Mémorial des Martyrs de la Déportation

Le mémorial des Martyrs de la Déportation est un monument parisien dédié au souvenir de l'ensemble des déportés de France entre 1941 et 1944 situé sur l'île de la Cité à Paris. Son architecture concourt à évoquer les souffrances de celles et ceux qui furent déportés et à inciter le visiteur à la réflexion et au recueillement.

Ne doit pas être confondu avec Mémorial des victimes de la déportation de 1944.
Escalier et cour du mémorial.

Ce mémorial fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [1] et il fait partie des hauts lieux de la mémoire nationale du ministère des Armées[2].

Situation et historique

Entrée du mémorial dans le square de l'Île-de-France.

Situé dans le 4e arrondissement de Paris, à la pointe est de l’île de la Cité en contrebas du square de l'Île-de-France, le mémorial a été commandé à l'initiative du Réseau du Souvenir qui en a fait don à l'État le .

Le projet, réalisé par l'architecte Georges-Henri Pingusson, a été inauguré le par le général de Gaulle, président de la République.

Description

Au premier abord, le mémorial apparaît comme une sorte de bunker de pierre blanchâtre. On pénètre dans le monument en descendant un escalier relativement étroit, raide, aux marches inégales. Toute la construction est réalisée en béton recouvert d'un enduit martelé où sont intégrés des graviers provenant de diverses régions de France, l'ensemble ressemblant à une pierre naturelle brute.

À partir d'une cour triangulaire, une crypte aux passages étroits et faiblement éclairés se déploie dans la masse du monument. Un long couloir protégé par une grille présente sur ses murs 200 000 bâtonnets de verre symbolisant les innombrables victimes de la déportation dans les camps nazis, à l'entrée de ce couloir se trouve une tombe qui contient les restes mortels d'un déporté inconnu décédé au camp de Natzweiler-Struthof et transféré ici le .

La cour triangulaire s'ouvre vers la Seine par une embrasure horizontale obstruée par des barres anguleuses. Les visiteurs sont pratiquement au niveau du fleuve et les seules vues vers l'extérieur se font à travers l'embrasure vers l'eau courante du fleuve ou verticalement vers le ciel où passent les nuages. Après la descente des marches, cette architecture cherche à créer une sensation étrange où le visiteur est comme en dehors du monde qui continue à exister et à bouger au dehors.

À droite et à gauche, deux diverticules comportent, insérées dans des niches triangulaires, des urnes contenant de la terre provenant des différents camps ainsi que des cendres ramenées des fours crématoires. Sur les murs sont inscrits des extraits de poèmes ou des citations de Robert Desnos, Paul Éluard, Louis Aragon, Vercors, Antoine de Saint-Exupéry, Jean-Augustin Maydieu et Jean-Paul Sartre.

Au-dessus, accessibles seulement sur demande, plusieurs salles présentent une exposition.

Restauration et réaménagement

La restauration de l’édifice, achevée en 2015, s’est traduite par un travail d’intégration des réseaux et des éclairages, compatible avec le minimalisme et le dépouillement du site. Épidermes des bétons et couleurs des décors ont été restitués. Le parcours volontairement difficile afin d'évoquer les souffrances des déportés a été remis en valeur mais également facilité pour les personnes à mobilité réduite. En amont du bâtiment, un nouvel accueil a permis de réunir les sanitaires, la loge et le poste de sécurité et de surveillance[3]. Cette opération voulue par le ministère de la Défense a été dirigée par Christophe Batard, architecte en chef des monuments historiques[4].

Visites et manifestations

Le mémorial est libre d'accès, sous la responsabilité d'un gardien, tous les jours sauf le lundi. Chaque dernier dimanche d'avril, lors de la Journée nationale du souvenir de la déportation, une cérémonie s'y déroule.

Notes et références

  1. « Mémorial des martyrs de la Déportation », notice no PA00125453, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. Arrêté du 20 mars 2014 portant définition et fixant la liste des hauts lieux de la mémoire nationale du ministère de la défense
  3. Cyrille Véran, « Restauration minutieuse du mémorial de Pingusson », AMC, no 244, , p. 23.
  4. Ministère de la Culture et de la Communication, arrêté du 29 mars 2010 donnant compétence à Christophe Batard sur le 4e arrondissement de Paris.

Bibliographie

  • Antoine Brochard, Mémorial des martyrs de la déportation, éditions du Linteau, 2015, 140 p.
  • Collectif, Bertrand Lemoine (dir.), 100 monuments du XXe siècle, Patrimoine et architecture de la France, Paris, Éditions du Club France Loisirs, avec l'autorisation du Centre des monuments nationaux, Éditions du Patrimoine, , 240 p. (ISBN 978-2-7441-3496-8 et 2-7441-3496-1)
    p. 158-159 : Mémorial des Martyrs de la Déportation, Georges-Henri Pingusson et Olivier Dugas, square d'Île-de-France, Paris IVe / 1961-1962.
  • Élisabeth Vitou, « Paris, mémorial de la Déportation. Georges-Henri Pingusson, 1894-1978 », AMC, no 19, 1988, p. 68-79.

Annexes

Article connexe

Liens externes

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