Magiciens de la terre

Magiciens de la terre est une exposition présentée en 1989 simultanément au centre Georges-Pompidou et à la grande halle de la Villette du 18 mai au 14 août.

Pour la première fois en France, son organisateur, le commissaire d'exposition Jean-Hubert Martin, a placé sur la scène internationale de l'art contemporain les arts « non occidentaux » contemporains.

Historique

L'exposition, qui présentait 101 artistes[1], est restée très célèbre car elle a participé à faire connaître les productions artistiques d'artistes vivants non occidentaux d'Asie, d'Extrême Orient, d’Afrique, d’Amérique latine, mais aussi celui des Inuits et les arts du Pacifique. « L’idée communément admise qu’il n’y a de création en arts plastiques que dans le monde occidental ou fortement occidentalisé est à mettre au compte des survivances de l’arrogance de notre culture. Sans parler de ceux qui pensent toujours que, parce que nous possédons une technologie, notre culture est supérieure aux autres », écrit Jean-Hubert Martin dans l'introduction du catalogue de cette exposition[2]. Elle a suscité un important débat sur plusieurs années. Les critiques portent principalement sur la sélection, la diversité et la remise en question des catégories artistiques d'Occident[2]. L'un des reproches en matière de sélection fut le parti-pris, pour l'Afrique, en faveur d'artistes travaillant sur des objets religieux ou populaires, un art quelquefois qualifié de « primitif  » au détriment d'artistes se rattachant explicitement aux courants modernistes occidentaux[3], tandis que dans d'autres régions, en Chine par exemple, ce furent au contraire des artistes rencontrés dans des écoles d'art, jugés subversifs,qui furent retenus, ce qui engendra un second reproche de manque de cohérence dans la sélection des œuvres[4].

L’originalité était de rapprocher des œuvres occidentales connues et des œuvres d'« ailleurs », afin de soulever des questionnements multiples. Néanmoins, des œuvres importantes ont été écartées au cours de la sélection pour des problèmes de compréhension, dus à des caractères spécifiques de ces cultures jugés incompréhensibles dans la culture occidentale sans un dispositif pédagogique approprié.

« L'événement fut majeur, le scandale durable », résume Philippe Dagen[2]. Les objectifs de l'exposition, qui ont été l'objet de vives controverses[2], ne consistaient pas seulement à montrer l'universalité de l'acte créateur, la contemporanéïté des arts non-occidentaux et à faire entrer ces formes d'art dans le champ de l'art contemporain, ils consistaient aussi à introduire un dialogue interculturel entre des formes d'art habituellement séparées, en s'appuyant notamment sur l'ouverture d'esprit et l'intérêt des artistes occidentaux pour les autres cultures[5].

Liste des participants

Notes et références

  1. Un peu plus en fait, si l'on compte séparément ceux qui travaillent en association
  2. Philippe Dagen, « L’art « noir », victime du mépris raciste », Le Monde, , p. 17 (lire en ligne)
  3. Maureen Murphy, « Des Magiciens de la terre, à la globalisation du monde de l’art : retour sur une exposition historique », Critique d’art. Actualité internationale de la littérature critique sur l’art contemporain, no 41, (ISSN 1246-8258, DOI 10.4000/critiquedart.8307, lire en ligne, consulté le )
  4. « « Avec Les Magiciens de la Terre, on est passé d'un art mondial à un art global » », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
  5. Pour ne donner que deux exemples, l'intérêt de Marina Abramović ou du français Marc Couturier pour les cultures dites primitives et le sacré fond directement écho aux masques africains ou aux poteaux funéraires des traditions aborigènes ou malgaches. Cf. le texte de Jean-Hubert Martin, dans le Dossier du Centre Georges Pompidou, p. 24-26 du pdf.

Voir aussi

Bibliographie

  • Annie Cohen-Solal (dir.), Magiciens de la terre : 1989, 2014 : retour sur une exposition légendaire [exposition, Paris, Centre Georges Pompidou, -], Ed. X. Barral, Paris, 2014, 385 p. (ISBN 978-2-36511-048-8)
  • Magiciens de la terre [exposition, -], centre Georges-Pompidou, musée national d'Art moderne, La Villette, la Grande Halle, 1989, 271 p. (ISBN 2-85850-498-9)
  • Malick Ndiaye, Arts contemporains africains et enjeux du débat critique postcolonial : cartographies artistiques et discursives entre Paris et Dakar (1966-2006), Université européenne de Bretagne, 2011, 2 vol. (502, 85 f.) (thèse d'Histoire de l'art)
  • Océane Sailly, Magiciens de la terre : Genèse, réception, impact : retour sur une exposition controversée majeure, Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3, 2014, 145 p. (mémoire de master 1 : Médiation culturelle)
  • (en) Lucy Steeds and other authors, Making Art Global (Part 2) 'Magiciens de la Terre' 1989, London, Afterall Books, , 304 p.
  • (en) Rasheed Araeen, Yves Michaud, Benjamin Buchloh & Jean-Hubert Martin, Fumio Nanjo, John Mundine, Jyotindra Jain, Louis Perrois, Carlo Severi, Sally Price, James Clifford, Jean Fisher et Guy Brett, « Special Issue - magiciens de la terre », Third Text, .

Filmographie

  • Magiciens de la terre : autour de l'exposition, film documentaire réalisé par Gianfranco Barberi et Marco di Castri, Cataloga, Turin ; Z'éditions, Nice, Centre Pompidou, Paris, 1 cassette vidéo VHS (52 min) + 1 brochure (77 p.). Le film montre les artistes en train de faire leur œuvre sur les lieux mêmes de l'exposition , sous forme d'entretiens, le livret rassemble des témoignages d'artistes y ayant participé :

Articles connexes

Liens externes

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