Marché d'intérêt national de Rungis

Le marché d'intérêt national de Rungis, ou marché international de Rungis, est un marché d'intérêt national (MIN) situé à parts quasi-égales dans les communes franciliennes de Rungis et de Chevilly-Larue, dans le département du Val-de-Marne en France.

Logo du marché.
Ancien logo du marché.

Il constitue le marché central de Paris, destiné à alimenter les professionnels de toute la région. C'est aussi le plus grand marché de produits agricoles au monde.

Historique

Un pavillon du secteur des fruits et légumes du MIN de Rungis.
Meules de gruyère suisse.

Auparavant situées au centre de Paris, dans les anciennes halles centrales construites par Baltard, celles-ci sont devenues trop exiguës du fait de leur activité croissante (augmentation des besoins venant d’une population francilienne qui a considérablement augmenté depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale) et d’une certaine diversification de la demande. De plus, leur situation au cœur de la capitale aurait rendu dans ce cas leur accès problématique.

Le territoire de la commune de Rungis, situé à km de Paris, au carrefour de nombreuses voies de communication était composé de terres susceptibles d'être converties en vastes parcelles constructibles. Cela correspondait parfaitement aux exigences pour l’établissement d’un marché d'intérêt national (MIN) moderne et fonctionnel.

Depuis le , les pouvoirs publics avaient décidé de créer une chaîne de marchés d'intérêt national, et il était indispensable d'y intégrer le Marché de Paris. L'emplacement des Halles au centre de la capitale ne répondant plus aux besoins d'un marché moderne, la décision du déménagement fut prise le [1].

Il restait à choisir un site. En raison du point de rencontre que devait représenter le Marché aussi bien pour les marchandises, que pour les vendeurs, les acheteurs et les moyens d'informations, le terrain devait se trouver au carrefour des grandes voies ferroviaires, routières et aériennes. Il devait également offrir des possibilités d'évolution pour l'avenir.

Après l'élimination de plusieurs hypothèses, le choix s'est porté sur un vaste terrain dépendant des communes de Chevilly-Larue, Rungis et Thiais. En tout 600 hectares qui ont fait l'objet de deux déclarations d'utilité publique, le [2] et le [3].

Le premier coup de pioche fut donné le . Il fallut entre autres niveler 3 millions de m3 de terre, déplacer les aqueducs de Vanne, du Loing et du Lunain, regrouper une série de lignes EDF à haute tension et les disposer sur des portiques de 104 mètres de large, raccorder le réseau SNCF et le réseau routier, construire 25 km de voirie et 35 hectares de parkings, poser 66 500 m de canalisations, installer 4 500 lignes de téléphone, 350 lignes de télex et 250 postes de réseau intérieur de télévision. Et, pendant que le public suivait l'évolution des travaux, l'appellation de Rungis s'imposait.

Les 3 et , le marché d'intérêt national de Rungis ouvrait officiellement.

Ainsi, leurs transferts vers Rungis et La Villette a été décidé dès le . Celui-ci fut effectuée entre le 27 février et le . Cette opération, considérée à l'époque comme étant le « déménagement du siècle », concerna 20 000 personnes, 1 000 entreprises de gros, 10 000 m3 de matériel, 5 000 tonnes de marchandises et 1 500 camions[4]. Ce nouveau site ouvre officiellement ses portes les 3 et , après 5 ans de travaux gérés par le cabinet d'architecture et maîtrise d'œuvre Georges Philippe et Henri Colboc. Il comportait alors :

  • 1 pavillon de la marée
  • 9 pavillons fruits et légumes
  • 4 pavillons pour les B.O.F (beurre – œuf - fromage)
  • 1 pavillon des fleurs coupées
  • Le centre administratif

Le , André Perrin est appelé par Libert Bou, président de la société du Marché d'intérêt national de la Région parisienne, à réaliser un programme de promotion du marché destiné à préparer et à informer les différentes catégories professionnelles qui exerceront leurs activités, afin que les futurs usagers du Marché d'intérêt national de Rungis (dont l'ouverture est prévue pour la fin 1968) apprennent à utiliser, dans les meilleures conditions, l'instrument de travail qui va être mis à leur disposition. André Perrin devient chef du service d'actions commerciale de la SEMMARIS (M.I.N de Paris-Rungis) de 1968 à 1969, il devient par la suite, sous-diecteur de l'exploitation du M.I.N de Paris-Rungis de 1969 à 1970, puis il est par la suite, directeur-adjoint du M.I.N de Paris Rungis de 1970 à 1972.

