Luigi Sturzo

Luigi Sturzo, né le à Caltagirone, en Sicile, et mort à Rome le , est un prêtre catholique et un homme politique italien, grande figure du parti populaire italien.

Biographie

Ordonné prêtre le , il part faire des études de philosophie et de théologie à l'Université pontificale grégorienne, à Rome, et retourne en 1898 dans sa ville natale pour y enseigner ces disciplines.

De 1905 à 1920, il est vice-maire de Caltagirone et siège au Conseil provincial, tout en jouant un rôle de premier plan dans l'Action catholique. En 1918, il participe à la fondation du Parti populaire italien, précurseur de la démocratie-chrétienne, aux côtés d'Alcide De Gasperi et d'Alberto Marvelli. Il s'oppose alors à l'archevêque de Gênes, Mgr Boggiani, hostile au parti populaire. Il fonde cinq ans plus tard, en 1923, le journal Parti populaire italien.

La même année, en raison de son opposition au fascisme, il doit abandonner son poste de secrétaire du Parti et partir en exil, d'abord à Londres, puis à New York à partir de 1940. Pendant cette période, il publie de nombreux ouvrages, notamment L'Italie et le fascisme (1926), La communauté internationale et le droit de la guerre (1929), La société : sa nature et ses lois (1936), Politique et morale (1938) et L'Église et l'État (1939).

Rentré en Italie en 1946, il ne joue plus de rôle majeur dans la vie politique du pays, ne s'impliquant pas personnellement dans la Démocratie chrétienne tout en restant lié à beaucoup de ses principaux responsables ; il est cependant nommé sénateur à vie le par le président de la République Luigi Einaudi ; il meurt en 1959, à l'âge de 87 ans. Son procès en béatification a été ouvert le .

Le théâtre Luigi Sturzo, à Caltagirone, sa ville natale

La pensée politique

L'activité politique de l'abbé Sturzo tournait autour d'une question centrale : permettre l'expression des catholiques en politique et offrir une alternative catholique et sociale au mouvement ouvrier socialiste.

Pour Don Sturzo, les catholiques doivent s'impliquer dans la politique mais l'autonomie des catholiques employés en politique doit être absolue vis-à-vis de l'église. La politique, par nature complexe, peut être pilotée par les principes chrétiens, mais il ne faut pas revenir à la rigidité et au schématisme excessif du passé. Le christianisme est la principale source d'inspiration, mais il n'est plus la seule.

La société doit savoir reconnaître les aspirations de chaque individu et l'individu passe avant la société. La société est un produit de la sociabilité, c'est-à-dire qu'elle se base sur des relations librement consenties.

Sturzo était opposé à une société immobile et celle-ci est mise en mouvement par les relations interpersonnelles entre les individus. La société ne doit pas poser de limites à la liberté des individus, mais elle ne peut être non plus le théâtre d'une hyper-individualité.

Dans ce schéma social multiforme, la religion ne peut pas constituer un instrument de gouvernement[1]. Le christianisme a apporté quelque chose à chaque courant politique, et personne ne peut ainsi prétendre détenir le monopole de la vérité religieuse.

L'individu doit lui-même choisir de suivre ou non sa conscience de bon citoyen ou de bon chrétien. L’Église n'est pas chargée de l'aiguiller dans l'acte qui consiste à choisir, celle-ci appartient étroitement à la sphère privée de l'individu. Le Parti populaire italien naquit, à cause de cela, comme un pari non confessionnel : la religion peut influencer, mais elle ne peut pas imposer. Et l'on mit ainsi en évidence, la conception libérale du parti.

En matière d'économie, Sturzo n'était pas un libéral classique; d'une part, il dénonçait le capitalisme d’État, qu'il considérait gaspilleur de ressources, et d'autre part, il restait convaincu de la capacité des interventions de l’État dans l'économie, même si elles devaient être brèves dans le temps et pointer vers un résultat.

Le fait de placer l'individu et non les masses au centre de ses conceptions induisait l'existence d'un État minimal et il censurait déjà à l'époque le rôle excessif des partis politiques. Il se déclarait aussi hostile à une approche panthéiste de l’État (un État qui ferait la synthèse des exigences des religions).

Il fonda ainsi le popularisme, une doctrine politique et originale, qui est simplement la mise en pratique de la doctrine sociale de l’Église catholique, enrichie par sa pensée et du fonctionnement de celle-ci, souvent prophétique, et tout en restant purement pragmatique, profondément imprégnée d'éthique.

Sturzo fut l'adversaire du centralisme de Giovanni Giolitti, de celui de Benito Mussolini mais aussi des bases de l'Italie républicaine parce qu'il trouvait que l'absence du régionalisme, nécessaire pour concéder une vaste autonomie individuelle, était une erreur. Il aimait aussi beaucoup l'historiographie.

Notes et références

  1. Aldo Moro, « Una Vita per la Liberta e la Democrazia », Civitas: periodico di studi politici, vol. 11, no 4/5, avril 1960, p. 7-39.

Bibliographie

  • (it) Marco Nese et Pietro Zullino, Quel piccolo prete : l'avventura umana e politica di Luigi Sturzo ; prefazione di Giulio Andreotti, Turin, Nuova ERI, (ISBN 88-397-0560-0).

Article connexe

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