Malcolm Fraser

John Malcolm Fraser, né le et mort le , est un homme d'État libéral australien qui fut le vingt-deuxième Premier ministre d’Australie du au . Il succéda à Gough Whitlam après la chute de son gouvernement et, après deux élections victorieuses, il est défait par Bob Hawke, qui lui succède.

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Malcolm Fraser

Malcolm Fraser en 1982
Fonctions
Premier ministre d'Australie

(7 ans et 4 mois)
Gouvernement Fraser I, Fraser II, Fraser III, Fraser IV
Prédécesseur Gough Whitlam
Successeur Bob Hawke
Leader du Parti libéral australien

(7 ans, 11 mois et 18 jours)
Prédécesseur Billy Snedden
Successeur Andrew Peacock
Représentant de la circonscription de Wannon

(27 ans, 4 mois et 27 jours)
Prédécesseur Don McLeod
Successeur David Hawker
Biographie
Nom de naissance John Malcolm Fraser
Date de naissance
Lieu de naissance Melbourne, Victoria
Date de décès
Lieu de décès Melbourne, Victoria
Nationalité Australien
Parti politique Parti libéral australien

Premiers ministre d'Australie

Jeunesse

Fraser est né à Toorak un quartier de Melbourne, la capitale du Victoria. Sa famille était connue du monde politique puisque son grand-père, Simon Fraser, fut parlementaire du Victoria avant d’être sénateur fédéral. Fraser fit ses études secondaires à Geelong puis à Melbourne avant d’acquérir un diplôme de sciences politiques et économiques de l’université d'Oxford en 1952.

Fraser échoua de dix-sept voix dans sa première tentative de conquête de la circonscription de Wannon en 1954. Mais aux élections de l’année suivante, il remporta le siège avec plus de 5 000 voix d’avance, siège qu'il garda jusqu'à sa retraite. Il devint ainsi le plus jeune député du Parlement australien. En 1956, il épousa Tamara « Tamie » Beggs (née le ), fille d'un éleveur. Le couple a eu quatre enfants.

À la conquête du pouvoir

Fraser acquit très vite une réputation droitière dans son parti, ce qui freina son ascension ministérielle. Il ne fut nommé ministre de la Défense par Harold Holt qu'en 1966, à l'époque controversée de la guerre du Viet Nam. Dans le gouvernement de John Gorton, il devint d’abord ministre de l’Éducation et en 1968, il reprit le poste de ministre de la Défense, un véritable défi à l’époque en raison de l’engagement important de l’Australie dans la guerre du Viet Nam et des protestations de la population que cela entraînait.

En , Fraser démissionna brusquement pour protester contre les interventions répétées de Gorton dans ses responsabilités ministérielles. Cela entraîna la chute de Gorton et son remplacement au poste de Premier ministre par William McMahon. Dans le gouvernement McMahon, Fraser redevint ministre de l’Éducation. Quand les libéraux furent battus aux élections fédérales de 1972 par les travaillistes, dirigés par Gough Whitlam, il passa dans l’opposition dans un parti dirigé par Billy Snedden.

Fraser et la « démission » de Whitlam

Après la défaite de Snedden aux élections fédérales de 1974, Fraser s’empara de la direction du parti libéral. En 1975, alors que le gouvernement Whitlam était secoué par de nombreux scandales ministériels, Fraser choisit de profiter de sa majorité sénatoriale pour faire repousser le vote du projet de loi des finances pour provoquer de nouvelles élections. Après plusieurs mois de blocage pendant lesquels le gouvernement étudia en secret des méthodes pour se procurer de l'argent sans avoir à passer par le Parlement, le gouverneur général Sir John Kerr intervint en mettant fin aux fonctions de Whitlam le . Fraser fut immédiatement nommé premier ministre chargé d'expédier les affaires courantes le temps d’organiser de nouvelles élections.

Fraser fut accusé par Whitlam et ses successeurs de s’être comporté honteusement dans le renversement d’un gouvernement démocratiquement élu, et son rôle dans la destitution de Whitlam reste l’un des principaux sujets de controverse de l’histoire politique australienne.

Premier ministre

Aux élections de , la coalition parti libéral-Country remporta une large victoire, aidée en cela par la presse du groupe de Rupert Murdoch, qui avait soutenu les travaillistes. La coalition remporta presque aussi facilement une deuxième élection en 1977. Le parti eut la majorité absolue des voix dans les deux élections mais décida tout de même de s'associer au Country Party pour gouverner.

Fraser annula rapidement quelques-unes des réformes du gouvernement travailliste comme la création d'un Ministère de la communication, et il fit de profondes modifications dans le système d'assurance santé universel Medibank. Il maintint d'abord le niveau d'imposition de son prédécesseur mais très rapidement, les impots augmentèrent. Il réussit ainsi à juguler l'inflation qui s'était envolée sous le gouvernement de son prédécesseur.

