Mépris de classe

Le mépris de classe est une forme de mépris déployé par une personne et associée plus ou moins explicitement à la classe sociale d'une personne jugée de dignité inférieure[1],[2].

Cette forme d'arrogance est liée à une certaine représentation qu'une personne se fait d'elle même au sujet de sa place dans le corps social en tant que supérieure en rang à une autre personne, mécaniquement perçue comme de rang inférieur. En ce sens, le mépris de classe est une violence symbolique, concept développé par Pierre Bourdieu dans son ouvrage La Distinction. Critique sociale du jugement[3].

Au cours d'une thèse en sociologie sur les usines Cockerill, en Belgique, soumises pendant plus de trente ans à des plans sociaux successifs, Cédric Lomba souligne que les cadres tendent à considérer de façon caricaturale et méprisante les ouvriers qu’ils ont pour mission de diriger, d’envoyer en préretraite ou de déplacer[4]. Pour le politologue Bernard Pudal, « Ces cadres « aux grandes dents », comme le dit un ouvrier, ont tout intérêt à entretenir cette vision uniment négative des ouvriers comme groupe social, interdisant ainsi le trouble qui pourrait résulter d’une compréhension plus réaliste. Tout désir de comprendre minerait leur croyance en la légitimité de leur participation active aux restructurations industrielles. Le mépris et la méprise conditionnent ainsi l’aveuglement socialement nécessaire à leur mission[5].. »

Notes et références

  1. Beaud, S. & Pialoux, M. (2006). 4. Racisme ouvrier ou mépris de classe ? Retour sur une enquête de terrain. Dans : Éric Fassin éd., De la question sociale à la question raciale : Représenter la société française (pp. 72-90). Paris: La Découverte.
  2. Owen Jones, « Rien n’empêche le mépris de classe », Le Monde diplomatique, (lire en ligne, consulté le ).
  3. Pierre Bourdieu, La Distinction, Critique sociale du jugement, 1979.
  4. Cédric Lomba, L'incertitude stratégique au quotidien : trajectoire d'entreprise et pratiques de travail : le cas de l'entreprise sidérurgique Cockerill Sambre, 1970-1998, Paris, EHESS, 2001.
  5. Bernard Pudal, « Une philosophie du mépris », sur Le Monde diplomatique,

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