Marie Stritt

Marie Stritt, née Marie Bacon le à Sighișoara (Transylvanie alors en Autriche-Hongrie) et morte le à Dresde (Allemagne), est une actrice et féministe allemande.

Biographie

Jeunesse et carrière professionnelle

Aînée d'une fratrie de dix enfants (six d'entre eux sont morts en bas âge), Marie Stritt est la fille de Joseph Martin Bacon (1820-1885), avocat et membre de l'assemblée parlementaire hongroise[1]. Un de ses frères, le médecin Joseph Bacon (1857-1941), est le fondateur d'un musée situé à Sighișoara, sa ville natale[2].

Sa mère, Thérèse Bacon, est très tôt engagée dans des organisations féministes, et c'était elle qui, au début des années 1890, y introduit sa fille[2].

En 1873, Marie Bacon quitte sa ville natale pour devenir actrice. Elle visite le conservatoire de Vienne et reçoit sa première offre de travail en 1876 à Karlsruhe, où elle reste jusqu'en 1881. Ensuite, elle travaille aux théâtres de Francfort, de Hambourg et de Dresde[2].

Elle épouse le chanteur d'opéra Albert Stritt (1847-1908), avec qui elle a eu deux enfants[3]. En 1889, elle quitte la scène et s'installe à Dresde. Là, elle s'engage dans la lutte pour les droits des femmes[2].

Militantisme féministe

Marie Stritt est considérée comme une précurseur en matière de droits des femmes en Allemagne. Elle est la co-fondatrice, avec Minna Cauer et Anita Augspurg, de la Bund Deutscher Frauenvereine (BDF) en 1894[4],[5]. Entre 1899 et 1910, elle en est la présidente[4],[6]. L'association cherche à impulser une campagne nationale pour améliorer les positions économiques, juridiques et sociales des femmes[4]. Après un an d'existence, l’association compte près de 50 000 membres dans 65 groupes affiliés[7].

En , la photo de Marie Stritt orne la couverture du journal populaire Berliner Illustrierte Zeitung, en prélude du congrès international des femmes qui se tient à Berlin.

De ses années de conservatoire, elle a gardé une capacité vocale importante, qui fait d'elle une très bonne oratrice[2].

En 1910, elle est remplacée à son poste de présidente par Gertrud Bäumer, représentante de la majorité conservatrice[4]. La raison de ce remplacement est l'intransigeance de Marie Stritt à l'encontre de la criminalisation de l'avortement[6],[4].

Avec Helene Lange, elle avait aussi fondé l'Association des femmes professeures d'Allemagne en 1890, qui deviendra l'une des plus importantes associations pour les femmes du pays, avec près de 16 000 membres à la fin du XIXe siècle. L'organisation travaille à régler les problèmes de parité entre hommes et femmes dans le professorat et à faire embaucher davantage de femmes[4].

En 1894, elle fonde la première association de protection juridique pour les femmes de Dresde[4] et se bat contre certaines dispositions prises par le nouveau gouvernement impérial, qui rendent les femmes dépendantes financièrement, socialement et moralement de leur époux[3],[7]. Elle se mobilise particulièrement sur la mesure concernant les femmes divorcées, traîtées « comme des mineures, des malades mentales et des criminelles »[3].

Entre 1900 et 1920, elle est rédactrice en chef du journal de la BDF, dénommé Centralblatt jusqu'en 1913, puis Frauenfrage.

Elle est également engagée dans le mouvement pour le droit de vote des femmes et, entre 1911 et 1919, elle est la cheffe de file de la Deutscher Verband für Frauenstimmrecht (de)[8], et entre 1913 et 1920, elle est secrétaire de l'Alliance internationale pour le suffrage des femmes[9]

Après l'introduction du suffrage universel en Allemagne en 1918, Marie Stritt est élue au conseil municipal de la ville de Dresde[9].

Hommage

À Dresde, une rue qui porte son nom, où est érigé un mémorial en son honneur[10].

Ouvrages

  • Häusliche Knabenerziehung, Berlin, 1891
  • Frauenlogik, Dresde, 1892
  • Die Frau gehört ins Haus, Dresde, 1893
  • Die Bestimmung des Mannes, Dresde 1894
  • Weibl. Schwächen, Dresde 1894

Notes et références

  1. (en) Richard J. Evans, The Pursuit of Power : Europe 1815-1914, Penguin, , 848 p. (ISBN 978-0-7352-2121-5, lire en ligne).
  2. (de) « Juristische Fakultät - Marie Stritt », sur www.jura.uni-hannover.de (consulté le ).
  3. Anne-Laure Briatte-Peters, « Hors du mariage, point de salut ? Regards de réformateurs et de féministes (Allemagne, fin xixe – début xxe siècles) », Genre & Histoire, no 16, (ISSN 2102-5886, lire en ligne, consulté le ).
  4. (en) Helen Rappaport, Encyclopedia of Women Social Reformers, ABC-CLIO, , 888 p. (ISBN 978-1-57607-101-4, lire en ligne).
  5. (de) « Marie Stritt: "Kampffrohe Streiterin in der Frauenbewegung" - Siebenbürgische Zeitung ».
  6. (en) Eike Reichardt, Health, 'Race' and Empire : Popular-Scientific Spectacles and National Identity in Imperial Germany, 1871-1914, Lulu.com, , 294 p. (ISBN 978-1-4357-1269-0, lire en ligne).
  7. (en) Linda L. Clark, Women and Achievement in Nineteenth-Century Europe, Cambridge, Cambridge University Press, , 300 p. (ISBN 978-0-521-65098-4, lire en ligne).
  8. (en) Catherine L. Dollard, The Surplus Woman : Unmarried in Imperial Germany, 1871-1918, Berghahn Books, , 272 p. (ISBN 978-0-85745-600-7, lire en ligne).
  9. (en) Elizabeth Cady Stanton, Susan B. Anthony, Matilda Gage et Harriot Stanton Blatch, The history of women’s suffrage : Complete 6 Volumes (Illustrated) : Everything You Need to Know about the Biggest Victory of Women’s Rights and Equality in the United States – Written By the Greatest Social Activists, Abolitionists & Suffragists, e-artnow, , 6358 p. (ISBN 978-80-268-7473-7, lire en ligne).
  10. (de) « Ein Frauenort für Dresden – Dresdner Frauenrechtlerin Marie Stritt wird für besonderes Engagement geehrt – DNN - Dresdner Neueste Nachrichten ».

Liens externes

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