Matines de Bruges (histoire)

Les « matines de Bruges » est un terme désignant le massacre survenu dans la nuit du dans leur chambre à coucher d'un millier de partisans du roi de France, dont la garnison française logée chez l'habitant, et de bourgeois par les membres des milices communales flamandes. La dénomination « matines » a été donnée par analogie avec les Vêpres siciliennes. Cette révolte mena à une autre bataille célèbre, la bataille des Éperons d'or, qui opposa les milices flamandes aux troupes françaises le de la même année.

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Matines de Bruges
Panneau du coffre d'Oxford ou de Courtrai représentant les Matines de Bruges.
Informations générales
Date
Lieu Bruges
Issue Massacre d'environ 1 000 partisans du roi de France
Belligérants
Royaume de France Comté de Flandre
Commandants
Jacques de Saint-PolPieter de Coninck
Pertes
~ 1 000 hommes?

Guerre de Flandre (1297-1305)

Batailles

Coordonnées 51° 12′ 34″ nord, 3° 13′ 12″ est
Géolocalisation sur la carte : Flandre-Occidentale
Géolocalisation sur la carte : Belgique

Causes

Le roi de France Philippe le Bel qui vient de conquérir la Flandre en s'emparant de son comte Gui de Dampierre vient à Bruges en 1301 faire sa Joyeuse Entrée. Après son départ, comble de provocation, le peuple de Bruges apprend qu'il devra en payer les frais. Pieter de Coninck, figure symbolique de la résistance flamande, proteste de cette décision, mais le bailli royal le jette en prison avec vingt-cinq autres personnalités brugeoises. L'émeute populaire qui s'ensuit l'en délivre au mois de .

Le gouverneur français Jacques de Saint-Pol investit alors la ville et bannit Pieter de Coninck. Le tisserand reçoit alors l'appui des fils encore libres du comte Jean de Namur, Gui, et leur neveu Guillaume de Juliers. Cet appui, le changement de camp des bourgeois de Bruges, privés de leur liberté traditionnelle par l'entrée dans le domaine royal et les nouveaux impôts levés par Jacques de Châtillon permettent facilement à Pieter de Coninck de rentrer à Bruges en décembre. Son seul prestige lui permet de faire arrêter le travail des ouvriers chargés du démantèlement des murailles de la ville ordonné par Philippe le Bel.

Début mai 1302, pendant que Jan Breydel (doyen des bouchers de Bruges) s'empare du château de Male avec sept cents Brugeois, il négocie avec le magistrat de la ville l'évacuation des habitants de Bruges et la sauvegarde des bâtiments et maisons. Il allume le feu à des tas de paille pour faire croire aux Français qu'ils ont vaincu la ville et qu'elle est à feu et à sang. Pendant ce même temps il réunit les comtes flamands encore libres pour préparer une bataille qui deviendra célèbre sous le nom de bataille des Éperons d'or. Il échoue à rallier à sa cause Gand où l'oligarchie marchande a repris le pouvoir. Jacques de Châtillon marche à nouveau sur Bruges : les Brugeois doivent se soumettre ou partir. Pieter, Jan Breydel et plusieurs milliers de Brugeois quittent la ville, laissant entrer le gouverneur français (). Jacques de Châtillon pénètre dans la ville avec ses soldats, contrairement à l'accord qu'il vient de prendre. Inquiets de leur sort, les Brugeois restés en ville rappellent les exilés. Leur apparition au petit matin du 18 mai devant les murs de la ville (Pieter apparaît lui-même à la porte Sainte-Croix en ralliant ses compatriotes au cri de « Vlaenderen den Leeuw ! » - « Flandre le Lion ! ») déclenche le massacre des Français et des léliaerts (partisans des Français). Jacques de Saint Pol échappe d'extrême justesse au carnage.

Déroulement des événements

Des insurgés en armes, avec Pieter de Coninck à leur tête, pénètrent pendant la nuit dans les maisons. Selon la tradition, pour distinguer les partisans du roi de France, ils auraient abordé les occupants des chambres en leur demandant « Des gilden vriend ? » (« Ami des guildes ? ») (Les guildes regroupaient le petit peuple qui se révoltait). Si la réponse était négative ils passaient les occupants par le fil de l'épée. Selon certains historiens belges, le mot de passe aurait été : « Schild en vriend », ce qui signifie en français « bouclier et ami » et dont la prononciation en dialecte flamand était très différente d'une lecture francophone de base « child an vrian », ce qui permettait de se rendre compte sans aucune équivoque de l'origine linguistique de la personne interpellée[1].

Le gouverneur Jacques de Saint-Pol parviendra à s'enfuir avec une poignée de survivants et de leliaerts.

Notes et références

  1. Jean-Marie Gillet, Les étranges origines de la querelle linguistique en Belgique, J.-M. Collet, 2000.
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