Cependant, il restait encore aux Halles de Paris, le Secteur Viande et ce n'est que le , que les produits carnés (viandes, volailles, gibiers, abats) s'installèrent à Rungis. Avec le développement du transport frigorifique et la modernisation des abattoirs français, ces installations sont rapidement devenues inadaptées. Il a été décidé de regrouper tous les produits agricoles à Rungis ; les chevillards de la Villette rejoignaient donc le site.

Depuis, de nombreux bâtiments ont été réaménagés, restructurés, modernisés, afin de s’adapter aux évolutions de la consommation, aux besoins des clients et aux nouvelles normes d’hygiène et de sécurité alimentaire. Ainsi, depuis le début du XXIe siècle, le pavillon des viandes a été entièrement réhabilité, le nouveau pavillon de la marée a été mis en service, le carreau des producteurs d’Île-de-France de fruits et légumes a été créé et une nouvelle zone logistique pour les entrepôts, Euro Delta, a vu le jour.

En 2016, Stéphane Layani fait construire un nouveau pavillon dévolu aux produits issus de l'agriculture biologique certifiée. Il souhaite « pouvoir doubler l'offre issue de cette agriculture en cinq ans, de 100.000 à 200.000 tonnes »[5].

Description

Carcasses bovines au marché de Rungis.

Le marché de Rungis est propriété de l'État français, mais géré par une société d'économie mixte, la Semmaris (Société d'économie mixte d'aménagement et de gestion du marché d’intérêt national de Rungis). La concurrence y est particulièrement forte, en raison du grand nombre de grossistes qui sont au nombre de 1 400.

D’une superficie de 232 ha avec plus de 72,7 ha couverts (dont 47 ha de bâtiments à usage commercial), il est approvisionné par camions, trains et avions (qui arrivent par l'aéroport d'Orly situé à proximité) en provenance de toute l'Europe.

Le marché est particulièrement alimenté en légumes et fruits, produits de la mer, produits d'élevages, etc. Il fonctionne essentiellement tard dans la nuit, vers 3-4 heures ; à 11 heures le matin, tous les rayons se vident. Avec onze bâtiments, répartis sur 66 hectares, le secteur des fruits et légumes est, de très loin, le plus important.

Chaque année, 10 000 prélèvements sont analysés par le laboratoire des services vétérinaires (DDCSPP), qui dispose d'appareils sophistiqués pour détecter les hormones dans les carcasses de veaux, les parasites dans le gibier, les toxines et les germes dans le poisson ou les conserves.

Quand la fièvre des fêtes de fin d'année s'empare du marché de Rungis, les nuits deviennent frénétiques : 18 000 personnes s'agitent pour échanger en quelques semaines des centaines de milliers de tonnes de produits agricoles contre des milliards d'euros.

Évolutions futures

Le célèbre marché au frais, ayant vu le jour au temps du général De Gaulle se tourne vers le futur et aux enjeux du numérique. Si la révolution numérique permet d'optimiser la logistique des approvisionnements, elle tend également à l'émergence du commerce en ligne, ou encore à l'intermédiation des GAFA pouvant avoir un impact considérable sur le marché B2B de Rungis.

Secteurs

Fruits et légumes

Le secteur des fruits et légumes est le plus grand secteur du marché de Rungis au regard de la surface occupée. Il comporte :

  • neuf pavillons de vente ;
  • un carreau des producteurs d’Île-de-France ;
  • des entrepôts logistiques ;
  • des bâtiments destinés aux accessoiristes.

Produits carnés

Les produits carnés ont rejoint le marché de Rungis en 1973, soit 4 ans après son ouverture.

Le secteur regroupe aujourd'hui :

  • 1 pavillon pour la viande de boucherie
  • 2 pavillons pour la viande de porc
  • 1 pavillon pour la volaille et le gibier
  • 1 pavillon pour la triperie
  • 8 entrepôts
  • 4 bâtiments accessoiristes

Produits de la marée

Le secteur de la marée, aussi appelé « Secteur des produits de la mer et d'eau douce », comporte :

  • 1 pavillon principal, destiné à la vente ;
  • 1 pavillon destiné à la vente d'accessoires ;
  • 3 entrepôts ;
  • 1 tour à glace pour le conditionnement des produits de la marée. Les services vétérinaires font des contrôles chaque nuit.

