Marine la Déguisée

Sainte Marine (ou Marie) de Bithynie, dite Marine la Déguisée, appelée en religion frère Marin, est une personnalité légendaire chrétienne. Selon la tradition chrétienne catholique, romaine et maronite, elle fut moine au monastère de Qannoubine, au Liban, et mena une vie ascétique exemplaire sous une identité masculine.

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Marine la Déguisée

Marine (en rouge) et son père Eugène (en gris) entrant au monastère, accueillis par l'abbé (en noir). (France, XIVe siècle)
Sainte
Naissance IVe siècle-Ve siècle ou VIIIe siècle
Bythinie (Asie mineure)
Décès IVe siècle-Ve siècle ou 750  (à 25 ans)
Qannoubine (Liban)
Autres noms Marin(os), Marina
Vénérée à Venise, Liban
Vénérée par Église catholique, Église orthodoxe, Église copte
Fête 18 juin (Occident) ; 17 juillet (transfère des reliques)
Attributs enfant, crucifix, habit monastique
Sainte patronne Venise, femmes allaitantes
Sujets controversés Historicité remise en cause

Hagiographie

Les récits de la vie de sainte Marine la Déguisée font l'objet de plusieurs divergences, additions ou absences ; le récit suivant donne les grandes lignes :

Le père de Marine entre dans un monastère, et elle entre dans le même que lui, en cachant sa féminité et masculinisant son prénom. Son père meurt comme moine exemplaire, et elle-même est parfaite. Elle sort avec ses confrères pour affaires, et résident dans une auberge. Marine se trouve accusée d'avoir mis enceinte la fille de l'aubergiste, et est expulsée du monastère, avec pour ordre de s'occuper de l'enfant. Après un temps donné à vivre d'aumônes et de jeûnes, Marine est réintégrée à la demande des frères, mais doit s'occuper des basses tâches. Elle meurt après sa réintégration, et on découvre qu'elle est de sexe féminin lors de sa toilette mortuaire.

Prénom et vie au couvent

L’Histoire de sainte Marine, texte du Ve siècle en syriaque, indique que le père de la petite sainte, un séculier voulant se faire moine, veut d'abord la mettre dans un couvent de vierges, mais la voyant tant pleurer pour rester auprès de lui, il décide de ne pas s'en séparer. Si la majorité des versions donnent Marine comme prénom de naissance, celle-ci indique que, comme elle ne voulut pas le quitter, il fit passer sa fille Marie pour un garçon appelée Marine (Marina), nom masculin en syriaque[n 1].

Vatican News dit que son père, appelé Eugène, entra au couvent de Kanoubine, suite à la douleur de la disparition de son épouse, et qu'il fut exemplaire. Il demande à l'abbé qui va l'accueillir de pouvoir prendre son « fils » de quatorze ans avec lui, comme novice, ce à quoi l'abbé consent ; Marine prend le nom de Marin. Bien que cachant son sexe, en raison de ses traits féminins, le pseudo-frère Marin passe pour être un eunuque auprès des autres. Eugène meurt heureux trois ans après l'entrée au couvent, alors que les autres versions oscillent entre deux et sept ans.

Selon Nominis, Marine rentre à dix-sept ans, après que son père se soit fait moine, car elle lui manque.

L'hôte et sa fille

Selon le manuscrit syriaque, les frères vont quêter et mendier, tandis que Marine reste au monastère car l'abbé voit qu'elle se perfectionne dans la vie religieuse, ce qui provoque la jalousie des autres. Elle et ses frères ont l'habitude de s'arrêter chez un fidèle (de Tourza, selon la tradition maronite), dont la fille a forniqué avec un homme, qui lui dit de dire à son père que c'est le mine Marine qui l'a mise enceinte. Quand le fidèle s’aperçut de la grossesse de sa fille, c'est lui qui va au monastère dire à l'abbé que le moine Marine était le fornicateur.

Selon Vatican News et Nominis, Marine et ses confrères sortent du monastère pour affaires, et passe la nuit chez un hôtelier. La fille de l'aubergiste est violée par un soldat de passage, et se trouvant enceinte, elle accuse Marine (sans connaître son sexe) d'être coupable de cela.

