enseigné l’histoire moderne à Cambridge dès 1920 puis en 1949 les sciences politiques à la London School of Economics, remplaçant le professeur Harold Laski.

Pensée politique

Comme la plupart des conservateurs, dont Burke, il se méfie d'une rationalité identifiée aux Lumières[2]. Cette critique du rationalisme est influencée de penseurs tel qu'Aristote, Montaigne et Hayek.

Michael Oakeshott défend le principe d'un État limité (minimal) qui est décliné par la suite en deux interprétations, sociale et politique.

La première de ces interprétations est au service de l’« association civile »[3]. Michael Oakeshott se consacre donc à montrer combien Hobbes a formulé l'idiome moral qui fait le meilleur de la civilisation européenne et de la culture occidentale. Ce type de société fait vivre ensemble les individus, non par la force des coutumes, ni par la conciliation de l'autonomie individuelle et d'un but social commun, mais par leur libre accommodation les uns aux autres en fonction de règles qu'il dépend d'eux de reconnaitre et d'accepter. Ces vertus de la vie en société sont directement inspirés d'Aristote.

La deuxième traduction est la politique de la Foi, la politique du Scepticisme[4], conception sceptique de la liberté et de l’égalité constitutive de la démocratie. En effet, préfigurant la pensée de Foucault[5], Oakeshott estime que la fonction du gouvernement ne consiste pas réellement à guider les aspirations des volontés individuelles mais à arbitrer entre elles en cas de conflits. En conséquence, la politique ne vise ni à transformer l'homme, ni à dicter l'horizon du bien, mais à gouverner les hommes tels qu'ils sont[6]. C’est plutôt dans cette dernière tradition que se reconnaît Oakeshott, dans laquelle il classe John Locke, Spinoza, Blaise Pascal, Hobbes, David Hume, Montesquieu, Edmund Burke, Paine, Jeremy Bentham, Coleridge, Calhoun et Macauley. Ceci l’amènera naturellement à se définir comme conservateur :

« Être conservateur, par conséquent, est préférer le familier à l’inconnu, préférer ce qui a déjà été utilisé à ce qui ne l’a jamais été, préférer le fait au mystère, le vrai au possible, le limité au flou, ce qui est proche plus que ce qui est distant, le suffisant à l’excédent, le convenable au parfait (…). »

Sa défense de la tradition est loin d'être un traditionalisme : contrairement à Burke, Oakeshott est avant tout un individualiste[7].

Il partage une conception de l'action humaine proche de Ludwig von Mises et il a en commun avec Friedrich Hayek, la compréhension dynamique de la société et des individus[8].

Bref, Oakeshott est un penseur libéral qui se définit comme conservateur par disposition.

Réception

Michael Oakeshott est un philosophe dont l’œuvre abondante est peu connue en France.

Le Chief Justice Rehnquist, l’un des juges les plus conservateurs de la cour Suprême des États-Unis le citait parmi ses références intellectuelles premières, et des philosophes comme John Rawls, Charles Taylor, ou John Pocock s’y réfèrent régulièrement.

Œuvres (choix)

  • Rationalism in Politics and other Essays, Indianapolis, Liberty Fund, 1991
  • De la conduite humaine, trad. franç. d’Olivier Sedeyn, Paris, PUF, 1995
  • The Politics of Faith and the Politics of Scepticism, Yale University Press, 1996
  • Experience and its Modes, Cambridge University Press, 2002
  • Morale et politique dans l’Europe moderne, préface et traduction d’Olivier Sedeyn, Paris, Éditions Les Belles Lettres, « Bibliothèque classique de la liberté », 2006
  • L'association civile selon Hobbes, suivi de Cinq essais sur Hobbes, trad. franç. de Dominique Weber, Paris, J. Vrin, « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », 2011
  • Du conservatisme, trad. franç. de Jean-François Sené, préface d'Adrien Guillemin, Paris, Éditions du Félin, 2012 (premier chapitre et table des matières en ligne)

Bibliographie

  • Quentin Perret, Oakeshott : le scepticisme en politique, Paris, Michalon, « Le bien commun », 2004

Notes et références

  1. (en) Fuller, T. (1991) "The Work of Michael Oakeshott", Political Theory, Vol. 19 No. 3.
  2. « Michael Oakeshott, le rationalisme en politique », dans Cité numéro 14 : Nouvelles guerres de religion ?, Guerres saintes, conflits ethniques, chocs des civilisations, 2003.
  3. (en) Paul Franco, Michael Oakeshott : An Introduction, Yale University Press, , 209 p. (lire en ligne), p. 154
  4. « Gouverner [pour la politique du Scepticisme] apparaît non comme la fondation des conditions du monde ou la promotion d’un Salus Populi indéfini par des moyens préétablis, mais comme l’activité, encadrée par une loi fondamentale, de protection des droits établis ; (…) La discussion politique y est représentée, non à l’occasion de déclarations d’inspiration divine ou même comme moyen pour arriver à la « vérité », mais comme un effort pour comprendre les différents points de vue et chercher un modus vivendi. »
  5. Thibault Le Texier, La politique de Michael Oakeshott
  6. Compte rendu par Jérémie Duhamel, Politique et sociétés, vol. 27, n° 1, 2008, p. 161-164.
  7. Quentin Perret, Oakeshott, le scepticisme en politique, 2004 (présentation par l'éditeur).
  8. Michael Oakeshott, Morale et politique dans l'Europe moderne, Recension de Christophe Piton (institut Hayek).

Liens externes

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