Ils émettent des recommandations à propos de la fraîcheur du poisson. Ils vérifient l'absence de produits non liés à la marée (cigarette, sandwiches).

Produits laitiers et gastronomie

Le secteur des produits laitiers et de la gastronomie regroupe aujourd'hui 7 pavillons et 4 bâtiments dont :

  • 2 pavillons laitiers ;
  • 4 pavillons traiteurs ;
  • 1 pavillon Bio, inauguré en par le président de la République, François Hollande.

Horticulture et décoration

Le marché de Rungis ne propose pas uniquement des produits alimentaires. Il dispose également d'un large choix de fleurs coupées, de plantes en pot et d'accessoires de décoration et d'emballage.

Le secteur horticulture et décoration se compose de :

  • 1 pavillon climatisé destiné aux fleurs coupées et aux feuillages ;
  • 3 bâtiments chauffés pour les plantes en pot ;
  • 2 serres ;
  • 5 bâtiments mixtes pour les plantes et les accessoires.

Vocabulaire

Les casseurs (aussi appelés « requins ») achètent à prix cassés les produits que personne d'autre ne veut acheter (problème de fraîcheur, ou non correspondance à la standardisation des marchés).

Les « forts » sont chargés de la gestion des espaces et bénéficient d'une commission élastique pour le placement des commerçants.

Les « gardeuses » sont les personnes qui jettent un œil sur les marchandises des commerçants durant l'approvisionnement de leurs étals[6].

Déchets - Un site de plus en plus vert

Tous les jours plusieurs tonnes de produits invendables ou n'ayant pas trouvé preneur sont récupérées puis envoyées au centre de tri des déchets du marché, où elles deviendront du compost. Pour pallier cela, une association solidaire a ouvert ses portes à Rungis depuis 2010. Elle récupère des produits de bonne qualité mais n'ayant pas trouvé acheteur, les trie et les envoie aux associations caritatives d'Île-de-France[7].

La collecte et le tri sélectif sont effectués à l'intérieur de Rungis par une entreprise affectée au marché. On y traite :

  • les plastiques et cartons ;
  • les produits avariés ;
  • les produits consommables (pour des associations caritatives).

Chaque jour, 400 à 500 tonnes de déchets sont collectés par la firme Segex puis déversées dans les immenses fourneaux d'une usine d'incinération. Cette dernière permet de produire assez de calories pour fournir du chauffage au marché en lui-même, mais aussi à l'aéroport d'Orly tout proche, grâce à un système d'eau chauffée au sein de l'incinérateur, puis acheminée par conduits spécifiques, qui filent le long de l'autoroute A106. Ce type de chauffage permet à l'aéroport d'économiser de 10 à 20 % au maximum d'énergie.

Accès

Le marché international de Rungis est desservi par le bus TVM (qui relie la gare de Saint-Maur - Créteil à celle de la Croix de Berny), par les lignes 183, 192, 216, 319 et 396 du réseau de bus RATP ainsi que par la ligne de bus Mobilien 191.100. Depuis le , il est aussi desservi par le tramway 7 depuis la station Porte de Thiais. L'accueil tout public est situé au 1 rue de la Tour à Rungis.

A l'horizon 2024, il sera desservi par la ligne 14 du métro.

Bibliographie

  • Au cœur de Rungis. Un jour dans le plus grand marché du monde, texte de Olivier Bauer et Olivier Chartier, photographies de Gilles Leimdorfer, Gallimard, 2015 (ISBN 9782742438983) [présentation en ligne]
  • Le transfert des Halles à Rungis, livre de Jean-Claude Gourdeau écrivain né en 1935, il était journaliste depuis vingt ans, il a été grand reporter et chef des informations à l'Aurore. Il a été pendant quatre ans, responsable du journal Rungis-Actualité, fonction qui lui a permis de recueillir l'énorme documentation nécessaire à son ouvrage.

Notes et références

Sources : Marché d'Intérêt National de Paris-Rungis, Mr PERRIN - BP 16 - Rungis (94) - 677 - 21 - 21, Service de Presse - BER 76-77

Nouvelles des M.I.N, extrait de journal << M.André Perrin quitte le M.I.N d'Angers pour celui de Rungis>> daté du samedi .

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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