Paternité

Le manuscrit syriaque indique que le supérieur empêche Marine de rentrer dans le monastère, et il apprend la raison de son renvoie. Il supplia et demanda de l'aide pour qu'on le réintègre, mais il ne réussit pas. Une fois que sa fille est accouchée, le fidèle apporte l'enfant à Marine, et l'oblige à s'en occuper.

Selon Vatican News et Nominis, Marine accepte la responsabilité de cet acte auquel elle est étrangère, et sa punition est de quitter le monastère et de prendre soin de l'enfant. Cela sera pendant trois ans, jeûnant pour que l'enfant puisse manger et vivant d'aumônes, près du monastère. Au bout des trois ans, ses anciens confrères demandent la réadmission de leur « frère » ; l'abbé accepte si celui-ci s'occupe des plus basses tâches du monastère, ce à quoi elle consent, tout en élevant son fils adoptif.

Mort et miracle

Le texte syriaque dit qu'au bout de quatre ans, sans s'être éloigné du monastère et sans cesse pleurant, Marine demande pardon pour son péché de fornication, et montre qu'elle a bien élevé cet enfant. Dieu inspire au supérieur de laisser entrer Marine au monastère, et elle meurt après plusieurs années, « après s'être sanctifié dans les œuvres éminentes de la perfection ». Quand on découvre son sexe pour l'oindre après sa mort, les frères vont chercher le fidèle, qui se repent d'avoir calomnié Marine.

Selon Vatican News et Nominis, Marine meurt en 750. Selon Nominis, elle meurt de maladie quelques jours après son retour au monastère. Selon Vatican News, sa mort résulte de l'épuisement, à vingt-cinq ans, dans sa cellule. Lors de sa toilette mortuaire, on découvre de le pseudo-Marin ne peut pas être le coupable du viol de la fille de l'hôtelier, ni même le père de l'enfant en raison de son sexe, puisque celui-ci est féminin. La fille de l'hôtelier, alors possédée de les démons, arrive à son lit de mort, implore son pardon et est guérie à l'instant.

Autres traditions

Selon des traditions maronites, le père supérieur supplie Marine de lui accorder son pardon, et il aurait été pardonné. Marine aurait dit en mourant : « Je suis une femme et non un homme. J'ai embrassé la vie monastique avec mon père. J'ai été faussement accusée. J'ai élevé cet enfant avec soin. Je vous demande de me laisser mon habit, mes frères. »

Elle aurait été capable d'allaiter miraculeusement l'enfant elle-même, quand d'autres (tel le manuscrit de F. Nau) disent qu'elle lui donnait le lait de chèvres d'une colline voisine. Sa vie au monastère varie entre quatre et vingt ans, et le nom de ses père et mère sont soit Ibrahim et Baddoura, soit Eugène et Théodore. D'autres traditions disent que le fidèle et sa fille passèrent leur vie à se repentir sur la tombe de la sainte, et que le petit garçon choisit de devenir moine.

Reliques et vénération

Selon Nominis, ses reliques furent transférées de Constantinople à Venise (le 17 juillet 1230) puis de Venise à Paris, et elle est fêtée le 18 juin. Elle fut patronne de la paroisse où s'élevait l'ancienne église Sainte-Marine, à Paris, unique lieu de Paris où pouvaient se marier les femmes jamais mariées qui n'étaient plus vierges.

Elle fut très populaire durant le Moyen Âge.

Articles connexes

Notes et références

Notes

  1. Nau indique que le manuscrit latin écrit : « elle se nommait Marina, et il [son père] l'appela Marinus », et pense que la personne ayant traduit le texte, prit par ignorance Marina pour un prénom féminin.

Références

Voir aussi

  • Jacques de Voragine, La Légende dorée, vol. 2, Édouard Rouveyre, (lire en ligne).
  • Monastère Saint-Marin (ou Srkhouvank), ruines d'un monastère orthodoxe arménien, situées en Turquie. Il fut lieu de pèlerinage pour les femmes sans enfants, et une tombe non loin était identifiée comme celle de la sainte.
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