Maria Valtorta

Maria Valtorta est une mystique catholique italienne, membre du Tiers-ordre des Servites de Marie, née à Caserte en Campanie le et morte le à Viareggio en Toscane.

Pour les articles homonymes, voir Valtorta (homonymie).

À partir de 1943, elle transcrit dans des cahiers les visions et les « dictées » qu'elle dit recevoir. Les passages évoquant des scènes de la vie du Christ sont publiés sous le titre L'Évangile tel qu'il m'a été révélé.

D'emblée interdit de publication en 1949 par la Congrégation pour la doctrine de la foi, cet ouvrage est pourtant publié entre 1956 et 1959. Il est mis à l'Index par le Vatican le . Malgré l'abolition de l'Index en , les autorités catholiques continuent de ne pas reconnaître d'origine surnaturelle aux visions et aux « dictées » de Maria Valtorta.

Biographie

Maria Valtorta naît le à Caserte, au nord de Naples, d'un père sous-officier de cavalerie, ce qui fait que la famille se déplace suivant ses affectations. Sa mère est enseignante de français, agnostique et n'aime pas sa fille car elle ne peut remplacer un fils mort très jeune. Maria est mise en nourrice et quasiment abandonnée par sa mère[1]. De 1909 à 1913, elle est élève chez les sœurs de Marie-Enfant à Monza[2].

Maria Valtorta en 1918.

En 1917, lors de la Première Guerre mondiale, elle s'enrôle comme infirmière à l’hôpital militaire de Florence. Maria Valtorta est deux fois fiancée, mais les prétendants sont évincés par sa mère possessive. En 1920, un délinquant la frappe violemment aux reins avec une barre de fer, ce qui sera à l'origine d'une infirmité croissante. En 1921, elle a également des phénomènes psychiques[1].

Tombe de Maria Valtorta.

En 1924, établie avec ses parents à Viareggio, sur la côte toscane, elle s’engage dans sa paroisse comme déléguée de l’Action catholique auprès de la jeunesse féminine, mais ses souffrances augmentent. Sa santé se détériore progressivement. Dès le printemps 1934, elle ne peut plus quitter son lit. En , année de la mort de son père, elle rencontre Marta Diciotti qui devient sa meilleure amie et l'assistera jusqu'à sa mort[1].

De 1943 à 1951, Maria Valtorta rédige environ quinze mille pages de cahiers qu'elle affirme écrire « sous la dictée du Saint-Esprit »[2]. Selon son confesseur, Romualdo Migliorini (1884-1953), elle commence alors à se renfermer graduellement dans une sorte d'isolement psychique. Elle meurt le à l'âge de 64 ans.

Son corps repose à la basilique de la Santissima Annunziata à Florence[3].

Ses écrits

Les cahiers

Maria Valtorta a rempli 122 cahiers, soit près de 15 000 pages manuscrites avec la description des visions et révélations qu'elle dit avoir reçues de Dieu entre 1943 et 1951 essentiellement. De ces 122 cahiers a d'abord été tiré, en 1956, l'ouvrage principal, Le Poème de L'Homme-Dieu (Il poema dell'Uomo-Dio). La traduction française, en 10 volumes, ne reprend que le sous-titre initial : L'Évangile tel qu'il m'a été révélé.

Les autres écrits de Maria Valtorta se présentent comme des enseignements de Jésus. Ils ont été édités dans l'ordre chronologique de leur rédaction et publiés en trois volumes : Les Cahiers de 1943, Les Cahiers de 1944 et Les Cahiers de 1945 à 1950. Son œuvre compte aussi une Autobiographie exécutée à la demande de son confesseur[4], des Leçons sur l'épître de saint Paul aux Romains, et le Livre d'Azarias, commentaires des textes liturgiques donnés, selon Maria Valtorta, par son ange gardien.

Publication et mise à l'index

En 1949, le texte dactylographié est examiné par le Saint-Office. Comme l'indique l'article de L'Osservatore Romano du , loin de recevoir l'imprimatur, il est interdit de publication : « Il y a environ dix ans [donc environ 10 ans avant 1960] il circulait d'épaisses pages dactylographiées qui contenaient des prétendues visions et révélations. À ce moment-là l'autorité ecclésiastique compétente avait prohibé l'impression de ces pages dactylographiées et avait commandé qu'elles fussent retirées de la circulation »[5].

Malgré cette interdiction, un ouvrage comprenant Le Poème de Jésus et Le Poème de l'Homme-Dieu est publié en quatre volumes à partir de 1956 par un imprimeur, Michele Pisani. C'est cet ensemble de textes qui sera publié en français sous le titre de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé.

