Marie-Guillemine Benoist

Marie-Guillemine Benoist, née Marie-Guillemine de Laville-Leroux le à Paris où elle est morte le , est une artiste peintre néoclassique française.

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Biographie

Le père de Marie-Guillemine de Laville-Leroux, René Delaville-Leroulx, est un fonctionnaire qui fut ministre des contributions en 1792[2]. Le , Marie-Guillemine de Laville-Leroux épouse Pierre-Vincent Benoist, banquier, dit Benoist d’Angers[3], dont elle eut trois enfants : Prosper Désiré Benoist, né le à Paris[4], Denys Aimé René Emmanuel Benoist, né le à Paris[5], et Augustine Benoist, née le à Versailles[6].

Formation

Marie-Guillemine Benoist est formée par Élisabeth Vigée Le Brun à partir de 1781. En 1784, elle rencontre le poète Charles-Albert Demoustier, qui s’inspirera d’elle pour son personnage d’Émilie dans ses Lettres à Émilie sur la mythologie[7] (1801) ; cette même année, elle peint le portrait de son père, exposé au Salon de la jeunesse de 1784. Elle entre en 1786, comme sa sœur Marie-Élisabeth Laville-Leroux, à l’atelier de Jacques-Louis David[8], qui, sous l'empire, sera investi dans la fonction de « Premier peintre » par Napoléon Ier.

Une artiste peintre au tournant du XVIIIe siècle

Les Adieux de Psyché à sa famille, Salon de 1791

Le tableau L’Innocence entre la Vertu et le Vice, peint en 1790[9], sous le couvert d’un sujet mythologique reflète ses convictions féministes, le Vice y étant représenté sous les traits d’un homme alors qu’il l’est traditionnellement sous ceux d’une femme. Marie-Guillemine Benoist expose pour la première fois au Salon en 1791 un tableau inspiré de la mythologie Psyché faisant ses adieux à sa famille, réalisé à la même époque que le précédent.

Vers 1795, elle abandonne les sujets classiques pour la peinture de genre, après de rudes attaques[10] et se libère progressivement de l’influence de David. Elle continue sa carrière de peintre avec succès et expose au Salon de 1800 le Portrait d'une négresse, qui assoit immédiatement sa réputation. Peint seulement six ans après l’abolition de l’esclavage, ce tableau est considéré comme son chef-d'œuvre et comme un manifeste de l’émancipation des esclaves[11] et du féminisme. Ce portrait, qui représenterait une domestique ramenée des îles par le beau-frère de l’artiste, sera acheté par Louis XVIII pour l’État français en 1818[12].

Marie-Guillemine Benoist remporte une médaille d’or au Salon de 1804 et obtient une pension du gouvernement. Elle ouvre à cette époque un studio réservé exclusivement aux femmes à qui elle enseigne la peinture. Elle reçoit une commission de Napoléon Bonaparte, alors Premier consul, pour réaliser son portrait à l’intention de la Ville de Gand et réalisera un portrait d’Elisa Bonaparte, sœur de l’empereur et duchesse de Lucques en 1805.

Au salon de 1806, elle expose deux tableaux, celui de Deux jeunes Enfans, avec un nid d'oiseau, et Le Sommeil de l'Enfance, et celui de la Vieillesse[13],[14]. Sous l'Empire, elle peint différents portraits pour la famille Bonaparte.

À la Restauration, elle est priée de renoncer à exposer afin de ne pas nuire à la carrière de son époux, Pierre-Vincent Benoist, devenu conseiller d’État. Elle cède  « la pensée que je serais un obstacle à votre avancement dans votre carrière serait pour moi un coup bien acéré[15]. »  et cesse d’exposer ses tableaux en public[16],[17], alors qu’elle est au sommet de sa carrière, son mari occupant différents postes importants sous la Restauration.

Elle est enterrée au cimetière du Mont-Valérien (Suresnes) avec son époux et leur fille Augustine, épouse Cochin[18]. Les Benoist d’Azy sont leurs descendants directs.

