Maillot de bain

Le maillot de bain, ou le costume de bain en Suisse et au Canada[1], est un vêtement destiné à cacher certaines parties du corps lors de la pratique de la natation, de la baignade, de la détente au bord de l'eau (plage, bronzage…) ou, plus généralement, lors de toute activité de plein air.

Pour les articles homonymes, voir Maillot.

Les mosaïques de la Villa romaine du Casale à Piazza Armerina en Sicile (IIIe siècle) présentent des jeunes femmes sportives dont la tenue fait penser aux maillots actuels.

Historique

Dans l'Antiquité romaine, les bains publics sont très prisés et l'on s'y baigne nu.

Au Moyen Âge, on se baignait en chemise.[réf. nécessaire]

Baignade en 1887.

L'aristocratie commence à se rendre au bord de la mer à partir de la fin du XVIIIe siècle en France. Cependant, une roulotte de bain était utilisée, et la tenue de bain n'était que brièvement visible. Les tenues couvrent l'intégralité du corps, les femmes portent en plus une charlotte et des poids sont accrochés aux bas du costume pour éviter de dévoiler les chevilles[2].

C'est au milieu du XIXe siècle que les stations balnéaires, plutôt fréquentées par la bourgeoisie, se développent. Les cabines restent sur la plage, et les tenues de bain deviennent lentement légèrement plus dénudées[2]

À la fin du XIXe siècle, les femmes se baignent en corset et pantalon bouffant. Les hommes, eux, portent un costume qui s'arrête aux mollets et à manches longues car il est inconvenant de montrer le torse[3]. Vers 1900, les femmes portent une robe légère qui s'arrête au genou sur une culotte bouffante de la même étoffe.

Au début des bains de mer au XXe siècle, le costume de bain est codifié par le corps médical et les hygiénistes qui préconisent un costume bouffant en laine ce qui gagne en confort et un bonnet sur la tête[3]. Le dénudement progressif des femmes et des hommes n'est pas du goût de la norme de l'époque. En Australie, le , un arrêté oblige les hommes à porter un costume de baignade plus pudique. Les hommes doivent porter une swimming robe, une sorte de jupe large en plus de leur uniforme afin de cacher le membre masculin qui était trop visible lorsqu'on portait un maillot de bain.

Annette Kellerman portant le maillot qu'elle a inventé.

Avec l'engouement pour la natation, les maillots de bains pour homme laissent la place au Topper ou moule-tout, les bras deviennent visibles mais pas les torses au risque d'une amende. Une championne de natation d'origine australienne, Annette Kellerman, crée son propre maillot de bain une pièce, plus pratique et adapté à la natation[4]. Le maillot de Kellerman fait scandale aux États-Unis, elle est arrêtée en 1907 pour ce motif, mais rencontre le succès en Europe. À partir de 1910, les femmes portent en Europe un maillot qui découvre les bras et les épaules, et dont la culotte s'arrête au-dessus du genou. En laine tricotée et de couleur sombre, il pèse 500 g sec et trois kilogrammes mouillé[5].

Dans les années 1920, Coco Chanel lance la mode du teint hâlé (bronzage), ce qui permet de dénuder bras, jambes et épaules[3].

En 1932, le slip Tarzan révolutionne le maillot et permet aux hommes de découvrir leur torse.

En 1946 apparaît le bikini qui ne s'impose vraiment que dans les années 1960. Chez les hommes, le trunk, une sorte de caleçon court sur les cuisses avec une ceinture s'impose aussi.

Puis jusqu'à la fin des années 1970, la ceinture du maillot descend sous la taille et le bikini devient monokini. Les tendances suivantes sont une culotte de plus en plus mince et la disparition du haut[3].

Dans les années 1980, l'influence du surf favorise le port de caleçons longs chez les hommes qui supplantent durant une vingtaine d'années l'utilisation du classique slip de bain[3], issu de la mode unisexe. Le maillot de forme boxer est lui aussi devenu prépondérant (en tout cas en piscines françaises où le short est interdit), par le maintien anatomique qu'il procure, la zone couverte plus grande, une image contemporaine, une liberté de mouvement et l'effet de mode.

