Mémoire (écrit)

Un mémoire est un document permettant d'exposer son opinion concernant un sujet donné en s'appuyant logiquement sur une série de faits pour en arriver à une recommandation ou une conclusion. Il se veut habituellement court et incisif[réf. nécessaire].

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Le mémoire jusqu'au XVIIIe siècle

Le mot est apparu au cours du XIIe siècle. À l'époque, il signifie simplement qu'on écrit un texte explicatif, qui va exposer une idée. Progressivement, et surtout à l'époque moderne, le terme mémoire devient synonyme d'écrit argumentatif, qui sert une idée. C'est ainsi que Vauban écrit des mémoires à Louis XIV sur les fortifications, tels que le Mémoire pour servir d'instruction dans la conduite des sièges et dans la défense des places, par M. le maréchal de Vauban, présenté au Roi en 1704 [1], que les querelles religieuses du temps se règlent par la publication de nombreux mémoires[2].

L'évolution du mémoire au XIXe siècle

Au cours du XIXe siècle, le mémoire prend un sens qui se rapproche du sens actuel : il perd son caractère polémique et devient un texte scientifique, ou qui se veut tel, afin d'exposer un fait, un principe ou une idée. Le mémoire est alors de plus en plus court, il sert à éclairer le lecteur sur un point précis, par exemple sur un sujet qui devrait être traité par l'administration ou par les politiques[3].

Il n'est toujours pas question à l'époque de donner un sens universitaire à ce mot. Tout écrit universitaire est alors une thèse.

Le mémoire universitaire

Le développement du sens universitaire de ce mot a lieu au cours du XXe siècle. En effet, l'organisation des études universitaires impose un découpage plus précis, qui crée le niveau de la maîtrise. Le travail d'un étudiant de maîtrise (aujourd'hui Master 1), s'il est une recherche originale, ne peut prendre le nom de thèse car l'étudiant n'invente généralement pas un concept ou une théorie nouvelle à ce niveau. Le terme de mémoire est alors couramment employé, puisqu'il répond bien au sujet : exposer un fait, une recherche, dans un format relativement réduit.

La poursuite de l'apprentissage du travail de la recherche implique pour les étudiants la rédaction d'un second mémoire, en Master 2 (ancien DEA). Celui-ci est souvent l'étude de faisabilité d'une thèse. Il est, lui aussi, d'un format assez réduit et expose les outils qui permettront éventuellement à l'étudiant de se lancer dans une thèse. Pour un M2 en sciences sociales ou en littérature, le mémoire comprend la description des sources qui vont permettre le futur travail de thèse, la bibliographie nécessaire, l'exposé de la problématique et la réponse dans le thème défini par l'étudiant et un ou deux essais de chapitres rédigés, qui montrent comment la problématique, les sources et la bibliographie peuvent conduire à un véritable travail de recherche originale. La rédaction d'un mémoire de recherche est ainsi un rituel de passage souvent incontournable dans le cursus universitaire classique actuel. Il conclut souvent le second cycle d'études supérieures et marque une rupture avec les précédentes réflexions élaborées lors du premier cycle. Formateur à bien des égards, et permettant d'ouvrir le champ des possibles, de libérer les énergies, il peut néanmoins être porteur d'inquiétudes pour les individus concernés par celui-ci[4]. Certains étudiants rêveraient ainsi d'en être exemptés[5].

En revanche, on parle rarement de mémoire de thèse, celui-ci étant trop volumineux, et l'usage veut qu'on qualifie de thèse l'ouvrage en lui-même.[réf. nécessaire]

On peut trouver des ouvrages aidant à la compréhension de la démarche de recherche en elle-même (cf. Références bibliographiques en bas de page)

Récemment[Quand ?], plusieurs sites web offrent la possibilité de partager les mémoires de fin d'études avec les étudiants ou même de les vendre[réf. nécessaire].

Les mémoires

Un autre sens du mot mémoire est celui d'autobiographie. Il s'agit alors de raconter sa vie, de se pencher sur son passé. Mais à la différence de l'autobiographie, qui entre volontiers dans l'intimité de l'auteur, les mémoires sont généralement plutôt un regard de l'auteur sur son temps, une analyse critique du monde dans lequel il a vécu. Ce genre littéraire est né principalement au XVIIe siècle, avec le corrosif mémorialiste duc de Saint-Simon, qui décrit avec précision, ironie et parfois méchanceté le siècle de Louis XIV[6]. Au cours des siècles suivants, le modèle est repris et devient un exercice littéraire auquel se prêtent volontiers les hommes publics. Charles de Gaulle, par exemple, retrace dans ses Mémoires de guerre et ses Mémoires d'espoir toute sa vie publique[7].

Références

  1. Publication : A Leide : chez J. et H. Verbeek, 1740. In-4°
  2. au XVIIIe siècle, pour les querelles autour du jansénisme, les Nouvelles ecclésiastiques ont pour sous-titre Mémoire pour servir à l'histoire de la Constitution Unigenitus
  3. Mémoire sur l'importance pour l'histoire intime des communes de France des actes notariés antérieurs à 1790, et sur la nécessité et les moyens d'en assurer la conservation et la publicité ; par M. Gustave Saint-Joanny, ... (12 octobre 1860-22 mai 1864.), Thiers, Cuissac, 1861-1864
  4. « Obstacles à la rédaction aux cycles supérieurs | Centre d'aide aux étudiants », sur Centre d'aide aux étudiants (consulté le ).
  5. Madeleine, dans Du coté de chez Swann, par Proust Marcel, 1913.
  6. Mémoires. De nombreuses éditions existent. Celle de Boislisle, en 43 volumes parus de 1879 à 1930, est l’édition de référence des historiens.
  7. Mémoires de guerre
    • Volume I - L'Appel, 1940-1942 Plon 1954
    • Volume II - L'Unité, 1942-1944 Plon 1956
    • Volume III - Le Salut, 1944-1946 Plon 1959
    Mémoires d'espoir
    • Volume I - Le Renouveau, 1958-1962 Plon 1970
    • Volume II - L'effort, 1962... Plon 1971
  • Magali Crochard, Le mémoire, petit guide à l'usage de ceux qui terminent... ou reprennent leurs études, éd. Arnaud Franel, 2007.

Voir aussi

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