Bien que surnommé le « gang du rasoir »[1] en raison des nombreuses coupes faites dans les dépenses publiques notamment au niveau de la télévision (l'« Australian Broadcasting Corporation »-ABC), le gouvernement Fraser n'appliqua pas le programme conservateur que ses ennemis politiques annonçaient et que certains de ses partenaires auraient souhaité. À la surprise générale, il se montra modéré dans sa façon de gouverner ce qui provoqua un certain mécontentement de son Ministre des finances, John Howard, et d'autres ministres thatchéristes de son gouvernement, qui étaient partisans d'une plus grande rigueur budgétaire. Cependant, les réformes se heurtaient à une augmentation du chômage, qui atteignit des records sous son gouvernement en partie par les effets persistants de la crise du pétrole commencée en 1973.

Fraser mena une politique étrangère active. Il encouragea l'abolition de l'apartheid en Afrique du Sud et refusa à l'avion qui amenait l'équipe de rugby sud-africaine à se ravitailler en Australie alors qu'elle allait affronter l'équipe de Nouvelle-Zélande[2] Auparavant, l'équipe de ski nautique qui avait été autorisée à faire escale en Australie sur sa route vers la Nouvelle-Zélande, se vit retirer l'autorisation par le gouvernement[3]

Fraser s'opposa à la politique du régime suprémaciste blanc en Rhodésie du Sud. Lors de la conférence du Commonwealth de 1979, avec son homologue due Nigéria, il convainquit Margaret Thatcher, la nouvelle Premier ministre britannique, de ne pas reconnaître le gouvernement de Abel Muzorewa, contrairement à ce qu'elle avait promis. Cela entraîna la signature des Accords de Lancaster House, qui débouchèrent sur l'élection de Robert Mugabe comme chef d'état du nouveau Zimbabwe en 1980.

Sous le gouvernement de Fraser, l'Australie reconnut l'annexion du Timor oriental par l'Indonésie bien que cela entraîna l'accueil de nombreux habitants du Timor oriental en Australie.

Fraser était un ardent admirateur des États-Unis et soutint le boycott des Jeux olympiques d'été de 1980 à Moscou. Cependant, bien qu'il ait convaincu un certain nombre d'athlètes de ne pas participer aux compétitions, Fraser n'essaya pas d'empêcher le Comité olympique australien d'envoyer des compétiteurs à Moscou.

Sa politique d'immigration surprit aussi ses adversaires. Selon des archives de son gouvernement, il demanda un comportement humain pour admettre des réfugiés à se réinstaller en Australie.[4] Fraser encouragea l'immigration en provenance des pays asiatiques et permit à de nombreux réfugiés de s'installer en Australie. Il encouragea le multiculturalisme et créa un système public de radio et de télévision multilinguistique, le « Special Broadcasting Service » (SBS), une idée de Whitlam[5].

Fraser fit voter des lois pour rendre aux aborigènes le contrôle de leurs espaces traditionnels dans le Territoire du Nord mais ne voulut pas imposer ces lois aux gouvernements conservateurs des États de la fédération de l'époque.

Déclin et la chute

Lors des élections de 1980, Fraser vit sa majorité se réduire fortement et sa coalition perdit le contrôle du Sénat. Fraser resta convaincu de tenir tête au parti travailliste, conduit par Bill Hayden, mais en 1982, l'économie connut une récession sévère et la révélation de moyens utilisés par d'éminents libéraux pour échapper aux impôts fit plonger le gouvernement. Un ministre populaire de son gouvernement, Andrew Peacock, démissionna et lui contesta la direction du parti, mais il fut battu lorsque Fraser l'emporta en 1981. Néanmoins, tout cela avait considérablement affaibli Fraser politiquement.

À la fin de 1982, il devint de plus en plus évident que le populaire leader syndical Bob Hawke allait remplacer Hayden à la tête du parti travailliste. Fraser voulut organiser une élection très rapidement avant ce remplacement, mais il en fut empêché par un scandale d'évasion fiscale et par des problèmes de santé. Lorsque Fraser put agir, il était trop tard. Le 5 mars, le jour où Fraser convoqua les électeurs pour de nouvelles élections, Hawke remplaça Hayden comme leader du parti travailliste et comme chef de l'opposition. Fraser fut lourdement battu et il démissionna aussitôt de son poste de parlementaire.

Le parti libéral resta dans l'opposition pour treize ans jusqu'en 1996, et les libéraux rendirent Fraser responsable de cette situation par les occasions gâchées lorsqu'il était au gouvernement. Fraser en fut profondément blessé et s'écarta de son parti. Le gouvernement de Hawke le soutint en vain dans sa tentative de devenir Secrétaire général des Nations unies.

Fraser critiqua ouvertement le gouvernement libéral de John Howard (1996-2007) en dénonçant le manque de compassion de ce dernier envers les Aborigènes et les demandeurs d'asile. Il quitta le Parti libéral en 2010 et critiqua également les politiques de Tony Abbott, devenu Premier ministre libéral en 2013[5].

Il décéda « paisiblement » le matin du « après une courte maladie »[5].

Références

  1. ABC-TV - The 7:30 Report, 1 January 2006
  2. (en) « When talk of racism is just not cricket », The Sydney Morning Herald, (lire en ligne, consulté le )
  3. (en) « Australia let apartheid-era team pass through to NZ », New Zealand Herald, (lire en ligne)
  4. (en) Mike Steketee, « Howard in war refugee snub: Fraser », The Australian, (lire en ligne, consulté le )
  5. (en) "Malcolm Fraser: Former Australian PM dies aged 84", BBC News, 20 mars 2015

Liens externes


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