Le quatrième et dernier volume paraît en 1959, sous le pontificat de Jean XXIII. L'ouvrage est mis à l'Index le [2](avec publication du décret le mardi ) par le Saint-Office[6],[7]. Le décret de mise à l'Index est commenté en détail le lendemain, , par L'Osservatore Romano, l'organe de presse du Vatican[5].

Le commentaire de L'Osservatore Romano

L'article de L'Osservatore Romano en date du 6 janvier 1960[8] s'intitule « Une Vie de Jésus mal romancée »[9]. Il critique les quelque 4000 pages de L'Évangile tel qu'il m'a été révélé, notamment en raison de ses « interminables dialogues », et s'étonne des propos des éditeurs, qui comparent Maria Valtorta à Dante.

Cependant, toujours selon L'Osservatore Romano, les problèmes de fond qui ont motivé la mise à l'Index tiennent notamment à la personnalité de Jésus tel que le décrit Maria Valtorta, « toujours prêt à se proclamer Messie et Fils de Dieu, et à donner des leçons de théologie dans les mêmes termes que ceux qu'emploierait un professeur de nos jours ». De même, Marie s'exprime « à la façon d'un propagandiste d'aujourd'hui », et apparaît omniprésente, « toujours prête à donner des leçons de théologie mariale qui suivent les développements les plus récents des spécialistes actuels en la matière ».

Enfin, les développements théologiques posent problème, entre autres lorsqu'ils présentent Marie comme « la seconde née du Père », sans d'ailleurs que cette formule soit explicitée. La vision de la Trinité est un « concept hermétique et […] confus », et « l'impression reste qu'on veut construire une nouvelle mariologie », par exemple quand Marie est censée « seconder Pierre comme hiérarchie ecclésiastique ».

Après la mise à l'Index

Malgré la mise à l'Index par le Vatican, l'ouvrage est réédité peu après, cette fois en 10 volumes.

En 1966, l'Index est aboli[10]. À l'époque[11], le cardinal Alfredo Ottaviani, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF), précise que si la dissolution de l'Index lève la prohibition sur les ouvrages concernés, l'Index n'en garde pas moins sa force morale[10]. L'Osservatore Romano du réexplique les motifs de la condamnation[12].

Le , le cardinal Joseph Ratzinger, nouveau préfet de la CDF, confirme qu'il ne serait « pas opportun » de diffuser ou de recommander l'ouvrage de Maria Valtorta, en raison des « dommages qu'une telle publication peut causer aux fidèles les moins préparés »[13],[14],[15].

Le 6 janvier 1992, au nom de la conférence épiscopale italienne, l'évêque Dionigi Tettamanzi demande à l'éditeur de Maria Valtorta que, dans l'éventualité d'une réimpression, il soit « clairement indiqué dès les premières pages que les visions et les dictées mentionnées ne peuvent pas être considérées comme d’origine surnaturelle »[12],[13]. La CDF a également demandé ensuite de préciser que c'est uniquement une œuvre littéraire. Cet avis est noté en page 4 de couverture[2].

Publications

  • Autobiographie – 1993 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 8879870114)
  • L'Évangile tel qu'il m'a été révélé - 10 tomes – 4 856 pages – traduction française de 1979 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano – de (ISBN 88-7987-051-3) à (ISBN 88-7987-060-2)
  • L'Évangile tel qu'il m'a été révélé - 10 tomes – 5 374 pages – traduction française de 2017 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano – de (ISBN 978-88-7987-263-8) à (ISBN 978-88-7987-272-0)
  • Les Cahiers de 1943 – 2002 – Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-091-2). Dictées qu'aurait reçues Maria Valtorta sur divers sujets d'ascèse, d'exégèse, de doctrine, incluant des descriptions des scènes évangéliques et du martyre des premiers chrétiens.
  • Les Cahiers de 1944 - 2003 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-099-8). Suite du précédent.
  • Les Cahiers de 1945 à 1950 – 2004 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-128-5). Suite et fin des précédents
  • Leçons sur l'Epître de saint Paul aux Romains - 1999 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-069-6).
  • Le livre d'Azarias – 2002 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-094-7)
  • Les Carnets – 2018 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 8879873261)

