Lycée Victor-Schœlcher (Saint-Pierre)

Le lycée Victor-Schœlcher était un établissement public d'enseignement laïque pour les garçons, d'abord situé entre les rues Victor-Hugo, du Théâtre et Pesset dans le quartier du Centre de 1881 à 1883, puis rue du Lycée[N 1], dans le quartier du Mouillage à Saint-Pierre, en Martinique, de 1883 au .

Pour les articles homonymes, voir Lycée Victor-Schœlcher.

Histoire

Les origines (1816-1871)

À l'origine, les sœurs Ursulines, dont le couvent est installé dans le quartier du Fort sur la rive gauche de la Roxelane, construisent en 1738 un bâtiment dans le quartier du Mouillage qui sert à la fois d'école, d'orphelinat et d'asile. En 1816, il devint la "Maison Royale d'Education des Jeunes Filles" dont la direction est d'abord prise en charge par des laïcs, puis par les sœurs de Saint-Joseph de Cluny à partir de 1824 qui en assurent l'administration et créent un pensionnat royal.

Avec l'avènement de la Deuxième République en 1848, la petite et moyenne bourgeoisie mulâtre pierrotine obtient des droits politiques et remporte les élections d’août. Majoritairement républicains et anticléricaux, les mulâtres militent pour l'établissement d'un collège laïque à Saint-Pierre afin de concurrencer le Séminaire-Collège, établissement d'enseignement religieux situé sur les hauteurs du quartier du Fort qui assure depuis 1848 l'éducation des garçons de l'aristocratie béké conservatrice et catholique. Le débat entre les partisans du collège laïque menés par le républicain Marius Hurard et son journal Les Colonies et ceux du Séminaire-Collège défendus par les journaux conservateurs Le Bien Public du Docteur Lota et Les Antilles cristallise les violentes tensions de la vie politique pierrotine tout au long de la dernière moitié du XIXe siècle. Pour les républicains, l’instruction est un levier de promotion sociale et d’émancipation humaine. Elle doit donc être publique, laïque, accessible à tous et indépendante de toute religion.

Réélu député de la Martinique en mars 1871, Victor Schœlcher se bat pendant une décennie à l'Assemblée nationale et au Sénat pour la création d'un lycée laïque dans la colonie contre la volonté des ministres et celles de certains gouverneurs qui considèrent cette dépense inutile et somptuaire. Ce combat est relayé au sein du conseil général de la colonie par les élus républicains, comme Hurard, Ernest Deproge, Clavius Marius, Eugène Agricole et Auguste Waddy, qui y sont majoritaires. En 1871, le conseil général de la colonie admet le principe de la création d'un collège colonial laïque.

Les débuts du lycée (1881-1901)

Lors de la séance du , le président Binet invite le conseil à décider à la fois de la somme à accorder et de l'emplacement du collège. Le choix se porte sur Saint-Pierre et un arrêté du érige donc un établissement d'enseignement secondaire sous l’appellation de collège national, situé dans le quartier du Centre entre les rues Victor-Hugo, du Théâtre et Pesset. Le , un arrêté du gouverneur Théophile Aube le transforme en lycée colonial de la Martinique qui est officiellement inauguré le , le jour de la Saint-Victor, par le gouverneur J.C Morau et le président du conseil général, Marius Hurard. Ce dernier, qui a milité depuis 1876 au conseil général pour la création d'un lycée, déclare triomphalement : « Le lycée est notre œuvre, ego sum qui feci. Le but que nous poursuivons depuis 10 ans, c'est la destruction de cette bastille qui s'appelle l'ignorance et avec elle cette sottise inanalysable que l'on appelle le préjugé de couleur ». Le lycée, qui accueille 80 élèves, est assimilé à un lycée métropolitain, et le même programme doit y être enseigné. Face aux réticences du pouvoir central, Marius Hurard se rend à ses frais en métropole pour recruter des enseignants laïques pour le nouveau lycée de Saint-Pierre.

Dès 1882, le conseil général notifie aux frères de l'instruction chrétienne de Ploërmel et aux sœurs de Saint-Joseph de Cluny que tous les établissements d’enseignement religieux seront laïcisés et qu'ils doivent quitter leurs établissements. Ainsi, le lycée s'installe en 1883 dans les bâtiments du pensionnat de jeunes filles des sœurs de Saint-Joseph de Cluny dans le quartier du Mouillage, malgré les protestations de celles-ci qui doivent déménager et dont l'institution est maintenant concurrencée par un nouveau pensionnat colonial créé par le conseil général et destiné à l’enseignement laïque des jeunes filles, qui s'installe dans les anciens locaux du lycée.

Les conseillers généraux du groupe des Républicains de gauche et des Socialistes demandent au gouvernement en 1901 la dénomination « Lycée Victor Schœlcher » pour le lycée colonial en hommage au combat de l’abolitionniste mais aussi à l'homme du décret de 1848 sur l'éducation et au défenseur et au relais des républicains des Antilles au Sénat. Le , un décret, promulgué le , donne au lycée de Saint-Pierre le nom de Lycée Schœlcher[1].

La destruction du lycée et sa reconstruction (1902 à nos jours)

Ruines du lycée Schœlcher de Saint-Pierre le 10 mai 1902.

La terrible nuée ardente émise au matin du 8 mai 1902 par la montagne Pelée laisse le lycée Schœlcher de Saint-Pierre à l'état de ruines, dont il ne subsiste plus qu'un pan de mur en maçonnerie, ainsi que les ruines de la chapelle.

Après la destruction de Saint-Pierre, un arrêté du institue le transfert du lycée dans les locaux de l'externat colonial, à la caserne Bouillé à Fort-de-France. En 1919, une commission choisit d'établir le nouveau lycée Victor-Schœlcher sur une partie de l’ancien domaine de Bellevue à Fort-de-France, à l’emplacement de l’ancienne maison du Gouverneur.

Classement du Lycée

En 2015, le lycée se classe 20e sur 31 au niveau départemental en termes de qualité d'enseignement, et 1483e au niveau national[2]. Le classement s'établit sur trois critères : le taux de réussite au bac, la proportion d'élèves de première qui obtient le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[3].

Description

Le lycée était de plan rectangulaire régulier pourvu d'un étage et disposait d'une grande cour centrale bordée d'un préau au rez-de-chaussée du bâtiment. La chapelle attenante est antérieure à la création du lycée et pourrait dater du deuxième quart du XIXe siècle.

Professeurs et élèves célèbres

Professeurs

  • Jean Chaffanjon ( - )
  • Fernand Césaire ( - ), grand-père d'Aimé Césaire et premier instituteur noir en Martinique.

Élèves

Notes et références

Notes

  1. Actuelle rue Cité Vieux Lycée.

Références

Voir aussi

  • Portail de la Martinique
Cet article est issu de Wikipedia. Le texte est sous licence Creative Commons - Attribution - Partage dans les Mêmes. Des conditions supplémentaires peuvent s'appliquer aux fichiers multimédias.