Œuvres dans les collections publiques

En Belgique
  • Gand, tribunal : Portrait de Napoléon, 1804.
En France
En Italie

Références

  1. (en) « Self Portrait by Marie Guillemine Benoist, 1790, France », earlywomenmasters.net (consulté le ).
  2. À l’époque de la première retraite de Clavière, et lorsque Mourgue fut chargé par interim de remplacer ce ministre des finances, le portefeuille en fut définitivement donné à Leroux de la Ville, qui le garda jusqu’au 10 août, date à laquelle il le rendit alors à Clavière (cf. Léonard Gallois, Dictionnaire historique de tous les ministres depuis la révolution jusqu'en 1827, Paris, Béchet, 1828, 502 p., p. 498).
  3. Archives de Paris, acte de mariage reconstitué, vues 9-11 / 42.
  4. « ARCHIVES PARIS », sur canadp-archivesenligne.paris.fr (consulté le )
  5. « ARCHIVES PARIS », sur canadp-archivesenligne.paris.fr (consulté le )
  6. « Visionneuse - Archives départementales des Yvelines », sur archives.yvelines.fr (consulté le )
  7. Charles Albert Demoustier, Lettres à Émilie sur la mythologie : XVIIIe – XXIe siècle : 1760-1790, Paris, 1786-2002. (notice BnF no FRBNF30322979), (Charle (1807) MAHB Musée d'art et d'histoire Baron Gérard - Bayeux.Albert Demoustier, notice de François-Joseph-Marie Fayolle, 1817), (notice BnF no FRBNF30322989). L. Tenré, 1820, (notice BnF no FRBNF35819455). L'ouvrage connaît des rééditions entre 1786 et 2002, (notice BnF no FRBNF38832326).
  8. Société des études historiques, Journal. [Continued as] L'Investigateur, (lire en ligne).
  9. http://www.beaune.fr/IMG/pdf/l_oeuvre_du_mois_d_aout.pdf
  10. Kirstin Olsen, Chronology of women's history : -Xe-XXe siècle : 1650-1994, Paris, Greenwood Publishing Group, . (notice BnF no FRBNF37475959).
  11. Inspiré par les œuvres de David, ce tableau est une étude du clair et du foncé : une femme noire  probablement rencontrée dans la maison de son beau-frère, officier de marine qui s'était marié à la Guadeloupe  portant un vêtement et un turban blanc, et placée sur un fond clair. Son portrait de Madame Philippe Desbassayns de Richemont (Salon de 1802) possède une même grâce dans la pose et les draperies. De tels portraits à la mode expliquent les nombreuses commandes napoléoniennes, dont le plus charmant exemple reste le Portrait en pied de la duchesse Napoleone Elisa, princesse de Piombino, avec son élégant costume. Dictionnaire de la SIEFAR, Vivian P. Cameron, traduction Sandrine Lely, « Benoist, Marie Guillemine [Le Roux de la Ville, La Ville, Le Roux] (1768-1826) », sur siefar.org, Siefar, (consulté le )
  12. Marie-Guillemine Benoist.
  13. Le Pausanias français ; état des arts du dessin en France, à l'ouverture du XIXe siècle : Salon de 1806... publié par un observateur impartial, (lire en ligne).
  14. « Le sommeil de lenfance et celui de la vieillesse by Marie GuilhelmineBenoist », sur www.artnet.com (consulté le ).
  15. Lettre à Pierre-Vincent Benoist du 1er octobre 1814, Archives nationales.
  16. (en) Jo Cochran, Donna Langston, Carolyn Woodward, Changing our power: an introduction to women studies, Dubuque, Kendall/Hunt, 1991, xxv, 414 p., (ISBN 978-0-84036-462-3), p. 392.
  17. (en) Frances Borzello, A world of our own : women as artists since the Renaissance, New York, Watson-Guptill, 2000, 224 p., (ISBN 978-0-82305-874-7), p. 110.
  18. Philippe Landru, « SURESNES (92) : cimetières anciens du Mont Valérien », landrucimetieres.fr, 20 septembre 2009.
  19. Musée d'art et d'histoire Baron Gérard de Bayeux.
  20. Luce-Marie Albigès, « Portrait d'une négresse », sur histoire-image.org, Réunion des musées nationaux en partenariat avec la Direction générale des patrimoines, s.d. (consulté le )
  21. James Smalls, « Slavery is a Woman: "Race," Gender, and Visuality in Marie Benoist's Portrait d'une négresse (1800) », sur 19thc-artworldwide.org, Nineteenth-Century Art Worldwide, (consulté le ).
  22. « RO 339 Portrait du baron Larrey », sur Musée des Augustins (consulté le )
  23. (en) Margaret A. Oppenheimer, « Three Newly Identified Paintings by Marie-Guillelmine Benoist », Metropolitan Museum Journal, vol. 31, , p. 143–150 (ISSN 0077-8958 et 2169-3072, DOI 10.2307/1512977, lire en ligne, consulté le )

Bibliographie

  • Dictionnaire Bénézit.
  • Marie-Juliette Ballot, Une élève de David, La Comtesse Benoist, L’Émilie de Demoustier, 1768-1826, Paris, Plon, 1914.
  • (de) Astrid Reuter, Marie-Guilhelmine Benoist, Gestaltungsraüme einer Künstlerin um 1800, Berlin, Lukas Verlag, 2002.
  • Marie-Josèphe Bonnet, Liberté Égalité Exclusion, Femmes peintres en révolution- 1770-1804, Éditions Vendémiaire, 2012.
  • Marie-Claude Chaudonneret, Grove Art Online ((en) lire en ligne).
  • Marianne Lévy, Marie-Guillemine Laville-Leroulx et les siens, une femme peintre de l'Ancien Régime à la Restauration (1768-1826), Éditions L'Harmattan, 2018.

Liens externes

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