Marie-Madeleine Gérard

Marie-Madeleine Gérard - ou Marie-Madeleine Bourguignon - est une artiste-peintre et une femme de lettres belge, née à Arlon le et morte le .

Biographie

Enfant unique de Joseph-Gustave-Gérard et de Catherine-Théodorine-Léopoldine Marie Englebert, Marie-Madeleine Gérard est l’enfant choyée de parents déjà âgés, puisqu'à sa naissance son père a 42 ans et sa mère 37 ans. Très tôt la petite fille manifeste des dons pour le dessin. Ses parents la confient alors à Évariste Carpentier, directeur de l’Académie royale des beaux-arts de Liège. Marie-Madeleine gardera de son enfance une grande impression de solitude auprès de parents trop retirés du monde et dont les aspirations idéalistes coupent l’enfant des réalités de l’existence et lui donnent le sentiment d’un avenir incertain.

À quinze ans, elle réalise un tableau de la Vierge à la manière de Rubens, qui impressionne son entourage. On fait dès lors souvent appel à ses talents pour les décorations de fêtes ou pour des illustrations religieuses. Un jour, les sœurs d’un couvent voisin lui demandent de bien vouloir peindre de petits santons pour leur crèche. Tandis qu’elle s’applique à peindre les yeux du petit Jésus, Mady – c’est son surnom – s’exclame  : «  Ah ! Faut-il que je sois une bête à bon Dieu pour faire un tel travail ! ». À ce moment précis, une coccinelle (qu’on appelle communément « bête à bon Dieu ») tombe sur la table, juste devant elle. Marquée par cette coïncidence (la saison n’était pas aux coccinelles), elle racontera souvent cette anecdote à ses proches.

Un grave accident cérébral survenu en 1925 fragilise la vie de son père.La détérioration de sa santé morale et physique frappe d’angoisse la mère et la fille. Marie-Madeleine accepte alors, sans vraiment y réfléchir, la proposition de mariage qui lui est présentée par Maurice Bourguignon[1] le . Un fils, Roger, naît à Bruxelles le .

Quelques mois après son mariage qui lui a donné la nationalité française, Marie-Madeleine perd son père, puis sa mère en 1931. Très affectée par cette mort subite d’une mère qu’elle aimait profondément, elle contracte une grave affection de la glande thyroïde, nécessitant plus d'une année de soins.

Son œuvre

Atelier de Marie-Madeleine Gérard avenue de la Couronne à Bruxelles

Ayant perdu les deux piliers de son existence, Marie-Madeleine trouve son exutoire dans la peinture. La première exposition de ses œuvres a lieu à Liège, en 1920, à l’Œuvre des Artistes. Elle participe aussi aux Salons triennaux de Paris.

En 1937, son œuvre, qu’elle signe Marie-Madeleine Bourguignon, est exposée à Bruxelles, à la salle Demar. Elle organise en 1939 une exposition privée dans l'atelier qu’elle possède à Bruxelles, avenue de la Couronne. En 1941 et 1943, nouvelles expositions à la galerie de la Toison d’or à Bruxelles, encadrant celle à la galerie Aghte à Anvers, en 1942.

C’est à partir de 1941 que sa carrière prend une grande envergure. Son art du portrait lui vaut d’importantes commandes qui assurent au couple Bourguignon un train de vie confortable. C’est aussi une période artistique heureuse. Marie-Madeleine travaille intensément, peignant des célébrités et d’éminentes personnalités qui se pressent dans son atelier (elle rencontrera ainsi, des années plus tard, la reine Élisabeth II, qui lui commandera un Portrait du Shah d'Iran pour le palais de Buckingham). L’atelier étant spacieux, elle se met volontiers au piano (dont elle joue parfaitement) lorsque le soir tombe.

Le contraste entre une vie professionnelle brillante et une vie personnelle inexistante auprès d'un époux qui ne partage aucune affinité avec elle, lui est de plus en plus pénible. Sous l’influence d’une nouvelle affection, elle se décide à le quitter en 1944. Elle fait porter dans une charrette à bras ses toiles, châssis, boites de peinture et effets personnels en direction de son nouvel atelier qu’elle installe rue des Tongres, toujours à Bruxelles. Ses tableaux sont désormais signés Mady-Bourguignon-Gérard. Après quelques années, elle les signera de son seul nom de jeune fille, Marie-Madeleine Gérard.

Elle prépare activement sa prochaine exposition à Bruxelles qui doit avoir lieu en à la galerie de l’Art belge lorsque le elle perd soudainement la vue, qui n’avait jamais été excellente (elle était atteinte de myopie depuis sa naissance). Petite fille, il lui semblait que tout se vivait dans une certaine brume. Après une longue période d’inactivité et des soins inadéquats, elle se rend auprès d’un chirurgien réputé en Angleterre. Opérée des deux yeux, seul le droit sera à peu près sauvé. Sa force de caractère lui permet de continuer à travailler et d’organiser l’exposition de ses œuvres, anciennes et nouvelles, en 1955 dans le nouvel atelier qu’elle a installé rue Tervueren.

En 1959, elle quitte définitivement Bruxelles et installe son atelier à Paris. Elle entreprend d’importantes recherches d’ordre historique et artistique sur Frédéric Chopin à qui elle a déjà consacré plusieurs compositions artistiques depuis 1954 et qui font l’objet d’une importante exposition à la Société historique et littéraire polonaise de Paris du 5 au . Elle devient également membre actif de la Bibliothèque polonaise de Paris.

Devenue totalement aveugle, elle échappe à la solitude grâce à quelques amis fidèles. En , elle quitte son appartement du 123 rue Saint-Honoré, avant de s'éteindre le , dans une maison de retraite près de Mantes-la-Jolie. Elle repose au cimetière de Froissy.

Œuvre

L'Association Marie-Madeleine Gérard, fondée par l'artiste et domiciliée à Paris, conserve les toiles et archives de l'artiste.

Notes et références

  1. Né à Mattaincourt (Vosges) le 18 septembre 1885, de Paul-Émile Bourguignon et de Marie-Apolline-Louise Weiss
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