Dès la fin du XIXe siècle apparaît en Europe ce qui constituera le fondement du mouvement naturiste qui prône, entre autres pratiques de vie saine et équilibrée, la baignade sans aucun vêtement. Le vêtement — notamment le maillot de bain — est considéré à la fois comme une entrave, impropre aux activités de plein air, et a fortiori aquatiques, et comme un objet d'érotisation, incompatible avec des relations sociales quotidiennes apaisées. Le naturisme considère le vêtement comme un indicateur social (de richesse, de statut…) ; son absence permet de ne plus voir que les personnes en lieu et place de ce qu'elles prétendent être, en l'absence de toute érotisation dans le cas du maillot de bain.

Depuis les années 2010 se développe doucement une tendance à employer des tenues de bain plus couvrantes en toute circonstances, une-pièce pour les femmes ou jammer pour les hommes, par exemple. Augmentation du nombre de cancer de la peau, frilosité personnelle dans une eau fraîche[6], refus de la sexualisation par des tenues trop courtes ou moulantes[7], malaise avec son corps mais nécessité de se baigner, préceptes religieux… tous ces facteurs poussent de plus en plus de gens à se couvrir plus, voire à se baigner habillés.

Hygiène

L'eau, la transpiration et la chaleur favorisent les macérations et le développement de germes, cette macération entraîne des irritations et des mycoses qui se développent facilement sous un tissu humide. Il est donc conseillé de ne pas garder un maillot humide lors du rhabillage[8].

Caractéristiques textiles

À l'exception des shorts de bain, les maillots de bain reprennent en général la forme peu couvrante et moulante des sous-vêtements, moyennant quelques aménagements :

  • bretelles de soutien-gorge larges et fines pour minimiser les irritations sur la peau des épaules ;
  • certaines configurations de bretelles de soutien-gorge en maillot de bain (dos croisé sur un une-pièce, par ex.) n'existent pas pour le sous-vêtement ;
  • un boxer de bain n'est souvent pas un « slip avec jambes pour le bain » (forme frontale découpée en V), mais deux « tubes » cousus ensemble par le devant et le dos (raie) ;
  • ajout de bandes antidérapantes sur le haut de l'intérieur d'un bonnet de bikini ou en bas de la jambe d'un boxer de bain.

Les shorts et caleçons de bain voient leurs poches équipées d'un œillet dans un coin inférieurs extérieur, pour l'évacuation de l'eau. Les caleçons de bain, malgré leur nom, comportent un filet intérieur en forme de slip, pour le confort du porteur. Les shorts de bain (boardshorts) se portent généralement nu avec un vrai sous-vêtement.

Leur composition diffère radicalement. Les maillots ne sont pas faits de coton (matière absorbante), mais de nylon ou élasthanne, matières synthétiques. La composition-type est souvent la suivante :

  • tissu principal (extérieur) : 80 % polyamide (pa) - 20 % élasthanne
  • doublure (interne) : 100 % polyamide (pa)

Le grammage (quantité de matière au cm²) et le denier (densité de tissage) peuvent varier par rapport aux sous-vêtements. Ce dernier point est important : plus le tissage est dense, moins l'eau va s'y accrocher durant la nage, et moins le maillot retiendra l'eau une fois sorti du bassin. Un tissage dense contribue aussi, partiellement, à protéger des rayons ultraviolets.

Par ailleurs, les maillots de bain doivent répondre à des besoins spécifiques :

  • ne pas devenir transparent ou translucide en étant humide ;
  • bien couvrir assurément toutes les parties intimes, y compris au niveau du périnée (sous l'entrejambe), car contrairement à un sous-vêtement le maillot de bain est conçu pour être affiché en public ;
  • être doté d'un cordon de serrage (ficelle en doublure de la ceinture, sur le pourtour) pour ne pas risquer de le perdre en plongeant ou en se propulsant depuis un bord du bassin ;
  • ne pas perdre de sa couleur ou de son intégrité (effilage, amenuisement de l'épaisseur) sous l'action du chlore diluée dans l'eau de baignade.

Concernant l'entretien, il est conseillé de le rincer à l'eau claire (non chlorée ni salée) une fois rentré chez soi, de l'essorer, et de le suspendre. En réalité, ces conseils valent pour n'importe quel pièce textile humide, y compris un coupe-vent après une pluie par exemple. En effet, une stagnation d'eau serait l'assurance de voir se développer des champignons ou bactéries, visibles par une sorte de « nuage » ou « mouton (blanc) » que forment leurs colonies, et parfois remarqué via l'odeur dégagée.

