Marie Antoinette Adèle Duchâtel

Marie Antoinette Adèle Duchâtel, née Papin le à Aire-sur-l'Adour et morte à Paris le , est connue pour avoir été une maîtresse de l'empereur Napoléon Ier.

Biographie

Marie Antoinette Adèle Papin naît à Aire-sur-l'Adour (aujourd'hui département des Landes) le [Note 1]. Son père Jean-Baptiste Papin exerce les charges d'avocat au Parlement et de receveur des finances. Sa mère Marie-Françoise Francine dite de Saint-Christau[1] est la fille d'un négociant de Saint-Sébastien[2].

Adèle épouse le [3] Charles Jacques Nicolas Duchâtel. Elle vient d'avoir vingt ans, son mari en a cinquante[Note 2]. Il s'agit d'un haut fonctionnaire, qui a traversé la tourmente de la Révolution aux postes successifs de directeur et receveur général des Domaines du Roi dans la généralité de Bordeaux sous Louis XVI, directeur de l'Enregistrement et des Domaines du département de la Gironde de 1791 à 1793, administrateur du département puis en 1795 député de la Gironde au Conseil des Cinq-Cents. Sous le Consulat, il est entré dans la régie de l'Enregistrement et des Domaines. En 1799 Bonaparte le nomme conseiller d’État et lui confie des missions administratives liées aux affaires militaires. En 1801, il est nommé directeur général de l'administration de l'Enregistrement et des Domaines, fonction qu'il occupera jusqu'en 1815.

C'est selon ses contemporains une très jolie femme aux yeux bleu foncé[4],[Note 3],[Note 4],[Note 5].

Elle donne naissance à deux fils[2] :

et peut-être une fille Caroline qui épousera un préfet de Louis-Philippe[2].

Relation avec l'empereur

On ne sait exactement quand débute sa liaison avec Napoléon Bonaparte.

Selon les mémoires des contemporains, Adèle Duchâtel entre comme dame du palais au service de Joséphine de Beauharnais[5] peu avant le couronnement de 1804. Son fils Eugène est séduit par la jeune femme[Note 6], dont l'impératrice chante alors les louanges[5]. Mais Napoléon lui-même  qui est son aîné de treize ans  est ébloui, tombant même amoureux. Une liaison s'instaure et à plusieurs reprises l’empereur retrouve de nuit sa maîtresse qui loge au palais, comme en témoignera son valet Constant[4].

Toujours d'après Constant[6] cité par Patrice Gueniffey[7], « on vit alors Joséphine patrouiller dans les couloirs des Tuileries, cherchant à surprendre son mari qui, au plus noir de la nuit, rejoignait sa maîtresse et la quittait avant le jour marchant pieds nus, pantoufles à la main, pour ne faire aucun bruit » et donnant « des pourboires (...) aux valets pour acheter leur discrétion ».

Une autre version rapporte qu'Adèle et Napoléon ne se rencontrent qu'en novembre 1804 au salon de Hugues-Bernard Maret, duc de Bassano. Elle a le mérite de ne pas jeter de doute sur la paternité du fils cadet des Duchâtel.

C’est en tout cas à la fin de l’automne 1804 que l’impératrice Joséphine prend conscience de la relation qu’entretient son époux avec elle.

Les amants se rencontrent alors dans une maison de l'allée des Veuves que lui fait louer Napoléon (l’actuelle avenue Montaigne, près des Champs-Élysées[4])[2] ou chez Murat à Villiers[4],[5]. À la cour, des clans se forment : Duroc, Murat et sa femme Caroline Bonaparte soutiennent Adèle, tandis que le chambellan-comte de Rémusat et son épouse se rangent aux côtés de l’impératrice[4].

La liaison s'achève pendant l'été 1805, quand Napoléon part en campagne en Allemagne et l'Autriche. Adèle reste pourtant au service de Joséphine[4].

La rumeur publique prétend que c'est Adèle qui obtiendra pour son mari les titres de sénateur d'Alençon, de comte de l'Empire en 1808 et de grand officier de la Légion d'Honneur en 1811[2]. Celui-ci reçoit d'importantes donations de l'empereur entre 1809 et 1812 : en Hanovre, sur le canal du Midi, en Illyrie, dans le département du Nord[1]. Quant à son père, Napoléon fait étape dans sa demeure de Mont-de-Marsan une nuit d'avril 1808[4], le fait quelques jours après « comte de Saint-Christau » (du nom d'un quartier de Benquet dans les Landes, où il est né) et le fera inhumer au Panthéon en 1809[2].

Au lendemain de Waterloo, elle est une des rares personnes à aller voir l'empereur au château de Malmaison, avant qu'il n'embarque pour Sainte-Hélène[1].

Fin de vie

Après la restauration elle s'installe avec son mari à Mirambeau en Saintonge, où Duchâtel achète le château en 1818. Le couple se consacre à l'éducation de leurs enfants et à la rénovation du château[4].

Château de Mirambeau, restauré par les Duchâtel dans les différents styles et courants architecturaux appréciés à l'époque.

Adèle meurt à Paris le 20 mai 1860, à 77 ans. Elle repose avec son mari  mort en 1844  au cimetière de Mirambeau[1].

Notes et références

Notes

  1. En marge de son acte de baptême est mentionné un jugement du 13 Fructidor an X qui rectifie en Marie Antoinette Adèle son prénom initial, Antoinette Marie.
  2. Il a même cinq ans de plus que le père d'Adèle.
  3. « [Elle possédait] un charme irrésistible dans le regard prolongé de son grand œil foncé à double paupière [...]. De tout ce que je viens de dire, il résultait un ensemble qui attirait d'abord, et puis qui attachait. » (Mémoires de la duchesse d'Abrantès).
  4. « Ses yeux avaient toutes les impressions qu'elle voulait leur donner, hors celle de la franchise, parce que les habitudes de son caractère la portaient à la dissimulation » (Mémoires de la comtesse de Rémusat).
  5. « [Elle était] faite pour plaire, tant par sa grâce naturelle que par celle qu'elle voulait avoir. Elle avait de plus un fort joli visage, de belles dents qu'elle savait faire valoir, un nez aquilin qui se faisait peut-être un peu trop valoir sans qu'elle s'en mêlât, et quoique assez maigre, une grande distinction dans la tournure » (Joseph Turquan, d'après la duchesse d'Abrantès).
  6. Tout comme le général Murat.

Références

  1. Colonel Henri Ramé, « DUCHÂTEL, Charles, (1751-1844), conseiller d'Etat », sur Revue du Souvenir Napoléonien, , p. 31-32
  2. Henri Pigaillem, Dictionnaire des favorites, Pygmalion, (ISBN 978-2-7564-0445-5, lire en ligne), article Marie Antoinette Adèle Duchâtel
  3. Claire Élisabeth Jeanne Gravier de Vergennes, comtesse de Rémusat, Mémoires de Mme de Rémusat, 1802-1808, Hachette, (lire en ligne), p. 382
  4. Jean Michel Dupouy, « Quelques landais dans l'Histoire: Adèle DUCHATEL », sur Quelques landais dans l'Histoire, (consulté le )
  5. Joseph Turquan, L'impératrice Joséphine d'après les témoignages des contemporains, Paris : Tallandier, (lire en ligne), p. 48-66
  6. Louis Wairy, Mémoires intimes de Napoléon Ier, Paris, éd. M. Dernelle, Mercure de France, coll. «Le Temps retrouvé», 2 vol., , t.I 121-122
  7. Patrice Gueniffey, Bonaparte, Paris : Gallimard, , 860 p. (ISBN 978-2-07-076914-8), p. 571
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