Notes et références

  1. Jean-Marie Le Maire, « Valtorta (Marie), laïque, 1897-1961. », dans Dictionnaire de spiritualité (lire en ligne ).
  2. Collectif sous la direction de René Laurentin & Patrick Sbalchiero, dictionnaire des apparitions de la vierge marie, Fayard, (ISBN 978-2-213-63101-1), p. 989-990
  3. (en) Jane Fortune, To Florence con amore. 90 ways to love the city, The Florentine Press, (ISBN 9788890243486), p. 50
  4. Introduction de l'autobiographie
  5. Voir l'article de L'Osservatore Romano de janvier 1960, cité en lien externe dans la bibliographie
  6. (la) Sebastiano Masala, secrétaire du Saint-Office, « Decretum pröscriptio Librorum », Acta Apostolicae Sedis, vol. II, , p. 60
  7. Traduction du texte en français (sans les superlatifs)
    Actes de la Congrégation du Saint Office
    Décret de l'interdiction des livres
    jeudi 16 décembre 1959
    À la session générale de la congrégation du Saint Office, les éminents et révérends cardinaux préposés à la garde des choses concernant la foi et les mœurs ont condamné et mis à l'index des livres interdits, par un vote du conseil, une œuvre anonyme, en 4 volumes, dont le « poème de Jésus » (édition M.Pisani, Isola del Liri) ainsi que le « poème de l'Homme-Dieu » (Ibidem) qui ont été ajoutés au susdit index.
    Le vendredi 18 de ce même mois et année, le Saint Père, par la grâce de Dieu, Jean XXIII, pendant l'audience accordée au cardinal secrétaire du saint Office, a approuvé et ordonné la publication de cette résolution des éminents pères qui lui a été rapportée. Fait à Rome sous les auspices du saint Office, le 5 janvier 1960.
    Sebastianus Masala, notaire
  8. On consultera le Commentaire de la mise à l'Index dans L'Osservatore Romano, 6 janvier 1960.
  9. Voir aussi la traduction intégrale en anglais de l'article de L'Osservatore Romano publiée par la Libreria Éditrice Vaticana.
  10. Voir les Acta Apostolicae Sedis (AAS 58) du cités dans la bibliographie en lien externe
  11. L'Osservatore Romano du
  12. Lettre du 6 janvier 1992, de Dionigi Tettamanzi.
  13. http://web.archive.org/web/20150329155921/https://www.ewtn.com/expert/answers/poem_of_the_man.htm
  14. le texte d'origine en italien, 144/158.
  15. Yves Chiron, Maria Valtorta et l'Église catholique », août 2017.

Annexes

Documents de l'Église catholique

Autres éditions

  • La Vierge Marie dans l'œuvre de Maria Valtorta – P. Gabriel M. Roschini O.S.M. – 1973 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 2-920285-01-7) rééd. août 2013 (ISBN 8879871552)
  • Maria Valtorta, qui es-tu ? - Jean Aulagnier - 1992 - (ISBN 2-85268-219-2). Annexes sur Marie d'Agréda et Anne-Catherine Emmerich
  • Avec Jésus au jour le jour – Jean Aulagnier – 1994 – Éditions Résiac - (ISBN 2-85268-253-2). Reconstitution pas-à-pas, à la lueur des données de calendrier, de l'agenda de Jésus dans l'œuvre de Maria Valtorta.
  • Padre Pio et Maria Valtorta - Emilio Pisani – 2000 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-073-4). Courte biographie de Padre Pio en liaison avec la vie de Maria Valtorta et tout ce qui les réunit.
  • Valtorta et Ferri – recueil de 447 illustrations de Lorenzo Ferri, couleurs ou bichromie - 2006 - Éditions Centro Editoriale Valtortiano - (ISBN 88-7987-134-X)
  • L´énigme Valtorta - Jean-François Lavère - 2012 - Éditions Rassemblement à Son Image - (ISBN 9782364630253)
  • Dictionnaire des personnages de l'Évangile selon Maria Valtorta - René Laurentin / François-Michel Debroise / Jean-François Lavère - 2012 - Éditions Salvator - (ISBN 978-2-7067-0961-6) - Ce dictionnaire confronte les descriptifs des 700 personnages des écrits de la mystique Maria Valtorta aux données de l'Évangile et aux connaissances historiques les concernant.
  • L´énigme Valtorta vol 2 - Jean-François Lavère - 2014 - Éditions Rassemblement à Son Image
  • La Vierge des derniers temps - René Laurentin / François-Michel Debroise - 2014 - Éditions Salvator - (ISBN 978 2 7067 11510)
  • Maria Valtorta et l'Église - François-Michel Debroise - 2015 - Éditions Rassemblement à Son Image
  • Maria Valtorta, visionnaire et mystique pour notre temps - François-Michel Debroise - 2016 - Éditions Maria Valtorta
  • Dictionnaire géographique de l'Évangile d'après Maria Valtorta - Jean-François Lavère - 2017 - Éditions Maria Valtorta / Rassemblement à Son Image

Liens externes

  • Portail du catholicisme
  • Portail de l’Italie
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.