Ils sont lavables en machine à laver, mais rarement au-delà de 40 °C à cause de leur composition essentiellement synthétique (le Lycra pourrait fondre ou se déformer sous l'effet d'une eau trop chaude). Pour la même raison, il porte la mention « Tenir éloigné du feu » sur l'étiquette, il ne faut pas le repasser, et éviter de le faire sécher dans un sèche-linge. Il est conseillé de le laver à part, c'est-à-dire isolé dans un filet de lavage, pour éviter que le frottement dans le tambour avec d'autres éléments plus résistants (jeans) ou dur (bouton de jeans) ne les abîme.

Marché et acteurs économiques

Speedo est l’équipementier historique en natation. La marque australienne a été créée en 1910 par un jeune immigré écossais de 22 ans. La pratique grandissante de la natation dans l’après-guerre ouvre un marché toujours plus vaste et plus concurrentiel. Fondée en 1952 en Californie, O’neill domine le marché du surf. Arena, équipementier français créé en 1973 par Horst Dassler (fils du fondateur de Adidas), tente de rivaliser avec Speedo. Tyr (Dieu de la victoire dans la mythologie nordique), équipementier américain, est né lui en 1985.

Le marché continue de croître dans le monde et ne semble pas connaître la crise même en Europe[9]. Des niches de marché apparaissent au début des années 2000, avec de nombreuses nouvelles marques, notamment Funky trunks, AussieBum et Andrew Christian. Celles-ci veulent renouveler le style du maillot de bain sportif en le rendant plus original et ciblent principalement la communauté homosexuelle[10].

En 2008, Speedo affirme son rôle de leader[11] en créant des combinaisons qui feront polémique lors des Jeux olympiques de Pékin. Arena et Adidas suivent la marche[12] mais les combinaisons sont définitivement interdites par la FINA en 2010.

Speedo, désormais basée en Angleterre, c’est, en 2010, 400 millions d’euros de chiffre d’affaires, faisant de la marque le leader du vêtement sportif de natation. En 2010, Arena, basée désormais en Italie, représentait 107 millions de CA[13].

Les équipementiers sportifs non spécialisés, comme Adidas, Nabaiji (marque Décathlon pour les articles de Natation), Nike, Reebok, Puma, Asics sont également très présents sur le marché. Comme pour les autres grandes marques de sport, les équipementiers s’arrachent les stars de la discipline pour vendre leurs produits. Ainsi Speedo s’est longtemps offert les services de Michael Phelps pour représenter sa marque tandis que Florent Manaudou représente la marque aujourd’hui en France. Arena a réussi à s’attribuer Alexander Popov, Alain Bernard et César Cielo. Nabaiji s’offre les services de Yannick Agnel, et Matthew Mitcham a été l’ambassadeur de la marque Funky Trunks.

Le , la Startup Spinali Design à Mulhouse (France) invente et commercialise les premiers maillots de bain connectés au monde[14]. Il s'agit d'un maillot relié à un capteur pour mesurer le taux d'UV et ainsi prévenir les coups de soleil.

Le marché du loisir et de la détente est lui beaucoup plus diversifié. De nombreuses marques de vêtements créent leurs maillots de bain.

En 2018 en France, le marché voit une hausse des ventes, mais une diminution du chiffre d'affaires. Cela s'explique par une augmentation de l'offre moins chère des grandes chaînes. La vente sur Internet représente 15,5 % de part de marché, derrière les enseignes de sport (35 %) et les chaînes (21,5 %) [15].

Types de maillots

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Pour hommes

Short de bain.
  • le slip de bain :
    • aussi décliné en slip-bandeau : aussi proche du corps que le slip sportif, mais un peu plus haut en termes de longueur de jambe, et se porte taille basse ;
    • aussi décliné en sunga (version brésilienne moins échancrée à l'aine, moins serrée à la taille et plus haute que le slip sportif masculin) - à ne surtout pas confondre avec le slip brésilien qui lui est féminin et très échancré tant devant que derrière ;
  • le caleçon de bain, en toile fine et muni d'un slip intérieur en « filet » ;
  • le short de bain, analogue au caleçon de bain, en toile fine et muni d'un slip intérieur en « filet », muni parfois de poches, qui se décline en coupe rappelant soit les shorts de ville, soit les shorts de sport. À ne pas confondre avec le boardshort qui est en longueur analogue au bermuda (couvre les genoux), en toile plus épaisse (conçu pour résister au sel de mer et endurer les sports de glisse), et se porte avec un slip de bain ;
  • le boxer de bain, moulant, couvrant le premier quart de la cuisse. C'est l'une des tenues les plus courantes aujourd'hui avec le boxer de bain long ;
  • le boxer de bain long, offrant plus de couvrance (jusqu'à mi-cuisse) ;
  • le jammer (short long de compression, similaire à un cuissard cycliste ou de running). Celui-ci compresse, moule le corps. Il est utilisé lors des compétitions et devient de plus en plus à la mode. Contrairement au short de bain, il n'est pas interdit en piscine publique. Il couvre la jambe jusqu'au genou ou jusqu'au 3/4 de la cuisse ;

Pour femmes

L'actrice argentine Graciela Alfano en bikini en 1972.
  • le maillot de bain une pièce
  • le bikini, aussi appelé deux-pièces
  • le monokini
  • le trikini
  • le tankini, maillot deux pièces se composant d'un débardeur et d'une culotte. Ce mot-valise est dérivé de « bikini » et de l'anglais américain « tank top » qui désigne un débardeur.

Par ailleurs, la culotte du maillot de bain féminin peut se décliner en différentes formes :

Autres types de vêtements de bain

  • le burkini : tenue intégrale portée par certaines femmes musulmanes ;
  • le top : t-shirt synthétique protégeant des rayons ultraviolets (top UV) et/ou du froid (top thermique) ;
  • la stinger suit : fine combinaison intégrale (manche longue + jambes), parfois translucide, protégeant des piqûres de méduses ;
  • la wetsuit : combinaison isotherme, assez épaisse, protège du froid ;
  • le maillot-parachute (dragsuit, dragster) : il s'agit d'un maillot sportif (slip-bandeau, une-pièce...) mais il est assorti d'une surcouche en filet, destiné à accrocher l'eau et ralentir le nageur, afin de développer les muscles ou l'endurance ; il n'est utilisé que pour l’entrainement ;
  • le maillot connecté  : maillot associé à un capteur communicant permettant de transmettre des informations utiles (géolocalisation, UV…) ;
  • le facekini[16] : masque ressemblant à un passe-montagne qui couvre la tête afin de se protéger des rayons du soleil.

Les populations asiatiques[réf. nécessaire][Lesquelles ?] et certaines populations africaines ou arabes ne portent en général pas de maillots de bain « occidentaux », peu couvrants ou moulants. Elle se baignent avec leurs vêtements habituels.

Le bain habillé est aussi l'objet, dans le monde occidental, d'une sous-culture appelée wetfun.

Notes et références

  1. « costume de bain », Le Grand Dictionnaire terminologique, Office québécois de la langue française.
  2. Pascale Le Garrec, « L’histoire des maillots de bain. Bain de mer en robe et roulotte », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  3. Le Vêtement, M.N. Boutin-Arnaud, S. Tasmadjian, Éditions Nathan, 1997 (ISBN 2-09-182472-0).
  4. (en) Digital Transformation Agency, « Annette Kellerman – the modern swimmer for modern women | australia.gov.au », sur www.australia.gov.au (consulté le )
  5. Pascale LE GARREC, « L’histoire des maillots de bain. On montre ses bras… et même ses jambes ! », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  6. Voir sur apce.com.
  7. « Se baigner toute habillée, une nouvelle mode aux États-Unis » sur rtl.fr.
  8. Voir sur sante.journaldesfemmes.com.
  9. « Le maillot de bain se porte bien » sur lesechos.fr, 29 juin 2012.
  10. « Le roi du slip délivre son “Best of fesses” » sur tetu.yagg.com, 5 août 2012.
  11. LSA (libre service actualité), 12 juin 2008, « Speedo veut torpiller Arena »
  12. « Arena relève le défi de Speedo », L'Express, 14 avril 2008.
  13. Interview de Nicolas Préault, directeur général d'Arena France sur journaldunet.com, 22 juin 2001.
  14. « Spinali Design invente le maillot de bain connecté », La Tribune, 19 mai 2015.
  15. Dominique Chapuis, « Le marché du maillot de bain au creux de la vague », sur lesechos.fr, (consulté le ).
  16. « Le face-kini fait fureur sur les plages chinoises », sur ladepeche.fr, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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